Séminaire du groupe Vert
Jeudi 20 octobre 2005
Cette semaine, mon blog a fait relâche. Le groupe Vert du PE était en effet en séminaire à Marseille. Les Verts marseillais avaient mis les petits plats dans les grands : accueil inoubliable, merci à toutes et à tous !
Je mets néanmoins sur le site mes interventions écrites pour deux évènements qui se tenaient à Bruxelles cette semaine, un pour le droit à l’avortement dans toute l’Europe, un contre le proxénétisme.
Au séminaire, débats très intéressants, mais difficiles à résumer ici. Les papiers introductifs, qui doivent êtres retravaillés après le débat, ne sont même pas sur site du groupe…
Le mardi : reprise du débat sur la proposition Vogenhubber-Duff pour relancer l’Europe politique. Accord unanime pour la soutenir, mais des doutes sur la possibilité de la mettre en œuvre d’ici 2009. Bon, inutile d’espérer pour entreprendre…
Mercredi matin : débat plus stratégique sur l’élargissement. Là encore, pas mal d’idées brassées. Les Verts sont pour l’élargissement, parce qu’ils sont, à terme du (des ?) siècle, pour la République universelle, afin d’étendre la maîtrise de l’Humanité sur son destin dans son rapport avec la planète, mettre en place des lois transnationales pour défendre la société et son environnement contre le marché… Mais cela passe par un approfondissement qui vient justement d’être bloqué. Si cet obstacle est levé, et moyennant des transformations internes de ces pays, on peut s’élargir vers la Turquie, les Balkans occidentaux… Au-delà, on entre vers plusieurs dynamiques possibles : l’espace méditerranéen (ex-Empire Romain, donc Maghreb possible), vers l’espace russe ou ex-russe, caucasien… Mais on peut aussi faire avancer l’organisation politique du Monde par d’autres voies que l’intégration communautaire : par la diplomatie intergouvernementale, les accords internationaux, l’aide à la constitution d’autre structures transnationales avec qui négocier, l’assouplissement de la notion de frontière entre l’UE et ce qui n’est pas elle…
Mercredi après midi : l’Europe sociale. En gros : faut-il lutter pour créer un Etat Social européen, ou plus modestement rendre plus d’autonomie aux politiques sociales nationales ? En fait il faut faire les deux , être plus sélectifs… et bien comprendre que le même objectif peut être atteint par de voies différentes dans les différentes traditions nationales. Par exemple, le modèle de l’Après Guerre, le Fordisme, était lui-même très étatiste en Italie et très peu étatiste dans les sociales démocraties scandinaves.
Jeudi matin, débat préparatoire à Hong-Kong (la conférence de l’OMC, en décembre). Les Verts affûtent leur concept de « protectionnisme (ou d’ouverture) qualifié » (ce que j’appelais « protectionnisme altruiste »). C’est-à-dire un sas entre les zones caractérisées par des régulations internes politiques différentes, pouvant prendre la forme de quotas ou de taxes compensatrices à l’entrée, différenciées selon le degré de respect des conventions sociales et environnementales internationales, ces taxes alimentant un fond d’aide au développement soutenable. Pas facile de préciser comment faire. Le nouveau Système des Préférences Généralisées « Plus » de l’UE, conditionné par l’observance d’une quinzaine de conventions de l’ONU, en est pourtant une préfiguration.
Mais le soir, je dois rentrer à Paris pour le pot de départ d’une secrétaire de mon ancienne boite, le Cepremap. Dans ce qui fut mon centre de recherche, la grande majorité des chercheurs et du personnel a été recrutée juste autour de 1968. Les liens de lutte syndicale, de travail, d’amitié, sont restés très forts. Plusieurs théories économiques importantes (y compris l’approche de la régulation) se sont développées dans cette ambiance.
Je retrouve d’ailleurs d’éminents « régulationnistes » de la première heure, Robert Boyer et Pascal Petit, aussi désespérés que moi par la victoire du Non et de l’Europe libérale. Impression que ces 30 ans de travail pour comprendre comment avait pu se former l’Etat social national, comment il avait été dissout par le libre-échange sans contrepartie dans l’espace politique, n’auront servi à rien. Robert, qui voyage beaucoup, me raconte comment les Chinois observent sardoniquement l’Europe se déliter.
