Ses purs ongles très haut…


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Dimanche 16 octobre 2005

Mon « devoir de vacances », résultat de nombreuses années de réflexion sur ce poème de Mallarmé, est maintenant assez avancé pour que j’en livre à la critique une première version.

Vous pouvez la télécharger (pdf, 350 ko), et je serai heureux de connaître vos réactions, soit en privé soit directement ci-dessous, sur le forum de ce blog.

Donc, s’il vous plait, n’utilisez pas le forum lié à cette page du blog pour autre chose que la discussion de mon texte sur Mallarmé.

Adresse de cette page : http://lipietz.net/?breve93

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Il y a 39 contributions à ce blog.
  • L’athéisme de Mallarmé...

    Bonjour M. Lipietz,

    Tout d’abord merci. Merci pour ce beau texte, pour cette analyse riche qui a fini de me faire aimer le "sonnet en or-ix".

    J’ai tout particulièrement apprécié vos rapprochements avec les poèmes de Hugo, de Baudelaire, d’Edgar Poe et de Rimbaud, qui m’ont forcé à regoûter ces poèmes dont j’oubliais la beauté.

    Et puis, ce dialogue improvisé entre le maître Mallarmé et le disciple étonné, excité d’apprendre ! - certainement mon passage préféré.

    Cependant, je retrouve dans votre commentaire le même constat sur l’athéisme avéré de Mallarmé (vous allez même jusqu’à l’appeler matérialiste !) que j’ai retrouvé dans tous les commentaires sur Mallarmé que j’ai lus, et qui chaque fois m’a désolé.

    Évidemment, je n’affirme pas que vous avez absolument tort de penser cela, car vous en savez certainement plus que moi. Mais j’ai abordé Mallarmé par le biais de la spiritualité et non de la littérature, et cette approche m’a donné une lumière différente sur sa crise spirituelle de Tournon-Besançon, me faisant comprendre (par le truchement de mon expérience personnelle), non pas que Mallarmé a définitivement renoncé au divin, à l’Idéal spirituel (Dieu), mais qu’au contraire la disparition de son "moi" a rétabli son unité originelle avec le divin.

    J’explique un peu cela sur mon blog (où je me suis permis d’intégrer un lien vers votre essai). Mon texte est loin d’être une dissertation, il ne cherche même pas à convaincre, mais il expose un point de vu que je suis étonné de n’avoir pas encore retrouvé parmi les commentateurs de Mallarmé.

    Il me semble que Mallarmé a tout simplement vécu une expérience qu’en spiritualité on appelle "l’éveil", et qui n’a aucun lien avec l’athéisme.

    Si cela vous intéresse, je serais heureux que vous me donniez votre avis sur la question.

    Dans tous les cas : encore merci !

    Je prends votre texte comme un cadeau. Je suis heureux que des gens tels que vous prennent plaisir à partager autant de richesse.

    Bien à vous,

    Adrien Badedji

    Le lien vers mon article :


    Jeudi 24 janvier 2013 à 09h45mn14s, par Adrien BDJ
    lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum4430
    • L’athéisme de Mallarmé...

      Eh bien ! je vais me précipiter dans la lecteur de vote blog. Je réfléchis justement à la religion de Mallarmé. Je crois que s’il avait cru en Dieu, il aurait été gnostique...


      Jeudi 24 janvier 2013 à 12h02mn23s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum4431
  • Ses purs ongles très haut…

    Alain,
    Prenant un peu de temps ce samedi matin, je googlisais sur deux poèmes qui me suivent depuis l’âge de 14 ans, "Ses purs ongles" et "Le vierge, le vivace". Et donc je tombe sur ton analyse... qui me renvoie l’image d’Alain Lipietz faisant le pas du patineur dans le couloir d’HX3 (ce lac dur oublié), fan de Brel (Amsterdam) et amoureux de Mallarmé : drôle de cercle d’angoisse et de désespoir !
    Plus sérieusement, les deux poèmes "le vierge" et "ses purs ongles" me paraissent très très proches dans une vision anticipatrice de la mort du poète... par horreur du vide.
    Bon week-end,
    François


    Samedi 7 février 2009 à 04h00mn13s, par François Guillon
    lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum3257
  • Ses purs ongles très haut…

    Cher Monsieur,

    J’ai bien aimé votre texte sur le sonnet en X et je suis d’accord avec vous quand vous dites : "Il appartient à chacune de ses lectrices,chacun de ses lecteurs, de se l’approprier en fonction de sa propre culture, de sa propre sensibilité. Le poète offre aux lecteurs une “oeuvre ouverte”. " Le texte mallarméen est en effet ouvert à la "compréhension multiple" et comporte plusieurs niveaux d’intelligibilité. En échange du plaisir que j’ai eu à vous lire, je vous envoie un travail que j’ai moi-même effectué sur le sonnet. Puisse-t-il vous éclairer sur ma "compréhension très singulière de l"objet".

    Cordialement

    JP RAMET


    Lundi 28 janvier 2008 à 11h52mn19s, par JP RAMET
    lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum2242
    • Avec "une" personne dedans ?

      Oh ! merci, cher Monsieur, pour votre cadeau !

      Et bravo pour le titre « Le sonnet en Nox » !

      Où l’avez vous publié ? Puis je vous citer ?

      Mon petit travail avance dans les trous (minuscules) de mon travail de député, mais j’en étais justement arrivé au problème "le sonnet en ix et la photographie". Je me permets de vous adresser l’état des réflexions correspondantes, qui vont, bien entendu, être enrichies par votre lecture !

      Car j’ai dévoré votre article.

      Très intéressant votre développement sur la gamme cachée dans le sonnet (mais en 1868 Mallarmé s’intéressait-il déjà à la musique ? sa fille le niera, mais elle était un bébé) et surtout votre rapprochement entre le couple de rimes or-ix et le couple oir-ige de l’Harmonie du soir de Baudelaire . Bravo ! et j’ai éclaté de rire sur votre remarque à propos du prénom de Niepce ;-)

      Plus ennuyeux. Vous citez la lettre à Cazalis : « Un salon avec "une " personne dedans » et en faites un point de fond sur la "trahison" poème-image.

      La première fois que je l’ai lue, cette lettre, c’était dans l’édition Poésie/ Gallimard (Marchal, 1992, p 239) : "Une chambre avec personne dedans". Et pour moi c’était évident à cause de la 2e strophe.

      Je lis votre texte avec stupéfaction et me pose d’abord la question : utilisez vous le Pléiade-Mondor en 1 volume 1950 ou le Pléiade-Marchal en 2 volumes 1998 ?

      La page 1488 n’existant que dans la première , j’y cours : en effet , "une personne". Le monde s’effondre sous mes pieds...

      Mondor étant le découvreur de la lettre, je file à la toute seconde main (la première étant le manuscrit) , sa "Vie de Mallarmé", 1940, t1 p 268. En effet : "une personne".

      Dépité, je vais à la troisième main, déjà celle de Marchal, "Correspondance" Folio 1995 (mais copyright à Mondor 1959, que je n’ai pas). Là, page 392, "avec personne". Idem dans le Pléiade-Marchal t. 1 page 732.

      Bref, sur le même manuscrit de la lettre à Cazalis, Mondor lit "avec une personne dedans" et Marchal lit "avec personne dedans".

      J’ai tendance à croire Marchal puisqu’il vient "après" (nous sommes des nains perchés sur les épaules de géants...) mais mon dieu, comme archiviste, il lui arrive de faire aussi des fautes (telle qu’attribuer le Thibaudet de la Nrf à Gallimard en 1912) .

      Et surtout, "avec personne dedans" colle mieux avec le reste du paragraphe de la lettre, avec le poème lui-même, etc....

      Vous qui me semblez être du métier , pourriez vous m’éclairer ?


      Jeudi 31 janvier 2008 à 12h36mn07s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum2252
      • Nemo !

