Une semaine fatigante
Dimanche 24 avril 2005
Lundi : petit check up médical, il s’agit de tenir jusqu’au 29 mai… J’ai rarement connu campagne aussi dure, mise à part la présidentielle (et sous certains aspects, pour les même raisons).
Les similitudes et les différences avec Maastricht sont assez importantes. Sur le fond, comme pour Maastricht, je me bats contre une Europe réduite à un marché unique. Le vote Non (quoi qu’en disent les Non de gauche français, et comme le disent plus ouvertement les ultra-libéraux européens), c’est tout simplement en rester à Nice (au moins pour temps qui sera toujours trop long), c’est-à-dire à Maastricht aggravé par l’élargissement. Ma bataille personnelle pour le TCE, c’est-à-dire contre Nice, n’est donc que le prolongement de ma bataille d’il y a 13 ans, contre Maastricht.
Autre similitude : à un mois du vote, je suis visiblement minoritaire, y compris dans l’électorat Vert. C’est pas grave, il faut expliquer, expliquer, expliquer encore. À Maastricht, il s’en était finalement fallu de 1%. J’espère que, cette fois-ci, l’Europe politique gagnera.
Autre similitude, j’ai largement mes collègues bac+4, X, énarques, docteurs, contre moi.
Mais la grosse différence, c’est que, cette fois, je suis à contre-courant de la plus grande partie de la gauche. Justement j’essaie d’expliquer le phénomène dans un article de Libération paru ce matin. Jean-Michel Helvig, quand il avait reçu cet article, m’avait aussitôt envoyé un message d’approbation et nous en avions discuté. Il développait l’idée : ce Non de la France d’en haut s’étend assez profondément parmi les intellectuels relais du système hégémonique français, jusque dans les élites régionales. C’est vrai que toutes les élites régionales ne sont pas girondines (voir ma réponse à Yann Forestier, où je développe l’intuition de J-M. Helvig)
Lundi soir, premier meeting Vert, strictement Vert, pour le Oui. Je ne suis pas emballé par ce genre de cérémonie, il me paraît plus urgent aujourd’hui de débattre avec ceux qui ne sont pas encore convaincus, ou même qui penchent pour le Non.
Mardi, départ pour Bruxelles. J’assiste à l’audition de la commission du commerce international sur le problème du textile. Les représentants de la profession sont furieux contre le commissaire Peter Mandelson, qui traîne à appliquer des clauses de sauvegarde contre le déferlement de la production chinoise. Et déjà se profile la production mongole !
Cette histoire d’invasion par les produits textiles était totalement prévisible. Contrairement aux quotas sur les automobiles japonaises, l’Europe n’avait aucun moyen de riposter (si ce n’est dans le haut de gamme, ce qu’elle fait). Un représentant de la France m’explique que des négociations sont en cours entre Europe, États-Unis, Chine. Je lui fais observer qu’il faudrait mettre un représentant des pays du sud, totalement écrasés par la concurrence chinoise, telle l’Inde. Il me répond que l’Inde est déjà alliée à la Chine. Pourtant, lors de mon séjour à Bombay, tous les petits industriels indiens m’avaient dit leur désarroi devant le rouleau compresseur chinois. Mais l’alliance Inde-Chine a d’autres ressorts, ce sera la puissance majeure du XXIe siècle.
Je suis de plus en plus persuadé que les règles de l’OMC, et surtout le consensus régnant y compris dans les pays du nord, qui refusent le système des quotas et privilégient exclusivement les droits de douane, est totalement inapproprié au monde actuel. Pour la confection comme pour les bananes ou le sucre, l’Europe devrait diviser son marché en trois parts, régulées par des quotas : une part pour sa propre production, une part pour les plus compétitifs des pays du tiers monde, une part pour les pays du tiers monde qu’elle cherche à protéger (SPG +, comme on dit cheu nous)…
Déjeuner avec Bastien François, prof de droit constitutionnel, qui a rédigé une réponse cinglante au fameux texte anti-TCE d’Etienne Chouard, en passe d’égaler la gloire médiatique de la « monstrueuse imposture » de Meyssan. Effaré par le sac de nœuds de Chouard, j’avais renoncé à répondre, je remercie le prof de s’y être collé. Je lui fais quelques suggestions d’amélioration sur son texte, il prend des notes, s’en excuse, très universitaire. « Ah ! non, lui dis-je. Face à la Sottise, pas de coquetterie d’auteur, on fait pot commun ! »
L’après-midi et le mercredi matin sont principalement occupés au suivi de la crise en Équateur. J’écris un message de mise en garde au président Lucio Gutierrez. J’apprendrais plus tard que le temps que ce message lui parvienne, Gutierrez sera déjà en fuite.
Mais déjà, mercredi midi, il faut partir pour Oxford. Là, depuis des mois, j’ai accepté de faire un exposé sur la géopolitique de l’environnement. C’est Eric Swyngedouw, vieux complice de la géographie humaine radicale et dont j’avais édité la critique dévastatrice de la restructuration du Limbourg par Bruxelles, qui m’a invité. Comme à Umea, il s’agissait pour moi, quand j’ai accepté cette invitation, de gagner un sursis sur ma liquidation en tant que chercheur…
Le débat sur la géo-politique de l’environnement est très intéressant. Nous allons dîner et bien sûr le débat porte sur la Constitution et le Non français. Pour les Anglais, il semble impensable de signer un traité aussi supra-nationaliste. Mais ils s’étonnent du Non français : « Il semble que chez vous, le mot « marché » soit une insulte ! Mais qu’est-ce que vous voulez à la place ? La planification ? » J’ai quelque mal à leur répondre.
Jeudi matin, bus jusqu’à l’aéroport de Gatwick, puis avion jusqu’à Nantes où mon assistante Natalie (qui coopère à la rédaction de ces blogs et de bien d’autres textes) vient me chercher pour le meeting du soir à Rochefort.
Les Verts de Rochefort ont choisi d’inviter, pour le Oui, le maire de Rochefort, Bernard Grasset, socialiste, et le directeur de la Ligue de protection des oiseaux. Ils ont également invité les représentants de deux organisations, partisans du Non, François Riether, d’Attac, et Gérard Jaunas, de la Confédération paysanne.
À l’entrée du meeting, les communistes, qui sont venus en force, protestent contre le fait qu’ils n’ont pas été invités à la tribune. Le débat est assez intense, comme à Romans. François Riether, d’Attac, met en cause la cohérence entre mon choix pour le Oui et mon passé de théoricien « régulationiste ». Je n’ai aucun mal à lui montrer que le problème de Nice, c’est justement qu’il n’existe pas d’instance politique de régulation. Le TCE, sans être une énorme avancée, offre enfin quelques possibilités pour une régulation politique du marché intérieur européen.