Au retour, premières réactions sur mon mail après la mise en place sur le site de mon essai sur Mallarmé. J’accueille avec un plaisir mêlé de frustration les publications poétiques de mes parents. Allez, un coup de pub :
Mon beau-frère François Lescun sort un magnifique recueil à la typographie mallarméenne : Réfractions, éditions Caractères, 7 ru e de l’Arbalète,Paris Ve, 30 €.
Mon petit neveu José-Simon Narvaez, adolescent très doué, sort un charmant petit recueil de poèmes en français et en espagnol (son père etait un poète chilien) : L’homme mobile, chez JP Huguet édit., 42220 St Julien Molin-Molette, 8,50€ avec le port…
Bon, ben, j’ai choisi une autre voie. Il va falloir se mettre sérieusement à la préparation des échéances de 2007…
Forum du blog
Il y a 22 contributions à ce blog.
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A propos des échéances de 2007, quelles sont vos intentions ?
Il me semble que vous êtes un rare « ouiste » dont le discours puisse encore être entendu par les anciens du non de gauche ...
Chez les Verts les candidatures se multiplient, tout comme au PS. Mais il n’y a pas grand monde de bien intéressant, au point que le Père Lionel refasse tant parler de lui !
Lundi 24 octobre 2005 à 10h52mn04s, par Samuel
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Le problème c’est que le programme que l’on peut rationnellement et "affectivement" présenter pour 2007-2012 dépend beaucoup de la conjoncture politique européenne. Si on est bloqué dans Maastricht-Nice et en fait dans la désagrégation de l’Europe (sa réduction à un simple Marché commun avec monnaie unique) jusqu’à 2012, ce n’est pas pareil que si dès 2006 ou 2007 s’enclenche un processus de renégociation, et de marche vers l’Europe politique (donc possiblement sociale, écologiste, etc.). Je suis assez stupéfait de la façon dont les multiples candidats lancent leur candidature sans le moins du monde se soucier de ce que chacun sait être le problème n°1...
Je crois que sur ce point on en saura un peu plus d’ici la fin de l’année et je prendrai donc ma décision début 2006.
Lundi 24 octobre 2005 à 18h40mn20s, par Alain Lipietz
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Vous n’arrêtez pas de refaire le match, comme un mauvais perdant. Pourtant je n’arrive toujours pas à comprendre votre logique. Vous dites craindre "la désagrégation de l’Europe (sa réduction à un simple Marché commun avec monnaie unique)". C’est justement contre ça que les tenants du non de gauche se sont battus. On peut leur reprocher tout ce qu’on veut, dire qu’ils se sont trompés, que leur vote est contre-productif, on ne peut pas dire qu’ils ne se battent pas contre le libéralisme exacerbé à l’œuvre depuis des décennies (y compris quand les "gauches" étaient majoritaires dans la quasi-totalité de l’U.E.).
Si vraiment les tenants du oui, comme vous l’affirmez, avaient eux aussi comme priorité d’aller vers une Europe plus sociale, vous n’avez aucune raison d’être inquiet, une majorité sera facilement trouvée.
À moins que ce ne soit pas si évident du côté des oui-ouistes ?
Mercredi 26 octobre 2005 à 03h42mn21s, par Dav.
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Eh ! oh ! l’Histoire continue !
On ne refait pas le match, on joue un championnat infini dont le classement est redéfini par le match précédent. Le Non franco-hollandais a pour conséquence qu’on en reste à Maastricht-Nice pour... un certain temps. C’est à dire (pour un certain temps) la fin de l’espoir d’une Europe politique, mais avec un Marché Unique énorme et tres différencié socialement. Si les partisans du Non pensaient que ça n’aurait aucune conséquence pour la possibilité de mener une politique sociale dans notre petit pays en 2007, qu’ils expliquent comment.
Aujourd’hui, c’est Blair-Barrosos-Bolkestein qui ont la main. Aucun ne veut poursuivre dans la voie d’une Constitution politique pour l’Europe. Ils étaient pour le Non, Barroso l’avait voté en décembre 2003, Bolkestein a triomphé après. Ils ont gagné une bataille. Ils n’ont pas gagné la guerre. Mais il faut patiemment reconstruire la coalition d’une contre-offensive victorieuse dans nos 25 pays. Je ne la sens pas actuellement mais j’y travaille (voir ce blog).
Mercredi 26 octobre 2005 à 19h47mn05s, par Alain Lipietz
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Les étiquettes ne veulent plus rien dire. Comment pourrait-on faire confiance pour construire l’Europe politique que vous appelez de vos vœux aux DSK, Lang, Moscovici, Lamy, etc ?
