Bon, j’accélère, ou je ne finirai pas de raconter ce voyage, et les fêtes approchent.
Après le grand moment de Cuzco, les réunions « en chambre » des trois jours suivants à Lima sont un peu plus fades, mais certaines rencontres très belles…
Bien sûr, il y a mon rôle officiel. Bien briefé par Alain (notre homme à Lima), je tiens partout le même discours, devant le Secrétariat de la Communauté Andine des Nations (la « Commission Andine et son Prodi », Allan Wagner), devant le vice-ministre des affaires étrangères, devant le président Toledo lui-même
et devant la presse (3 programmes de télévision m’ont invité à débattre) :
« Une course de vitesse est engagée entre la désagrégation de l’Amérique du sud par des accords de libre-échange avec les grandes puissances économiques, et son intégration continentale. Nous, les Européens, savons que nous ne serions plus maîtres, aujourd’hui, de notre destin, si nous n’avions pas choisi il y a 50 ans la voie de l’unification. Donc, nous soutiendrons en Amérique du Sud l’unification et non la fragmentation. Nous refusons donc de négocier des traités de libre échange pays par pays (sauf le régime des préférences généralisées). Nous voulons traiter au moins avec la CAN et avec le Mercosur, directement, et nous serons pour des accords qui iront au delà du commercial et prendront en compte les droits humains, la démocratie. »
Mais surtout, ce que je garde de ce voyage, c’est les discussions avec les défenseurs des droits humains dans ce pays qui saigne encore de la plus atroce des guérillas, celle du Sentier Lumineux, et de la sale guerre que lui a fait l’armée péruvienne.
« Contrairement aux autres pays d’Amérique du Sud, nous explique Salomon Lerner, Président de la Commission Vérité et Réconciliation, c’est à la guérilla qu’il faut imputer l’essentiel de la terreur sur les populations civiles. Mais toute la société civile et politique est coupable. Fujimori pour avoir encouragé sciemment les crimes de guerre de l’armée, ceux qui l’ont précédé (Alan Garcia…) pour ne pas avoir voulu savoir, et toute la société urbaine et créole pour s’en être désintéressée tant que les victimes étaient des Indiens de la montagne. Si nous avons compté 70 000 morts et pas 35 000 comme on l’avait estimé, c’est parce que les 35 000 morts manquant n’étaient même pas inscrits à l’état civil. Officiellement ils n’étaient même jamais nés. »
Je revois aussi Rocio Villanueva, la vice-Défenseure du Peuple, qui continue le travail de la Commission Vérité, et nous explique le caractère nettement sexué des atrocités commises. Tous deux nous parlent des strictes conditions mises à l’amnistie et à la réconciliation : un exemple à méditer pour la Colombie.
C’est le thème qu’abordent spontanément Francisco Soberon et Diana Avila, qui s’occupent du retour des « déplacés » de la Violence. Comme je leur repose la question de Fernando (« pourquoi il n’y avait pas de manif des altermondialistes contre le sommet de Cuzco »), ils confirment ma réponse (« parce qu’ils n’étaient pas contre »). A ma question « Mais alors pourquoi n’ont-ils pas manifesté pour ? », ils répondent « Parce qu’au delà des mythes il n’y aucun travail concret de convergence des luttes au niveau du continent. Justement la naissance de la Communauté Sud-Américaine va nous donner l’occasion de nous y mettre. Nous, militants des droits humains, proposons par exemple de sud-americaniser la question colombienne, car il y a déjà des millions de réfugiés dans les pays voisins. »
Dernière rencontre : Javier Lajo, ancien président de la Coordination indigène.
Nous lui demandons comment il se fait qu’avec un passé si glorieux, et alors même que tout le monde s’accorde à attribuer aux « Rondas » armées des communauté indigènes la victoire sur le Sentier Lumineux, le mouvement indigène soit beaucoup plus faible ici que dans les autres pays andins.
