La frontière du Sud-Ouest


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Mardi 24 octobre 2006

Plus de dix jours sans blog ! Et pourtant, vous êtes en moyenne 1500 par jour à vous connecter… Toutes mes excuses. Avez-vous essayé l’abonnement RSS [1] ?

Ces journées ont été très chargées. Vendredi 13 octobre, excellent débat à la Maison de l’Amérique latine, pour présenter le numéro spécial de la revue Mouvements, sur Amérique latine, le tournant à gauche ? La toute nouvelle ambassadrice de Bolivie nous a fait l’honneur de sa présence ! Le lendemain, départ pour les îles Canaries, où le groupe Vert au Parlement européen tient sa semaine de retraite.

Retour le vendredi suivant, mais tout de suite, il me faut repartir pour Lille où, le samedi 21 au matin, je participe au débat de lancement, très intéressant, de la Convention des Verts sur les Services publics et l’intérêt général. Et le dimanche, réunion du courant dans lequel je m’inscris pour la prochaine assemblée générale des Verts, Audaces !. Le tout en traînant une méchante bronchite, en peaufinant avec notre avocat Rémi Rouquette notre réponse au recours de la SNCF sur le jugement de Toulouse (réponse désormais en ligne), et en passant mes nuits à parcourir à toute vitesse le tome 2 de la nouvelle édition du bouquin de Hillberg, La destruction des juifs d’Europe, pour trouver de nouveaux arguments. Sans compter les sottises habituelles (faire effacer une attaque particulièrement infamante du site Bellaciao, etc). Lundi matin, médecin pour ma bronchite, lundi après-midi, oncologue pour Francine (pas de chimio, pas de radio, ouf !) et je m’envole vers Strasbourg pour la réunion-débat (bondée !) sur Croissance, décroissance.

Bon, comme je n’ai pas le temps de tout vous raconter, on s’en tiendra aux Canaries. Nous sommes à Las Palmas de Gran Canaria, la capitale de l’archipel.

Las Palmas de la isla de Gran Canaria

Une partie importante du débat, fort intéressant, porte sur les problèmes des Verts, comme parti européen, en liaison avec la crise du multilatéralisme. Qu’on le veuille ou non, l’échec du cycle de Doha à l’OMC, comme celui de la Constitution européenne, ramènent le monde entier vers une diplomatie à l’ancienne, intergouvernementale et bilatéraliste. Or les Verts sont convaincus que, face aux périls globaux, il faut de la démocratie globale, et le bout d’unification fédéraliste que représentait l’Europe, exemple unique dans l’histoire (à part peut-être la Confédération helvétique), représentait un modèle qui est maintenant en panne.

Mais bien entendu, si nous avons choisi les Canaries pour tenir ce séminaire, c’est que là se déroule une crise particulièrement grave. Depuis des mois, en cette île frontière de l’Union européenne, au large du Sahara ex-espagnol, à mi-chemin du Maroc, au nord, et, au sud, du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée Bissau et de la Guinée Conakry, affluent, sur de grandes pirogues de pêche, les plus résolus, les plus intrépides des rescapés du naufrage de l’Afrique. J’avais déjà visité, à la frontière Sud, l’Ile de Malte où se déroule un processus assez semblable.

L’essentiel de nos débats porte donc sur l’émigration. En outre, nous visitons les deux camps de rétention des migrants, arrivés depuis peu ou déjà établis sur l’île.

Il serait trop difficile de résumer l’ensemble du magnifique débat animé par Jean Lambert (vice-présidente du groupe, en charge du dossier), Mamadou Cissokho, président du Réseau des organisations paysannes de l’Afrique de l’Ouest, Placide N’zeza, ancien secrétaire des migrants sub-sahariens au Maroc, Claire Rodier, présidente de Migreurop, Bernard Njonga, président de l’association des citoyens du Cameroun, Hélène Flautre, Verte et présidente de la Sous-commission des Droits de l’Homme du Parlement européen, Rafael Rodriguez Santana, porte parole des Verts canariens, Mamayawa Sanduono, présidente de l’association pour le développement de la pêche artisanale de Guinée…

