Attention ! Blog triste

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Mercredi 21 juin 2006

Mon blog est bien muet depuis quelques jours. C’est que je n’ai pas trop la forme. D’abord, le cancer de ma compagne, Francine, ayant fait une petite rechute, il faut une nouvelle opération. Par ailleurs, le bombardement de lettres et de mails hostiles au jugement de Toulouse (favorable à mon père et à mon oncle, contre l’Etat et la Sncf pour leur contribution à la déportation), me révèle un état de la société française qui me déprime. Je dois répondre aux dures attaques dans la presse, écrire des articles pour Le Monde, Le Figaro, Vert, L’Humanité (ils sont mis en ligne au fur et à mesure de leur parution), répondre aux forums de ce blog, lettres et mails que je reçois.
Mais je fais quand même mon travail de député !

La semaine dernière, session à Strasbourg. La grande affaire fut le débat sur le 7e programme cadre de recherche, financé par l’Union européenne. Nos collaborateur–trices avaient bien travaillé et réussi à insuffler un peu de vert dans ce programme : recherche sur la santé environnementale, soutien aux logiciels libres, mises en commun des connaissances et soutien aux petites entreprises. Mais le programme reste fortement marqué par des orientations productivistes, y compris nucléaires. Sur la bioéthique, même les Verts ont du mal à se mettre d’accord. Toujours le problème de la recherche sur les cellules souches (cellules humaines non différenciées).

Cette fois, il n’est plus question heureusement de « clonage thérapeutique » : les communistes nous ayant rejoint sur ce point, la majorité hostile à cette technique, qui produit des embryons humains pour y faire des prélèvements et des expériences, est désormais solide. Je considère pour ma part que le clonage thérapeutique n’est qu’un paravent pour le développement du clonage reproductif autour desquels s’agitent d’énormes intérêts financiers.

Mais les débats sont vifs dans la zone grise : l’usage des « embryons surnuméraires », c’est à dire les ovules fécondés en surnombre, issus de la reproduction humaine médicalement assistée. Ces embryons surnuméraires, dont on ne sait que faire, ni quel statut leur donner, sont indéfiniment conservés et il n’y a pas énormément d’objections éthiques à leur usage thérapeutique. Mais la majorité des Verts considère que le plus simple est de travailler sur des cellules souches adultes. Les votes en plénière ne permettent pas de faire significativement évoluer les choses.

Tout de même, un amendement prétendant affecter une partie des fonds de la recherche sur les énergies renouvelables à la recherche sur la pile à hydrogène est rejeté, notamment à l’unanimité des Verts. Ouf ! Les mythes d’il y a quelques années, sur la pile à hydrogène comme « solution verte », ne font plus recette : tout le monde a compris que cette pile n’est en fait qu’un accumulateur qui stocke de l’énergie déjà produite. Cela peut être très utile, mais cela ne préjuge en rien de l’origine « renouvelable » de cette énergie, et ce peut-être surtout la solution idéale pour développer le nucléaire et faire rouler les voitures à l’électricité.

Dans le doute sur l’évaluation générale du 7e programme cadre, je m’abstiens. Le programme est adopté.

Cette semaine, je vote en zombie dans diverses commissions. Mais quand même je me déchaîne en Commission économique devant les louvoiements de la droite et des lib-dem contre la demande d’un instrument législatif en codécision garantissant les services publics (c’est ce que propose le rapport Rapkay, qui cherche à récupérer l’article 122 du TCE). La présidente Bérès me dit que ce fut la meilleure intervention que j’aie jamais faite ici. Même les députés de la droite allemande (enfin, ceux qui ne regardaient pas Allemagne-Equateur) remettaient leurs écouteurs pour comprendre ce que je disais (d’habitude ils les enlèvent…). Mais j’ai pas envie de vous raconter.

Bon, je reviens à ce qui me ronge, à part cette histoire de cancer : les réactions au procès de mon père. Le tombereau d’insultes et de menaces à connotation antisémite ne me touche pas intellectuellement, mais il m’use moralement, en ce qu’il révèle que, sous les belles proclamations associées au soixantième anniversaire de la libération des camps de la mort, la bête immonde, tapie dans le vieux fond, n’a probablement pas beaucoup reculé. Et beaucoup de ces mails sont signés !!

Beaucoup plus inquiétant est le développement d’une double ligne de défense contre le jugement de Toulouse, déjà évoquée sur ce site et dans mes articles. Elle s’appuie d’une part sur le discours « républicaniste » (le rejet de toute spécificité, présumée « communautariste », par rapport au citoyen français abstrait, blanc, masculin, chrétien déchristianisé). Et d’autre part sur le discours des mandarins de l’histoire contemporaine, selon lequel il faut maintenant laisser les historiens travailler car tout ça (la Collaboration) n’est pas encore bien clair. Ajoutez à cela les manœuvres du Pdg de la SNCF, Louis Gallois, qui cherche à souder, autour de la direction, la base cheminote contre de supposés juifs qui oseraient remettre en cause le dogme d’une SNCF unanimement résistante. Cela dit, le dossier de La Vie du Rail du 21 juin, censé orchestrer la manœuvre, reste plutôt bon, grace à Georges Ribeill et à l’histoire de Kurt. Kurt Schaechter, « l’homme qui a tout déclenché » avec sa maintenant fameuse facture, je suis allé le voir ce week-end. Il a des archives encore plus explosives… Qui osera exploiter ce fonds ?

Tout cela sent très mauvais. Le mythe de la France unanimement résistante, peut-être nécessaire à la fin des années 1940, mais utilement remis en cause autour des années 1970 par les cinéastes et les historiens, ne nous mène pas très loin. Qui n’est pas capable d’analyser clairement les erreurs du passé ne prépare nullement l’avenir. On peut même dire que l’incapacité de la France à vider l’abcès de la Collaboration a préparé tous les crimes de la 4e république (l’Algérie…) et l’incapacité de la 5e république à intégrer les composantes de sa population issues de son passé colonial. Voyez sur ce point l’excellent article de Cécile Wajsbrot dans Libération, « Nous sommes un pays perdu » que m’a rappelé le blog (excellent) de Mickael Marie.

Ce qui me fait littéralement mal au cœur, c’est qu’alors que les archives s’ouvrent et me font dresser les cheveux sur la tête, la dénégation fleurit toujours. Cette histoire de procès m’a plongé dans ce que mon père avait toujours cherché à m’éviter : la terrible humiliation de la victime qui n’est pas crue. Je me réveille avec une identité imposée par d’autres, qu’il ne m’avait jamais inculquée : juif enfant de déporté, moi qui jusqu’ici étais ex-catho, fils d’un athée bon vivant. Lorsque Paul Mingasson, secrétaire général de la SNCF, m’a dit tranquillement : « Mais vous êtes sûr que la SNCF n’a pas donné d’eau dans le wagon de votre père ? Vous dites que votre père ne vous a jamais raconté le train », j’ai senti le sol se dérober sous moi.