        Cher Monsieur,

        Je vous remercie de l’intérêt que vous portez à mon travail et de la discussion que vous entamez, car en dehors de quelques spécialistes qui ne font que me lire, je n’ai pas souvent de retours sur les textes que je publie. J’ai lancé dans la nature quelques idées un peu farfelues comme cette lecture du sonnet qui me valent surtout l’indifférence des exégètes "archivistes" de l’institution.

        Je vous réponds :

         L’année de publication de la revue chez Peter Lang est 2002.
         Le passage entre Baudelaire et Mallarmé, de la coagulation à la cristallisation OIR/OR IGE/IX est une des découvertes dont je suis le plus fier, ayant travaillé sur la débaudelairisation de Mallarmé, je vous remercie d’en avoir noté la pertinence, cela me ravit d’avoir un retour sur cette question.
         Les travaux que je publie actuellement sont fondés sur la première édition "Mondor" que j’utilisais à l’époque. L’edition Marchal est sortie à ce moment, et il y a des chevauchements de références en notes que je n’ai sans doute pas eu le courage de corriger malgré les demandes instantes du comité de lecture illustre qui évalue la pertinence des publications sur Mallarmé (Marshal, Pearson, Lloyld). Comme je vous dit, je fais un peu figure de mauvais élève...
         Quant à "personne/une personne", je n’ai pas pris la peine d’aller vérifier laquelle des deux versions était la vraie. Il y aurait sans doute matière pour rien à quelques controverses stériles, pour plusieurs raisons que je vais vous donner d’expérience :
        1) le poème de la "disparition élocutoire" du poète, où le maître est parti puiser des pleurs au styx, joue d’abord sur le départ, à cheval sur la présence et l’absence, au moment équivoque de minuit. Il est le mouvement même de cette disparition.
        2) De plus, le nom "personne" en soi, qu’on l’accable ou non de son déterminant, fait songer au Nemo grec d’Ulysse et à un autre mot que Mallarmé adore : "rien" du latin res = la chose ; des mots qui assument parfaitement dans le lexique la contradiction qui vous occupe. Il ne saurait y avoir chez Mallarmé de lecture intelligente qui ne tienne compte des contradictions internes que le texte supporte d’autant mieux qu’il les installe lui même et en joue... Il me faudrait plus de temps pour donner d’autres exemples qui vous surprendraient.

        Enfin, mon objet était de mettre en place dans le texte de Mallarmé une transition d’une littérature opticienne à une littérature musicienne, c’est à dire de montrer un changement de phénoménologie et la mise en cause de l’hégémonie du regard. Il n’y a sans doute dans le poème de Mallarmé qu’un "jeu" avec la gamme, que la référence d’un cliché réducteur mais parfaitement symbolique. Pour Mallarmé, c’est d’ailleurs ce qu’il appréciait chez Manet, le renouveau de l’art passe par un retour à des choses simples, à l’origine : "l’onguent et la couleur" en peinture, la gamme, présumé-je, en musique. Nul ne conteste qu’un changement de phénoménologie s’effectue à l’époque dans la littérature, je n’ai fait que le débusquer dans ce sonnet, sans le réduire à mon interprétation ni en écarter quelqu’une, car elle vaut toutes les autres et qu’elle confirme le principe d’un texte ouvert à la compréhension multiple. La musique d’ailleurs n’est qu’une transition chez Mallarmé, d’après la suite de mes investigations. Elle prépare l’avénement d’une poésie parfumée, d’une autre phénoménologie encore, plus aérienne, plus huysmansienne encore, dont la danseuse est le ventilateur favori. Mais c’est une autre histoire.

        J’espère avoir répondu à vos questions et résolu le mystère de cette contradiction qui vous dérange. Je serais heureux de vous aider à sauter le pas que bien des lecteurs de Mallarmé, dont quelques illustres spécialistes, refusent de franchir : il n’est point de lecture absolument contradictoire de M allarmé.

        Cordialement

        JP RAMET


        Jeudi 31 janvier 2008 à 14h58mn21s
        lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum2253
        • Contradiction

          Cher Monsieur,

          Votre remarque sur le couple « oir-ige » comme ancêtre de « or-ix »est en effet excellente et vous avez raison d’en être fier. Dans mon texte en ligne, je pars de la similitude entre les deux allégories (Harmonie du soir et Ses purs ongles) mais je n’avais pas remarqué la similitude de forme.

          En fait je travaillais sur une autre piste (inspirée d’Eco qui critique à l’excès le choix de traduction du Raven par Mallarmé et Baudelaire). Poe dit que la plus belle des rimes est en or (comme Nicéphore :-)) et cela a dû fendre le coeur de Mallarmé d’avoir dû rendre ’Nevermore" par "jamais plus". Il se "rattrape" avec ce sonnet qui donc est autant en or qu’en ix.

          Sur la débaudelairisation : le statut de la fenêtre est en effet essentiel, mais je ne me souviens plus si je l’explique dans la version de mon site ou la version actuelle. En bref, jusqu’à Don du poème (Je t’apporte l’enfant d’une nuit d’Idumée) la fenêtre sépare « ce monde-ci » de l’Autre monde. A partir de Ses purs ongles il n’y a plus d’autre monde, donc un miroir, et la fenêtre ne donne accès qu’à ce monde-ci (Vers quelque fenêtre, Selon nul ventre que le sien, Filial, on aurait pu naître )

          Vous me semblez en effet élève un peu distrait, vous avez oublié de donner le nom de la revue où est paru votre texte. Et moi donc ! mon texte traîne depuis des années (j’y travaille quelques heures par an pour ne pas devenir idiot en faisant de la politique professionnelle) et voilà qu’au beau milieu on me colle une version Pléiade en 2 volumes ! et il faudrait vérifier s’il y a "une personne" ou "personne " dedans !!

          Je pense que pour aller voir le manuscrit de la lettre à Cazalis il faut une autorisation ministérielle et la consulter en scaphandrier, à moins qu’elle ne soit déjà scannée. Rien que pour le ptyx, et les développements sur l’affaire des dictionnaires que je raconte dans mon texte en ligne , j’ai les photos des pages en question (le Planche et le Thesaurus) où l’on voit les doigts de la photographe manier ces reliques en gants de plastique...

          J’adorerais vos exemples sur la contradiction chez Mallarmé et trouve vos remarques tout à fait justes. Le Maître est parti est une phrase "à cheval" (quoique je suppose qu’on se rende au Styx à pied, je ne m’étais jamais posé la question.)

          N’empêche que la controverse des "archivistes" (y a-t-il « personne » ou « une personne ») est assez drôle, surtout quand elle interfère avec la théorisation de ceux qui, comme vous et moi, sommes bien obligés de nous en remettre à eux... Avez vous lu le désopilant "Le Mallarmé des sixties", dans Europe, sur le foin fait autour de "l’absente de tout bouquet" alors que c’est "l’absente de tous bouquets" (j’ai bien noté que vous ne commettiez pas la faute) ?

          Oui, après la musique, viendra chez Mallarmé la danse, et même le cinéma. Si on fait la somme du Livre et de la Danseuse, on comprend qu’il aimait Wagner.

          Mais attention , en matière de représentation, le passage du romantisme à Mallarmé, que vous analysez dans votre texte, n’est pas purement et simplement « de l’optique à la musique ». Il reste pas mal d’optique chez Mallarmé (l’opéra, les cérémonies du Livre, les feux d’artifice) mais, comme vous le montrez, ce n’est pas la même (son rapport au "réel" n’est pas le même).

          Quant au « mystère de la contradiction », en ex-marxiste je suis très sensible à l’hégélianisme chez M et j’essaie de "partir de la contradiction" (à cheval, comme vous dites).

          Hélas, je dois retourner à mon labeur d’eurodéputé.

          Cordialement


          Jeudi 31 janvier 2008 à 18h54mn01s, par Alain Lipietz
          lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum2254
  • Ses purs ongles très haut…

    Je viens de lire votre texte Ses purs ongles très haut,je vous en remercie infiniment...je cherchais sur Google "Mallarmé et la Grande Ourse" pour voir si sonnait dans d’autres poèmes de Mallarmé
    le Septentrion aussi Nord
    UNE CONSTELLATION... d’Un coup de dés
    ainsi ce brandon "qui meut et retourne le ciel" laboure la terre mallarméenne, déjà, les Maîtres de la parole, les Rsi dont les yeux tremblent depuis la Grande Ourse, virent les hymnes védiques.
    veillant
    doutant
    roulant
    brillant et méditant...