« Précisément, dit-il, le Pérou était le centre de l’empire Inca et de la vice-Royauté espagnole. L’affrontement y a été plus terrible qu’ailleurs. L’éradication de la conscience de soi des indigènes y a été poussée avec plus de constance et de violence. Et la gauche a poussé à cette perte de la conscience de soi. Les Indiens ici se définissent comme ouvriers, comme paysans ». Et maintenant comme petits entrepreneurs, comme à Gamarra, pensé-je en me souvenant du livre de Portocarreiro et Tapia sur la conscience de classe péruvienne : ils parlent de « classisme » pour désigner cette tendance des indiens péruviens à se réfugier dans une définition socio-professionnelle pour échapper à leur infériorité de « cholos ».
Javier me montre la composition de la coordination qu’il essaie de rassembler : deux organisations explicitement indigénistes (une de la Sierra, une de l’Amazonie). Les autres sont simplement…. les deux confédérations paysannes du Pérou.
Bonjour. J’écris des Lima. J’ai ne connaissais pas vôtre page. Sur l’article : en tant que péruvien, il est interessant de lire vos impressions de mon pays. Je dirai, pourtant, que monsieur Toledo n’est pas partie du même groupe que Lula, Evo... Il faut reconnaitre une identité indienne ici, d’accord. Mais monsieur Toledo n’a de cela que le vissage. Il s’agit bien d’un homme qu’a vecu aux Etats Unis depuis sa jeunnese, très liberal en polique et en economie, qui pense comme un gringo, et que - dejà - a trouvé du travail, après son demarche de la présidence de la république, assís dans un fauteuil de directeur d’une importante entreprise suisse. Loin d’ici.
Il faut dire que le thême de la "race" devient important au Pérou, ces jours-ci, à cause du discours des frêres Humala, l’un desqu’elles a de la chance de devenir président. La pretendue découverte de l’Amérique, tragique malentendu historique, nous signale, marque encore certaines formes de relations de domination qu’ont varié de apparence en accord avec le système politique ou economique existant, mais qui restent les mêmes en essence. Et la "race" a étè une forme de differencier les classes : "classes sociales" disais Mariatégui. C’etait, pourtant, la culture, la relation de l’homme avec le territorie ce qu’a étè dedaigné par les conquistadors européens et retenu comme idéologie par les élites dominants, toujours européisantes, jusqu’a aujourd’hui.
Et ainsi, on explique bien le racisme au Pérou. La racine, on voit, n’a toujours a voir avec la couleur de la peau, mais surtout dans la relation de deux secteurs : certains, les uns, avec des liens étroits - tisses dans la culture - avec leur habitat ; et la distance des autres qui voient, encore, le pays comme un endroit riche en ressources por extraire et vendre ailleurs : la logique de la conquête, dans le context du capitalisme.
Après 500 ans depuis l’arrivé des européens, et d’autres migrations, on peut dire que la melange de couleurs est inmense. Et s’il faut parler bien d’indiens, ce doit d’etre en élargissant le sense, aussi. Et se mefier des hommes tels que les frêres Humala qui parlent au nom de la "race", sans même dire qu’est-ce que celà signifie.
David Roca Basadre
davidrocabasadre@yahoo.fr
Samedi 21 janvier 2006 à 21h58mn36s
lien direct : http://lipietz.net/?breve29#forum475
Bonjour. J’écris des Lima. Je ne connaissais pas vôtre page. Sur l’article : en tant que péruvien, il est interessant de lire vos impressions de mon pays. Je dirai, pourtant, que monsieur Toledo n’est pas partie du même groupe que Lula, Evo... Il faut reconnaitre une identité indienne ici, d’accord. Mais monsieur Toledo n’a de cela que le vissage. Il s’agit plutôt d’un homme qu’a vecu aux Etats Unis depuis sa jeunnese, très liberal en polique et en economie, qui pense comme un gringo, et que - dejà - a trouvé du travail, après son demarche de la présidence de la république, assís dans un fauteuil de directeur d’une importante entreprise suisse. Loin d’ici.