Que répondre à ça ? Oui, mon père n’aimait pas parler de cet horrible voyage, ne nous en a pas « tout » raconté. Mais de l’eau, une seule fois en plus de trente heures, et donnée à Limoges par la Croix Rouge, il nous l’avait dit… L’excellent reportage d’Envoyé spécial du jeudi 15 juin sur « l’affaire » commence avec une « rescapée », entrant intimidé dans un vieux wagon de la déportation. Elle dit tout de suite « Bien sûr, il n’y avait pas d’eau. Il fallait guetter la goutte qui se formait sous le toit, par condensation." On imagine les bagarres pour la goutte et pourquoi ils ne parlent pas des trains… Primo Levi raconte très bien, éthiquement et sociologiquement, "la goutte" dans Si c’est un homme et Les naufragés et les rescapés. Un vieux cheminot expliquera au cours de l’émission comment il arrosait au passage ces wagons surchauffés de déportés crevant de soif, avec les manches à eau pour le remplissage des locos à vapeur. Oui, il y avait la direction de la SNCF qui assoiffait les malheureux, et les cheminots dont la minuscule résistance fut parfois seulement de les rafraîchir. Une forme de lutte des classes.

En un instant, écoutant Paul Mingasson, j’ai compris pourquoi Primo Levi, le plus grand et le plus profond de tous les témoins de la déportation, avait fini par se suicider. Pourquoi la grande majorité des déportés s’est tue pendant des décennies. Ils savaient qu’au fond, ils ne seraient pas crus. Par la minuscule lucarne que m’ouvre ce procès de mon père et les critiques que nous recevons, j’entrevois le cauchemar qu’ils ont vécu, non seulement pendant leur déportation, mais après leur libération.

Bien entendu, derrière ce bloc de dénégation dont la direction SNCF est aujourd’hui le porte-drapeau (mais heureusement pas la CGT cheminote, qui sait très bien que sa résistance fut tout autant dirigée contre la direction collabo et vichyste que contre l’occupant), ce qui se joue, c’est la conservation d’une image immaculée de la France. Et « la SNCF, c’est Maman ! » Alors que cette année, nous vivons une sorte de dépression généralisée, dont la politique Chirac-Sarko et le ralliement d’une partie de la gauche et de l’extrême droite à la destruction de l’espoir européen sont des éléments déterminants, certes, mais pas les seuls. Une France qui n’aime pas les juifs, pas les étrangers, pas les femmes voilées, pas les prostituées, pas les jeunes, pas son voisin, même pas son équipe de football.

Heureusement, je reçois des lettres de soutien enthousiastes. On m’indique des blogs précieux, on me confie des archives, d’autres m’en demandent : « On cherche les réquisitions pour les autocars privés qui convoyaient les juifs, ceux du « Billet vert », au camps de Pithiviers ; on a déjà les factures. — Je crois que j’en ai ! ». Ma jeune assistante me demande :
- C’est quoi les déportés du Billet vert ?
— Les juifs étrangers, convoqués par un billet vert dans les commissariats français en 1941, un an avant la rafle du Vel d’Hiv. Ils les parquaient à Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Il a fallu les évacuer directement sur Auschwitz pour faire de la place quand les Allemands ont décidé d’exterminer tous le juifs.
– Mais les Français ont mis les juifs dans des camps avant que les Allemands leur demandent ?
– Ben oui. Ensuite ils ont déportés aussi les enfants, alors que les Allemands ne le demandaient pas.

Voilà, on n’apprend plus ça. L’a-t-on jamais enseigné ?

Un brave homme, un chrétien, Denis Thimeau, m’envoie son bouquin, Une trilogie. Du Golgtha à la Shoah (éd. La pensée Universelle) avec une lettre « Attention ! ne banalisez pas la Shoah en échangeant cette douleur sans mesure contre de l’argent ! » Je lui prépare une lettre assez sèche, le renvoyant à ma FAQ. Le soir, à Strasbourg, je lis son livre d’une traite. Excellent, dirigé contre l’Eglise catholique qui, pour « récupérer » Auschwitz, a tenté d’y implanter un carmel et y a laissé une croix . Je corrige ma lettre le lendemain : « Ne plantez pas non plus votre croix dans le Golgotha des autres. Chacun s’exprime avec les symboles qu’il bricole. Pour mon père, demander un franc symbolique, ç’aurait voulu dire que sa douleur n’était que symbolique. L’argent c’est banal ? C’ETAIT des gens banals. Ils n’avaient pas demandé à devenir le Mystère philosophique du XXe siècle ».

Significativement, c’est de la presse étrangère et de mes collègues étrangers au Parlement européen que me viennent les plus vifs soutiens. L’ex-président du groupe PSE , Enrique Baron Crespo, m’offre un livre de reproductions de tableaux de sa compagne, Sofia Gandiras, Primo Levi, la memoria. Pour eux, la France reste quelque part un pays exemplaire, et les Latino-américains, comme les Espagnols, ont tout de suite compris l’usage interne qu’ils pouvaient faire de ce procès, pour entamer un réexamen de leur propre histoire, qu’ils ont amnistiée et amnésiée encore plus vite et plus profondément…

Adresse de cette page : http://lipietz.net/?breve152

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Forum du blog

Il y a 28 contributions à ce blog.
  • Attention ! Blog triste

    Vous dites : "destruction de l’espoir européen". N’y a t il pas destruction de nos vies par cette europe (chomage, nos enfants qui ne trouvent pas de travail) par cette europe qui impose une concurence à armes inégales. Politiques concepteurs de ces lois européennes vous n’avez même pas pensé à imposer des armes égales entre concurents.
    Vous, avec vos indemnités confortables et vos vies d’élus, vous pouvez payer un plombier francais. Mais dans l’autre cour, qui hésitera à prendre un plombier polonais ou roumain à moitié moins cher. Et nos gosses seront à nouveau au chomage. Vous, comme moi, avez eu du boulot à 20 ans sans diplomes et on est cadre. Nos gamins n’en ont pas à 35 avec des bacs +5 et sont au rmi. Non merci de cette europe et de ce monde pourri.