Encore une fois, je vous le rappelle, l’UE était dirigée par une majorité écrasante de pays de gauche et c’est là que le Blairisme a commencé à produire ses effets.
Je sais, vous allez me renvoyer à Fabius. Pas la peine, je sais ce que son positionnement a de tactique.
Trop facile de renvoyer à Maastricht-Nice, comme le font les libéraux. Ne renvoyez pas la responsabilité de Maastricht à ceux qui s’y sont opposés. La culpabilisation, ça ne marche plus !
Vous avez changé, M. Lipietz. Et vous me décevez. Vous ne voyez pas qu’en ce moment, en Europe, on assiste à un rejet du libéralisme échevelé ?
On donnait Merkel gagnant largement. Elle doit partager le pouvoir grâce à l’émergence d’une dissidence de gauche (que l’on traite de gauchiste, comme on vous a traité de gauchiste lorsque vous vous êtes présenté aux présidentielles). En Pologne, c’est un conservateur qui a gagné, mais pas n’importe lequel, un curé sur le plan des mœurs, mais qui a gagné parce qu’attaché aux protections sociales.
Le non de gauche participe participe de ce rejet du libéralisme qui s’étend au fur et à mesure des dégats sociaux. Les hommes politiques de gauche qui iront contre la volonté de leur électorat porteront une grande responsabilité en laissant la droite en situation de refaire le même coup qu’au second tour des présidentielles.
Jeudi 27 octobre 2005 à 23h25mn39s, par Dav.
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J’ai milité à fond contre Maastricht et à fond pour le TCe parce qu’une Europe economique et monétaire sans espace politique c’est la définition même du libéralisme.
Presque tous les textes de ma vie sont sur mon site. J’aimerais bien que vous me disiez à quel moment je change d’avis sur ce point.
Maintenant vous nous dites qu’en rester à Maastricht et Nice, refuser même un petit pas en avant vers une Europe politique, c’était une position de gauche ? Désolé, je ne vous crois pas.
Vous me dites que vos intentions etaient sincères mais que vous vous êtes peut-être trompé ? c’est une affaire entre vous et votre conscience. Pour les dizaines de millions de victimes de votre Europe, il n’y a que le résultat qui compte. Je n’aime pas votre Europe du Non, dont vous semblez si fier. Je n’aime pas le vote des Polonais. Si ma famille a dû partir de là bas, à l’époque de Pilsudski, c’est à cause de ce genre de tournant politique...
Vendredi 28 octobre 2005 à 02h12mn08s, par Alain Lipietz
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Presque tous les textes de votre vie sont sur votre site, en effet, et jamais vous ne reconnaissez vos propres erreurs.
Par exemple ce texte adressé aux féministes pendant la campagne prouve à quel point "vous" vous étiez trompés ... une fois de plus.
Mais comme disait je ne sais plus qui un ingénieur - et polytechnicien de surcroît - ne change jamais ... n’apprend jamais ...
C’est dommage ! Vous en restez aux "engagements" même si la preuve est faite et depuis longtemps que tout cela ... c’est du vent !
Finalement, il vous reste les mots, vidés de leur sens, et des visages.
Vendredi 28 octobre 2005 à 17h02mn41s, par Diane
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Vous devriez lire plus attentivement ces oeuvres complètes, vous remarqueriez que chacune est une autocritique de la précédente !
Mais non, sur l’Europe , je persiste et signe : l’Europe économique et monétaire sans Europe politique, c’est vraiment très mauvais.
Alors maintenant, sur la prostitution, c’est sur quoi que je me suis trompé, selon vous qui savez la Vérité ?
Dimanche 30 octobre 2005 à 01h54mn29s, par Alain Lipietz
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Que voici un commentaire bien narcissique !
Justifié : car aussi, pourquoi vous lire ?
en effet : -)
« La » vérité n’est que l’apanage de ceux qui comme vous s’engagent dans un crédo, dans une cause, et par là même perdent tout sens critique.
Vos œuvres dites-vous sont chacune une autocritique de la précédente ? mais c’est vous-même qui le dites.
Vos œuvres me semblent personnellement répéter sans cesse, infiniment et uniquement : j’avais raison ... et même quand l’histoire prouve le contraire, que vous avez eu tord, que vous avez perdu, que vous vous êtes lourdement trompé, vous réécrivez un texte pour dire : « vous voyez, oyez, oyez, braves gens, je vous l’avais bien dit » ...
L’Espérance, c’était la vôtre, que vous vouliez sauver. Vous ne reconnaissez même pas le fait que d’autres n’y croient plus, les perdus.