Mamayawa Sanduono, Bernard Njonga, Claire Rodier, Placide N’zeza

Très intéressante, la position des Verts canariens. Ils savent les limites des ressources naturelles de leur île, déjà bouffées par le tourisme, mais ont une attitude extrêmement ouverte et humaniste face à l’arrivée du flux d’immigrés. Surtout, un débat assez complexe a lieu entre des positions apparemment contradictoires mais qui finalement se rejoignent. Par exemple, à suivre le reportage sociologique de Bernard Njonga, tous les déshérités du Cameroun n’auraient qu’un rêve, aller en Europe. Mais à écouter Mamadou Cissokho, le flux d’émigration venu d’Afrique, c’est du 0,00.. %. Sur le fond, on a l’impression d’une divergence entre Claire Rodier et Placide N’zeza, qui semblent poser les migrations et les mouvements transfrontières comme un droit humain fondamental, et Mamayawa Sanduono, pour qui (comme pour toutes les mères d’Afrique, vous avez dû le lire dans Elle ou dans Le Monde), l’émigration est une catastrophe, non seulement à cause des dangers mortels que courent leurs jeunes fils, mais à cause de la perte en capital humain qu’elle entraîne pour leurs pays.

En réalité, les divergences n’en sont pas. Mamadou Cissokho a d’ailleurs commencé son exposé en resituant l’émigration dans l’histoire de l’humanité à partir de son berceau africain. Symétriquement, Claire Rodier le dit : « Je ne suis pas pour l’émigration, il faut se battre en fait non pour l’immigration choisie, mais pour l’émigration choisie : pouvoir rester chez soi ou voir d’autres pays ». Mamayawa est franchement contre et cite ce proverbe, bouleversant quand on y songe : La tombe de l’étranger n’est jamais bien profonde .

Le débat en vient alors aux causes de l’émigration. Personne ne conteste que « le » développement, c’est-à-dire l’entrée de toute la planète dans l’économie marchande et salariale, entraîne toujours une montée de l’émigration. Mais ce qui peut la transformer en torrent, c’est la destruction des conditions d’un développement soutenable local. Et là, aussi bien Mamadou que Placide ou Bernard nous rappellent les ravages de la politique agricole européenne sur la situation de l’agriculture africaine. Ils dénoncent les partenariats économiques que cherche actuellement à imposer l’Europe et qui sont plus libre-échangistes que co-développementistes : une histoire que je connais bien pour l’Amérique latine. Surtout, Mamayawa décrit en détail la manière dont les achats de quotas de pêche par l’Union européenne, encore aggravés par la pêche clandestine (notamment de la Corée et du Japon), ont détruit la pêche artisanale du Sénégal et des Guinées. C’est avec ces pirogues de pêche (les fameux « cayucos ») que ces jeunes, réduits au chômage et au désespoir par la politique de l’Union européenne, cherchent à gagner, au péril de leur vie… un accès vers l’Union, où ils ne peuvent espérer qu’un travail de quasi esclaves... malgré le mythe du football professionnel. Et Mamayawa d’apostropher l’Europe : "Au lieu d’envoyer des patrouilleurs du Frontex au large du Sénégal pour arraisonner les cayucos, elle ferait mieux d’arraisonner les bateaux de pêche clandestine".

Tout ce débat ne signifie évidemment pas qu’une bonne politique de développement appliquée à l’Afrique résoudrait à lui tout seul le problème de l’émigration vers l’Europe. Elle en réduirait sans doute nettement la pression, mais le problème de l’accueil et de l’intégration des immigrés en Europe (qui en a de toute façon un besoin vital, compte tenu de sa démographie), problème aujourd’hui manipulé par la démagogie, resterait entier.

Le jeudi, nous visitons à quelques-uns le principal camp de regroupement et rétention des migrants sur l’île. Il est installé sur une péninsule lunaire, autour d’une ancienne prison militaire. Des dizaines de tentes s’alignent, entourées de barbelés.

Le camp est entouré de barbelés

Mais le camp, d’une capacité de 1400 places, qui jusqu’à la veille « retenait » encore quelque 1000 personnes, est pratiquement vide. Le chef de la police, homme fort affable, nous explique que, suite à l’accord conclu avec le Sénégal, tous les Sénégalais ont été rapatriés. Fort de mon expérience en France, je m’étonne : « Mais comment savez vous qu’ils étaient sénégalais ? » Le policier, malicieux, me répond : « Le premier critère est la langue européenne qu’ils connaissent. Ensuite, nous avons des anthropologues qui sont capables de reconnaître leurs dialectes, leurs accents, leurs scarifications, leurs amulettes. » Je sais parfaitement qu’en France, nous sommes totalement incapables de distinguer, parmi les Soninkés, Sarakolés, et Toucouleurs, ceux qui viennent du Mali, de Mauritanie ou du Sénégal. Je veux bien admettre que, les cayucos venant essentiellement de la zone côtière, ce soit ici un peu plus facile... Mais... Nous aurons vite le soupçon que ce terrible accord avec le Sénégal tend à faire classer tous les francophones comme sénégalais.