    Mardi 27 février 2007 à 06h35mn57s
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum1369
    • Attention ! Blog triste

      Je crois avoir été assez clair sur ce site : j’ai fait campagne pour le Non à l’Acte Unique, le Non à Maastricht, le Non à Amsterdam et à Nice. Le TCE inversait enfin le cours de cette Europe de plus en plus libérale. Les Français ont voté Non, ils ont préféré en rester à Maastricht et à Nice, à cette Europe qui me révolte, et c’est cela qui me désespère…


      Vendredi 9 mars 2007 à 19h24mn46s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum1381
  • Attention ! Blog triste

    Bonjour
    Je fais des recherches
    Je crois qu’une partie de ma famille était dans le même convoi que la vôtre :
    http://michelle-goldstein.blogspot.com/

    Je suis aussi une écologiste convaincue
    Mon forum : http://90181.aceboard.fr/
    Mon blog : http://berry-aspas.spaces.live.com/


    Dimanche 10 décembre 2006 à 11h24mn58s, par Michelle GOLDSTEIN
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum1213
    • Attention ! Blog triste

      Bonjour Michelle !

      Ce serait en effet possible, Toulouse regroupant tout le futur « Midi-Pyrénées »…

      Si cela pouvait vous aider dans vos recherches : ma cousine s’appelle Michèle Goldstein. Ses parents sont peut-être de Lodz, où vivent encore, par miracle, d’autres cousins (mais qui ne s’appellent pas Goldstein). Cette partie de notre arbre généalogique est assez confuse pour moi, les cousins de Lodz sont en fait « directs » pour ma cousine. Les parents de Michèle étaient dans le ghetto de Varsovie. Mon vrai grand père aussi (le père de mon père ; c’est avec son beau-père qu’il a fait le voyage Toulouse Drancy).

      Ce grand père Lipiec a disparu, soit dans le ghetto, soit gazé (à Treblinka vraisemblablement). Mais les parents de Michèle se sont réfugiés dans les égouts et y ont fini la guerre (cf. Kanal de Wajda). De là ils sont partis pour Lyon, où ma cousine vit encore.

      Votre site Aspas est charmant !


      Dimanche 17 décembre 2006 à 02h16mn08s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum1228
  • Je suis avec vous.

    Votre combat pour la mémoire est juste et face à ce qui est juste et vrai, le mensonge, la mechanceté font pâle figure.
    Ne vous découragez pas, continuez à vous battre aux cotés de votre père pour nous rappeller à quel point un système à pu se rendre criminel.
    Ce procès vous ne le faites pas contre des hommes mais contre un système organisé aussi je ne comprends pas les réactions de certains résistants.
    Mais bon pas grave...
    Seule la vérité compte et la vérité est simple : Des hommes, des femmes et des enfants ont été victime d’une monstrueuse mécanique mise en place par ceux qui dirigeaient la France et la SNCF.
    Bien à vous..

    Kamel


    Mercredi 12 juillet 2006 à 17h39mn32s, par Kamel MOUHOUBI
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum881
  • Attention ! Blog triste

    Un petit message de soutien de plus, d’un autre sans doute trop silencieux. Je suis scandalisé par les réactions déclenchées par le jugement rendu. Mais le procès de votre père et de votre oncle, que vous avez courageusement et avec honneur, votre soeur et vous, poursuivi, fait aussi avancer l’histoire. Votre soeur a sans doute raison lorsqu’elle évoque en réponse à ce "blog triste", une inertie des consciences ("laisser la digestion se faire").

    je suis heureux de lire que votre compagne va mieux.

    cordialement

    Antoine G.


    Vendredi 30 juin 2006 à 17h50mn58s
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum833
  • Attention ! Blog triste

    Complicité ou résistance

    Hélas cher Alain, la méchanceté, l’irresponsabilité et la lâcheté d’une majorité des hommes de notre époque est au moins aussi grande que celle des hommes à l’époque de la déportation. Aujourd’hui comme hier, les hommes protestent et attaquent comme des bêtes blessées lorsque dans notre quête de vérité il nous semble nécessaire d’établir des responsabilités. Que faire ? Toi et moi et beaucoup d’autres cherchons comment faire. Nous faisons sûrement des erreurs mais nous essayons. Nous essayons de connaître la vérité. Nous essayons d’y faire face avec du coeur et de l’intelligence. Dans ce travail de vérité nous ne pouvons pas garantir à tout le monde de pouvoir garder éternellement le confort moral et la bonne conscience.

    Alain reçois mon soutien et que la bienveillance soit auprès de ton épouse malade. Mais laisse moi aussi dire des choses dures à tes détracteurs : Le confort et la bonne conscience, c’est fini.

    Mesdames et Messieurs. Nous avons aujourd’hui un choix à faire qui est du même ordre que celui du conducteur de locomotive de 1942.

    Lorsque le cheminot de 1942 mettait une pelletée de charbon dans la chaudière de sa locomotive, à l’avant d’un train de wagons "à bestiaux", il pouvait feindre d’ignorer ce qu’il transportait ou il pouvait en tirer les conséquences et agir en conscience. Lorsque le cheminot de cette époque faisait ce geste, il pouvait, au prix d’un effort moral et intellectuel, savoir qu’il contribuait indirectement à alimenter le feu qui brûlait des hommes. C’est le sens de la décision de justice de Toulouse.

    Et bien nous avons raison d’avoir peur des conséquences de cette décision de Toulouse. Car lorsque nous tournons la clé de contact de notre voiture, nous allumons aussi un feu. En réalité ce feu est toujours le même. Et en 64 ans il a encore grandi. Au cours du temps et de l’expansion du territoire des hommes, les conséquences du feu ont changé. C’était quelques braises au paléolithique. Jusqu’au XVIIIe siècle le feu de hommes ne brûlait que ce qui est à la surface de la terre forêts, maisons, parfois les hommes. Maintenant le feu devenu géant. Il brûle aussi le sous sol de la terre, les réserves qui y étaient conservées depuis de millions d’années. Or nous le savons, le dernier rapport du GIEC est formel : Les conséquences inévitables de cet incendie, sur l’atmosphère, sont la disparition les bases mêmes de la vie sur terre.

    Le cheminot de 1942, en toute bonne foi, en faisant le geste qu’il avait appris, en obéissant à sa hiérarchie, était peut-être complice d’un crime contre l’humanité. C’est difficile à admettre. Alors ce qui suit l’est au moins autant

    Nous, automobilistes et consumateurs de carbone fossile de 2006, en faisant le geste que nous avons appris à faire, en obéissant aux injonctions de la publicité, nous sommes probablement complices d’un crime contre la vie sur terre. Nous sommes peut-être complices d’un écocide. Et le choc de cette responsabilité peut nous rendre fous furieux.

    Certains cheminots en 1942 ont fait le choix de la résistance. Aujourd’hui, sous le ciel sombre du crime contre la terre, qui fait le choix de la résistance ?