    Lundi 19 novembre 2007 à 04h22mn48s, par Marie
    lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum2046
    • Ses purs ongles et Un coup de dé...

      Bonjour Marie, content que mon texte vous ait plu..

      En fait j’ai pas mal travaillé depuis et en effet, je caserai un chapitre sur le rapport entre Ses Purs ongles et les poèmes du naufrage, Un coup de dé et A la nue accablante tu...

      Mais hélas, mon travail d’eurodéputé me dévore. Je reprendrai ce chantier aux vacances, ou à ma retraite dans 18 mois...


      Samedi 1er décembre 2007 à 20h49mn28s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum2077
  • Ses purs ongles très haut…

    Pourquoi tant de fausse modestie à faire partager cette brillante présentation ? J’aurais aimé pouvoir vous complimenter sur des points précis d’érudition, mais je ne connais pas la moitié de ce que vous savez : mes compliments seraient ceux d’un ignorant. Je ne pourrais que vous dire le genre de banalité que l’on a déjà dû vous dire, comme celle de savoir si votre principal point commun avec Mallarmé, ce ne serait pas la moustache. Il y a quelque chose de complètement rancie dans cette poésie ; cette décadence se perçoit fort bien chez Stéphane Mallarmé, et lui-même la revendique. Avez-vous ce sentiment d’une déchéance ? Il faudra donc, si vous êtes encore ce que l’on peut appeler une figure politique, que je vous dédicace, pour vous remercier de ce talent, un sonnet, qui, vous concernant, à ce que je sais désormais de vous, ne pourra être que décadent. Vous viendrez donc, s’il vous en dit, jeter de temps à autre un œil dans http://www.ferraille.net/, histoire de voir à quelle sauce je vous ai arrangé.

    Voici, pour vous faire une idée, celui que j’ai écrit sur votre amie politique (est-ce bien votre amie ?), Dominique Voynet :

    Depuis longtemps, on sait que passe la verdeur,/
    Car le parti des Verts est devenu si blême,/
    Qu’on dit que pour symbole il prend le chrysanthème,/
    Et que l’on sent mourir sa dernière ardeur.

    Du coup, à son chevet, on convoque un docteur :/
    La docteure Voynet, qui connaît le problème./
    En stratège elle a dit qu’elle a un stratagème/
    Pour que le vert pâli retrouve sa couleur.

    Elle tâte le pouls, mais l’artère est inerte ;/
    À peine on sent passer un souffle en la main verte./
    Hélas, l’écologie est exsangue, et se meurt !/

    Maintenant pourra-t-on retrancher sa tumeur ?/
    Voynet la met aussitôt sous anesthésie ;/
    Et puis, sans plus attendre, elle l’euthanasie !…

    Il n’est pas très pur, pas ciselé comme du Mallarmé, mais peut-être lui trouverez-vous des ongles.


    Jeudi 27 septembre 2007 à 17h49mn07s
    lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum1843
    • Décadence....

      Oulà ! la question du rapport entre "décadence" en poésie (dont se réclamait Verlaine) et "déchéance" en politique doit être assez complexe... Prévenez moi quand vous aurez éclairci, poétiquement, ce point.


      Jeudi 27 septembre 2007 à 19h11mn31s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum1845
      • Décadence....

        Alain Lipietz, que ses ongles insuffisants

        N’ont pas suspendu, comme Apollon, au pinacle,

        Clive — autant déçu que déchu — de ces gisants

        Tôt vermoulus le marbre imbu du Tabernacle.

        Ce sera pétrifier l’ordre dans ce cénacle,

        Le temps qui trône avec des hôtes malfaisants,

        La gorge haïe aussi par le mot qu’elle racle,

        Irradiant ses sourires si peu reluisants.

        Il s’augure, en ce réduit, sombre, au mal d’Empire

        Que l’Europe avait mis en ce qu’elle a de pire,

        Le fer de cette voie où l’hiver même a lui.

        Que le plus mal armé des soldats, c’est celui

        Dont le combat déchoit fors que sa belle étoile

        Livre au destin final le fil noir de sa toile.


        Vendredi 28 septembre 2007 à 20h08mn52s, par Ferraille
        lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum1847
        • Décadence....

          Pas mal du tout !!! c’est exactement mallarmo-verlainien (style Je suis l’Empire à la fin de la décadence...) avec ce qu’il faut de rappels de Mallarmé (Le fer de cette voie où l’hiver même a lui). Même le fidèle calembour de mal armé est d’époque (et je crois de Catulle Mendès).

          L’avant-dernier vers me parait toutefois légèrement anachronique, le Que l’Europe avait mis... un peu trop hugolien, et j’ai craint un instant que le premier vers soit boiteux. Puis j’ai compris que vous ne m’appeliez pas Li-pi-èts, comme en japonais. Il est vrai que moi même je vous induisais en erreur dans ma FAQ. Mais non, ietz est bien une diphtongue d’un seul pied, comme le vieux de Tel vieux rêve, désir et mal de mes vertèbres. Ce n’est pas comme "con-stel-la-ti-on".

          Quand même, chapeau, vous relevez bien mon défi !


          Samedi 29 septembre 2007 à 19h19mn03s, par Alain Lipietz
          lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum1849
          • Décadence....

            Les deux derniers vers d’un sonnet sont essentiels. Ils en sont comme le nombril ; le cordon se coupe à cet endroit (de là peut-être qu’on y ajoute parfois une coda). Vous pouvez, à votre guise, réécrire les vers de ce poème. Je vous y invite. Que proposeriez-vous, par exemple, au lieu de ceux que vous critiquez ?

            Et que proposeriez-vous au lieu des autres ?

            Et si vous écriviez votre sonnet mallarméen ?

            Par ailleurs, j’ai ajouté, sur mon blog, un sonnet qui a pris Noël Mamère pour sujet, où, pardonnez-moi, j’ai fait rimer votre nom avec casse-pieds. Ne croyez pas, je vous prie, que c’est parce que je ne vous trouve pas sympathique. C’est tout le contraire. Mais mon blog se veut satirique, autant que poétique.

            Pour Hugo, il m’agace, comme je crois qu’il vous agace, mais il est tout de même... comment dire ?... génial. Avez-vous lu son Cromwell ?


            Mardi 2 octobre 2007 à 20h47mn00s, par ferraille
            lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum1865
            • Mallarmé, Lipietz, pastiche

              Hélas ! je n’ai pas vos dons pour écrire "mon" Mallarmé. Encore qu’il me soit arrivé de m’exercer à l’art du pastiche ; cf le prologue et l’exodos de mon Phèdre.

              Quant à Hugo, pareil que vous, pareil que pour Gide : "Notre plus grand poète, hélas !". Je lui rend hommage dans la seconde partie de mon bouquin sur Ses purs ongles très haut.. Vous pouvez déjà lire mon admiration dans les pages 46-47 de la version de février 2006 mais j’ai depuis considérablement développé le passage sur Booz endormi et je vous l’enverrai en perso. A part ça, hors la poésie, pour moi le meilleur Hugo c’est L’Homme qui rit.

              Sur vos deux derniers vers : le dernier est tres mallarméen, impeccable. Le "fors" de l’avant-dernier est un peu archaïque mais, après tout, lui ne se gêne pas quand ça l’arrange (La chambre ancienne de l’hoir...). "Faute que son étoile" serait OK. Mallarmé n’est pas précieux pour le plaisir.

              Je ne me permettrais pas d’intervenir sur vos vers de chute puisque c’est votre interpretation de la décadence-déchéance d’AL.