Plus embêtante est l’intervention du représentant de la Confédération paysanne. C’est une longue plainte sur la situation actuelle de la paysannerie au sein de l’Union (régie par le traité de Nice). Il ajoute même « Quand on a supprimé le plafonnement des aides, nous n’avons pas entendu la voix de nos élus ! ». Je peux bien sûr lui rappeler que, pour le moment, les députés européens ne votent pas la politique agricole commune, alors que justement, avec le TCE, ils la voteront. Je peux simplement le renvoyer aux communiqués du groupe Vert au Parlement européen. Mais je me rends compte, encore une fois, combien il est difficile de convaincre un partisan du Non qui se plaint de l’Europe de Nice, du caractère passablement illogique de son choix.
Vendredi, retour vers Paris. Mais pas le temps de se reposer : je retrouve, avec les copains et copines de Sinople, et mes vieux complices de la campagne des européennes, Gérard et Jérôme, le 9e collectif de sans papiers, en grève de la faim dans une annexe de la Bourse du travail. Je suis effaré par leur état. Pourtant, j’avais suivi la grève des Batignolles ! Ces grévistes de la faim sont littéralement épuisés. Plusieurs sont déjà allés à l’hôpital mais sont revenus. Ce sont des cas extrêmes, l’un est là depuis 16 ans, plusieurs ont des enfants scolarisés.
Je reprends mon sac à dos, lourd des dossiers et des coupures de presse épluchés dans le trajet Paris-Bruxelles-Oxford-Nantes-Rochefort-Paris, et rentre chez moi pour vite écrire un fax alarmiste au ministre de Villepin : nous risquons vraiment la première mort dans une grève de la faim, en France.
Et il faut continuer. Je passe en revue et valide les messages arrivés sur le forum de ce blog. J’écris une longue réponse à une interrogation devenue de plus en plus brûlante : « Voter Non,est-ce en rester à Nice ? ». Et puis je sélectionne quelques textes sur lesquels je rebondis, les uns qui m’approuvent, les autres qui me critiquent : réponses à Yann Forestier, à Philippe Zarifian, je mets en ligne mon dialogue avec Geneviève Azam. Cela me prend encore tout le week-end.
Je me demande un peu à quoi sert le forum de ce blog, où je place parfois des textes de réponse relativement importants. Certains débats (par exemple sur le rapport in’t Veld) restent actifs. Manifestement, des internautes y vont, y reviennent, contribuent. Mais les nouveaux lecteurs, ceux qui lisent une page de blog pour la première fois, et surtout les anciens lecteurs qui ont déjà lu une page de blog, y retournent-ils pour lire le forum qui s’y agrafe ? C’est une des limites de la forme « blog », par comparaison à la liste de débat. Je sais que certains internautes particulièrement branchés suivent tous les messages en RSS, mais combien ?
Et plus profondément, je me demande à quoi sert cette course épuisante pour la défense d’un traité qui n’est quand même pas aussi bon que je l’aurais souhaité ! Bien sûr, 13 ans après Maastricht, j’ai mûri. Je sais qu’il est de plus en plus difficile de faire progresser l’Europe. Je ne crois plus du tout aux crises salvatrices qui remettraient tout à plat. Il n’y a déjà plus en France de forteresse ouvrière comme Billancourt, dont la grève faisait éternuer la France. Alors comment les raisons d’un Non en France (13% de la population de l’Union), dispersées de l’extrême droite à l’extrême gauche, pourraient-elles réorienter la construction Européenne ? Qui, en Suède, au Portugal, en Grèce, se sentira bouleversé par un Non français ? Aujourd’hui, la démocratie représentative qu’a incarnée la Convention propose à tous les peuples un compromis commun, pour un pas en avant. Leur adhésion ne peut consister qu’à voter Oui, puis se saisir des nouvelles armes offertes par le traité pour développer leurs mobilisations.
Si le Non l’emporte au contraire, je sais que ça voudra dire pendant des années qu’on en reste à cette forme aggravée du traité de Maastricht qu’est le traité de Nice. J’avais pleuré de rage lorsque Maastricht était passé de justesse, déjà certain des millions de chômeurs qu’il engendrerait. Je mène, je l’ai dit, le même combat qu’à l’époque, pour les mêmes raisons. Mais je me rends compte que cet acharnement n’est plus seulement pour le bonheur de l’Europe, mais pour l’honneur de la Raison.
J’en ai tout simplement marre de lire ce torrent de sottises (« Le TCE va rétablir la peine de mort…il va interdire l’avortement… On va plus pouvoir ceci… on va plus pouvoir cela… En votant Non à la révision du traité de Nice, on abolit le traité de Nice… etc., etc. »). Jeudi soir, lors du débriefing de Rochefort, une Verte, au sujet des fantasmagories des partisans du Non qui font dire n’importe quoi au texte du TCE, parlait de « paranoïa sémantique ». Elle assure avoir même lu sur une liste de débat Verte : « La Constitution interdit toute discrimination en fonction de la nation, du genre, de la fortune…Cela veut dire que l’impôt sur la fortune sera interdit » !
Une définition de la Justice qui remonte, au bas mot, à la Bible…
Forum du blog
Il y a 15 contributions à ce blog.
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Bonjour Alain,
Je consulte régulièrement tes pages. J’y trouve des "matériaux" fort utiles à ma petite campagne personnelle, dans ma commune et sur mon lieu de travail. Tout tes arguments (je dis bien tous) me touchent.
Il y a plus. Au delà de tes analyses, j’apprécie et je salue ta détermination, tes qualités pédagogiques, et ton courage.
Tu es fatigué écris-tu. On le serait à moins. Puisse ce court message soutenir ton moral, même un tout petit peu.
J’ai d’autant plus de plaisir à l’écrire que, "vieux" militant vert, j’ai rarement été d’accord avec toi en interne.
Alors voilà : merci Alain. Du fond du coeur merci. Et courage, les Verts et l’Europe ont besoin de toi.
Raymond Leduc
adjoint au maire de Bouguenais (44340)
Lundi 2 mai 2005 à 10h02mn32s, par Raymond Leduc
lien direct : http://lipietz.net/?breve52#forum166
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Salut Alain,
Un petit mot d’encouragement et pour te dire qu’il me semble que tu as raison sur le fond, et notamment que j’ai bien apprécié ta réponse à Philippe Zarifian.
D’autant plus que j’ai été très longtemps hésitant sur la position à prendre sur le TéCE et que j’ai même à un moment donné été très tenté par la position du NON.
Or, il est clair quand on lit ce que dit Philippe Zarifian (qui est quelqu’un que je lis régulièrement et dont je trouve toujours très stimulante les analyses) dans le débat sur le TéCE que sa position est le reflet d’une vision très "pessimiste" quant aux possibilités d’instaurer une régulation politique même minimum et de faire ainsi contrepoids au pouvoir du capital dans le cours de la mondialisation actuelle.