    A. Rafalovitch


    Samedi 24 juin 2006 à 21h52mn36s
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum798
    • Attention ! Blog triste

      Tres judicieux ! en Conseil d’Analyse Economique je l’avais d’ailleurs utilisé, sur la taxation du gasoil, mais en invoquant le précédent du sang contaminé.

      Cela dit je fais une distinction entre le conducteur de locomotive, terrifié par ce qu’il fait mais aussi par la peur de la sanction, et le dirigeant de la sncf, collabo, qui donne et l’ordre et la menace.

      On m’a raconté (par deux intermédiaires, dont le fils d’un des « héros ») , l’histoire des deux évadés du train des Milles (Aix -> Auschwitz). Ils avaient creusé un trou dans le plancher du wagon. Comme c’était le premier wagon, ils sont entrés en contact en gueulant avec le conducteur. Ils le suppliaient de ralentir pour pouvoir sauter. Le conducteur de la loco gueulait « Je peux pas, si je ralentis sans raison je serai fusillé ». Puis il les a avertis : « on arrive dans un virage, je vais ralentir au maximum ». Deux ont sauté, d’autres ont refusé... et furent gazés dès l’arrivée.

      Deux leçons de cette histoire.

      1. Il n’y avait pas , contrairement à ce qu’insinue la Sncf aujourd’hui, un soldat allemand dans chaque locomotive. Les Allemands ont tenu la France avec 60 000 hommes (à comparer avec la coalition aujourd’hui en Irak !). Parce que Vichy, sa gendarmerie, sa milice, sa police, sa Sncf, faisait le bouleau des Allemands. Chacun avait donc une marge de manœuvre, qu’il avait la responsabilité d’évaluer.

      2. Ce juste anonyme, qui a donc sauvé deux juifs, crevait de trouille et surestimait sans doute les risques (Il y avait dix prétextes pour ralentir : il aurait cru voir une vache, un sabotage sur la voie.... D’autres cheminots au contraire ont pendant des années « passé » des clandestins dans une cache de la réserve de charbon.) Malgré cela, il a dominé sa trouille, il a trouvé une solution, et a décidé de passer à l’acte...


      Samedi 24 juin 2006 à 23h23mn04s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum800
  • Attention ! Blog triste

    bonjour, je viens de me désinscrire de la newsletter car je suis choqué par 2 de vos positions.
    La première est celle de votre procés. Je n’ai pas la qualité pour juger de la responsabilité de la SNCF mais par contre je vous trouve bien prétentieux de vous mettre dans la position d’un donneur de leçon. En effet, je me suis souvent demandé comment j’aurais réagit pendant la guerre et je n’ai pas de certitude sur la fait que j’aurais été un héros. Visiblement vous, vous en êtes persuadé et il faut être bien bête pour avoir ce type de certitude. De plus à cette époque à la SNCF il y a eut une grosse partie des agents qui se cont comporté de manière trés courageuse et ce sans prétentieux et vous saviez trés bien qu’ils ne pouvait recevoir votre plainte que comme une insulte. Juste par égard envers ces personnes vous n’auriez jamais dû porter plainte.
    Votre position sur le clonage est également incompréhensible. Pour un scientifique faire preuve d’obscurantisme est vraiment stupide. Pour faire du clonage humain il faut maitriser tout une palette de technique. On devrait donc toutes les interdire sous prétexte qu’elle peuvent aboutir au clonage humain. Notamment on devrait interdire la reproduction médicalement assisté car cela est indispensable au clonage humain....on peut également interdire toute la technologie car elle elle rentrent presque toute la fabrication d’armes....
    Je suis vraiment déçu par vos positions qui sont du ressort des discussions de comptoir au bar tabac en bas de chez moi. J’irais voir dans d’autres partis politiques s’ils sont un peu moins conservateures.
    GUY Maisonneuve


    Samedi 24 juin 2006 à 14h59mn42s, par maisonneuve
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum795
    • Attention ! Blog triste

      Ben apparemment vous n’avez pas dépassé la lecture de la newsletter ! vous n’êtes même pas allé voir sur le site... Tant pis. Vous ne saurez ni qui a porté plainte en TA, ni contre qui, ni le débat depuis des années au PE sur le clonage humain !! Sur ce dernier point , lisez alors le dossier de Libération du 24 juin et les problèmes éthiques qu’il soulève, dénoncés dans le rapport Eva-Britt Svensson l’année dernière.


      Samedi 24 juin 2006 à 23h51mn29s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum801
  • Attention ! Blog triste

    Courage, c’est un combat juste. Il illustre de façon cruelle une réalité plus générale que peu accepte de regarder en face et de prendre en compte, craignant de perdre ou de rendre illigétime l’Etat, l’Administration, l’Entreprise, les principales institutions (des vaches sacrées) :
    la responsabilité intrinsèque dans la déportation des juifs (et des autres) et dans d’autres nombreuses tragédies de notre civilisation, des technostructures, des logiques hiérarchiques, des logiques d’organisations, derrières lesquelles s’effacent complétement, dans certaines situations, l’humain, le sens éthique, l’empathie et la raison.

    Rodolphe Vidal


    Samedi 24 juin 2006 à 12h40mn12s
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum792
  • Attention ! Blog triste

    Effarant la réaction de la SNCF ! et avec un "patron de gauche" en +... tout ça alors que tu dois affronter un combat difficile avec Francine... courage à vous 2 et merci pour ce que tu continues à faire, dire, il ne faut pas se taire bien sur.
    et le climat politique pourri n’aide pas : le choix présidentiel qui se dessine ne sera guère motivant, y compris dans notre "camp" vert-alter ... mais il y a qqs motifs de se battre encore : la réaction de la société / explusions des enfants "sans papiers" et, dans mon secteur professionnel, le bon succès d’une résistance (organisée syndicalement) depuis 1 an aux consignes du ministère du travail (relayant sarko) de mobiliser l’inspection du travail en priorité sur la traque des sans-papiers, avec la "collaboration" de la PAF bien sur ; la consigne syndicale de boycott de ces actions (qui rappellent la mobilisation des inspecteurs du travail pour organiser le STO pdt la guerre...) est bien suivie pour l’instant.
    Bon courage à vous deux. Fraternellement Pierre Meriaux.


    Samedi 24 juin 2006 à 11h35mn28s, par pierre meriaux
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum789
    • Attention ! Blog triste

      Tres judicieuse analogie ! Mais délicate à utiliser :-(

      Ce fut d’ailleurs la réaction de ma soeur pendant la lecture des conclusions de Commissaire du Gouvernement sur les turpitudes du Conseil d’Etat pendant l’Occupation : "on pourra en dire autant dans quelques années sur les jugements de TA contre les sans-papiers".