              Si je vous lis bien, en utilisant la méthode du Tryptique, on déchiffre sans peine la troisième phrase (ce que l’Europe a de pire : forcément le nazisme, confirmé par l’allusion à l’Empire (le IIIè Reich), donc la "voie (chemin) de fer" est une alllusion à la Shoah, et le tout au procès intenté, à l’Etat et à la Sncf, par mon père (d’où AL s’inaugure). Cet épisode ne fut guère important dans ma vie (à moins que vous n’expliquiez le destin d’AL, sa décadence-déchéance, par un "complexe du rescapé", pourquoi pas ?) mais ce fut le second épisode le plus médiatisé de la vie d’AL.

              Il s’agit donc dans ce sonnet de l’être médiatique "AL", et donc la première phrase vise l’épisode le plus médiaque, son "éphèmère campagne présidentielle". Même la seconde évoque plutot son style oratoire et son sourire à l’usage des medias. Quant à là où AL a "chu" (le PE), ce vous semble vermoulu, pour moi c’est un magasin de jouets dans lequel je ne sais où donner de la tête. Mais les Français se foutent de l’Europe et de leurs élus à l’Europe.

              Reste donc votre énigmatique dernière phrase qu’il m’est à moi même difficile d’interprêter, à moins qu’elle n’insinue pour expliquer la déchéance du héros la malchance de n’ avoir eu l’opportunité de l’héroisme. Bof... Problème générationnel. Dans la génération de mes parents tout le monde fut sommé de livrer au destin final le fil noir de sa toile. Ils n’y étaient pas spécialement préparés, mais s’en sont bien sortis, et en rigolaient encore il y a quelques années.

              Je ne manquerai pas de consulter votre "Mamère" mais vous me permettrez de m’abstenir de le commenter... comme votre Voynet ;-)

              Bien cordialement


              Mercredi 3 octobre 2007 à 10h19mn05s, par Alain Lipietz
              lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum1867
              • Mallarmé, Lipietz, pastiche

                La poésie devrait offrir l’avantage de laisser place au plus large spectre d’interprétation. Mallarmé n’est pas Coppée, il reste parce qu’il ne s’ancre pas. Et si vous proposez des interprétations qui correspondent sans doute à des vues que j’ai mises dans ces vers, le sens de ceux-ci ne devrait pas être absolument réduit à des vues aussi précises… On voit, par exemple, dans maint écrit de Baudelaire, des allusions aux insurgés de 1848. Dans le Cygne, l’invocation des captifs, des vaincus… Dans la Cloche fêlée, le « blessé qu’on oublie / Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts ». Et cependant, passez-moi la redondance, cela n’est pas que cela.

                Vous lisez : « d’où AL s’inaugure ». J’ai écris « Il s’augure ». Cela renvoie plus à ce qui vient qu’au point d’où l’on vient.

                Quand j’écris : « Dont le combat déchoit fors que sa belle étoile / Livre au destin final le fil noir de sa toile », j’admets bien sûr que ce sont des images désuètes, une langue un peu passée, mais après tout je n’ai fait que rechercher un effet poétique comparable à celui que vous commentez, d’où le choix de mots brefs ; j’aurais pu aller plus loin, comme Mallarmé, et décomposer la phrase en mots encore plus brefs, chacun d’entre eux étant comme la syllabe de mots plus longs, ouverts en leur intérieur et irrigués par les allitérations. La méthode du triptyque montre bien comment fonctionne cette condensation. Pourquoi cependant choisir un mot plutôt qu’un autre ? J’aurais pu écrire : « Dont la lutte a passé fors que sa belle étoile / Livre au destin fatal le fil noir de sa toile ». Destin fatal sonne mieux à l’oreille, me semble-t-il, que « destin final ». « Livre au destin final le fil noir de sa toile »… « destin final le fil noir »… « destin fatal le fil noir »… « fatal le fil noir de sa toile »… C’est mieux, non ?… Mais « fatal », ça fait aussi « déjà entendu ». Je préfère « destin final »… Et Final renvoie aussi à une image ; à plusieurs images : Apocalypse, Lutte finale, Solution finale, Téléologie et explication de tout, le Signifiant.

                « Fors », comme dans « fors l’honneur tout est perdu ». Quelque chose est perdu, mais c’est aussi présent ; et à part cela, tout n’est que vanité. Tout est perdu, sauf précisément ce qui reste à nous de cette perte. Tout est perdu, mais dans l’histoire reste le fait de la Shoah. Je n’ai pas peur de dire que la Shoah est un évangile nouveau. Elle est le Nouveau Testament de l’Ancien Nouveau Testament. Le succès fulgurant des Bienveillantes, par exemple, montre bien où se trouve aujourd’hui ce qui paraît à beaucoup l’émanation la plus authentique de la Passion. Finalement, comme le crucifix placé parmi nous, elle ouvre bien la porte d’un au-delà qui n’est, peut-être, rien de plus que la « fulgurante console ».

                Quant au médiatique, il est de deux manières : l’une la mise en scène que l’on croit faire soi-même, tout en n’étant au vrai qu’un figurant censé figurer un acteur, où l’on tape avec les talons très fort sur l’estrade pour faire des effets, où l’on cabotine en criant à tue-tête tout ce que la société veut entendre - du Sarkosy -, et l’autre où l’on est partie de l’événement, mais d’un événement tout aussi fabriqué. Que vous n’aimiez ni l’une, ni l’autre, vous honore. Fors Alain Lipietz, tout est perdu.

                PS : Si vous voulez me livrer en privé l’un de vos textes, vous pouvez soit utiliser la fonction « contact » de mon blog, pour des textes courts, soit, pour des textes longs ou en PJ, l’adresse électronique que je vous indiquerai si vous me donnez la manière de le faire sans la rendre publique.

                Quant à Hugo, mon préféré ce sont Les travailleurs de la mer.

                Quant à Phèdre, votre pastiche a quand même de la gueule. Pour ma part, je me suis amusé à réécrire entièrement Phèdre en alexandrins, dans une espèce de « plagiat psychique » de Racine. Autre forme de pastiche. Je parle d’ailleurs de la Shoah dans ce plagiat / pastiche de Racine. Le pastiche n’est pas fait qu’avec du ridicule, et pour lui.


                Mercredi 3 octobre 2007 à 12h43mn05s, par Ferraille
                lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum1870
                • Mallarmé, Lipietz, Shoah, pastiche

                  Eh bien ! ça devient très intéressant ! Au colloque de Tournon sur Mallarmé (1998), plusieurs intervenants ont montré qu’il était fructueux d’aborder l’auteur par la face « pastiche ». Voici un cas concret. Et nous venons de discuter de votre sonnet avec mon beau frère, ex prof de lettres à l’université de Nanterre et poète, François Lescun : il partage mon avis , votre pastiche est très bon (ce qui montre d’ailleurs que vous êtes poète vous même , car, votre « défense » le démontre, vous avez fait un peu plus qu’un pastiche, mais de vrais choix poétiques).

                  Tout d’abord, 100% d’accord avec vous : un poème a une multitude de sens, et comme vient de dire Eco dans Presque la même chose, l’auteur ne doit pas céder à la tentation narcissique de penser que son interprétation a plus de valeur que celle des autres lecteurs. Votre exemple du Cygne est fort juste, et même certains interprétants vont encore au delà du thème de l’exil : savez vous que pour la géographie culturelle anglo-saxonne, ce poème était devenu, un moment, le signe de ralliement de la « nostalgie urbaine » (« Le visage d’une ville change plus vite hélas… ») ? Cf mon commentaire, en particulier les notes 11 et 12.

                  Mais mon essai sur « Ses purs ongles » a aussi une intention polémique : j’en ai marre de la vulgate du Mallarmé poète pur, « absence du référent », etc. Ses purs ongles très haut… , quoique « plein de rêve et de vide », veut dire quelque chose (sur la mort, et en particulier sur la nouvelle situation créée par la mort de Dieu, sur la fonction de la poésie dans ce contexte, etc). Donc j’en ai marre de ceux qui devant Mallarmé l’Obscur se contentent de commentaires formels en disant « pas la peine de chercher à comprendre, ça ne veut rien dire. » Et comme votre sonnet est un bon pastiche de Mallarmé, je le traite comme du Mallarmé, je me demande « Qu’est ce que ça veut dire ? » (et pas exactement « qu’est ce que l’auteur a voulu dire ? », même si..)