L’ Europe politique, dites-vous, oui : mais laquelle, et de quoi s’agit-il donc ?
Une Europe entre « élites » qui croit refaire le monde à sa manière sans rien refaire du tout.
Dans de grandes conférences internationales à huis clos où tous les six mois l’on revoit ses « amis », tous gens de bien, de bonne compagnie et d’excellent « pedigree ». C’est ainsi que votre monde croit avancer, alors que nous savons bien que nous reculons : donnez-nous les noms de ceux que vous invitez près de vous pour « combattre ».
Et ce que vous prennez pour de l’auto-critique n’est que le jeu paradoxal de l’intellect - toujours vous et vos amis - qui croit causer de paradoxes originaux en fait éculés. Répétition des discours, améliorés d’une certaine répétition obsession. Car ceci est vrai : vous ne lâchez jamais. Apparemment fidèle à vous-même.
Mais sans vision.
Car sans cela vous auriez pu reconnaître que vous vous êtes trompé. De nombreuses fois, et sans pardon, que votre propre absolution. Pas spécialement sur la prostitution, car je n’ai pas même parlé de cela, mais quid de vos textes pendant la campagne visant à pousser les féministes à voir dans le TCE une avancée de leur cause, alors qu’aucune femme n’a participé à son élaboration (au risque de se répéter). Par exemple. Pourquoi les femmes auraient-elles dû voter un texte auquel elles n’ont jamais participé ? Fallait-il qu’elles fassent aveuglément confiance aux féministes que vous êtes ?
Vous vous êtes trompés sur l’Europe sociale, et sur le développement. Vous vous êtes aussi trompés sur l’environnement, sur la biodiversité. Il suffit de lire vos textes en effet pour comprendre qui sont vos alliés et quel lobby est capable de vous influencer : ceux-là même que perfidie suprême de l’esprit vous dénonciez. Ainsi parce qu’intelligent vous croyez-vous innocent ? Et croyez-vous qu’un joli visage souriant va porter le cœur du monde ?
Vous vous êtes trompé sur la Poésie : mais là aussi vous deviez avoir raison, et contre d’autres. Et c’est pourquoi « sans être un spécialiste » vous avez écrit sur l’un des poèmes les plus mystérieux les plus opaques et les plus transparents à la fois. Joie de la Parole. Car qu’est le Mystère sinon l’évidence de ce qui est ? Après votre savante analyse, qu’est-ce qui nous attend et qu’est-ce qui nous reste de ce qui a été oublié aux sources du Poème ? Vous n’avez pas remercié le Silence et l’opacité d’où vous sont nés le contexte et l’espace de la parole ...
Ceux qui ont voté « non » n’ont rien choisi, ils ne vous sont pas redevables d’un choix : le TCE on ne leur avait pas demandé leur avis.
Alors la seule fois qu’ils ont eu l’occasion de s’exprimer, pourriez-vous, s’il vous plaît, vous le démocrate, laisser place à leur faible parole (devenue si forte soudain par convergence), non un choix je me répète mais l’absence d’un choix (et peut-être n’y en avait-il pas).
Vous aviez fait campagne pour le oui, ceux qui n’ont rien à dire ont voté « non » : l’affaire est close et il est inutile de savoir à présent, qui avait tord qui avait raison. Ceux qui ne parlent jamais ont dit quelquechose. Et ce n’était pas la même chose que vous.
On ne vous jette pas de pierre.
Pouvez-vous juste entendre vos électeurs.
Lundi 31 octobre 2005 à 15h42mn48s, par Diane
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Chere Diane
Un politicien français qui venait de gagner les élections déclara un jour à l’opposition : « Vous avez juridiquement tort car vous êtes politiquement minoritaire ». Vous semblez vous rallier à ce genre de raisonnement.
D’accord, les Verts ont été battus au referendum. Pas la première fois qu’ils perdent une élection !! Pour dire qu’ils ont « donc » tort, il vous faudrait argumenter un peu plus que « vous vous trompez, vous vous trompez, puisque vous avez perdu ».
Par exemple , vous êtes vraiment sure qu’il n’y avait pas de femme à la Convention ? Au fait, je ne me souviens pas avoir écrit sur les femmes et le TCE, en revanche j’ai mis sur mon site un texte excellent de Francine, ma compagne, sur ce sujet.
Pour ce qui est du poème de Mallarmé, vous êtes cordialement invitée à en débattre sur le forum réservé .
