André Gorz, l’émancipé.
Dimanche 30 septembre 2007
André Gorz a mis fin à ses jours, avec sa femme Dorine, lundi 24 septembre. Ils avaient presque le même âge, 84 ans, et étaient ensemble depuis plus d’un demi-siècle.
De tous les hommes qui m’ont « intimidé », André fut sans doute, après l’Abbé Pierre, le plus impressionnant. Je l’avais d’abord tranquillement connu par ses écrits, dans mon adolescence, quand se formait ma pensée politique : avec Stratégie ouvrière et néocapitalisme, 1964. Et puis bien sûr après 1968, dans ses articles du Nouvel observateur signés Michel Bosquet, dans son livre Réforme et révolution, 1969.
C’était exactement l’homme et la ligne politique qu’il me fallait. Comme tous ceux venus au marxisme à partir d’une tradition religieuse (Henri Desroches, Jean-Yves Calvez) ou humaniste, son problème était l’aliénation et l’émancipation. C’est-à-dire : comment devenir et demeurer une personne humaine malgré l’hétéronomie, la dictature quant aux fins et aux moyens imposée par le capitalisme à notre activité. Cette volonté d’autonomie jusque dans le travail s’appuyait, dans ses ouvrages de l’époque, sur l’émergence de nouveaux travailleurs qualifiés, des techniciens. Mais, quelques années plus tard, sous l’influence de l’ « opéraïsme » italien (Trentin et Foa dans le syndicalisme, Rossana Rosanda du côté de Il Manifesto), il étendrait ses préoccupations à « l’ouvrier-masse », aux OS de la grande industrie qui seront la base du projet de Potere operaio (Negri) et Lotta continua (Sofri, Viale), parents spirituels de la GOP (Gauche ouvrière et paysanne) française.
Justement, en 1970, et sous cette double influence italienne, s’était créé l’organe de la future GOP, L’Outil des travailleurs avec Marc Heurgon et de jeunes ouvriers qui sont restés mes amis, Yves Bucas, Alain Desjardins, Gérard Peurière… J’étais un jeune intellectuel disponible, ils me confièrent le boulot de rédac-chef. Et aussitôt, Marc m’emmena voir André Gorz. Plus terrorisé que moi au seuil de la porte, c’était déjà pas possible. Assis, penché en avant, avec son sourire littéralement ravissant, il plongea dans les miens ses yeux d’une clarté infinie, comme pour me demander « montre-moi si tu es intelligent, montre-moi si tu es un homme ».
Ainsi commença un échange intellectuel qui allait durer plus de vingt ans. Je lisais attentivement Michel Bosquet dans le Nouvel obs, et lui n’hésitait pas à y reprendre les thèmes et analyses de tel éditorial de L’Outil. Lorsque parut Crise et inflation, pourquoi ? en 1979, il écrivit dans le Nouvel Obs une recension ultra élogieuse se terminant par l’étonnant « Un homme, un vrai » qui me combla d’une perplexité absolue : il ne m’était jamais venu à l’esprit qu’un ouvrage théorique (surtout comme Crise et inflation !) puisse avoir une quelconque valeur humaniste. Inutile de dire que cela n’arrangea pas ma timidité.
Mais cet éloge de l’émancipation n’était pas la seule chose que j’aie apprise de lui. Dans Réforme et révolution, j’avais appris (et ce n’était pas très facile, dans l’exaltation post soixante-huitarde) à me défier du « tout ou rien », du mythe du grand soir par lequel on changerait d’un coup les rapports de production. J’avais appris qu’il y avait d’énormes marges de transformation à l’intérieur même du capitalisme : ce que nous allions démontrer, en tant que chercheurs, avec l’approche de la régulation, et ce à quoi je suis toujours resté fidèle en tant qu’homme politique, le réformisme radical.