                  Ensuite je vous prie d’excuser mes bévues de lecture ou plutôt de citation de votre sonnet. J’avais bien vu que, dans votre texte, AL « s’augurait », mais je pensais simplement que vous aviez remarqué que je suis né en 47 et pas en 44, donc pas pendant la Shoah. Votre personnage AL ne pouvait que « s’augurer » dans la pensée de son père, et non s’inaugurer . J’ai pu observer avec amusement ou compassion la différence entre mes camarades (Pierre Goldman, Dany Cohn-Bendit) et moi (sans compter Jean-Jacques Goldman !!) selon qu’ils sont nés pendant la Shoah ou après. Donc j’écrivais « il s’inaugure » simplement pour faire court : la référence à la mésaventure de mon père que malgré moi j’ai dû assumer récemment dans la presse.

                  A ce propos : j’ai observé, sur la fameuse photo de Bolloré-père avec Léon Blum, qui a servi à couvrir le mensonge de Sarkozy sur « Léon Blum hébergé par Bolloré à la sortie de Buchenwald », la mention « septembre 1947 », le mois de ma naissance ! Certes mon père a été libéré à Drancy (c’est plus près), mais il a eu le temps de finir ses études, se marier, trouver un job, déménager, puis ma mère a encore trouvé 9 mois pour me faire… ça change tout ! En supposant même que Léon Blum soit rentré à pied de Buchenwald en faisant du tourisme, « Septembre 47 », c’est un peu fort comme « sortie de Buchenwald ».

                  Mai revenons à Mallarmé et à votre sonnet (car c’en est un, ce qui ne se voit pas sur mon forum mais sur votre site : problème des à-la-ligne sous spip). Ma faute de lecture, « fatal » au lieu de « final », est bien une bévue, sans doute provoquée par la longue fréquentation du Toast funèbre en l’honneur de Théophile Gautier, où Mallarmé alterne « final » et « fatal » à peu près dans le même sens. Mais là, « final » c’est mieux, à tous points de vue , pour les raisons que vous dites ( dans le Toast funèbre aussi le choix n’ai jamais au hasard).

                  Venons-en au « fors » et à ma critique initiale d’archaïsme forcé. Je voulais insister sur le fait que Mallarmé ne cultive pas l’archaïsme pour lui-même, mais plutôt quand il pense que le vieux mot est plus proche du signifié (selon son idée que la langue se dégrade avec le temps, par rapport à une origine où le signifiant était une onomatopée du signifié). Donc votre vers faisait inutilement « XVIe siècle » (surtout en commençant la phrase par « Que »). Vous me répondez que là, vous, en tant que Ferraille, avez voulu faire une allusion à la lettre de François Ier et bien plus encore… C’est bien sûr votre droit (et j’en suis flattté ;-)) mais ce n’est plus tout à fait du pastiche ! C’est vous en tant que poète original.

                  Et j’apprécie tout à fait ce que vous dites. Mallarmé est le premier poète français de la mort de Dieu (tout en mobilisant à fond les symboles du catholicisme), mais c’est vrai que la Shoah marque une rupture encore plus forte (un nouveau-nouveau testament, comme vous dites). Il eut été passionnant de lire un Mallarmé de l’après-Shoah, car avec la Shoah même « ce monde-ci » a changé de sens, et comme vous le remarquez très justement, la flamme de la fulgurante console est bien plus sinistre encore qu’à la fin du XIXè siècle.

                  Sur le « médiatique » enfin, je ne considérais bien sûr pas que vous me réduisiez à mon être médiatique (sinon cet échange n’aurait pas eu lieu), simplement que la connaissance l’être médiatique du sujet (AL) aidait à comprendre le sens du poème, en remontant de la 3e à la 1e phrase.

                  Bon , c’est pas tout ça, je dois retourner à mon labeur d’eurodéputé écologiste. Je vous renverrai en perso l’état (presque) actualisé de mon essai, lecture de Booz comprise (j’ai des bouts, non intégrés, sur Eluard et Aragon pour la 2e partie, et je vous enverrai une discussion sur le Toast, son « final » et son « fatal », qu’il me faudra aussi intégrer.) C’est long, il me faut donc votre adresse : il suffit de me la communiquer par alain@lipietz.net.

                  Bien cordialement.

                  PS Je suis dévoré de curiosité sur votre Phèdre… Tout à fait d’accord que le pastiche n’est pas fait que pour le ridicule, et j’ai été frappé d’emblée que ce n’était pas le cas de votre texte (contrairement à ce que vous sembliez annoncer à l’origine ;-))


                  Jeudi 4 octobre 2007 à 12h00mn47s, par Alain Lipietz
                  lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum1873
                  • Mallarmé, Lipietz, Shoah, pastiche

                    Sans donc aller plus loin, vous laissant à votre labeur, je ne vous dirai rien d’autre que : mon adresse électronique vous est désormais connue depuis hier, par l’envoi d’un courrier à votre adresse... (Quant à ma Phèdre, je n’ose pas vous en proposer la lecture, quoi que vous soyez dévoré, dites-vous, de curiosité à son sujet ; tout au plus puis-je vous proposer de l’échanger, en texte, contre votre manuscrit, sans charge de la lire, ni d’en faire le commentaire. S’il vous prend cependant de la lire, et qu’elle ne vous tombe pas des mains, croisez donc cette lecture avec celle de la Phèdre de Racine, dont elle est un très serré, très osé pastiche, ou plagiat "psychique", comme on voudra.)


                    Jeudi 4 octobre 2007 à 14h31mn58s
                    lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum1875
  • Ses purs ongles très haut…

    Cher Monsieur,

    Je ne peux que vous dire mon admiration pour votre magnifique travail. N’étant pas un spécialiste de Mallarmé, je vous ai néanmoins lu avec grand plaisir.
    Un point cependant : vous faites référence (à 3 reprises au moins) au sonnet de jeunesse de Mallarmé (Parce que de la viande était à point rôtie...)Pascal Pia a surabondamment prouvé que ce sonnet n’est pas de Mallarmé, mais de Clément Privé (La Quinzaine Littéraire, 1er avril 1966). Pour ma part je l’ai également trouvé signé Privé dans le périodique Beaumarchais (20 mai 1883)et ailleurs.
    Bien cordialement à vous,
    Jean-Jacques Lanfray


    Mardi 17 avril 2007 à 12h08mn23s, par Jean-Jacques Lanfray
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    • Ses purs ongles très haut…

      Ca alors ! merci de ce renseignement. Il est encore donné comme étant de Mallarmé dans la nouvelle edition de la Pléiade éditée par Bertrand Marchal... à qui se fier ??

      Je vais chercher cette étude de Pascal Pia...


      Mardi 17 avril 2007 à 13h01mn02s, par Alain Lipietz
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      • Rendons à Privé ce qui n’est pas de Mallarmé...

        J’ai bien reçu l’article de Pia que vous m’avez envoyé. Merci infiniment ! Comme l’écrit Pia, Mallarmé et Privé s’étant visiblement connus dans l’Yonne, il est sûr que l’un a inspiré l’autre mais pour l’instant il est clair que la version de ce poème qui figure dans la Pléiade est de Privé. J’en tiendrai compte quand je me remettrai au travail (à ce travail... )

        Merci en tous cas pour vos encouragements !


        Jeudi 19 avril 2007 à 13h28mn40s, par Alain Lipietz
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  • MALLARMÉ EN (LANGUE) TOTONACA

    Excusez moi je vous en prie si c’est écrit en espagnol.