Dans le camp désert, nous visitons d’abord l’immense tente-réfectoire, décorée de dessins rudimentaires, des grands cartons coloriés évoquant Mama Africa, avec le Sénégal qui se détache en forme d’immense pirogue.

Le camp de rétention

Nous tombons finalement sur les 38 passagers de la dernière pirogue qui elle, n’a pas été classée sénégalaise. Ils sont occupés à ranger le camp après le départ des autres. Ils empilent d’énormes ballots de couvertures devant les tentes. Ils sont en T-shirt et jogging, des vêtements qui leur ont été distribués au débarquement de leur bateau, car, nous disent-ils, ils ont dû tout laisser sur ce bateau. Leurs effets personnels, quelques papiers, sont entièrement contenus dans une pochette de jersey noir qu’ils portent nouée autour du cou. Ils sont en effet manifestement Guinéens, de Guinée Conakry ou Guinée Bissau. Ils nous racontent leur voyage : 12 jours en mer, pour finir complètement perdus et sans carburant, en fait à 200 km de l’île. C’est un bateau de passage qui les a sauvés. Ils sont là depuis 6 jours.

Au bout de quelques minutes, Isabelle (notre attachée de presse) et Natalie (mon assistante parlementaire) découvrent avec stupéfaction qu’ils n’ont même pas été autorisés à téléphoner pour rassurer leurs familles. Et l’un d’eux n’a que 15 ans… Vite, on rassemble les numéros de téléphone, de minuscules morceaux de papier qu’ils sortent de leurs pochettes noires. Ils peinent à inscrire leurs noms et à recopier ces numéros de téléphone sur les blocs que nous leur tendons. Contrairement aux réfugiés que j’avais rencontrés à Malte, parfois très instruits et diplômés, ceux-là savent à peine écrire. Dès la sortie du camp, on appelle ces numéros. Les uns sont tout simplement leurs contacts au Portugal ou en Espagne, un autre numéro est effectivement à Conakry.

Un groupe encore plus restreint se rend dans la prison de Las Palmas, joli bâtiment assez propret. Là, nous nous rendons compte de l’empilement des situations. Il y a là aussi des rescapés de « cayucos » qui patientent, en attendant qu’il soit décidé de leur sort (contrairement à Malte où la durée de l’enfermement est de 6 mois, ici elle n’est que de 40 jours, mais il ne faut pas être sénégalais ! ). Mais il y aussi toute une population d’immigrants illégaux, telle qu’on peut la trouver dans une ville ordinaire de 400000 habitants : des Marocains, qui viennent travailler clandestinement dans le bâtiment, se font régulièrement expulser et reviennent, des Chiliens et des Colombiens qui sont venus travailler avec un passeport de tourisme, des réfugiés politiques sahraouis du Front Polisario (militants pour l’indépendance de la République sahraouie démocratique, ex Sahara espagnol), qui nous montrent les traces des tortures que leur ont infligées les Marocains, quelques Vietnamiens, etc.

Dans le quartier des femmes, Hélène Flautre discute longuement avec une adorable migrante guinéenne de 18 ans qui lui raconte ses rêves d’émancipation. Gisela, une Verte allemande, explore la prison en vraie pro : elle conteste la faiblesse des loisirs (livres, journaux, etc), inspecte l’infirmerie et le contenu des congélateurs, vérifie même le fonctionnement des toilettes.

Bien entendu, nous constatons que, contrairement au discours officiel, ils ne connaissent pas leurs droits ou tout du moins ne les ont pas compris.

À aucun, y compris aux Ivoiriens, il n’a été expliqué qu’ils ont aussi la possibilité de demander l’asile politique ! Hélène fait promettre au responsable, lui aussi extrêmement aimable, que les textes expliquant leurs droits seront affichés en plusieurs langues directement dans les salles communes de la prison. Au moins, ici, ont-ils la possibilité de téléphoner.


NOTES

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