      Dimanche 25 juin 2006 à 00h03mn21s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum803
  • Il ne s’agit pas d’un « détail ».

    Vous semez la discorde dans les familles - entre les « amis ». Il ne faudrait pas, dit-on, toujours rebrasser le passé, chercher les responsabilités, les victimes. Si les Européens doivent indemniser les ex-colonies, les Italiens vont-ils devoir indemniser les Français pour la colonisation de la Gaule par les Romains ?
    Beaucoup des anti-Lipietz d’aujourd’hui ne vous reprochent-ils pas de les déranger avec vos « histoires » alors qu’il y a tant de sujets autrement plus importants - comme le Mondial.
    Pour ma part, depuis tout jeune, comme beaucoup d’ailleurs je pense, le transport des déportés - juifs ou résistants ou autres - vers l’Allemagne dans des wagons à bestiaux m’a toujours profondément révolté. Les souffrances endurées par ces êtres humains pendant ces longs transports, dans le chaud ou dans le froid, sans eau ou sans chauffage, sans wc, entassés và quarante dans un wagon prévu pour vingt vaches, a plus marqué mon esprit que le sort final qui leur était réservé. Tuer c’est « mal » mais torturer à ce point avant de tuer c’est pire.
    Et « votre affaire » m’apprend que la SNCF a facturé ces transports en wagon au prix du billet de 3ème classe ! Et moi qui, naïvement, croyais que l’occupant avait contraint la SNCF d’effectuer ces transports !
    Qui savait ? Qui a pris la responsabilité de cacher ? Car il ne s’agit pas là non plus d’un « détail ».
    Vous avez mon soutien Monsieur Lipietz, si ça peut vous rendre moins "triste".
    Jean M. 


    Samedi 24 juin 2006 à 07h27mn28s, par Jean M.
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum788
    • 8 chevaux en long

      Pour être exact, mon oncle m’a rappelé lors du procès, le mois dernier (c’était pas sous Jules César) que ce qui l’avait frappé, en entrant dans le wagon (il était encore un gosse), c’est l’inscription « 8 chevaux en long », et il s’était demandé dans quel sens on range ces « chevaux en long ». Dans mon enfance, mon oncle, jeune ingénieur, m’apprenait à fabriquer des modèles réduits...

      La Sncf calculait 60 hommes par wagon, mais elle a vers la fin de la guerre dépassé les 100. En 5 ans d’instruction, la Sncf n’a pu exhiber aucun ordre, ni de Vichy , ni des Allemands, interdisant de prévoir à boire et à manger pour ses « clients », de les priver d’air et d’hygiène. En revanche, il existe au moins un texte de Vichy s’indignant de la cruauté (sans doute plus bureaucratique qu’antisémite) de la Sncf. C’était au début, les juifs étaient encore parfois convoqués avec leurs bagages, pour ne pas les effrayer ou parce que Vichy ne savait pas encore ce que serait la « solution finale ». Il y avait 63 juifs pour 3 wagons. La Sncf a mis les 63 dans un wagon et les bagages dans les 2 autres. Un rapport de police s’indigne : « S’ils avaient mis 21 personnes par wagon avec leurs bagages, elles auraient pu s’asseoir dessus et respirer » !!


      Samedi 24 juin 2006 à 12h23mn41s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum790
  • Attention ! Blog triste

    Cher Alain,

    No sé si te acordarás de mi, con tantas personas que conocerás en todo el mundo. Leí tus trabajos cuando estudié en Francia, entre 1983 y 1988. Pero, tuve la suerte de conocerte en Lima (Perú), en 1994 si mal no recuerdo, cuando viniste para una supervisión de proyectos en ADEC-ATC (dirigida por Ana María Yañez y Denis Sulmont). En esa oportunidad dirigí un debate en el que tu participaste y te hice una larga entrevista para la revista « Cuadernos Labores ».

    Bien, te envio mi solidaridad por la triste enfermedad de tu compañera, pero a la vez recibe mi solidaridad contra las reacciones adversas que has tenido por el triunfo de la demanda de tu padre contra la SNCF. Escuché la noticia (del triunfo de la demanda de tu padre) aquí en Lima y me causó una gran alegría. Tienes mucha razón cuando dices que los Latinoamericanos seguimos mirando con admiración a Francia. En efecto, creo que eso es lo que más admiramos del pueblo francés : su capacidad para reaccionar contra la adversidad y los pasados vergonzantes que puedan existir, su fuerza para luchar contra la corriente y mirar hacia adelante. Estoy seguro que franceses como tú y tu padre han contribuído a hacer más grande ese hermoso país. Es por eso que los Latinoamericanos seguiremos admirando a « la France ».

    Un fraternal abrazo

    Víctor Torres Cuzcano


    Vendredi 23 juin 2006 à 16h23mn20s, par VÍCTOR TORRES CUZCANO
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum786
  • Attention ! Blog triste

    Allez Alain, un pied devant l’autre et le sommet est à porter de nos pas...

    Ce n’est pas notre procès, c’est celui de Papa, de Guy, comme nous le comprenons mieux maintenant, lui le dernier survivant de la famille...
    Nous avons cette chance de ne pas avoir besoin d’être crus puisqu’aujourd’hui nous avons gagné... Papa et Rémi, par leur combat, ont vengé tous les survivants qui n’ont pas été crus... Je pense que tu découvres le complexe du survivant que j’ai dû développer avant toi... parce que j’étais peut-être plus sensible que toi aux non-dits de Papa. Cette bataille est certainement pour moi une bonne thérapie par ce qu’elle me permet de faire un travail de droit sur la mémoire...familiale Catherine elle, a fichu ses clients antisémite à la porte !

    L’appel sera gagné aussi, si tant est qu’il y a appel car la SNCF va avoir du mal à inverser la charge de la preuve qui repose sur ses épaules : prouver que, contrairement à ce qu’a dit le jugement, elle était réquisitionnée... Le dossier de la Vie du rail est en notre faveur, il faut que je complète mon article et surtout qu’encore une fois, même si l’archiviste de la SNCF prétend qu’elle a été réquisitionnée, il n’en apporte la moindre preuve ! Pour ceux qui ne le savent pas, la réquisition générale a été levée fin 1940, je crois. Donc il a fallu qu’il y ait des actes de réquisitions ponctuels. Si la SNCF avait été réquisitionnée, elle aurait gardé quelques uns puisqu’après guerre, c’était la seule preuve de sa bonne foi. Or pas un acte de réquisition n’a été produit en 5 ans de procédure...

    Ne t’en fais pas autant...ne cherche plus à répondre à tous les C... il faut laisser la digestion se faire. C’est dur d’apprendre que son conjoint, sa mère ou son proche parent est un salaud... mais le temps fera son œuvre, te dis ta sœur, ex-avocate qui connais le pouvoir du temps sur les consciences.