Si cette position est compréhensible, car il est certain que l’état des rapports de force est aujourd’hui clairement en faveur des couches sociales dominantes et que les inégalités sociales ne se sont jamais aussi fortement à nouveau accentuées que depuis une vingtaine d’années comme le montre de nombreux indicateurs, voir d’ailleurs la dernière note du CERC-Association sur la question des salaires en France), la seule question qui vaille vraiment est de savoir comment il est possible de s’en sortir.
Or, la position de Philippe Zarifian, comme de nombreux autres, je pense par exemple à Jacques Généreux ou dans un autre registre à Bruno Amable (que j’ai du mal à classer politiquement mais qui propose des analyses économiques sur la dynamique du capitalisme qui me semblent intéressantes) revient à considérer qu’il est aujourd’hui salutaire de prendre le risque de provoquer à partir du vote NON une crise politique ouverte de la social démocratie européenne (qui constitue encore le point d’équilibre politique de toute la gauche européenne, me semble-t-il).
Cette option n’est pas sans pertinence tant elle me semble entrer en raisonnance avec un autre constat qui est celui que fait François Dupuy dans un petit livre qui vient de paraître aux éditions du Seuil (collection La République des idées) et qui s’intitule "La fatigue des élites". Le constat que fait François Dupuy (qui est proche sur le plan des analyses sociologiques de Michel Crozier) est que les cadres ont été mis dans une position très inconfortable car les entreprises leur demandent de travailler à la déconstruction des protections qu’elles leur offraient (ainsi qu’aux autres salariés, voir les analyses de R. Castel) dans le contexte des organisations dans lesquelles ils travaillent. Et cela en raison notamment de la mondialisation qui se traduit par une double domination (celle de l’actionnaire (surtout) mais aussi du "client" (en clair le renforcement de la concurrence, dans les conditions de l’économie capitaliste actuelle).
Cette déstabilisation de "nos élites" est une tendance de fond qui explique pourquoi une partie d’entre elles sont en train de basculer non plus seulement dans une fronde mais même dans une révolte dont le succès des mouvements tels qu’ATTAC mais aussi du vote pour le parti Vert sont un symptome. Et c’est aussi sans doute pourquoi une grande partie de notre électorat semble séduit par le NON.
Le résultat de cette option serait cependant paradoxalement contraire au moins à court terme au but recherché, me semble-t-il, et c’est pourquoi, pariant sur le fait que cette crise ouverte est de toute manière inéluctable, mais que le TéCE offrira des possibilités de l’exprimer sur le plan européen politiquement dans de bien meilleures conditions que j’ai, après beaucoup d’hésitations et de réticences, décidé de voter OUI. Comme quoi, il est compréhensible que des analyses proches puissent donner des votes finalement contradictoires.
L’essentiel sera d’être capables de poursuivre ensemble et quoi qu’il arrive les combats futurs auxquels beaucoup d’entre nous restent attachés au delà des controverses en cours sur un texte qui de toute manière n’est qu’un cadre pour construire des politiques.
Cordialement
Philippe DELVALEE, Verts Bourgogne
Dimanche 1er mai 2005 à 15h14mn58s, par DELVALEE Philippe
lien direct : http://lipietz.net/?breve52#forum163
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Cher Philippe
tu prolonges et approfondis ici la réflexion sur la crise des élites fordistes, dont celle de la « noblesse et hobereaux d’Etat » (que j’analyse dans l’article de Libé et dans ma réponse à Yann Forestier) ne constitue qu’un cas extrême. C’est un débat qui devra en effet continuer. Je crois que cette fraction de la France d’en haut (la petite et moyenne bourgeoisie salariée, d’Etat ou des grandes entreprises) va quand même finir par quitter le camp du non. Cela suffira à faire passer le Oui, mais j’aimerais convaincre des couches un peu plus populaires.
Je n’ai pas étudié de près l’idée "voter non pour se débarrasser de la sociale-démocratie". À première vue, c’est une folie. La mise en crise du projet social-démocrate, très largement entamée depuis la crise du fordisme et les années 80, ne peut aboutir, chez ces couches, et faute d’une nouvelle utopie progressiste telle que l’écologie politique supra-nationale, qu’au "New Labour" de Tony Blair. Ce serait la victoire du social-libéralisme !
Je suis pour ma part partisan d’offrir aux élites fordistes (rocardiennes ou communistes, genre Bernard Thibaut) une porte de sortie « vers l’espoir ». Même si je sais qu’on ne refera pas l’Europe post-fordiste écologiste de gauche sur le modèle français (mais plutôt suédois), au moins on fixe une « nouvelle frontière » qui peut les mobiliser à nos côtés.
Celles qui sont fatiguées voteront Non ? Tant pis. Celles qui nous aiment prendront le train.
Dimanche 1er mai 2005 à 16h42mn03s, par Alain Lipietz
lien direct : http://lipietz.net/?breve52#forum164
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je regrette que les Verts soient si peu présents dans les médias car (avec l’ami Bayrou ;) ) vous êtes certainement les plus respectueux des autres et les moins menteurs de tous...
mais la campagne se mène aussi sur le terrain bien que j’ai quelques doutes concernant les meetings où seuls vos afficionados et quelques emmerdeurs viendront...
La campagne devrait être encore plus proche des gens certainement.
Il faudrait aussi attaquer de plein fouet cette fameuse partie 3 plutôt que dire que cette partie existe déjà tout çà... , tout les oui font trop le jeu du non de ce côté là alors que la partie 3 est avant tout une règle de copropriété
à l’usage des modérateurs je vous donne quelques liens à regarder pour information et histoire de vous occuper les mirettes ;) :
mon forum : http://metallah.webdynamit.net/forums/viewtopic.php?id=939
– sur le populisme ambiant (et génant à gauche) et sur la possibilité de rassembler la gauche : http://www.sourisverte.org/forum/phpBB2/viewtopic.php?t=547&start=0
Jeudi 28 avril 2005 à 14h15mn23s, par metallah
lien direct : http://lipietz.net/?breve52#forum161
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Bonsoir
j’apprécie l’effort de communication de ce blog et de ce site, ce qui m’empêche de complètement désespérer des Verts : il y a un effort de transparence, d’explication et de sincérité (souvent) qui porte.
Engagé depuis pas mal d’années dans ce parti, je milite aussi à Attac et je suis pour le non : j’ai signé le récent appel départemental en Haute-Savoie en ce sens avec pas mal de verts, de socialistes, de communistes et d’associatifs. Il faut comprendre que depuis 6 mois beaucoup de militants locaux avaient lu la Constitution (publication dans l’Huma et publication dans l’Hémicycle) et confronté, débattu de ce texte. Alors le mépris des journalistes, le mépris des politiques (il y a 2 semaines, des maires de droite interviewés dans l’hebdomadaire local déclaraient être pour le oui et n’avoir pas encore lu le texte !!) a violemment heurté beaucoup de militants citoyens.