    MALLARMÉ EN (LENGUA) TOTONACA
    Como podrán apreciar sustituí aquí las palabras ptyx-conca por tícxit-pedo. Fue gracias a O. P. que descubrí este poema. Pero ya sea por pena, orgullo o ambos que no me decidí nunca a mostrarle en vida mi ’versión’. Tampoco sé si se hubiera disgustado, sorprendido...No quise incluir el ensayo de O.P. por no solicitar derechos y por ser muy largo, pero a la fuente los remito ya que es imprescindible para entenderlo. El signo y el garabato (pp. 70-87) o bien Excursiones/Incursiones Dominio extranjero Vol. 2 de sus Obras Completas (pp. 100-114). En cambio a Maples Arce pienso que le hubiera divertido mucho. Siempre me he preguntado de si acaso no tendría él ya como suya esta ’versión’ y la dejó para que alguien (yo) la rescatara y diera a conocer en la posteridad. Recordemos algo que es evidente y una verdad de perogrullo y es el conocimiento que de los simbolistas tenían desde Darío las vanguardias. Es más, pienso que Maples Arce llamó así a su vanguardia poética ’estridentismo’ por esta misma razón. Y que de no haber sido así, le hubiera sacado un pedo de la risa loca. El lema estridentista : ’Muera el cura Hidalgo, Chopin a la silla eléctrica, viva el mole de guajolote’. Hay sólo otro detalle además del de la ortografía ’se me asegura que no lo tiene(sentido el vocablo)en ningún idioma’Stéphane Mallarmé mismo p.102 (Dice Paz que su versión es provisional p. 111 ’todo poema se cumple a expensas del poeta’) ’las (inexistentes) ánforas no están sobre las credencias : la que (no) está es la no menos inexistente caracola’ (el (no) menos inexistente pedo) p.112. El verso siguiente ’espiral (a)spirada (fétida) de inanidad sonora’ que no siéndolo sería ’estridente’ pedo que a Maples Arce se le hubiera salido de tanta risa. Esto, que en francés parecería ocurrente ’boutade’, esa misma crítica francófona quiere remitirnos al clasicismo de una presunta etimología griega, no son, sin embargo, menos clásicos nuestros totonacas. Más que el Styx° o Estigia, el Eufrates y el Tigris, serían, en palabras de Melgarejo Vivanco, el Tecolutla y el Cazones. P.d. : Conviene añadir con respecto al ‘septuor’ que según J. Galarza no está(ba)mos para nada ‘norteados’.


    Mardi 13 février 2007 à 01h44mn56s, par José Pamplona Muñoz
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    • MALLARMÉ EN (LANGUE) TOTONACA

      Me gustaría mucho conocer la versión en totonaco ! Ya conozco la de Octavio Paz que se puede encontrar por Google (grrr...). Verdad que la traducción ptyx=caracol es un poquito restrictiva, pero eso demonstra bien que "traduttore, traditore !" Hay mucho mas en "ptyx" que en "caracol", aunque por el contexto un ptyx deba ser usado como una concha.

      Verdad que el septuor es del norte, gira a poca distancia de la Estrella del Norte... Hay raciones legendarias por eligir la Grande Ossa, pero seguramente existe una equivalente legenda totonaca, tal vez con la Cruz del Sur...

      Porque no usar la dualidad Quetzalcoatl-Estrella de la Mañana ? es también una alegoría de resurreccion ! En este caso, habría que modificar el "oro" (que representa la Nixe y la Hydra) de maniera que evoque la muerte de Quetzalcoatl...

      Aqui aparece la dificultad de la traduccion : cambiar idioma es cambiar sistema mitológico... Por eso , Mallarmé usa la palabra griega Ptyx sin traducirla !


      Jeudi 19 avril 2007 à 20h30mn06s, par Alain Lipietz
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      • MALLARMÉ EN (LANGUE) TOTONACA

        Estimado Sr. Lipietz : (disculpe que le escriba en español pero sería engañarme hacerlo en francés que aunque lo hablo y entiendo un poco me costaría mucho trabajo redactarlo en ese idioma). Es un honor para mí el que me haya contestado. Lo único que me desanima un poco es que según leí los editores que le van a publicar su libro ya no aceptarán colaboraciones de otros-lo que en la antropología posmoderna le llaman ’polifonía de autores’ cfr. el libro ’El surgimiento de la antropología posmoderna’ Geertz, C., Clifford J. y otros comp. por Reynoso, Carlos ed. Gedisa Barcelona, 1996 en la ’Presentación’ pag. 36 donde dice 2) La etnografía experimental : dialógica, polifonía, heteroglosia.
        En realidad yo no hice referencia a una traducción al totonaco aunque sí pensé en ello alguna vez desde el momento en que se me ocurrió hace ya más de 25 años al regresar de Paris donde estuve medio año. Sería absurdo siquiera intentarlo si consideramos que palabras como ’lampadóforo’ no tienen imagen ni equivalente conceptual. Simplemente es une ’boutade’ que al leer su texto confirmé Yves Bonnefoy había esbozado la posibilidad de interpretarlo como ’pet’ (flatulencia). De Bonnefoy tengo-por cierto-al margen, su libro sobre Rimbaud publicado por ed. Seuil col./Écrivains de toujours.
        Ahora bien, lo que dice usted de la diferencia entre traducir una mitología y traducir un texto el mismo Octavio Paz sostiene que es igualmente difícil traducir un texto ; es como inventar una variante mitológica. Esto lo dice en su libro titulado ’Claude Lévi-Strauss o el nuevo festín de Esopo’.
        Respecto a la ’variación’ del mito de la Osa en español tenemos un dicho ’cojear de la misma pata’. Dice Alfonso Caso en su libro ’El pueblo del sol’ pag. 45 : ’Tezcatilpoca se caracteriza en los códices por un espejo humeante, colocado en la sien, y otro que sustituye al pie que le arrancó el monstruo de la tierra ; mito que significa que a veces, en latitudes más australes, una de las estrellas de la Osa Mayor desaparece del cielo porque queda debajo del horizonte’. Y el mismo O. Paz en el libro ya citado sobre L.-S. propone un cuadro en el que la dualidad Quetzalcóatl-Tezcatlipoca aparece como una variante del mito de Edipo que a su vez significa ’pie hinchado’.
        Por último, es también el maestro Melgarejo Vivanco (erudito de la región totonaca) en su libro ’Las revelaciones del Tajín’ ed. Univ. Veracruzana quien nos dice que la ’estrella de la mañana’ personificada en la diosa Itzpapálotl podría tener su contraparte en la diosa sumeria Inanna.


        Samedi 21 avril 2007 à 13h13mn00s, par José Pamplona Muñoz
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        • MALLARMÉ EN (LANGUE) TOTONACA

          P.s. : Como es sabido Freud presintiendo la contradicción de género-que Jung resolvió con el ‘complejo de Elektra’- escribió el clásico ‘La Gradiva de Jensen’ que se refiere asimismo a una deformación pedestre. Confrontar por otro lado este ‘complejo de Elektra’ con las imágenes acústicas de Lacan. Nuestro maestro de psicoanálisis nos decía que toda literatura es autobiográfica cfr. para esto la misma ‘Gradiva’ con la novela ‘El arrebato de Lol B. Stein’ de Marguerite Duras.
          P.s.2 : No me había percatado que mencionase la constelación de la Hydra, aunque sí puede que aluda a esta en su soneto ‘Le Tombeau d’Edgar Poe’ : ‘Eux, comme un vil sursaut d’hydre oyant jadis l’ange’.


          Samedi 21 avril 2007 à 20h30mn40s, par José Pamplona Muñoz
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          • PTYX, tícxit EN (LANGUE) CATALÂ

            Cher Monsieur
            Je ne sais pas si vous vous resouvenez de moi ou non (totonaca ?), mais voici ce que j’ai trouvé (je ne sais pas non plus si vous comprenez le català) mais toujours respecteusement, vôtre ami du Méxique.
            S’il se peut je vais le mettre dans votre blog.