    Allez Alain, cet été on a deux mariages ! Celui de ta fille Barbara, la maman de Lola, la petite européenne qui va parler, français avec sa maman, serbo-croate avec son père,et anglais à l’école. Et celui de notre fille (à mon avocat adoré et à moi), Louise-Michel, qui va se marier en rouge dans l’Eglise de nos ancêtres bourguignons. Et Francine y sera !
    bisssssssssss


    Vendredi 23 juin 2006 à 14h56mn34s, par hélène LIPIETZ
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum785
    • Attention ! Blog triste

      Jean Meslier, précurseur des Lumières, prêtre-curé athée d’Etrépigny et de Balaives, communiste révolutionnaire (avant l’heure), internationaliste et philosophe dans les Ardennes, sous Louis XIV (1664-1729), ne disait-il pas que l’homme, aveuglé par des préjugés religieux ou des croyances toutes faites (...) « craint la vérité dès qu’elle ne s’accorde pas avec ses opinions. » (...) « la religion (aujourd’hui, on pourrait ajouter : l’antisémitisme, le racisme et l’imbécillité de certaines croyances dogmatiques, sectaires et néo-staliniennes à l’égard de l’histoire et de la vérité) rétrécir le cœur et l’esprit des hommes »... !?

      Allez, bonne chance et bon courage, à toi et à ta famille ! Nous sommes de tout cœur avec vous ! Chantal et Henri D.(cadres EDF et militants UFICT-CGT d’EDF-GDF)

      :amoureux


      Dimanche 25 juin 2006 à 18h36mn45s
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum805
  • Attention ! Blog triste

    :accable

    Alain :Je vous écrit dès le Pays Basque. Nous connaisons bien la mensonge et la calomnie, bien dans l’Espagne, bien dans l’espace international. Je vous connait depuis longtemps bienà Paris, bien à Bilbao. Tiens mon appui.
    Dans le journal "El Pais" il y a eu un article, avec photo, favorable envers le jugement contre le SNCF.
    Amicalement
    Anton Borja
    enseignant Université du Pays Basque. Departement d ?Economie Appliquée 1
    e-mail : eupboala@lg.ehu.es


    Vendredi 23 juin 2006 à 14h50mn37s
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum784
  • Attention ! Blog triste

    Juste un petit témoignage d’affection et de soutien pour Francine et toi.

    Le jugement de Toulouse est hyper-important. Bravo pour ce formidable combat !

    Bon courage à vous deux

    Michel Lebailly


    Vendredi 23 juin 2006 à 13h14mn41s
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum782
    • Attention ! Blog triste

      >C’est vrai, comme le dit Alain, que le débat
      >porte essentiellement sur la responsabilité de
      >la SNCF, parce que symboliquement, c’est très
      >fort. Mais il faut bien voir que, malgré le fait
      >que la SNCF disposait d’une certaine marge de
      >manoeuvre, du point de vue juridique il
      >s’agissait d’un service public, en tant que tel
      >soumis au même régime de responsabilité que
      >l’Etat, ses administrations, etc., même si elle
      >était de droit privé (c’est le droit français,
      >je ne sais pas ce que diront les tribunaux
      >américains)
      >Il ne s’agit en aucun cas de reconnaître une
      >quelconque responsabilité collective. C’est plus
      >abstrait que cela : il s’agit de savoir s’il
      >existe ou non une continuité des personnes
      >publiques qui fait qu’on peut leur demander
      >aujourd’hui des comptes pour hier. Ce qui choque
      >en effet, et qui constituait l’une des plus
      >grandes difficultés du procès, c’est le temps
      >écoulé entre les faits et leur réparation par la
      >justice. Ce problème a été résolu par le juge en
      >disant que, tant que cette continuité n’avait
      >pas été juridiquement reconnue, les plaignants
      >ne pouvaient pas avoir conscience de leur droit
      >à réparation. Il ne faut donc pas se situer au
      >moment des faits, mais au moment de l’arrêt
      >Papon, notamment, pour apprécier. Je pense que
      >c’est juste.
      >Donc, pas de responsabilité collective, mais
      >responsabilité de la puissance publique, ce qui
      >est très différent.L’Etat, c’est pas "nous",
      >même si c’est nous qui, indirectement, payons
      >les indemnités versées aux victimes avec nos
      >impôts. La SNCF, c’est différent, elle paye sur
      >ses deniers (que ses clients lui font gagner)
      >Mais tout le régime de la responsabilité repose
      >sur ce principe : pourquoi "payons-nous" pour
      >indemniser un transfusé qui a attrapé le SIDA,
      >ou quelqu’un qui a subi un dommage du fait d’un
      >ouvrage public ? Tout le régime de la
      >responsabilité de la puissance publique est
      >fondé sur les mêmes principes : cette affaire
      >n’est pas, au fond, si différente des autres en
      >droit, même si sa portée juridique est
      >grande.C’est l’idée que l’Etat, les services
      >publics ont une dette à l’égard de ceux qu’ils
      >ont lésés.
      >Bien sûr, ce qui justifie le système, c’est le
      >principe de réciprocité : si un jour l’Etat ou
      >un service public commet une faute à notre
      >encontre, nous aurons, nous aussi, le droit de
      >demander réparation. On voit bien que ce qui
      >sous-tend cette construction, c’est une forme de
      >solidarité.

      TOUS NOS VOEUX DE SANTE A FRANCINE !
      >Isabelle Agier-Cabanes (et Marc)
      >


      Vendredi 23 juin 2006 à 19h41mn11s
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum787
    • Attention ! Blog triste

      Billet très important d’Isabelle ! Nous nous heurtons à une montagne de difficultés psycho-pédagogiques sur ce procès en tribunal administratif.

      1. D’abord en effet la complexité de la notion de « responsabilité civile d’une personne morale », aggravée dans ce cas par le fait que cette personne morale est l’Etat, c’est à dire « nous », qu’une entité abstraite a donc à indemniser les victimes des « fautes de service » de ses responsables, alors qu’elle est financée, dans le cas de l’Etat, par des non-coupables, « nous ». En général les gens comprennent ça... quand ils s’identifient aux victimes de la faute de service. Les Français sont pour indemniser les suspects du procès d’Outreau, innocentés après avoir été traînés dans la boue, emprisonnés, poussés au suicide et leur famille détruite, alors que « les Français » n’ont rien fait !! Mais ils aimeraient bien que le juge d’instruction soit lui-même frappé au porte-monnaie.