La troisième chose que Gorz avait apportée à ma jeunesse, c’est que toute stratégie politique devait dorénavant s’inscrire dans un cadre supranational, et au moins européen. Comme il l’écrivait dès Stratégie ouvrière.., dès 1964 : « La lutte des classes en Europe sera conditionnée par l’intégration économique européenne, quelle que forme qu’elle prenne, et par les bouleversement dont les processus d’internationalisation de la production s’accompagneront sur tous les plans. Ainsi convient-il d’examiner quelles possibilités d’action s’en dégagent pour les classes laborieuses, en commençant par éliminer les développements qui dès à présent doivent être exclus. Premièrement, le retour au protectionnisme national - certaines organisations de la classe ouvrière (le PC, la CGT notamment) répugnaient tout récemment encore à poser le problème d’une lutte supranationale contre le Marché commun… Un échec de l’intégration européenne n’est pas à exclure, et il offrirait au mouvement ouvrier des possibilités d’intervention réelles quoique dans des positions peu enviables et dans des perspectives de long terme peu séduisantes… Le retour au protectionnisme national et au nationalisme économique est donc à exclure… Il serait plus fécond de rechercher par quels moyens la classe ouvrière, en s’insérant de manière antagoniste dans cette construction, peut s’emparer du processus d’internationalisation et lui assigner ses propres perspectives. »
Ce combat ouvert en 1964 s’est pour l’instant terminé par la lourde défaite, 41 ans plus tard, du TCE face aux traditions nationalistes de la CGT et du PCF (et de la FSU etc). Mais je garde confiance que l’actuelle équipe dirigeante de la CGT a parfaitement compris le message.
Pourtant, dès le milieu des années soixante-dix, les divergences théoriques entre nous avaient commencé à se développer. Plutôt un chassé croisé… La rupture d’André avec le productivisme marxiste s’esquissait et allait prendre des proportions qui jamais ne coïncideraient exactement avec ma position du moment. Déjà, je n’avais pas apprécié son salut d’une défaite de la social-démocratie en Suède qui permettrait « peut-être » à la droite de remettre en cause le nucléaire. Je l’avais laissé entendre dans un article des Temps modernes qui critiquait Serge Christophe Kolm pour désigner Michel Bosquet, sans l’en avoir averti à l’avance, et l’avais ainsi froissé.
Bien sûr, son évolution vers l’écologie (Critique du capitalisme quotidien, 1973, Critique de la division du travail, 1973, Ecologie et politique, 1975) ne pouvait que satisfaire ma filiation avec un des mes autres pères, René Dumont. Mais les Adieux au prolétariat, 1980, me choquèrent. Pourtant, dans la revue Partis pris, nous ferraillions déjà depuis quelque temps contre « la révolution prolétarienne, mythe conservateur » (beau titre de Jean Tercé), mais là, j’eus l’impression qu’André bradait tout. Non seulement la mythification du rôle historique d’un prolétariat, classe-pour-soi, mais à la limite la solidarité envers le prolétariat en-soi (classe exploitée). Et surtout le combat pour une désaliénation du travail, qui ne soit pas un rejet de la valeur-travail.
Cette fois, nous eûmes une explication entre quatre z’yeux. Il me dit « Mais Alain, toi, tu peux t’intéresser à ton travail, aimer ton travail, te réaliser dans ton travail, parce que tu es chercheur, et moi aussi » (argument que je reprendrai plus tard à propos de Dominique Méda !). Je lui répondis « Oui, mais avant même que nous ayons construit une société où l’on pourrait être, le matin, balayeur et l’après midi chercheur, je veux des réformes qui permettent au balayeur, à l’ouvrier à la chaîne, à la caissière de supermarché, de dire quand même leur mot sur le travail qu’il ou elle fait, pouvoir en dire « c’est mon travail ». Car si on ne reconstruit pas la fierté du travail, alors les exploités, qui ont quand même besoin de fierté, n’auront plus que la fierté de leur exploitation, et ça, ce sera terrible. »
Ni lui, ni moi (malgré 15 ans de plaidoyer pour un nouveau modèle de développement capitaliste fondé sur l’implication négociée des travailleurs) ne sommes jamais parvenus à trouver la solution à ce défi. Nicolas Sarkozy, en exaltant, sur les ruines de la valeur-travail à laquelle la gauche avait renoncé, « la France qui se lève tôt », devait, des années plus tard, s’engouffrer dans la brèche.