Il faut dire que le thême de la "race" devient important au Pérou, ces jours-ci, à cause du discours des frêres Humala, l’un desqu’elles a de la chance de devenir président. La pretendue découverte de l’Amérique, tragique malentendu historique, nous signale, marque encore certaines formes de relations de domination qu’ont variée de apparence en accord avec le système politique ou economique existant, mais qui restent les mêmes en essence. Et la "race" a étè une forme de differencier les classes : "classes sociales", disait Mariatégui. C’etait, pourtant, la culture, la relation de l’homme avec le territorie ce qu’a étè dedaigné par les conquistadors européens et retenu comme idéologie par les élites dominants, toujours européisantes, jusqu’a aujourd’hui. Et ainsi, on explique bien le racisme au Pérou. La racine, on voit, n’a toujours a voir avec la couleur de la peau, mais surtout avec la relation entre deux secteurs : les uns, avec des liens étroits - tisses dans la culture - avec leur habitat ; et la distance des autres, une minorité avec tout le pouvoir, qui voient, encore, le pays comme un endroit riche en ressources pour extraire et vendre ailleurs : la logique de la conquête, dans le context du capitalisme. Après 500 ans depuis l’arrivé des européens, et d’autres migrations, on peut dire que la melange de couleurs est inmense. Et s’il faut parler bien d’indiens, ce doit d’etre en élargissant le sense, aussi. Et se mefier des hommes tels que les frêres Humala qui parlent au nom de la "race", sans même dire qu’est-ce que celà signifie. David Roca Basadre davidrocabasadre@yahoo.fr
Lundi 30 janvier 2006 à 21h43mn49s
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Bonjour. J’écris des Lima. Je ne connaissais pas vôtre page. Sur l’article : en tant que péruvien, il est interessant de lire vos impressions de mon pays. Je dirai, pourtant, que monsieur Toledo n’est pas partie du même groupe que Lula, Evo... Il faut reconnaitre une identité indienne ici, d’accord. Mais monsieur Toledo n’a de cela que le vissage. Il s’agit bien d’un homme qu’a vecu aux Etats Unis depuis sa jeunnese, très liberal en polique et en economie, qui pense comme un gringo, et que - dejà - a trouvé du travail, après son demarche de la présidence de la république, assís dans un fauteuil de directeur d’une importante entreprise suisse. Loin d’ici. Il faut dire que le thême de la "race" devient important au Pérou, ces jours-ci, à cause du discours des frêres Humala, l’un desqu’elles a de la chance de devenir président. La pretendue découverte de l’Amérique, tragique malentendu historique, nous signale, marque encore certaines formes de relations de domination qu’ont varié de apparence en accord avec le système politique ou economique existant, mais qui restent les mêmes en essence. Et la "race" a étè une forme de differencier les classes : "races sociales" disais Mariatégui. C’etait, pourtant, la culture, la relation de l’homme avec le territorie ce qu’a étè dedaigné par les conquistadors européens et retenu comme idéologie par les élites dominants, toujours européisantes, jusqu’a aujourd’hui. Et ainsi, on explique bien le racisme au Pérou. La racine, on voit, n’a toujours a voir avec la couleur de la peau, mais surtout dans la relation de deux secteurs : certains, les uns, avec des liens étroits - tisses dans la culture - avec leur habitat ; et la distance des autres qui voient, encore, le pays comme un endroit riche en ressources por extraire et vendre ailleurs : la logique de la conquête, dans le context du capitalisme. Après 500 ans depuis l’arrivé des européens, et d’autres migrations, on peut dire que la melange de couleurs est inmense. Et s’il faut parler bien d’indiens, ce doit d’etre en élargissant le sense, aussi. Et se mefier des hommes tels que les frêres Humala qui parlent au nom de la "race", sans même dire qu’est-ce que celà signifie. David Roca Basadre davidrocabasadre@yahoo.fr
Mardi 24 avril 2007 à 18h59mn16s
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Désolé pour le problème d’encodage, votre texte est apparu comme ça à l’arrivée et nous ne pouvons (heureusement ?) pas "retrafiquer" les messages parvenus sur le site. Si vous nous lisez , vous pouvez peut-être essayer de nous le renvoyer....