      À cette difficulté s’ajoute les difficultés du vocabulaire de la justice administrative. Quand on écrit « le Commissaire du Gouvernement a dénoncé les fautes de service de la Sncf », on lit qu’une commission du gouvernement Villepin a dénoncé les fautes des cheminots dans leur service...

      2. Ensuite le décalage dans le temps est énorme (62 ans), et les arguments d’Isabelle sur la « solidarité » et la « réciprocité », parfaitement pertinents, sont difficiles à entendre. D’où les reproches « pourquoi si tard ? c’est trop tard ».

      Il faut évidemment expliquer que, de l’arrêt Ganascia à l’arrêt Pelletier (1946-2001), on n’avait pas le droit de se plaindre. Donc en fait mon père et mon oncle n’ont pas perdu de temps (ils ont déposé leur requête en 2001, 3 mois après l’arrêt Pelletier, que mon beau-frère et avocat Rémi Rouquette avait bien repéré, et il faut le seul à en voir la portée). Et c’est à la justice de présenter ses excuses pour avoir laisser mourir mon père et mes deux grands parents sans leur faire droit (ce qu’a fait implicitement le commissaire du gouvernement en critiquant, courageusement, la jurisprudence Ganascia inspirée par René Cassin).

      Mais surtout il faut rappeler que, quand on se bat pour organiser la solidarité « à la répartition », comme la majorité des Français, surtout à gauche, c’est bien les cotisants d’aujourd’hui qui paient les retraites versées aujourd’hui pour des « droits à la retraite » acquis il y a plus de 40 ans. Mon père a commencé à cotiser en 46 , et personne ne lui a dit « il est trop tard pour demander maintenant votre retraite ! »

      3. Autre difficulté justement : mon père est mort en plein procès (en 2003). Mon oncle est vivant, mais veut protéger son fils de l’anti-sémitisme et, aux lettres que je reçois, je constate qu’il a raison. Donc c’est les ayant-droits (sa veuve, notre mère, et les enfants : mes deux sœurs et moi) qui sommes exposés aux medias. En fait, surtout ma sœur et moi, élus Verts. Pour ma mère, l’analogie avec la retraite fonctionne : elle aurait eu droit à une pension de reversion. En plus, elle était résistante : ouf. Mais pour nous (les enfants) ça prendra la dimension d’un héritage (quand elle mourra : mais les gens qui nous engueulent pensent qu’on a déjà empoché chacun 62000 euros !!), et là ça coince, et surtout ça coincera pour tous les enfants de déportés qui vont maintenant chercher à bénéficier de la « jurisprudence Lipietz ».

      Bien sûr, pour filer l’analogie avec la retraite, les enfants héritent de l’assurance-vie de leurs parents - mais là justement on n’est plus dans la « répartition ». Bien sûr, les Français sont très attachés à l’héritage, et les chicanes autour de l’héritage sont souvent leur seule expérience de la justice (avec les divorces). Mais justement, considérer que des indemnités pour déportation sont des biens patrimoniaux a quelque chose de sordide, d’autant plus choquant qu’ils semblent réclamés par des héritiers en pleine forme, déjà payés comme élus par la République, et non de pauv’vieux juifs hantés par leurs cauchemars et qui ont droit enfin à une maison de retraite un peu digne.

      Répondre à ça que notre père était vivant et que ce procès a contribué à l’achever (et en tout cas que l’attitude de la Sncf, qui reprend aujourd’hui le discours années 50 du « y a que les boches qu’étaient des salauds » l’aurait achevé) ne suffit pas. Oui, nous avons gagné pour tous les ayants-droits. Et on peut défendre ça en disant que les héritiers ont aussi hérité du « syndrome du survivant » (dont mon « blog triste » présente des traces homéopathiques). Mais je pense que le plus simple est de dire « Il y a eu un procès en indemnisation, point. Après , à qui va l’argent en cas de mort de l’indemnisé, c’est les règles de l’héritage. ».

      N’empêche... Ce problème croise celui de la prescription au civil. La logique du patrimonial est contradictoire, politiquement, avec celle de la solidarité (cf la différence entre assurance-vie et retraite par répartition). D’où l’idée de la prescription : l’Etat, une mutuelle, l’Assurance Vieillesse ou même la Sncf, ne peuvent , au nom de la continuité de l’Etat , garante de la solidarité nationale, ou des institutions qui l’organisent, être éternellement tenus par une dette envers un mort qui a été lésé et qui transmettrait cette créance comme un lopin de terre. Comme dit Rémi, si au lieu de suivre Cassin, de Gaulle avait dit, en 46 « L’Etat français tombé aux mains des criminels a commis un crime dont le tribunal de Nuremberg a montré l’immensité. La France (qui rembourse déjà la Sncf pour les frais que lui a occasionné sa participation à ce crime) se sent responsable pour les victimes et leurs familles, et leur offre à tous une indemnité de tant par déporté... à la hauteur des capacités limitées de notre pays en pleine reconstruction », tout aurait été réglé pour pas bien cher. » (Mais Cassin avait d’autres raisons, plus générales, de mettre la République à l’abri des fautes de Vichy).

      Au lieu de ça, 60 ans après, on chicane les survivants et on bricole sur la question des ayant-droits. En 2000, un décret indemnise les orphelins des juifs morts en déportation. C’est justement l’enjeu de l’arrêt Pelletier : « L’Etat, oui il a des torts, et ceux à l’égard de la Shoah sont singuliers ». Malgré ça en 2004 un autre décret étend aux autres orphelins de « morts en déportation ». Mais du coup les orphelins, pour être indemnisés, doivent prouver que les Allemands les ont tués « après » les avoir emprisonnés. Et ceux qui ont été assassinés sur place ? On objectera que l’Etat français n’est pour rien dans le fait qu’un Allemand sadique ou saoul tue un Français sur place, mais pour les orphelins cela apparaît comme une injustice.

      Bref, comme le propose Rémi, le plus simple est de voter une loi d’indemnisation forfaitaire des victimes de Vichy, et d’elles seules (pour les juifs : 75OOO personnes environ), mortes ou vivantes, et après de laisser faire les lois de l’héritage.

      4. Reste enfin la difficulté du statut de la Sncf. Comme le remarque Isabelle, les grincheux, après n’avoir attaqué que la condamnation de la Sncf, et pas celle de l’Etat (condamné à payer 2/3 de l’indemnité), nous demandent « pourquoi devons-nous payer avec nos impôts ». L’Etat paiera effectivement avec nos impôts , comme nous payons tous pour la faillite du Crédit Lyonnais (beaucoup plus que ce que l’Etat aurait à payer pour tous le juifs livrés par Vichy). Mais ce sont les actionnaires qui paieront pour la Sncf, avec leurs profits, essentiellement dégagés aujourd’hui par les billets de 1ere classe du TGV...