J’attendais au sein des Verts un autre positionnement national que cette fuite dans le oui. Désir de respectabilité ? Mais les militants de la région sont très majoritairement pour le non.
A travers vos textes, je comprends mieux votre démarche, mais elle n’est pas convaincante. La polémique avec le magazine Silence est symptomatique et personne dans la mouvance écolo ne comprend ce retournement. Quant à ceux qui sont plus tournés vers les questions économiques et sociales, c’est un rejet des politiques ouiistes qui s’affirme. [ à ce sujet parler “d’officines du Non” est regrettable : le travail d’analyse, de confrontation publique, d’explicitation, de communication de Copernic ou d’ d’Attac n’a rien d’un travail d’officine. Je reconnais que, par ailleurs, certaines formulations des nonistes ou certaines dérives citées dans le blog sont aussi regrettables.]
Votre blog d’aujourd’hui qui fait mine de continuité dans votre positionnement depuis Maastricht [opposition au libéralisme, opposition aux collègues bac +4 (+)...] est, par contre, une réthorique peu digne. Vous avez changé et il existe une réalité forte qui s’exprime depuis des mois (et que les sondages ont retranscrit) : du milieu populaire à un certain nombre d’universitaires, cette Constitution rebute et éloigne de l’Europe.
Personnellement, jamais je ne pourrai signer pour ce texte, même si je sais que Nice s’appliquera transitoirement, car Nice non plus je ne l’aurai jamais signé !! Le mouvement populaire actuel se retrouvera avec le traité de Nice mais sait qu’il l’aura donc aussi désavoué ! Quels politiques sauront en faire quelque chose ?
– La transformation de militants tels que les dirigeants des Verts qui avaient inscrit leur trajectoire dans une vision de vrais changements en politique en héraults du possibilisme et du “c’est moins pire que ce qu’on a” fait froid dans le dos quand on connait un peu l’histoire du mouvement ouvrier : répétition ?
– Dominique Voynet et vous-même qui étiez en phase avec un courant populaire contre Maastricht vous retrouvez aujourd’hui sans appui, alors que l’Europe accompagne et accélère depuis plusieurs années une régression économique et un recul d’indépendance par rapport aux USA avec un élargissement uniquement économique mais sans colonne vertébrale de posture politique européenne (pauvre Solanas, futur ministre des Affaires étrangères...)
– Le positionnement des politiques du PS et des Verts creuse le fossé avec la perception populaire, et ce n’est pas le travail d’Attac qui en est la cause. C’est la réalité des faits.
Je suis inquiet pour la suite du 29 mai. J’espérais que votre positionnement essaierait de tendre des ponts avec le mouvement populaire réel (rarement j’ai vu les personnes s’intéresser à ce point à des questions politiques, saisir les tracts, venir à des réunions, lire, débattre, réclamer des explications). Tous savent que l’Europe est une grande affaire et veulent pouvoir peser sur les choix faits.
Un oui gagnant pourrait désarmer encore plus les mouvements politiques et serait perçu avec tant d’amertume dans les milieux de gauche et écologistes (alors que les sondages le prouveront rapidement, le non sera majoritaire dans notre camp ’gauches et écologistes’) que la crédibilité des responsables de parti de gauche sera irrémédiablement atteinte. Cela devient dramatique et je ne vois guère qui peut faire la passerelle alors que Dany Cohn Bendit se fourvoie avec tous les gens que nous combattons nationalement et localement depuis toujours et au quotidien.
Quelle crédibilité et, partant, quelle efficacité pour les dirigeants verts ? Tout le monde sera nu le 30 mai.
Robert Burgniard
Mercredi 27 avril 2005 à 23h57mn22s
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Bonjour
Je pense que ce qui nous distingue est d’abord la notion de « possible ». Je discute ailleurs des progrès du TCE par rapport à Nice : pour moi, ça tient du miracle. En rester à Nice, dont vous admettez que ce sera pour un certain temps le résultat du vote non, n’a rien de difficile. C’est la ligne de plus grande pente souverainiste -libérale, celle qui a permis la victoire de Maastricht. : on organise le marché unique, mais on n’abandonne rien de la souveraineté nationale, donc on désarme le citoyen devant le marché.
Second point : je maintiens le mot « officines ». Je suis adhérent et cotisant de ATTAC et de Copernic depuis la première heure, et j’y reste. Mais j’ai honte. Leurs publications sont un tissu de contre-vérité flagrantes ou d’interprétations paranoïaques. Je ne crois pas qu’ils y croient. Donc c’est du « sabotage de la raison » au nom de l’hypercriticisme, comme ce que j’avais dénoncé jadis chez Meyssan.
Vos maires de droite font pire ? m’en fous, suis pas de droite, ni maire. Je suis député vert européen, je me coltine jour apres jour le traité de Nice, je lis ce qui change par rapport à Nice : pour le prix d’un bulletin de vote, c’est nettement mieux. Pour la révolution, faudra donner un peu plus de soi.
Vous traitez mes analyses quant à la domination du marché sur une Europe politiquement éclatée de « rhétorique peu digne » masquant un retournement de veste. Elles s’appuient pourtant sur trente ans de militantisme et recherches constantes, régulièrement consignées dans des publications, lesquelles sont presque toutes sur ce site et donc vérifiables. Il ne tenait qu’à vous de les critiquer à l’époque. De Maastricht par exemple.
La façon dont vous vous débarrassez de mon article de Silence est caractéristique : vos insultes n’amorcent pas l’ombre d’une discussion. Vous auriez pu essayer au moins de prendre UNE phrase de mon article de 92 pour l’opposer à ce que je dis aujourd’hui. Même pas.
Vous allez donc voter pour Nice « transitoirement ». Merci pour les quelques années de plus dans l’ordre de Nice que vous offrez à 460 millions d’Européens.
Là où vous me laissez comme deux ronds de flanc c’est quand vous dites « Le mouvement populaire actuel se retrouvera avec le traité de Nice mais sait qu’il l’aura donc aussi désavoué ! Quels politiques sauront en faire quelque chose ? »
En quoi des électeurs qui auront voté pour « Nice transitoirement » contre un autre traité qui nous écarte de Nice (trop peu, mais c’est un autre sujet) auront-ils « donc » par le fait « désavoué Nice » ? par la théorie jésuitique de la « direction d’intention » ?