Lundi 31 octobre 2005 à 19h18mn51s, par Alain Lipietz
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Cher Alain,
Pour l’excellent texte dont vous parlez, fût-il écrit par votre compagne, le peuple (français) en a peut-être jugé autrement ? L’excellence est souvent affaire de parti pris. Et il ne suffit pas toujours de se prétendre porte-parole des femmes pour l’être effectivement. La voix n’a pas porté, et quand la voix ne porte pas, c’est qu’elle n’est pas "juste". Faut-il le reconnaître.
Pour ce qui est du forum "réservé", concernant l’oeuvre nommée Mallarmé, je pense en effet qu’il l’est (réservé je veux dire) : n’avez-vous par avance remercié tous vos amis de leurs insignes et fatales contributions ? Et qui se risquerait à ajouter quoi que ce soit de commun à cette savante communauté, triée sur le volet ? un mot après l’autre, traquant l’impossible, l’impossible à la fin reste coi. Echec et mat pour la Poésie.
Maurice Blanchot lui, que vous citez égalemment, n’a fait que consacrer toute sa vie à la littérature. Erreurs, errances. Tout comme Mallarmé (ce qui lui restait de vie, après les cours et ... et ...). C’est toute la différence d’avec votre critique : un "jeu", le plus brillant possible, avec des personnes tout aussi brillantes, dont vous évidemment.
Mais il est clair que qui n’engage pas sa vie de ce côté là n’a pas la voix, ne reconnaît pas la voie de ce qui ne dit ni ne se tait, incessant ressassement en nous et hors de nous. Qui prétend à la vie n’a pas accès à cette autre nuit, nuit des poètes ? aube du poème ? folie, éternité des amants ? la mort dans cette vie. La parole du Poète a aussi un autre nom : Soledad. Et cette solitude de la parole lui rend son unicité que rien ni personne n’abolira fût-il savant fût-il prophète.
Dire, mais redire encore une fois, oui, pour dire à quel point l’origine nous manque.
Lundi 31 octobre 2005 à 21h17mn28s, par Diane
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Rigolo, ce SPIP ! il semble vouloir empêcher les dialogues qui s’éternisent inutilement !
Chere et mystérieuse Diane, si vous voulez continuer sur Mallarmé et Blanchot, je vous invite à rejoindre le forum prévu à cet effet, vous y serez plus au large.
Mardi 1er novembre 2005 à 18h30mn31s, par Alain Lipietz
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Vendredi 28 octobre 2005 à 21h09mn27s
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Je vous cite : "Maintenant vous nous dites qu’en rester à Maastricht et Nice, refuser même un petit pas en avant vers une Europe politique, c’était une position de gauche ? Désolé, je ne vous crois pas."
Où ai-je dis ça ? Il faudrait être convaincu que ce petit pas était dans la bonne direction pour dire celà. Comment peut-on discuter avec vous dans la mesure où vous déformez l’expression de votre contradicteur. Comment ça s’appelle, déjà, cette façon de faire ?
Ceux qui ont combattu Maastricht n’ont nulle envie d’en rester là. Êtes-vous si coupé de la vraie vie pour ne pas vous apercevoir que la colère gronde et que les partis et les syndicats, discrédités, risquent de ne pas pouvoir la canaliser ?
Je vous cite de nouveau : "Vous me dites que vos intentions etaient sincères mais que vous vous êtes peut-être trompé ? c’est une affaire entre vous et votre conscience."
Je ne suis pas devin comme vous, je ne sais pas si je me suis trompé ou si c’est vous qui vous trompez ou nous trompez. Je m’interroge. Et vous, êtes vous toujours aussi sûr de vous ?
Alors laissez ma conscience tranquille. À moins d’être une pythonisse, vous ne pouvez pas dire à l’avance ce que l’Histoire nous enseignera de cette période.
Cette façon d’être toujours aussi sûr de vous, cette morgue, cette arrogance, que vous partagez avec la plupart des politiciens professionnels, ça ne donne pas vraiment envie de poursuivre le dialogue.
J’en suis désolé parce que je suis sûr que dans la "vraie vie" vous êtes plus sympa que ça...
Samedi 29 octobre 2005 à 06h50mn50s, par Dav.
lien direct : http://lipietz.net/?breve104#forum379
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Cher Dav,
Si vous voulez qu’on soit sympathique avec vous, commencez par être gentil !