      Mais ici on entre dans la psychanalyse du rapport des Français à leur « fonction publique et secteur nationalisé ». L’Etat c’est la putain, la Sncf la Maman. Et la France en perdition veut garder une image immaculée de Maman... Et comme l’argent est l’équivalent du sperme ou des défécations...


      Samedi 24 juin 2006 à 13h07mn21s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum793
  • Attention ! Blog triste

    Je suis triste aussi... Transmets ma douce affection à Francine. Je "prie" pour elle.
    Je suis d’accord avec toi, la France devient irrespirrable... et militer un calvaire ! A la fois parce que à force d’être en prise avec "tout ce qui ne va pas et qu’il faut changer dans le monde" le moral ne tient pas le coup. Et de "l’avenir radieux" on perçoit surtout "le chemin tortueux" !
    Tu ne baisse pas les bras et j’admire ton courage, ta ténacité, et ta pugnacité toujours renouvelée...
    Tu as raison, mais je trouve que c’est vraiment dur !
    Pour moi la capacité d’indignation est intacte, mais l’énergie se fatigue. Si ça continue je vais finir dans un ashram !
    je t’embrasse très fort.
    Ton amie Jeannick


    Vendredi 23 juin 2006 à 11h35mn09s
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum781
    • Francine va bien !

      Merci Jeannick !

      Je viens de passer voir Francine en réanimation. Elle etait rayonnante. Pas de ces dizaines de tubes qui lui sortaient de partout comme la dernière fois. Pour le chirurgien, tout est OK.

      En revanche, côté politique, que dire ? Oui c’est dur parce que l’adversaire est féroce, mais le plus dur c’est de ne plus même être d’accord sur les buts, les critères, avec les copains. Je viens de voir la dernière Jennânerie qui circule sur le web, eh bien elle est même reprise par certains Verts. Je n’ai pas pris le temps de répondre, j’ai haussé les épaules en me disant "qui va croire une pareille connerie ?" . Ben si. Va falloir s’y mettre.

      Apres le TCE, il faudra une demi-génération pour s’en remettre, comme après le vote des pouvoirs spéciaux à l’armée d’Algérie par la SFIO et le PCF.

      Et c’est terrible de contineur à lutter contre les injustices sans pouvoir se battre pour la justice.

      Je t’embrasse très fort


      Samedi 24 juin 2006 à 12h38mn57s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum791
      • Francine va bien !

        Francine va bien ! Et nous aussi du coup !

        Pour le reste, il se trouve que je lisais ce matin le dossier consacré par Le Monde à l’affaire Dreyfus. A l’époque, de beaux esprits drapés dans la défense de l’honneur de l’armée française, voire de la République (trop vite assimilée à la défense de l’honneur de ceux qui la dirigent dans ses différentes administrations) n’hésitaient pas à écrire dans des colonnes de journaux : « Morts aux juifs ! ». Personne n’a plus aujourd’hui le droit d’écrire cela sans s’exposer à une sévère condamnation des tribunaux.

        Bien entendu, tu sais la débauche d’énergie qu’il fallut déployer alors, sans compter les mauvais coups que prirent ceux et celles qui s’engagèrent au côté du petit capitaine ! Et il est donc presque décourageant de constater, cent après, que l’antisémitisme et un nationalisme imbécile peuvent conduire au même aveuglement. Tout au moins, si l’on se place sur le seul plan de la rationalité. Mais la Raison n’est pas tout hélas, et l’on sait que les hommes sont aussi très souvent gouvernés pas leurs passions. Pour le meilleur quelque fois, mais aussi pour le pire le plus souvent.

        Mais nous n’avons pas le droit de renoncer à l’espérance ! Toi encore moins que nous !

        Nos meilleurs vœux de rétablissement à Francine !

        Philippe et Jeanne Delvalée


        Dimanche 25 juin 2006 à 16h07mn20s, par Philippe Delvalée
        lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum804
  • Attention ! Blog triste

    Alain,
    La liberté et la vérité sont des combats de tous les jours. Ce que tu fais est important tant pour le passé que le futur. Comme l’ont montré les expériences de Milgram, il existe une soumission naturelle à l’autorité qui transforme des individus en bourreaux passifs ou actifs. Il est toujours bon de le rappeler car cela est nié. On cherche toujours des prétextes pour évacuer cette réalité comme le font tes détracteurs, surtout les plus sincères. Le pire ne doit jamais être écarté et il n’y a pas que les propos martiaux de Sarkozy pour nous le rappeler.
    Jérôme


    Vendredi 23 juin 2006 à 09h32mn29s, par Jérôme Gleizes
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum779
    • Attention ! Blog triste

      Milgram !!! J’ai cherché en vain ce nom dans ma mémoire fatiguée en rédigeant mon blog, merci Jérôme ! C’est exactement ce que j’ai voulu dire.

      Je crois que nous vivons une expérience de Milgram en tout petit, dont l’enjeu est seulement la mémoire, pas le crime lui-même. Aujourd’hui, la direction de la Sncf donne l’ordre « Vous tapez sur les Lipietz, quitte à nier la responsabilité de la direction Sncf de 41-44, à gommer la Collaboration ». La direction (disons Gallois) a ses raisons, qui n’ont rien à voir avec Milgram. À mon avis, Gallois agit plus par tactique - souder les cheminots derrière lui - et par « chevènementisme » (la gloire de la Sncf , Mère de toutes les Grandes Entreprises Nationalisées) que par antisémitisme ou pour se prémunir contre les indemnités à verser.

      Mais les autres, les « subordonnés » ou « subventionnés » (Arno Klarsfeld) ? et même Mingasson ? Il est obligé de faire ça ? Ses mains tremblaient quand on a pris un café au Châtelet, il s’est peu à peu détendu quand il a compris que j’étais « professionnellement » un défenseur politique de la Sncf. Et la rédaction de La vie du Rail ? On voit bien comment elle obéit tout en se démarquant discrètement...

      Pour les cheminots de l’époque, c’etait tres différent. Face aux supplications des déportés, l’idée "J’peux pas les aider, je risque de me faire fusiller" et qui le faisaient quand meme quand le risque leur semblait un peu plus faible, ce n’est pas exactement Milgram. Ou plutot c’est un mecanisme distinct qui peut en être une "rationnalisation".


      Vendredi 23 juin 2006 à 14h47mn10s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum783
  • Attention ! Blog triste

    Tiens bon Alain.

    Nous sommes (nombreux) avec toi. Sans doute trop silencieux ...

    Amicalement.


    Vendredi 23 juin 2006 à 09h25mn32s, par Yvon
    lien direct : http://lipietz.net/?breve152#forum778
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