En réalité, ce que je reprochais à André et ce qu’il pouvait me reprocher, c’était l’ampleur des réajustements qu’exigeaient la prise en compte de l’écologie politique et ce qu’elle impliquait dans la remise en cause du marxisme. Débat très loin d’être clos, et sur lequel nous avons passé ensuite des années, André et moi, en réajustement successifs, y compris dans le débat sur le revenu de citoyenneté. Les dédicaces des livres qu’il m’envoyait étaient du genre : « Pour Alain, ce livre qui va nous rapprocher et nous éloigner encore ». La société en sablier, pages 122 etc., marqua comme une sorte d’armistice, après le Métamorphose du travail, quête du sens (1988) d’André.
J’ai suivi de loin ses ultimes développements sur le capitalisme cognitif, prisonnier que je suis, depuis près de dix ans, d’autres barreaux qui me coupent des échanges intellectuels : l’infernal zapping du Parlement européen.
Et puis, il y eut la maladie de Dorine. André et elle se protégèrent dans leur coin de paradis. À chaque invitation, il me répondait au téléphone « Mais je ne peux pas, tu sais bien, Dorine… » Pour beaucoup de ceux qui m’invitent, je dois être devenu quelqu’un qui répond toujours « Mais je ne peux pas, tu sais bien, Francine… »
Lorsque parut l’an dernier la Lettre à D., je ne lus que le dernier paragraphe : « Nous aimerions chacun ne pas survivre à la mort l’un de l’autre. Nous nous sommes souvent dit que si par impossible nous avions une seconde vie, nous voudrions la vivre ensemble ». J’y reconnus le test de Milan Kundera dans L’immortalité, l’ange qui passe chaque année voir l’héroïne et lui demande, devant son mari : « Je suis chargé d’organiser votre résurrection, souhaitez-vous revivre ensemble sur la même planète ? » Un test que je me repose régulièrement. Mais j’y lus aussi avec un frisson l’annonce de leur décision de partir ensemble. Et cette décision ne pouvait être que prochaine : encore heureux que le livre ne fût pas posthume… Par superstition, comme pour différer l’inéluctable, j’en remis la lecture à plus tard.
Dorine et André sont morts ensemble. Ils vécurent très vieux et eurent une infinité d’enfants : celles et ceux qui nourrirent leur militantisme des livres d’André, co-élaborés dans son atelier secret, avec Dorine.
Forum du blog
Il y a 19 contributions à ce blog.
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Sans rapport avec M. Gorz : j’ignorais, je ne vous suis plus depuis longtemps, que vous aviez appelé oui au TCE : quelle évolution ! Et mettre le formidable succès du non sur le compte du nationalisme du PCF de la CGT et de la FSU : quelle cécité. On ne peut être et avoir été : au moins votre "successeur" à l’école (de la régulation) Frédéric LORDON est-il autrement plus lucide : une question d’âge ? Sénilité (intellectuelle) précoce ?
Mardi 2 octobre 2007 à 14h08mn57s, par Sergueï
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Non, non, rassurez vous, le temps ne fait rien à l’affaire , et comme dit Brassens j’étais déjà aussi con quand j’étais jeune. Frédéric avait déja voté Oui à Maastricht alors que nous étions dans le meme bureau, au CEPREMAP, en 1992, notre désaccord etait deja le meme. Voter Non, c’etait maintenir Maastricht, puisque la question etait "voulez vous changer de traité ?", il a donc tres logiquement voté Non au TCe et moi Oui.
Or Maastricht c’set le libéralisme, et le TCE un pas à l’écart du libéralisme : faire de la politique à l’echelle européenne, ce qu’expliquait tres bien Gorz dès 1964.
Voir ici une synthèse et là un dossier.
Mardi 2 octobre 2007 à 14h53mn36s, par Alain Lipietz
lien direct : http://lipietz.net/?breve262#forum1864
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Ainsi le TCE aurait permis de liquider maastricht ? C’est nouveau, non ? Y en a pas mal qui ont compris que c’était au contraire le graver ds le marbre pour 50 ans, des qui ne sont ni + ni moins ceci que vous ou moi, un TCE qui présentait ds les libertés fdmtales la liberté de circulation des ... CAPITAUX ... En tt cas présenter le non cô le nationalisme du PCF de la CGT, et de la FSU, là, oui, il faut une dose de cécité ou de connerie, comme vous voulez, mais on cherche toouours des boucs émissaires faciles pour expliquer comment lepeuple peut être à ce point stupide ; ; ;
Jeudi 4 octobre 2007 à 07h26mn30s, par sergueï
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"Liquider Maastricht " ??? diantre !!