En tout cas, je ne serai pas des politiques qui « sauront en faire quelque chose ». Le Pen, Villiers, Fabius, Chevènement, Buffet etc sont là pour ce genre de basses oeuvres. Ce que je sais moi, c’est qu’on ne construit rien de bon sur de pareils sophismes.
Dans mon militantisme quotidien pour le Oui, je vois de plus en plus d’ouvriers, employés, infirmières, syndicalistes, dépasser leur première réaction, désespérée (« Non contre l’Europe actuelle ») vers une réaction plus raisonnée, plus combative (« Oui pour changer d’Europe »). Je pense que dans 4 semaines le Oui peut être majoritaire même dans les couches populaires. En tout cas, comme contre Maastricht et pour les mêmes raisons, je ferai tout ce qui est possible, mais en restant dans la vérité. Car comme disait l’autre, seule la vérité est révolutionnaire.
Dimanche 1er mai 2005 à 17h29mn40s, par Alain Lipietz
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Attac est-il toujours un « mouvement d’éducation populaire » ? Aujourd’hui, les prises de positions unilatérales et sectaires de ce mouvement (ainsi que l’article trouvé sur indymedia que je vous propose de lire(*)) me confirme qu’Attac n’est plus qu’un instrument politique pour certains partis ou groupes en perte d’influence .
(*) « Les dérives d’ATTAC . Nikonoff, sous marin du PCF fait surface... »
http://endehors.org/news/3364.shtml
Mardi 3 mai 2005 à 12h46mn10s, par Roth
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Bonjour,
Vous dites que vous vous coltinez Nice tous les jours....
Si le Oui l’emporte vous vous coltinerez ce traité qui reprend un sacré pourcentage de Nice.
Et dans vos négociations pour une europe plus progressiste, mon sentiment est que vous aurez le même résultat que ce que vous et tous les gens de gauche on obtenu à la convention : Rien ou quasiment rien. Vous me direz mais si on a eu ci ou ca. Je ne suis pas assez calé pour en faire la liste. Ce que je sais c’est que le résultat est une constitution définissant des politiques de droite ultra libérale, qui n’ont rien a y faire et que malgré toute votre bonne volonté vous n’arrivrez pas à changer. Vous dite que l’Europe sociale pourra se faire avec le TCE. Je ne suis pas convaincu du tout. Le rapport de force contre l’ultra libéralisme c’est maintenant qu’il faut l’instaurer. Il est même déjà tres tres tard pour le faire, mais c’est maintenant ou jamais. Qu’enfin le politique remplace le technique et le juridique !!!
L’Europe que vous défendez au travers de ce traité me révulse.
Je la juge sur ce qu’elle fait et ce qu’elle dit, ce qu’elle suggère, voir impose aux Nations avec l’aval des gouvernements trop contents de se cacher derrière Bruxelle ensuite pour se dédouaner (libéralisation, concurence à tous les étages, et politique social abscente).
Et ne vous méprenez pas je suis sincèrement pour une Europe Fédérale. Mais a mon sens il vaut mieux donner un coup d’arret maintenant, quitte à prendre 5 ans dans la vue. Car ces 5 ans permettront de remettre les pendule à l’heure et surtout de laisser le temps AUX PEUPLES de dire ce qu’ils veulent de cette Europe. Chose, qu’on ne leur a jamais demandé. Même pour Maastricht ou pourtant il y avait eu un référendum, il n’y a pas eu de débat.
S’ils veulent de l’ultra libérale, alors ils l’auront mais ce sera leur choix. L’europe que ce traité nous sert sur un plateau, elle s’est défini à bruxelles a l’abri des regard et des débats. Et même maintenant que le sujet Europe commence à se démocratiser, à croire qu’il n’y a qu’une seule bonne façon de penser quand on entend la quasi intégralité des hommes politiques (sans compter les souverainiste évidement) et les journalistes.
Rien que ca c’est louche. Ca sents la résiniation, le TINA à plein nez, la pensée unique.
Aujourd’hui je veux voter non et je le ferai. Et on me traite avec condescendance, d’anti-européens. Ca me fait énormément de mal car je pense être bp plus pro-européen que la moyenne.
J’assume mon NON et le revendique.
Sans nier les qq avancer du TCE. Je le juge à l’aune d’un début de commencement d’Europe véritable.... et je n’en suis pas au 1/4 du 1/8 de ce que j’attends. Oui, il doit y avoir compromis et donc mon Europe idéale ne se fera évidement pas : je ne suis pas seul en Europe.
Mais laissez les peuples dire ce qu’ils ont à dire et ensuite on verra. Et je ne suis pas sure que ce sont messieurs Blair et Berlusconi qui seraient alors les plus proches du résultat et de loin.
Vous trouvez qu’Attac (dont je fais parti) c’est du « sabotage de la raison » au nom de l’hypercriticisme.
Et si c’était plutot vous qui vous rabaissiez (et nous avec) plus bas que terre sous prétexte que vous avez ce coup si le droit de marcher à 4 pattes plutot que de ramper (c’est une image !). Mon sentiment est que marcher est bp mieux !
La vérité à plusieur visages. Mais ici ce n’est pas de vérité dont nous devons parler : c’est d’un choix politique. Alors soyons clair : ce TCE est de droite, n’en déplaise à Hollande et peut être même vous, je ne sais pas ce que vous avez dit sur ce sujet.
Je ne suis tout bonnement pas d’accord du tout avec vous.
Alors Rendez vous au 29 Mai. Et de toute façon après cette date j’espère vous voir défendre les idéaux que vous affirmez suivre ici, quel qu’en soit le résultat. Ne vous inquiété pas j’en serai
Salutations
Mercredi 4 mai 2005 à 18h43mn09s, par David Geelen
lien direct : http://lipietz.net/?breve52#forum170
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Pas de problème !!
Vous dites :
– Il faudra attendre 5 ans pour avoir "la" vraie bonne renégociation.
– On ne peut nier quelques avancées du TCE par rapport à Nice.
Alors je vous propose d’attendre ces 5 ans à l’ombre du TCE plutot qu’à l’ombre de Nice. Parce que Nice, j’aime vraiment pas, et qu’on profitera comme ça des petites choses du TCE qui sont mieux que Nice, et qu’il est plus facile de réviser le TCE que Nice.
Les peuples débattent et votent, je m’en réjouis car j’ai milité pour l’adoption du TCE par referendum et j’espère qu’ils voteront tous Oui pour en finir avec Nice et aller plus loin encore.
Vendredi 6 mai 2005 à 00h17mn23s, par Alain Lipietz
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Bonjour Alain Lipietz
Mes questions étaient politiques : j’interpellais, en tant que vert, un des dirigeants majeurs des Verts, celui que j’aurai souhaité voir porter le NON. Mais que vous le désiriez ou pas ( Cependant, votre réponse plus apaisée à Geneviève Azam va mieux dans ce sens) il faudra assumer la responsabilité de faire travailler ensemble des militants qui se seront opposés sérieusement durant cette campagne. Il faudra recoller avec des personnes et des mouvements sociaux qui se seront fortement engagés pour le non et qui auront beaucoup de prévention contre les militants du oui.