            Joseph Pujol, un artista per ’petar-se’ de riure
            L’antropòleg Adrià Pujol signa la primera biografia en català del famós Petòman del Moulin Rouge

            Diuen que una vegada el crític d’art Robert Hughes va preguntar a Salvador Dalí qui era l’artista més absolutament modern. La resposta van ser dues paraules misterioses : Joseph Pujol. Aquest nom de clara reminiscència catalana, increïblement, continua essent tot un misteri als Països Catalans, malgrat que ara fa un segle va ser l’estrella indiscutible de la Belle Époque parisenca amb un espectacle fora de sèrie al mític teatre de varietats Moulin Rouge, regentat aleshores per l’emprenedor reusenc Josep Oller. Pujol, fill de pares mataronins emigrats a Marsella, tenia el do de controlar a voluntat l’esfínter i produir tota mena de sons rectals. El Petòman, com era conegut artísticament, ’va saber, a cavall dels segles XIX i XX, elevar les ventositats al rang de les arts escèniques, talment el teatre, el cant i la música, i fins i tot la poesia’, en paraules de l’antropòleg Adrià Pujol Cruells, autor del primer llibre en català que honora la memòria d’aquest ’expatriat consanguini’ : Joseph Pujol, el Petòman (CCG Edicions, 2008 : fragment d’un capítol en pdf). En el seu variat repertori artístic, tocava amb pets la Marsellesa, imitava les ventositats de tots els estaments socials, absorbia dos litres d’aigua i, per tancar l’espectacle, apagava espelmes a distància d’una ventada. Aquesta biografia, que s’obre amb una aproximació antropològica del pet en una societat tan escatofílica com la nostra, vol reivindicar la figura del Petòman als Països Catalans, tal com els periodistes Jean Nohain i François Caradec van fer amb uns quants llibres a França a partir de la dècada de 1960, en observar ’que els colons del refinament francès havien obviat el còlon d’un dels fills de la pàtria’.

            És gràcies a aquests dos redescobridors de Joseph Pujol, pràcticament, que almenys fora del nostre país és una figura àmpliament reconeguda de l’espectacle. N’hi ha films, com Le Petomane (protagonitzat per l’actor anglès Leonard Rossiter) i Le Petomane : Parti Avec le Vent, de Steve Ochs (amb MySpace inclòs) ; documentals com Le Petomane : Fin de siècle fartiste, d’Igor Vamos ; musicals d’èxit a Broadway com The Fartiste (i companyies de teatre amb el seu nom) ; té cançons dedicades ; a l’American Dime Museum de Baltimore se’n guardava un pet embotellat (que es va subhastar fa un any, juntament amb la resta de relíquies exposades, pel tancament del museu) ; disposa d’un carrer a Marsella i, és clar, té imitadors contemporanis com Mr. Methane, prolífic a YouTube i amb un amplíssim coneixement de la xarxa més flatulenta.

            En contrast amb aquest reconeixement internacional, al nostre país Joseph Pujol no disposa actualment ni d’entrada a l’Enciclopèdia. Com a màxim, el trobem breument esmentat a la Viquipèdia i apareix a l’Enciclopèdia Logicofobista de la Música Catalana de Pascal Comelade : ’El Petòman. Aquest artista marsellès d’origen català, Josep Pujol i Mauri, va ser vedette del Moulin Rouge de París, cap al 1892, amb un sorprenent número de petomania. Després d’algunes imitacions i d’interpretacions de cançons cèlebres de l’època (també feia ’La Marsellesa’ o ’El Cant de la Senyera’), tocava la flauta tot fumant un cigarret. Va gravar un disc, l’erudit francès F. Caradec (especialista en Raymond Roussel) li ha dedicat una obra. Dalí també ha tocat el tema moltes vegades. Una aproximació fonètica possible de Ludwig Van Beethoven, en francès, és ’La Big Band Petomane’. Sorprenent.’

            Per mirar de posar remei al desconeixement de Pujol a la terra dels seus pares, Adrià Pujol no s’està de demanar beques i ajudes institucionals per a la investigació i difusió ’d’una persona meravellosa, un gran còmic i un home senzill i alegre, amant del bon viure i de fer riure’, que ’mai, en cap circumstància, no havia mostrat enveja o ambició desmesurada, a pesar dels seus èxits internacionals i del seu origen català’. Gens pedant, vaja...

            Però l’autor, amb aquesta biografia, vol anar més enllà del Petòman i reivindicar, també, les catorze flatulències que deixem anar cada dia de mitjana. Per Adrià Pujol, ha arribat l’hora de posar fi al ’perpetu estat de setge’ que vivim ’els catalans flatulents’

            http://www.vilaweb.cat/www/noticia?p_idcmp=2818638


            Mardi 15 avril 2008 à 15h16mn37s, par José Pamplona Muñoz
            lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum2375
            • PTYX, tícxit AU (llengua) CATALÂ

              Avez-vous remarqué que le français ’escargot’ c’est le catalan ’els cargols’ ? Ça m’étonne !


              Lundi 19 mai 2008 à 19h30mn31s
              lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum2436
      • Traduction mythologique-iconographique Gradiva ?

        Cher Monsieur
        Vous m’avez demandé une traduction ’mythologique’, voici cette traduction ’iconographique’. C’est comme même l’écriture qu’ils avaient tel que mon professeur disait versus ce que vôtre compatriote Serge Grusinzki lui il dit en ce qui concerne ’l’imaginaire’.


        Jeudi 19 juin 2008 à 11h18mn29s
        lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum2487
  • Ptyx - triptyque

    Mallarmé a écrit un poème intitulé _Triptyque_. Si on cherche l’étymologie du mot "triptyque", on trouvera immanquablement "tri", trois et "ptychè", pli - la même racine que "ptyx". Mallarmé s’intéressait-il à l’étymologie ?


    Mercredi 7 juin 2006 à 11h25mn32s
    lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum718
    • Ptyx - triptyque

      Mais bien sur ! Triptyque = triple ptyx !

      J’en fais la remarque en discutant de Une dentelle s’abolit et je consacre toute une discussion à "Mallarmé et l’étymologie".

      J’en profite pour préciser que la version actuellement disponible en telechargement ne sera plus mise à jour. Le texte a désormais la dimension d’un livre, et si je veux le faire éditer je ne peux pas mettre en ligne une version trop avancée. Non que je pense que cela nuise au livre futur, mais je ne suis pas sûr que mon futur eventuel éditeur soit convaincu du contraire.

      Mais dans notre petit club d’amis de Mallarmé, bien sur que je suis prêt à partager (en echange de commentaires !) l’état actuel de mes réflexions. Il suffit donc de me demander mon texte mis à jour à : alain@lipietz.net.


      Jeudi 8 juin 2006 à 01h32mn57s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum721
  • > Ses purs ongles très haut...

    Comme on peut le voir sur mon site mallarme.net, la lecture du Littré offre quelques pistes, on constate par exemple que quelques mots se rapportent à l’astronomie : sans parler des étoiles, non nommées mais si présentes, on y trouve le septuor, qui peut désigner les sept principales étoiles de la Grande Ourse, on y trouve également le Phénix, autre constellation australe, ainsi que la Licorne, encore une constellation. Le cadre de ce poème est donc bien le ciel, non plus un Azur vide (cf. L’Azur) mais un ciel étoilé de "Maint rêve vespéral".
    Autre détail amusant, le ptyx, inconnu des dictionnaires, et dont Mallarmé aurait préféré qu’il n’existat pas, se rapproche du ptyalisme, terme médical signifiant un excès de salive (d’où "l’inanité sonore"). Jeu de mots involontaire ?
    Un tableau de Gustave Moreau existe : Les Licornes (v.1885), peut-on y deviner une nixe (une ondine) ?
    Autant de pistes à explorer... Le poème de Mallarmé nous entraîne en 100 mots dans un abime de perplexité, et de rêve...
    En tout cas, bravo Alain, pour votre travail.


    Samedi 24 décembre 2005 à 20h29mn10s, par François Direz
    lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum437
    • > Ses purs ongles très haut...

      Merci François !

      Bon, pour le ptyalisme, je signale en effet que Mallarmé n’a pas pu ne pas voir, dans un dictionnaire, le « ptyo » (je crache) dont il a dû bien se régaler : c’est un verbe-onomatopée (c’est même l’onomatopée du crachat dans les BD francophones), comme il les aime, avec le sens que vous dites : l’effort verbal exsude un excès de sécrétions...