D’après une statistique utilisée couramment par les Nonistes à l’époque, le TCE ne changeait "que" 40 % de Maastricht-Nice. Le Non signifiait simplement que l’on préférait, pour un certain temps (50 ans , je ne sais), garder 100 % de Maastricht-Nice inchangé. Pour ma part , comme je considérais que les 40 % éloignaient plutôt le texte ainsi amendé de ce que je n’aimais pas dans Maastricht-Nice, et comme j’avais milité contre Maastricht-Nice, j’ai préféré empocher , pour commencer, les 40 %. Sénilité , sans doute, comme vous dites.
Bon, toute cette histoire est sur mon site aux liens que je vous ai fournis, je vous invite à y trouver la référence où je prétendrais que le TCE "liquidait" Maastricht. Pour ma part, je considère que cette discussion à partir de thèses imaginaires n’a aucun intérêt.
Pour les discours nationalistes des "Nonistes de gauche", lisez le florilège de citations de Dominique Reynié, Le vertige social-nationaliste. Vous n’y trouverez guère de Gorz...
Jeudi 4 octobre 2007 à 12h18mn05s, par Alain Lipietz
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Les interventions de Lordon au moment du TCE st autrement plus pertinentes que ce que vous proposez : vous amalgamez différentes tendances du non en reprenant une expression médiatique : "noniste". Lire vos "analyses", non merci, vu le désert ds la pensée française, je crois qu’il y a davantage à tirer de la relecture des "grands" : Bourdieu, Deleuze, Foucault, Marx, et qques autres : aucun de ceux-là n’eut appelé à voter oui à pareil "traité". Vous dites faire de la politique, je crains que ce ne soit plutôt la politique qui ne vous ait défait. On a vu ce qu’ont donné les 5 ans de gauche plurielle, merci les verts, la liquidation pure et simple de la gauche. Quant à Gorz, il était bien gentil, certes, on l’aimait bien ... Emancipé, titrez-vous, bigre, mais de quoi au juste ?
Jeudi 4 octobre 2007 à 15h47mn01s, par sergueï
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Ah, alors, si vous connaissez le vote sur le TCE de Bourdieu, de Guattari et même de Marx, je me rends. Je ne faisais que citer un vieux texte de Gorz.
Jeudi 4 octobre 2007 à 20h30mn27s, par Alain Lipietz
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Ben, il le dit lui-même ailleurs : la politique pour lui, c’est bientôt fini ...
Alors, l’atmosphère de fin de partie, c’est normal.
Sénilité précoce ? A défendre les droits des vieillards ?
le vote des morts ?
Dimanche 7 octobre 2007 à 10h17mn31s
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Pas si précoce que ça, d’ailleurs, la sénilité : n’a-t-on pas parlé d’anniversaire dans un précédent blog ?
La politique des vieux se pointe à l’horizon - pourquoi pas ?
Dimanche 7 octobre 2007 à 10h19mn10s
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"si on ne reconstruit pas la fierté du travail,
alors les exploités, qui ont quand même besoin de fierté,
n’auront plus que la fierté de leur exploitation, et ça, ce sera terrible"
Ce passage, c’est une allusion (anticipatrice)
à un Sarko qui fait (fera) voter les exploités contre les exclus,
c’est bien ça ?
Mardi 2 octobre 2007 à 08h14mn34s, par LucB
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Oui, c’est exactement ça. Sarkozy et son discours sur "la France qui se lève tôt" oppose victorieusement ceux qui ont pour seul fierté d’être exploités à ceux qui n’ont même pas la chance de l’être (ces "fainéants de chômeurs assistés, ces jeunes qui ne veulent plus travailler, ces immigrés qui viennent chercher des allocations".)
A l’époque de ce dialogue avec André, on n’en était pas encore là. Le Pen commençait son ascension et le FN n’était pas encore le premier parti de la classe ouvrière. Mais le problème de la disparition de la fierté du producteur ("le mot Ouvrier, camarades...") était déjà posé.