Je vous accorde que c’est effectivement sur la posture possibiliste que le débat s’est fait entre nous et également sur l’après 29 mai.
– Tout d’abord, je vous présente des excuses si je vous ai insulté, ma démarche -pleine de dépit probablement- était d’abord une démarche respectueuse de votre vivacité intellectuelle, de votre engagement militant même si -de mon point de vue- il se fourvoie. J’ai parlé de retournement de votre posture -cela ne me paraît pas insultant, c’est un point de vue-, alors que vous estimiez être dans la continuité par rapport à vos opposants d’alors, ce que je jugeais de la rhétorique peu digne. (et non pas votre analyse sur le libéralisme face à une europe éclatée en 1992 et soit-disant rassemblée dans le TCE : ce qui est le cœur du débat actuel) Là est peut-être votre sentiment d’être insulté, mais je trouve effectivement que cette dialectique autour des opposants d’alors n’apporte rien (Par exemple, citons quelques autres de vos opposants d’alors : Hollande, pour ou contre Maastricht ? et presque tous les journalistes de la presse bien-pensante ? eux, oui, n’ont pas changé ...)
Je reste respectueux de votre démarche (voir la reprise faite sur le site du Forum Social de Haute-Savoie de l’annonce de votre venue à Annecy) .
Je vous réponds ici par le canal de votre blog, même si je ne souhaite pas particulièrement de réponse à ce courrier (faites comme vous voulez, mais vous pourrez me répondre à Annecy, le 12 mai, si j’arrive vous interpeller...)
– Vous m’imputez de ne pas argumenter sur la polémique entre Silence et vous, mais cela a été publique dans 2 numéros du magazine ( Et largement répercuté sur différentes listes internet, en tout cas dans la région Rhône-Alpes.) « Contre le TCE, parce que pour l’Europe » ce pourrait être un résumé de la posture de beaucoup de militants de base pour le Non actuellement. Il suffit de remplacer ‘de Maastricht’ par ‘Constitutionnel européen’ pour reprendre votre argumentation d’alors, la cosmétisation du traité proposé par la Convention ne masquant pas la laideur de sa posture économique et sociale puisque reprise des traités économiques précédents. Je pourrai retaper ici quelques passages de votre texte papier que j’ai actuellement sous les yeux. Un, essentiel : « Le traité de Maastricht, [...] va au delà des méta-règles : il exprime explicitement la philosophie de la société à laquelle il veut conduire, il fixe déjà des règles et des normes qui normalement devraient faire l’objet de lois à voter ou de politiques à contrôler. » Il y a aussi tous vos passages sur la Monnaie unique, la BCE indépendante des instances démocratiques, sur les plans d’ajustements structurels qui allaient s’appliquer aux pays européens (d’ailleurs, les CADTM France et Belgique viennent de prendre position très explicitement contre le TCE), la nécessité de l’harmonisation fiscale et sociale et écologique entre les économies en pleine concurrence, ... Tout cela s’ajuste parfaitement au TCE. C’est pourquoi j’écrivais sur le retournement de votre positionnement. C’est le ‘possibilisme’ qui vous frappe, comme à d’autres moments elle a touché des responsables de partis et figé leur dynamisme politique.
– Mais, et c’est de mon point de vue le virage essentiel, nous sommes depuis quelques années dans ce que j’appelle « le syndrome du radar automatique ». La limitation de vitesse (essentielle et je suis à 100% pour) n’était quasiment pas respectée en France alors que textes, code, règlementation, répression, campagnes explicatives existaient. Le passage à l’automatisation de la sanction a changé la donne. Or l’OMC, et l’Europe via Pascal Lamy (éminent socialiste !!!) comme commissaire au Commerce, n’ont cessé de pousser voire de tirer les positions gouvernementales du monde entier et de l’Europe donc, dans ce sens. Et ça y est, nous sommes entrés dans l’ère des radars automatiques concernant le libéralisme économique pour vraiment appliquer nos ‘excellents traités européens’ : priorité totale au marché, ouverture obligatoire à la concurrence ( L’article de Libération du 4 mai sur la privatisation du fret dérégulé depuis mars 2003, suite à une directive de 2001, et arrivant à application, est de ce point de vue très clair) Les radars vont fonctionner. Les priorités écologiques vont s’en trouver affaiblies.
– Dans tous les domaines, nous entrons donc dans l’application voire l’anticipation de la vulgate libérale des traités européens. C’est ce NON de « direction d’intention » selon votre expression que vous voulez critique (c’est une posture "jésuite", dites-vous ! Bon ..., je ne me sens pas insulté, “perinde ad cadaver”, c’est pas mon truc !) et qui est assez heureuse de mon point de vue : c’est véritablement le message que veulent faire passer beaucoup de militants écolos, associatifs, syndicaux.
– Et vous ne pouvez rester avec cette cécité volontaire : le 30 mai et après, il faudra analyser et répondre au message des urnes, même si c’est le oui et plus encore si c’est le non. Ce ne sont pas des “basses œuvres” pour des élus politiques d’autres partis, ce sera la réalité dont vous devrez vous saisir.
Je vois que, dans le tumulte actuel, cela ne vous est pas possible, mon interpellation était une demande d’anticipation sur cette réalité, sinon la crise du politique va s’amplifier. En l’occurrence, il s’agira pour vous plutôt d’une oeuvre majeure. Cordialement. Robert Burgniard
PS :
Enseignant, cordonnateur de ZEP (et y habitant), je ne me satisfais pas du tout de votre posture sur la laïcité dans la polémique avec Fabius que je viens de découvrir en circulant sur votre site. Les réalités du terrain montrent que le combat pour l’égalité est devant nous, la neutralité scolaire étant essentielle pour donner sa chance au maximum des filles et des garçons de nos cités. Quelles difficultés par ailleurs pour eux d’être embauchés, et il ne s’agit pas de voile, mais de patronyme ou/et de lieu d’habitation ! La lutte contre le fondamentalisme religieux et sa volonté d’envahissement de l’espace public est une donnée essentielle de notre vie quotidienne et d’un combat pour l’égalité des chances pour le plus grand nombre. Il reste tant à faire. Le TCE ne nous y aidera pas par l’article II-70 repris de la DUDH de 1948 contextualisé après la Shoah.
Samedi 7 mai 2005 à 18h07mn22s
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Bonjour Robert Burgniard
Et merci pour votre réponse qui, si elle apporte quelques précisions sur le ton que vous auriez souhaité donner à votre première intervention, ne contient pas les arguments politiques que je vous demandais.