Vous venez sur mon blog, vous y écrivez (parce que je décris le terrible recul de la gauche en Europe depuis le Non franco-hollandais) « ne recommencez pas le match ! ». Je vous réponds que le match précédant nous a très affaiblis, mais que maintenant il faut se battre dans l’Europe que vous avez voulu, celle du Non, que nous ayons voté oui ou non. Vous me répondez qu’elle est plutôt bien, cette Europe du Non, que l’arrivée au pouvoir des jumeaux polonais et de la CSU (qui avaient voté Non les uns et les autres) c’est plutôt bien, etc. À mes yeux, c’est une horreur. L’arrivée au pouvoir en Allemagne de ceux qui étaient pour l’invasion de l’Irak, c’est pas bon pour l’Allemagne, pour l’Europe et pour le monde ; la nouvelle majorité polonaise, ceux qui disaient « Non à cette constitution qui ignore Dieu , n’interdit pas l’avortement et l’homosexualité », qui agitent le discours populiste classique du « demain on rase gratis » avant d’être dès demain les meilleurs élèves du FMI, c’est ce qu’il y a de pire pour la Pologne. Vous me répondez que je suis coupé de la « vraie vie ». Etc.
Il faut se rendre à l’évidence : votre espoir pour l’Europe et pour la politique en général n’est pas le même que le mien, ce qui est parfaitement légitime. Donc vous auriez considéré comme une régression que les traités européens soient corrigés par le TCE ? À mon tour de vous dire qu’on ne va pas refaire le match. Mon avis sur le TCE, sur ce que j’aurais considéré comme un progrès, sur ce qu’il apportait par rapport à l’Europe de Maastricht-Nice que vous avez préféré (ce qui est votre droit, hein !), vous le trouverez sur mon site. Je ne suis pas sûr qu’avec la Constitution on aurait fait mieux : je l’ai dit, la constitution la meilleure du monde ne sert à rien si les gens élisent des dirigeants de droite. Mais l’Europe du Non, nous y sommes, nous pouvons la voir, la toucher, l’évaluer, y compris sur la possibilité de la faire évoluer.
Tout ceci est très cohérent : nos critères ne sont pas les mêmes, nous ne nous réjouissons pas des mêmes choses, nous ne voulons pas les mêmes choses. Nous sommes tous les deux dans la même vraie vie, l’Europe et la France du Non, mais elle vous paraît un progrès, pas à moi.
Vous avez gagné. Je vous en félicite, mais ayez du moins le courage d’assumer la victoire de votre Europe. Vous avez fait campagne comme moi (je crois me souvenir qu’à l’époque vous étiez déjà intervenu sur mon site), vous avez sans doute convaincu plus de monde que moi, vous êtes donc au moins aussi « politique » que moi, et vous êtes responsable devant ceux que vous avez convaincu. C’est VOTRE Europe. Mais si vous voulez être cru à l’avenir, il faut nous démontrer au jour le jour, à nous qui devons nous résigner à votre Europe (y compris aux perspectives d’évolutions que vous nous promettez pour justifier votre choix) comme à ceux qui vous ont suivi, qu’elle est mieux. Et vous ne m’avez pas convaincu.
Dimanche 30 octobre 2005 à 01h59mn00s, par Alain Lipietz
lien direct : http://lipietz.net/?breve104#forum381
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M. Lipietz,
Le 29 mai j’ai voté "oui", par acquis de conscience. Pourtant lorsque le "non" est passé, j’ai eu l’impression que c’était mon camp qui avait gagné. Et je ne suis certainement pas le seul électeur a avoir vécu cet écartèlement, ces doutes, le sentiment qu’aucun des deux votes n’allaient faire progresser les choses. Alors quand je voit la violence des positionnements des avocats des deux camps, je me dis, c’est bien, ces gens sont sûrs d’eux, mais est-ce que ce n’est pas un peu vain ? Parce que après tout nous nous battons tous pour une europe moins libérale, le débat porte seulement sur des questions de méthodes.
Alors j’ai voté "oui" parce que la construction européenne me tient trop à coeur, et parce que je croyais en des arguments très proches des votres. Mais je me pose quand même une question : si le TCE était passé, alors nous n’aurions plus eu aucun moyen de rendre l’Europe moins libérale par la voie légale ; est-ce que celà n’aurait pas été une claire incitation pour tous les militants de gauche à retourner à des méthodes que les démocrates comme moi avons combattu durant si longtemps, comme le terrorisme et le syndicalisme révolutionnaire ? Alors qu’avec le rejet du TCE on peut toujours espérer renégocier un nouveau traité (vous n’y croyez pas, mais il faut voir à long terme, mieux vaut un bon TCE dans 20 ans qu’un traité baclé aujourd’hui), et ça c’est au contraire une incitation au réformisme démocratique et au respect des droits de l’Homme.