J’avais été frappé dans mes années d’études (stagiaire dans une mine de charbon, enquêtes sur le bâtiment) par le fait que les ouvriers qui ne peuvent pas se vanter de ce qu’ils font, comme socialement utile et irremplaçable, s’autovalorisent par la perruque (se fabriquer du petits trucs pour eux mêmes, bricoler des outils plus performants : ce que les Linhart appellent "’implication paradoxale" ; voir mon blog précédent sur Léon Bronchart !!), ou par les risques volontaires qu’ils prennent (faire les zouaves sur les grues), et finalement par ceux qu’on leur inflige ("nous, on risque l’éboulement ; le grisou, on travaille en 3 X 8 par 800 mètres de fond, on va crever de silicose, on est des durs et ceux d’en haut sont des gonzesses, etc...")
C’était en 66-71. Vingt ans avant ils auraient dit "Nous on remet les mines en marche, parce que les Français vont avoir froid cet hiver, parce que nous seuls avons le savoir-faire pour ça, parce que les ingénieurs étaient des collabos, parce que notre Parti va bientôt prendre le pouvoir et que c’est nous qui allons diriger le pays".
Mardi 2 octobre 2007 à 09h45mn11s, par Alain Lipietz
lien direct : http://lipietz.net/?breve262#forum1862
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mr je recherche le livre de leon bronchart ouvrier et soldat comment le trouver merci de me conctacter 0954393176
Samedi 12 mai 2012 à 15h10mn36s
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Bonjour,
je viens de découvrir (après avoir remis cette découverte plusieurs fois déjà, depuis 2 ou 3 ans...) A. GORZ. Je lis en ce moment "Misères du Présent, Richesses du Possible".
Tous ses arguments sont de telles évidences qu’on se demande pourquoi les partis politiques ne reprennent pas ses propositions comme fondements de leur programme.
Evidemment, il faut sortir du salariat afin que le travail retrouve sa vraie valeur, que le plaisir et le sentiment de faire qq chose d’utile soient associés à ces 5 fois 8 heures que l’on passe à travailler à des choses qui nous dépassent, et qui enrichissent une élite...
Je pense plutôt, comme Gorz, que le travail salarié devrait retomber dans des proportions raisonnables sans pourtant hypothéquer notre capacité de survie quotidienne. Or, il semble qu’en-dehors du travail, point de salut ! Cette nouvelle religion nous conduit hélas ! à des intégrismes du type "Travailler + pour gagner +"...
J’en reviens à ma petite personne... Comment puis-je faire pour sortir du salariat ? C’est la question lancinante qui m’occupe et que j’aimerais bien que l’on m’aide à résoudre.
C’est drôle, il semble que tous mes amis se pose la même...
Lundi 1er octobre 2007 à 08h44mn20s, par denildur
lien direct : http://lipietz.net/?breve262#forum1856
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Je ne vois actuellemnt que deux solutions possibles : l’artisanat et l’economie solidaire !
Mardi 2 octobre 2007 à 08h58mn41s, par Alain Lipietz
lien direct : http://lipietz.net/?breve262#forum1861
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Une très belle histoire mais pour votre part il semble que vous ayez encore de très nombreuses activités pour quelqu’un qui répond "je ne peux pas ...".
Nous attendrons donc la suite avec beaucoup d’émotion, et à vrai dire quelque tragique appréhension.
Si l’amour véritable et l’écologie politique doivent mener, forcément, à la mort.
Dimanche 30 septembre 2007 à 08h54mn56s, par Julien
lien direct : http://lipietz.net/?breve262#forum1851
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Ben… Avec ou sans amour, avec ou sans engagement, nous allons tous vers la mort !!
En ce qui me concerne, d’abord je dois faire mon boulot, pour lequel j’ai été élu. Mais si vous comparez les entrées de blog de l’année 2006-2006 et de 2006-2007, vous voyez bien la différence entre les années où je peux voyager et celles où j’hésite.
Ensuite, il y a un quart de siècle de différence entre André et moi. N’empêche qu’il est plus « vivant » aujourd’hui que bien d’autres qui connurent de leur vivant gloire et richesse.