Sur le ton : vous souhaitiez un débat « politique ». Je vous rappelle votre phrase :
« Votre blog d’aujourd’hui qui fait mine de continuité dans votre positionnement depuis Maastricht [opposition au libéralisme, opposition aux collègues bac +4 (+)...] est, par contre, une rhétorique peu digne. Vous avez changé »
J’ai réagi assez vivement à « faire mine », « peu digne », « vous avez changé » (attention, vous ne dites pas « vous avez changé de position », éventualité à la quelle tout citoyen et tout chercheur doit se tenir en permanence disposé, mais « vous avez changé », vous n’êtes plus l’homme que j’ai apprécié). Je trouve ce texte injurieux.
Vous me répondez en vous concentrant sur les « bac+4 » qu vous assimilez à Hollande et à « presque tous les journalistes ». Je vous rappelle ma phrase :
« Autre similitude (avec Maastricht), j’ai largement mes collègues bac+4, X, énarques, docteurs, contre moi. »
Vous avez sans doute plus de connexions que moi avec ce milieu, dont Hollande et les journalistes ne me paraissent pas les plus significatifs. Pourtant je persiste et signe : la « noblesse d’Etat » et les « hobereaux d’Etat » étaient, mi-avril, largement pour le Non, et c’était un élément politiquement et sociologiquement significatif de la crise de ce que, pour aller vite, j’appellerais à la Gramsci « le bloc hégémonique républicain ». Ça commence à bouger, et cet ébranlement du Non est déjà perceptible chez les enseignants (les premiers à lire le texte qui arrive chez eux)
Vous n’êtes toujours pas capable de présenter un seul argument pour me montrer que j’ai changé de position sur le fond (et pas seulement « changé »), de Maastricht au TCE. Vous avez pourtant mon texte de l’époque et mon texte d’aujourd’hui (dans Silence). Qu’attendez vous ? Ce serait pourtant intéressant. Je ne vous demande pas des considérations esthétiques sur la « laideur de la posture du TCE reprise des traités antérieurs ». Je vous demande de comparer mes textes pour étayer vos injures dont j’admets qu’elle furent involontaires ( versatile, indigne, etc), et, si je dis à tort que le TCE corrige tel ou tel trait (que je dénonce) de Maastricht, m’indiquer où je me trompe.
Je ne dis pas que la BCE fait l’objet de nouveaux objectifs qui me conviennent et soit mieux controlée. Je dis que les sanctions du Pacte de stabilité sont caduques.
Je dis surtout que les règles du jeu du TCE sont beaucoup moins bloquantes pour la décision politique que celles de Maastricht.
Je dis enfin que le TCE fait sortir la défense européenne de l’OTAN.
Quant à votre analogie avec le radar automatique, elle est tout à fait pertinente, c’était bien le raisonnement de Maastricht. Mais c’est ce qui recule avec le TCE au profit du pouvoir « discrétionnaire » de la démocratie.
Même l’exemple de la libéralisation du rail va dans le sens inverse de votre argumentation : cette directive a été votée en codécision, par des majorités nationales et européennes élues. J’ai voté contre, mais il faut admettre avec Rosa Luxemburg contre Lénine que le propre de la démocratie, c’est qu’on peut y être battu. Et plus une constitution est démocratique, plus le risque augmente !!
Dernier détail : « direction d’intention » est une formule des jésuites que raillait Pascal : « je fais une faute, mais ce n’est pas grave parce que je le fais dans l’intention du bien ». Vous êtes actuellement disposé à voter pour Nice contre le TCE en vous disant « mais non, je ne suis pas pour Nice en votant non, je vote seulement contre le néo-libéralisme ». Le problème c’est que dans les fait Non ne veut rien dire d’autre que Nice, sauf dans la direction d’intention d’une petite minorité de Non en Europe.
J’en viens maintenant à votre conclusion : le 30 mai il faudra analyser les résultats. Je pense le faire tous le jours depuis des mois. Je me suis engagé pour le Oui parce que j’ai fait et je refais tous le jours la même analyse des conséquence au 30 mai : le Non (en rester à Maastricht-Nice, isoler la gauche et les écologistes français de la gauche et des écologistes européenne qui massivement espèrent passer de Nice au TCE) serait catastrophique pour l’Europe et pour ses peuples. Je ne me saisirai pas d’un vote Non en disant que « c’est un vote qui annule Nice » ou « Nice c’est mieux que le TCE ». Je ne mange pas de ce pain là, je ne l’ai jamais fait, et l’intégrité que l’on me reconnaît, qui est mon petit capital politique, je ne compte pas y renoncer. Il y a un tas de politiciens pour faire ça, vous n’aurez pas besoin de moi.
Si, par un extraordinaire malheur, le Non l’emportait, eh bien je dirai que c’est un gros malheur, je ne pardonnerai sans doute jamais au leaders d’opinions qui, après avoir fait voter Maastricht, nous replongent la tête sous l’eau en faisant confirmer Maastricht et Nice, et bien sûr je dirai que même dans le malheur il ne faut pas perdre espoir. Un jour il y aura un nouveau projet de révision, et peut-être qu’il ne sera pas plus mauvais que le TCE.
PS. Je prends note de la gravité de nos divergences sur la loi anti-voile et sur la déclaration universelle des droits de l’homme. Vous êtes le premier, à ma connaissance, à écrire que cette DUDH est finalement une erreur « de 1948 contextualisé après la Shoah », c’est à dire si je vous comprends bien, à demander le retrait de la France de la DUDH, au prétexte que la Shoah, événement exceptionnel, a conduit René Cassin à accorder trop d’importance à la liberté religieuse.
Je pense au contraire que le contexte du « plus jamais ça » était le meilleur moment pour en parler correctement.
Dimanche 8 mai 2005 à 17h57mn40s, par Alain Lipietz
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Bonjour a vous
juste une remarque sur le texte si merveilleux de votre ami Bastien François qui met en exergue que Mr Chouard n’est pas professeur de droit en universite. A t on le droit d’exprimer une opinion sur le TCE si on n’est pas titulaire d’une these en droit europeen ?
Cordialement
Mercredi 27 avril 2005 à 17h47mn34s
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Ah, je ne remarque pas qu’il mette ça en exergue !!!