      Quant aux Licornes, je donne mon interprétation : les licornes qui ruent du feu, ça forme une hydre... Au contraire, conformément à leur nature mythologique, les licornes de Moreau ont l’air bien gentilles, surtout avec les dames même si elles sont avant tout séduites par les vierges. Mais bien sûr, l’apparition dans le même champs artistique (le « symbolisme »), deux ans auparavant, des Licornes de Moreau peut avoir influencé le choix des images, d’autant qu’avec la première version de la première strophe, Mallarmé perdait une référence à Moreau, comme le remarque Natalie.

      En tout cas, vous avez raison : ça fait bien trois constellations, plus indirectement la Lyre (à cause d’Orphée), dans ce poème qui est donc plus « constellé » qu’il n’y paraît au premier abord. Mais ces constellations sont cachées, la seule manifestée n’est là que par son reflet dans un cadre. Comme les fleurs « hyperbolisées » de la Prose pour des Esseintes, comme le Lys et la Rose du Toast funèbre, comme la Rose d’autrefois qui n’existe que par son nom de Bernardo Morliacense, et contrairement à la voute étoilée du final de Booz endormi, les étoiles n’existent chez Mallarmé que par leur nom, par leur mise en scène dans le poème (le dispositif fenêtre-miroir). Mais elles existent, « de vue et non de vision. »

      C’est soulever là le problème de la référence à l’extérieur (le monde) dans la poésie de Mallarmé. Le monde n’est là que pour en faire un Livre (comme l’Histoire n’est qu’un drame que Shakespeare aurait oublié d’écrire, et d’ailleurs ce qui n’est pas dans le Mahabarata n’existe pas). Mais il est là.

      Et donc, pour l’immensité étoilée ? Incroyablement, Mallarmé a affronté le problème dans Quand l’Ombre menaça de la fatale loi... - qui d’ailleurs failli s’appeler Cette nuit :

      Luxe, ô salle d’ébène où, pour séduire un roi

      Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres,

      Vous n’êtes qu’un orgueil menti par les ténèbres

      Dans la voute étoilée qu’on croirait, par sa splendeur, faite pour le plaisir d’un roi, les constellations ne sont que vanité, expression mensongère du néant qui les enveloppe toutes. Toutes ? non, car, perdue entre les deux infinis, une petite planète a engendré un écosystème qui résiste victorieusement à l’Absurde existe-en-ciel. Car, par l’intelligence, elle contient l’Univers :

      Oui, je sais qu’au lointain de cette nuit, la Terre

      Jette d’un grand éclat l’insolite mystère

      Sous les siècles hideux qui l’obscurcissent moins.

      L’espace à soi pareil qu’il s’accroisse ou se nie

      Roule dans cet ennui des feux vils pour témoins

      Que s’est d’un astre en fête allumé le génie.

      Oui, nous avons bien lu : « Que l’Univers soit en extension ou en contraction, il n’a d’autre sens que de témoigner que, sur la Terre, est née la conscience ».
      Par-delà le thème pascalien du roseau pensant (mais un roseau pensant étendu à l’écosystème planétaire, et qui ferait l’apologie de l’athéisme !), thème qu’il développe depuis Tournon, il faut saluer cette fabuleuse illustration de l’hégélianisme matérialiste absolu de Mallarmé. Pour lui, la vie, l’Idée, la Poésie ne sont que des développements, des expressions accidentelles (sans « dessein conscient », ou alors à la Theilhard de Chardin) quoique rationnelles de la Matière. Saluons surtout ces vers qui anticipent prodigieusement (d’un siècle !) et sur les actuelles spéculations de la cosmologie relativiste, et sur le consensus quant à la rareté de la vie et l’improbabilité d’autres êtres conscients dans l’Univers. Saluons enfin l’image, peut-être en sa première apparition littéraire, de la Terre vue de l’espace interstellaire, Planète bleue en fête, que l’astronautique nous a rendu familière seulement depuis le vol de Youri Gagarine. Et j’avoue, comme écologiste, partager parfaitement et cette ontologie, et l’éthique et l’esthétique qui en découlent.

      Bernard Marchal, dans son magnifique commentaire de Quand l’ombre menaça... pour la collection Poésie/Gallimard, a donc parfaitement raison de rapprocher ses derniers vers de ceux du Sonnet en or-yx. Mais il va trop loin quand il écrit que « Les étoiles ne sont plus l’écriture divine, mais renvoient, comme le septuor du sonnet en -yx, au seul génie poétique, créateur des dieux. » Ce que revient à faire de Mallarmé un idéaliste absolu, alors qu’il reste (après la crise de Tournon) fidèle au socle du matérialisme, la poésie étant pour lui le « faire-avec de l’être-pour-la mort », la consolation et la justification de cette conscience malencontreusement et magnifiquement germée de la Matière.

      Dit encore autrement, à la Lacan : les étoiles, comme les fleurs, ne sont telles que nommées par les mots du poète, réel mis en forme, érotisé par l’imaginaire et le symbolique. Non nommées (sans conscience poétique pour les nommer), elles demeurent comme « étant » (mais chez Mallarmé, contrairement à Heidegger, l’Etre de l’étant est lui aussi, probablement, un étant), mais elles ne sont que vile poussière, comme le corps féminin, qui tant est tendre, n’est qu’abjecte viande.


      Lundi 26 décembre 2005 à 14h38mn33s, par Alain Lipietz
      lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum441
  • > Ses purs ongles très haut...

    Je ne résiste pas à envoyer sur ce forum ma "découverte" d’hier soir... Dans le Bailly de ma fille, forcément plus récent que le tien - c’est un tirage de l’an 2000 : Ptyklon : petit livre, dim. de Ptyx...

    Et dans "A rebours" (Huysmans, 1884)...(j’anticipe sur ton prochain essai ? ... pas tant que ça...) . Des Esseintes, collectionneur de curiosités de l’époque, contemple un tableau de Gustave Moreau (celui qui a réhabilité les licornes...), représentant Salomé, vêtue, non, dévêtue d’orfèvreries, qui danse après le crime, devant la tête de Jean-Baptiste sur un plateau : "le ventre bombe, creusé d’un nombril dont le trou semble un cachet gravé d’onyx, aux teints laiteux, aux teintes rose d’ongle"...

    "La nuit approbatrice allume ses onyx de ses ongles au pur Crime..."
    ces gens là partageaient les mêmes images, non ?... En 1889, Huysmans et Mallarmé sont ensemble exécuteurs testamentaires de Villiers de l’Isle-Adam.

    Je vais chercher un peu des reproductions de Gustave Moreau.

    Bises,

    Natalie


    Lundi 21 novembre 2005 à 15h16mn11s
    lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum410
    • Mallarmé - Poésies en CD / Editeur : Devivevoix


      Stéphane Mallarmé

       Lu par Daniel Mesguich


      « La Lecture à haute voix des poésies de Mallarmé apporte à leur compréhension le soutien du rythme et de la musicalité. »

       Écoutez un extrait

      http://txtnet.com/vivevoix/PopProduit.asp?IDTitre=37#

      « DE VIVE VOIX »

      De Vive Voix est une maison d’édition indépendante née de l’idée que l’écoute est un moyen privilégié pour découvrir et approfondir un savoir ou pour faire surgir toute l’émotion d’un beau texte. Site : http://www.devivevoix.fr/


      Lundi 26 décembre 2005 à 15h57mn35s, par Scoubidou
      lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum442
      • Mallarmé - Poésies en CD / Editeur : Devivevoix

        Bonjour,

        Serait-il possible de recevoir l’adresse électronique de Daniel Mesguich ?

        Merci, de toute façon, de répondre à ce message.

        Bien à vous,

        Cécile G.


        Jeudi 26 juin 2008 à 09h36mn46s, par cecile gigot
        lien direct : http://lipietz.net/?breve93#forum2512
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