Enfin, justement, cela fait partie de la philosophie de l’écologie politique que de réfléchir, en tant qu’être mortel responsable intergénérationnellement, à la bonne façon d’occuper ce court laps à travers le continuum historique que représente une vie humaine particulière. Cf la discussion d’une vielle énigme grecque. Et c’est d’ailleurs pourquoi je travaille de plus en plus sur Mallarmé, poète qui affronta explicitement ce problème-là. Mais c’est une autre histoire…
Dimanche 30 septembre 2007 à 18h48mn05s, par Alain Lipietz
lien direct : http://lipietz.net/?breve262#forum1853
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C’est la première fois que je lis du "lipietz" dans le texte. je savais l’homme ombrageux et vaniteux : mazette ! gorz, l’abbé, dumont comme "pères", mallarmé comme passe temps philosophique, le TCE internationaliste contre les méchants cocos nationalistes en guise de leçon politique... une vraie caricature. tout ça pour rien apprendre sur Gorz que Wikipédia ne livre, mieux écrit et sans l’enflure narcissique, en un clic.
Lipietz : je sais désormais à quoi m’en tenir.
Lundi 1er octobre 2007 à 08h51mn35s, par Latrombe
lien direct : http://lipietz.net/?breve262#forum1857
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La référence à Wikipedia était dans les deux premiers mots de ce billet. Mais peut-être ne savez vous pas utiliser un lien hypertexte ?
La notice de Wikipedia est effectivement assez bien faite pour que, dans un blog perso, je n’aie pas à me casser les pieds à refaire une notice nécrologique...
Ce que ne dit pas Wikipedia, c’est l’influence de Gorz sur les autres (ses contemporains et les plus jeunes), et c’est cet effet "générationnel" que j’ai essayé de rendre, à partir de mon "roman d’apprentissage" particulier (désolé, je n’écris pas votre blog, mais le mien).
Selon vous, c’est faire preuve de narcissisme que de se reconnaitre des "pères", des "maîtres", des admirations. Je sais que ce n’est pas la mode dans notre siècle. Vaniteux et ombrageux comme je le suis, j’ose dire qu’il a tort. Comme disait je ne sais plus qui, "qui n’a pas de passé n’a pas d’avenir". Ou encore (là je sais qui c’est) "Nous sommes des nains perchés sur les épaules de géants".
Quant à la citation de Gorz sur le nationalisme du PCF et son refus de s’inscrire dans une stratégie européenne... et bien selon vous elle est déjà dans Wikipedia puisqu’on n’apprend rien de plus sur mon billet. A moins que des vandales du Wikipedia l’aient effacée ?
Mardi 2 octobre 2007 à 07h20mn28s, par Alain Lipietz
lien direct : http://lipietz.net/?breve262#forum1858
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Tout d’abord, permettez moi de lever une équivoque. il serait absurde de dénier à chacun le droit de se reconnaitre sinon des "maitres à penser", du moins des influences fortes, ou de saluer des rencontres marquantes. je soulignais seulement la manière dont vous vous y complaisez (la place de votre égo dans l’hommage, le choix des noms et des liens...)
Je vous prie ensuite de bien vouloir excuser l’erreur à ce propos : ces mots en gras à l’ouverture du texte constituent le seul lien que je n’avais pas pointé ( ils relevaient de la mise en page pour moi qui visite votre "blog" pour la première fois).
le post reste pertinent toutefois : ce que vous "ajoutez" à la notice de wikipédia ne fait que flatter l’anticommunisme généralisé. ce n’est pas en rappelant que ces derniers refusent de participer activement à la construction politique du capitalisme européen que vous critiquerez leur défaut d’internationalisme (tant il est vrai malheureusement que l’internationalisme, pourtant au coeur du projet communiste, a marqué le pas depuis trop longtemps ; seulement, le TCE n’épuise pas l’idée de la sortie du cadre national).
par ailleurs, le "non" au TCE a regroupé bien plus de voix que le seul PCF et les organisations proches ne peuvent prétendre en rassembler. une bonne part des Verts notamment et des "socialistes". mais vous ne l’ignorez pas. et pas parce qu’ils ne sont pas conscients de la nécessité de s’organiser à l’échelle européenne pour contrer les lobbys industriels, agricoles et autres pollueurs patentés qui n’ont eu besoin d’aucune "constitution" pour faire circuler leurs capitaux depuis très longtemps. mais vous voilà rassuré, Sarkozy confiera bientot aux seuls parlementaires "éclairés" la décision de "construire des stratégies européennes". vous tiendrez bientôt votre revanche ! (comment interpréter autrement cette convocation là de "l’autorité" Gorz, votre père, sinon par le fait que ce référendum vous reste coincé dans le gosier).
concernant votre égo enfin, et non sans rapport avec ce qui précède : Lipietz en Bernard de Chartes, Gorz en Platon, la référence ("nain juché sur les épaules de géants") est remarquable !