En revanche dans le texte de Chouard il faut d’abord se farcir trois plombes de mises en garde "Moi qui sais, qui suis professeur, qui ne m’étais jamais interessé aux institutions européennes, je pense de mon devoir de vous expliquer, parce que c’est le devoir de tous les professeurs d’expliquer aux pauvres gens, et poutaingue et patingue"
Mercredi 27 avril 2005 à 21h07mn01s, par Alain Lipietz
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Cher Alain,
Au sujet de ce blog, et de cette campagne, où il nous reste un petit mois pour convaincre quelques uns
J’ai echangé quelques courriels avec Jean-Paul, il évoque le "mépris" des Ouiistes comme toi pour les Nonistes de gauche comme lui. Je crois comprendre où ça coince. Par exemple, dans ce blog, tu re-dis "voter non, c’est voter nice" et là, forcément, il se sent méprisé. Tu devrais dire "le résultat du vote non, ce sera malheureusement nice pour encore longtemps", c’est ce que veulent certains, ouvertement ou non, mais pas tous, en tout cas pas lui. Ensuite, tu redis la sottise des arguments des Nonistes...Attention, ce ne sont pas tous les nonistes qui utilisent ces sottises, et notamment pas Jean-Paul. Dans ce débat, il faut arriver, en effet, à convaincre quelquesuns, mais pas tous. Alors cherchons les quelquesuns de "convaincables". Lui l’est...peut-être.. Mais pas si on commence par le mettre dans le même sac que tous les nonistes ... Dans la réponse que je lui ai faite, j’ai commencé à trier les catégories... Bon, sur ce que j’appelle le non révolutionnaire(on vote non, pas question de rester à nice puisque les peuples ne supportent pas, on remettra tout à plat après...), il y a les sincères "ambitieux", qui croient vraiment que c’est possible (lui, Guibert), et les pas sincères, ou les feignants (on verra bien et de toutes façons, l’europe, on s’en fout).. Guibert, je l’ai appelé , son idée, qu’il lancera le soir du 29 avril, avec la complicité de frieder Wolf, c’est "toutes façons, la démocratie ne fonctionne plus parceque le peuple a perdu confiance dans les politiques, donc, profitons de l’echec de la constitution, et après, un gros truc de constituante, état généraux, avec toute la base etc.., et puis dans Marianne, c’est écrit que le peuple recommence à avoir envie de débattre"...... Bon, moi, j’ai du mal à croire qu’un tel mouvement puisse décoller...Tu connais sa passion de réinventer la démocratie... mais il n’a pas réussi à réformer la démocratie dans un petit parti de 8000 adhérents, alors avec 130 millions d’européens, y arrivera-t-il mieux ??? Bon, il n’est pas complètement tout seul, il a Frieder, Francine bavay...
Bon... faire donc émerger, dans tout ça, le non sincèrement européen et idéaliste, les admirer pour leur courage et leur ambition (ce grand oeuvre qu’ils feront après)....éventuellement leur faire comprendre qu’ils sont très peu dans ce cas...
(excellent article de Duhamel dans libé d’aujourd’hui, « le rêve de Marie-Georges »)
Attac, maintenant. Attac, en fait, continue son oeuvre de faire comprendre au peuple que les politiques sont des nuls et des menteurs (on vous cache tout, lisez mieux entre les lignes etc...). Eduquer le peuple à se méfier des politiques, au début c’était bien, là, ça devient too much, parceque leur ficelles sont énormes, c’est des cordes...Donc, ne plus y répondre, dire plutôt en riant : on verra bien quand vous y serrez. Alors là, ils se récrieront : mais on n’est pas un parti... Alors la, on les fait parler "mais pourquoi vous faites ça, de faire détester les politiques et la démocratie représentative (la convention obscure)avec des ficelles aussi grosses, si vous n’envisagez pas de les remplacer ???
Dernier point, ça commence à m’agacer, les jeunes qui disent « la paix, on s’en fout »... La paix, ils croient que ça a toujours existé, comme la pilule, le droit de vote pour les femmes....
Il faudrait quand même refaire un peu d’histoire, et rappeler qu’on vient d’intégrer les pays de l’europe de l’est, qui eux, ont souffert récemment de l’absence de démocratie... Peut-être que tu pourrais faire le lien avec « économie sociale de marché », expliquer qu’eux, ils ont connu la planification.
Rappeler aussi qu’en Yougoslavie, il y a quelques temps, il y a eu une espèce de guerre de religion qui a tué pas mal de monde...
Bon, c’est un peu en vrac, tu trieras,
Bises,
Natalie
Mercredi 27 avril 2005 à 15h59mn07s
lien direct : http://lipietz.net/?breve52#forum157
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:pacman Pour un oui de gauche
DÉBAT AVEC DOMINIQUE VOYNET, JEAN-LUC BENNAHMIAS ET HARLEM DÉSIR
Les Verts et le PS organisent un meeting "pour un oui de gauche" au Traité Constitutionnel Européen le vendredi 13 mai, 20h, salle des fêtes de Montreuil.
<> :pacman Pour un oui de gauche
– Plus d’Europe : la construction européenne a été initiée en réaction aux ravages de la 2e guerre mondiale. Avec ce traité, l’Europe se donnera pour la première fois une constitution supranationale, c’est-à-dire des institutions politiques communes et non une simple zone de libre échange.
– Plus de démocratie : Le traité étend les pouvoirs du Parlement élu par tous les citoyens d’Europe et lui donne une capacité de légiférer, à l’égal du Conseil des ministres.
– Plus de droits : le traité intègre la convention européenne des droits de l’homme, renforcée par des droits économiques, politiques et sociaux, qui s’ajoutent aux droits déjà acquis au niveau national. Ces droits sont valables pour tous les citoyens européens, et aussi pour tous les étrangers qui vivent en Europe
<> :pacman Pour un oui de combat
– L’Europe du traité de Nice, qui restera si le non l’emporte, c’est ce libéralisme qui casse le tissu social, pollue notre environnement, et présente un sévère déficit démocratique. Cette Europe-là, nous voulons la changer.
– Le nouveau traité constitutionnel est une étape dans la construction d’une Europe sociale, démocratique et solidaire, un moyen de progresser dans ce combat, malgré ses insuffisances et la part trop belle faite aux dispositions libérales du traité de Nice.
– Rien n’est "inscrit dans le marbre", pour 5 ou 50 ans. Le Traité est un outil dont l’usage dépendra des majorités politiques du Parlement européen et des Parlements nationaux. Le combat pour l’amender et l’améliorer débutera dès sa ratification, en s’appuyant sur les dispositions prévues à cet effet.
<> Pour un oui européen
– Au niveau européen, le sens du "non au Traité" est clair : il réjouirait les nationalistes qui ne voient dans l’Europe que les chèques dont leur pays bénéficie ; il réjouirait les libéraux qui se satisfont d’une zone de libre échange.
– Avec la Confédération Européenne des Syndicats, avec de multiples associations transeuropéennes, le Parti Socialiste Européen et le Parti Vert Européen appellent à dire oui au Traité Constitutionnel Européen.
http://verts.montreuil.free.fr/
:pacman :sourire
Mercredi 4 mai 2005 à 16h04mn14s
lien direct : http://lipietz.net/?breve52#forum169
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