Dimanche 30 octobre 2005 à 22h20mn14s, par Tristram Shandy (20six.fr/tristramshandy)
lien direct : http://lipietz.net/?breve104#forum386
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20 ans, je n’y crois pas un instant. Pendant toute la campagne j’ai entendu la plainte : Maastricht-Nice est déjà insupportable. Cette douleur peut déboucher soit sur une réforme (démocratique et pacifique comme vous la souhaitez) de l’Europe, soit sur le retour au nationalisme le plus réactionnaire comme on vient de le voir en Pologne et peut-être demain en France.
C’est pourquoi les Verts du PE, qui voient avec angoisse remonter, dans l’Europe du Non, les terribles démons des années 1920, se sentent lancés dans une course de vitesse. Je ne crois pas à la révision « d’ici 2009 » que défend Voggenhuber, mais je la défends quoique je vise plutot 2009-2012. Toute amélioration de Maastricht-Nice, le plus tôt possible, est bonne à prendre. Vous avez voté Oui par réflexe, c’est bien. On pouvait aussi voter oui par raison : les avancées étaient substantielles, mais aussi procédurales. Le Parlement aurait acquis le droit d’initiative constitutionnelle, et avait voté en janvier 2004 qu’il s’en servirait dès le 1er novembre 2006, et le seuil de ratification serait descendu de l’unanimité actuelle aux 4/5. Le TCE aurait été bien plus facile à modifier que Nice.
Lundi 31 octobre 2005 à 12h05mn01s, par Alain Lipietz
lien direct : http://lipietz.net/?breve104#forum387
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Je n’ai pas seulement voté par réflexe mais aussi par raison : mes arguments étaient sensiblement les mêmes que les votres, et j’ai choisi de voter pour la politique européenne, pas pour la politique française. Celà ne m’empeche pas de tenir compte des conséquences électorales pour notre pays. Je partage vos inquiétudes sur la montée de l’extrémisme, et c’est bien là le problème.
Je sais qu’un certain nombre de militants des Verts les ont quitté pour la LCR (j’en connait), parce qu’ils n’acceptaient pas le soutien au TCE de la majorité du parti. Est-ce une bonne idée d’amener de nouveaux bras à ce parti, le seul en France à inclure le mot "révolutionnaire" dans son intitulé même ? D’autant plus que les électeurs pourraient suivre : celà ne m’étonnerait pas que Besancenot fasse un score plus élevé que le candidat Vert en 2007.
Sarkozy, lui, a compris : en "volant" les électeurs du FN, mais sans passer d’accords avec eux (contrairement à Mélenchon qui pactise avec l’extrême-gauche), il diminue d’autant leurs résultats électoraux, et éloigne ainsi la menace d’un gouvernement fasciste en France.
Les électeurs, habitués depuis un demi-siècle aux institutions bipolaires de la Ve République, n’aiment pas le centrisme, et n’ont pas la culture du compromis qui existe dans les régimes parlementaires. Ils attendent d’un parti de droite qu’il soit vraiment de droite, et d’un parti de gauche qu’il soit vraiment de gauche, sinon ils votent pour les extrêmes, surtout dans une période de fortes tensions sociales comme en ce moment.
Or le TCE était un texte centriste, basé sur le compromis négocié entre les attentes des opinions publiques de tous les peuples européens. Le fait que les deux principales formations de la gauche française aient soutenu le TCE ne peut que faire le jeu des partis d’extrême-gauche.
Et si un électeur de gauche déçu passe à l’extrême-gauche, un électeur d’extrême-gauche déçu passe lui directement à l’extrême-droite (sans possibilité de récupération par Sarko !). C’est précisément ce genre de schémas politiques qui a amené au pouvoir l’actuel gouvernement polonais (sans même parler d’Hitler ou Mussolini dont un grand nombre d’électeurs étaient des socialistes). Ce qui m’amène à reposer ma question : ne jouez-vous pas contre votre propre camp ?
Lundi 31 octobre 2005 à 18h01mn56s, par Tristram Shandy (20six.fr/tristramshandy)
lien direct : http://lipietz.net/?breve104#forum389
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Diable.