La citation est bien enseignée depuis plus de 800 ans dans le sens que vous lui prêtez : sans les maitres et les pères, nous ne sommes rien. une autre lecture, moins plonplon, s’est pourtant imposée dans l’agitation intellectuelle du XIIe siècle : la phrase s’adresse aux puissants du moment que Salisbury, le disciple de Bernard, se chargera d’instruire (contre les courtisans et les illégitimes) avec son Policraticus ("un roi ignorant est un comme un âne couronné"). le "nain sur l’épaule" n’en surplombe pas moins le "géant" auquel il rend faussement hommage. du reste, essayez donc de "rendre hommage" à quelqu’un en étant juché dessus !
sur ce, merci, très sincèrement, d’avoir pris le temps de répondre. cette réaction à l’emporte pièce sur votre témoignage et vos réponses aux commentaires qu’il suscite n’en méritait sans doute pas. j’espère que vos études mallarméennes n’en pâtiront pas trop.
en attendant la riche postérité de notre prochain maudit,
salutations ni communistes, ni anarchistes
Mercredi 3 octobre 2007 à 09h52mn34s
lien direct : http://lipietz.net/?breve262#forum1866
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Avouez qu´à vous lire l’équivoque était difficile à lever...
Quant à l’internationalisme du PCF, habitant Villejuif, à un jet de pierre de Vitry et de son bulldozer, je n’ai pas eu besoin de cette piqure de rappel de Gorz. Qui ne les a vus à Cachan hurler "On s’en fout" quand, dans un débat contradictoire sur le TCE, j’évoquais la position de la gauche européenne (au point que les défenseurs du Non ont dû se désolidariser d’eux d’eux depuis la tribune) ne connait pas les communistes de chez nous.
Quand à votre bévue (n’avoir pas remarqué que les liens sur l’ensemble de l’oeuvre de mon ami André étaient dans les deux premiers mots, ce qui m’obligeait à faire des liens sur mes réponses ou mes echos pour réconstituer son influence, si décisive pour notre génération, enfin, une partie de notre génération), elle ne fait que rappeler la règle la plus fondamentale de la netiquette : un "post" n’est pas une parole qui s’envole mais un écrit qui reste, il ne faut donc pas le traiter à l’emporte pièce. Surtout sur le forum de quelqu’un d’autre, à propos d’un hommage funèbre à un homme et une femme remarquables.
Bien que cela nous éloigne (à peine) de la citation de Gorz qui n’etait donc pas, finalement, dans le Wikipedia (pourquoi avoir censuré son engagement pour l’intégration politique européenne ? Voulez vous dire que Wiki a craint que cela fasse passer Gorz pour un "anticommuniste généralisé" ?), vous avez par ailleurs mille fois raison. Le TCE n’épuise pas l’idée de la sortie du cadre national ("ce n’est qu’un début , etc " et les députés avaient décidé en janvier 2005 de voter dès le 2 novemebre 2006 un "premier amendement" pour aller plus loin, et en avant pour la République Universelle !). Et les capitaux n’ont pas besoin de constitution (ce sont les peuples qui ont besoin d’une constitution, d’un espace politique pour contrer le marché), et ils ont donc milité contre elle, via le Wall Street Joural et le Financial Times , comme Le Pen, Villiers, Madelin, Chevenement, Fabius... En effet le PCF était en bonne compagnie. Et moi, avec Chirac ? oui, contre Le Pen, comme en 2002.
Sur votre méconnaissance de la position de Sarkozy dans le debat de Porto, on reste confondu (cf le reste de mon site, on est là pour parler de Gorz), mais le silence assourdissant de la presse française vous excuse largement. Merci en revanche sincèrement pour votre érudite leçon sur Bernard de Chartres et Jean de Salisbury, mais c’est sur l’autre phrase que je sollicitais des éclaircicements.
Mercredi 3 octobre 2007 à 11h35mn40s, par Alain Lipietz
lien direct : http://lipietz.net/?breve262#forum1869
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