J’ai repésenté l’Union à cet évènement en tant que "président de la délégation du Parlement pour la Communauté Andine des Nations". Le PE, comme la plupart des parlements je suppose, est divisé en groupes politiques, en commissions thématiques, en "délégations" pour les différentes régions du monde. Le nombre des membres de chaque groupe dans une commission ou délégation est proportionnel au poids des groupes. Au sein des groupes, on se répartit à l’amiable les postes disponibles. Puis chaque délégation désigne ses présidents et vice-présidents.
Mais cette désignation, au parlement européen, est formelle. Par un vieux "gentlemen agreement", toutes les présidences sont réparties selon la règle d’Hondt. C’est une règle pour classer l’ordre de choix entre les différents groupes à la proportionnelle. Le premier groupe choisit le poste qui l’intéresse, puis, dans l’ordre, les groupes suivants. Ce qui peut poser des problèmes quand un groupe propose un mauvais candidat.
En général on peut négocier, et à ce moment-là la légitimité du candidat (expérience, notoriété, adéquation au poste) est décisive : "Nous aimerions beaucoup avoir la présidence de telle délégation et nous proposons X pour ce poste, alors s’il vous plait ne le demandez pas avant nous". Pratiquement, les Verts ont eu presque toutes les présidences qu’ils voulaient, et qui étaient des délégations "à problème" dont les autres n’avaient pas très envie : la Turquie, l’Iran, le Caucase (Marie-Anne Isler-Béguin) et... pour moi, la CAN, où il n’y a que des problèmes !
Lundi 17 janvier 2005 à 00h43mn23s, par Alain Lipietz
facho !!!!
félicitations à notre représentant écologiste Français qui soutien un élu fasciste péruvien, qui contribue à la ségrégation morale et physique de milliers de gens(des centaines de morts l’année passée sans que la communauté internationale se préoccupe de quoi que ce soit, comme au bon vieux temps de Fujimori) . Les mineurs, les agriculteurs, notamment de coton qui se font spolier par le pouvoir militaire dicté et guidée par les interets personnels pro-américains.
Félicitations Mr Lipietz, vous etes sans doute client de l’argenterie péruvienne, de ses tissus et savoir faire ancestrale qui nourrissent sans doute vos amis corrompus.
Ecoeurant et révoltant, voila les sentiments que vous inspirez, aussi, puisque vous soutenez ce régime, il ne reste qu’une chose à dire. FASCHISTE !
Je laisse mettre en ligne ce message passablement répugnant, qui traite de fascistes et de corrompus les élus européens qui se sont rendus en voyage officiel au Perou pour la creation de la Communauté Sud-Americaine des Nations, pour donner un exemple des problèmes que nous posait une messagerie non modérée. Nous en avions eu la douloureuse expérience avec le blog de la campagne des européennnes, d’où la règle de modération a priori que nous avons adoptée et expliquée dès la reprise de ce blog.
A l’avenir les messages d’insultes de ce type, qui visent non seulement moi-même (ce qui ne me gène évidemment pas sur mon propre site, puisque personne ne peut m’accuser de les approuver), mais d’autres personnes qui pourraient porter plainte contre les administrateurs de ce site, seront supprimés.
La contrepartie c’est que les messages peuvent ainsi poireauter un certain temps dans l’arrière-cour de mon site sans que j’aie le temps de m’en occuper. Désolé.
Samedi 15 janvier 2005 à 11h59mn51s, par Alain Lipietz