Vous votez comme les Verts en fonction des mêmes arguments. Mais vous regrettez que les Verts n’aient pas voté Non pour recevoir les Verts qui quittent les Verts pour la LCR parce que les verts ont voté Oui ? compliqué.
En fait c’est tout bête : les Verts, selon le même raisonnement que vous, ont pensé qu’il valait mieux, pour la paix, pour l’Europe, pour la démocratie, pour les services publics, pour l’environnement, pour ne pas en revenir aux années 20, voter Oui.
Et face aux raisonnements du type du vôtre (qui se tient, au quel ils ont pensé, mais qui est un peu compliqué) ils ont préféré dire « Fais ce que doit... » Car même si ce n’est pas toujours payant à court terme, c’est rassurant pour la démocratie qu’il y ait au moins un parti qui vote en fonction de ce qu’il pense juste, et pas par « positionnement ».
Lundi 31 octobre 2005 à 19h17mn05s, par Alain Lipietz
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Après le TCE, l’alter-Info de dernière minute : « Les camarades qui ont rejoint la LCR c’est pour mieux soutenir le combat pour l’instauration de la taxe Tobin ! »
:trampoline
Mardi 1er novembre 2005 à 11h58mn02s, par Par grain de sable dans l’engrenage libéral
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Monsieur Lipietz,
C’est très difficile de discuter avec vous tant vous déformez les propos de votre contradicteur. Je ne prendrais que deux exemples.
Vous dites : "L’arrivée au pouvoir en Allemagne de ceux qui étaient pour l’invasion de l’Irak, c’est pas bon pour l’Allemagne, pour l’Europe et pour le monde"
Comme si j’avais défendu le contraire. J’ai dit précisément : "On donnait Merkel gagnant largement. Elle doit partager le pouvoir grâce à l’émergence d’une dissidence de gauche (que l’on traite de gauchiste, comme on vous a traité de gauchiste lorsque vous vous êtes présenté aux présidentielles)" . Vous voyez bien que je me réjouis que Merkel ait une majorité moins large que ce qui était annoncé.
Vous dites : "la nouvelle majorité polonaise, ceux qui disaient « Non à cette constitution qui ignore Dieu , n’interdit pas l’avortement et l’homosexualité », qui agitent le discours populiste classique du « demain on rase gratis » avant d’être dès demain les meilleurs élèves du FMI, c’est ce qu’il y a de pire pour la Pologne." Comme si je me réjouissais de cet état de fait.
Ce que j’ai dit : "En Pologne, c’est un conservateur qui a gagné, mais pas n’importe lequel, un curé sur le plan des mœurs, mais qui a gagné parce qu’attaché aux protections sociales."
Je n’ai fait que dire que le vainqueur a gagné parce qu’il se faisait fort de défendre les protections sociales. Sous-entendu, c’est celà qui est audible à l’heure où l’on casse tous les droits sociaux sans les remplacer par de nouveaux. Je n’ai rien dit qui puisse laisser croire que sa politique ait quelque chose de réjouissant par ailleurs.
Les lecteurs jugeront de la sincérité et de l’honnêteté des uns et des autres.
Mercredi 9 novembre 2005 à 03h41mn37s, par Dav.
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Dav,
Ce forum n’a maintenant presque plus de place ! revenez sur un autre jour , ici y a plus la place ! c’est un problème de la mise en page de SPIP.
En plus ça ne sert à rien. Les lecteurs n’ont qu’à remonter un peu pour lire votre texte initial... s’ils relisent ce blog maintenant vieux. Ils y verront que vous portiez à l’actif du Non français (mais pourquoi pas du Oui espagnol ou luxembourgeois ?) la victoire de la droite extrême en Pologne (et la première mesure qu’elle a prise : suppresssion du ministère de l’egalité hommes-femmes, et pour ses mesures "sociales", attendez un peu, vous allez voir !) et de Angela en Allemagne (bien qu’il ya ait eu une majorité de gauche en Allemagne, elle partage le pouvoir sur une ligne qui est la sienne).
Vos raisonnements sont évidemment tenables au 25e degré, mais vraiment au 25e degré. La vérité, c’est que les gens en Europe en ont marre de l’Europe de Maastricht Nice ; en Espagne ils ont voté Oui pour en sortir. En France ils ont voté Non parce qu’on leur a menti (comme on leur a menti en Pologne et en Allemagne)... et du coup ils ont bloqué l’Europe dans Maastricht-nice. C’est tout.
Lundi 14 novembre 2005 à 00h26mn55s, par Alain Lipietz
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