Sans-papiers : Amère victoire
Samedi 7 mai 2005
Ce matin, conférence de presse avenue Turbigo : on célèbre la régularisation des 12 sans-papiers grévistes de la faim ! Cette victoire, il faut bien sûr s’en réjouir. Mais je ne peux cacher aux journalistes mon indignation. Le gouvernement vient de fixer un nouveau tarif : pour avoir ses papiers, il faut aller les chercher jusqu’aux portes de la mort. 50 jours de grève de la faim : on ne l’avait jamais frôlée d’aussi près...
Depuis ma première visite, je n’ai pas hésité à faire valoir les arguments alarmistes auprès des plus hautes autorités de l’Etat : « Vous allez avoir les premiers morts d’une grève de la faim en France, à quelques jours du referendum. » Pas très jolis comme arguments : ces grévistes de la faim avaient le droit à la légalisation, beaucoup d’entre eux ont plus de 10 ans de présence et sont donc régis par la loi Reseda. Et de toute façon, la France ferait bien de prendre de la graine auprès de l’Italie et de l’Espagne qui régularisent les sans-papiers par centaines de milliers.
A la sortie, des militants du Non (c’est à dire de Nice !), badgés SUD, m’insultent : “Hypocrite, partisan de l’Europe forteresse !” La presse se précipite sur eux. Heureusement, les organisateurs/trices du comité de soutien font taire ces individus.
À propos de Constitution... Dans ces jours de recherche désespérée de la bonne sonnette à tirer, j’ai appelé, au ministère de l’intérieur, un vieux copain, Didier, qui est devenu... directeur des cultes ! Oui, dans la France laïque, dans la France post-1905 de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il y a une direction des cultes au ministère de l’Intérieur (alors qu’il n’y a pas de Commissaire aux cultes à Bruxelles).
Après quelques mots sur la situation critique des grévistes de la faim, Didier oriente la conversation sur son problème : les conflits entre défenseurs du bien-être des animaux et organisations religieuses, sur un point fondamental de théologie monothéiste, dont la solution incombe bel et bien au ministère de l’Intérieur. Jusqu’où peut-on assommer un animal avant de le tuer (pour ne pas le saigner à vif) sans que sa viande cesse d’être hallal ou cachère ? Didier a bien tenté de suggérer un critère : l’évanouissement doit être réversible. C’est OK pour les moutons, mais un coup à assommer un bœuf, en fait, tue le bœuf (si j’ai bien compris). Du coup il n’est plus cacher.
Et pendant ce temps-là, les militants du Non s’indignent que le TCE propose de "maintenir avec les églises et les sociétés philosophiques un dialogue transparent” ! Ce n’est pas en France que ça arriverait...
Forum du blog
Il y a 14 contributions à ce blog.
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Je suis désolé de venir dans ce blogue que je comprend très bien et qui me touche.
Je suis actuellement en grève de la faim sur ornans 25290
mon site internet est : http://www.resiste.info/
Vous comprendrez je pense mon problème et mon intrusion dans ce blog.
Merci de votre compréhention
Krasna Raoul
Jeudi 4 janvier 2007 à 11h08mn46s, par krasna raoul
lien direct : http://lipietz.net/?breve55#forum1241
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Mardi 16 janvier 2007 à 11h36mn04s, par krasna raoul
lien direct : http://lipietz.net/?breve55#forum1260
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35 jours de grève de la faim suivis d’une hospitalisation d’urgence au SAMU , Raoul KRASNA est enfin entendu par la Presse...
Mardi 13 mars 2007 à 15h06mn51s, par Krasna Raoul
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Mercredi 14 mars 2007 à 08h35mn44s, par KRASNA Raoul
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TONI NEGRI : “OUI, POUR FAIRE DISPARAITRE CETTE MERDE D’ETAT-NATION”
Propos recueillis par Vittorio de FILIPPIS et Christian LOSSON - Libération - 13/05/05
L’italien Toni Negri, 71 ans, est un penseur de la contestation du capitalisme et une figure de l’altermondialisme. Il a inspiré les “désobéissants” italiens lors des manifestations du G8 de Gênes et a notamment écrit Multitude avec l’Américain Michael Hardt, en 2004..
Toni Negri, figure altermondialiste, appelle à approuver la Constitution : Comment un contestataire radical tel que vous peut-il appeler à voter oui ?
Parce que la Constitution est un moyen de combattre l’Empire, cette nouvelle société capitaliste mondialisée. L’Europe a la possibilité d’être un garde-fou contre la pensée unique de l’unilatéralisme économique : capitaliste, conservateur et réactionnaire. Mais l’Europe peut aussi s’ériger en contre-pouvoir contre l’unilatéralisme américain, sa domination impériale, sa croisade en Irak pour dominer le pétrole. Les Etats-Unis l’ont bien compris, qui, depuis les années 50, luttent comme des fous contre la construction européenne. Ils y voient un verrou à l’extension de leur pouvoir. De la même manière, ils s’opposent à l’émergence de la Chine ou à une alliance régionale en Amérique latine...
Les proeuropéens du non reprochent justement à la Constitution de ne pas porter un modèle assez alternatif à celui des Etats-Unis...
Je suis d’accord. Mais ils se trompent de rendez-vous. Ils mythifient une Constitution qui n’est qu’un passage. Elle fait du bien, et fera du bien tout de suite ! Car la vraie question c’est qui va réguler le marché mondial ? La résistance nationale n’est plus un rempart. Seule la poursuite de la construction européenne peut permettre de bâtir des alternatives globales pour ce que j’appelle les multitudes, les mouvements de résistance à l’Empire. Des changements qui délimitent un nouvel espace politique dans lequel cette merde d’Etat-nation va disparaître. La Constitution introduit une nouvelle étape vers plus de fédéralisme, même si elle n’est pas assez fédéraliste.
Comment un pourfendeur des marchés peut-il appuyer un texte qui sanctuarise le libéralisme ?
Ce n’est pas la question ! On sait que l’esprit de la Constitution a un fond de sauce libérale... Et alors ? Oui, elle est bourrée de défauts, de manques, mais elle introduit de nouveaux droits via la charte des droits fondamentaux. Il faut être pragmatique. C’est quoi être de gauche aujourd’hui ? Quelle alternative propose le non ? Il n’y a pas un seul projet de réorganisation sociale portée par les syndicats ou la société civile qui ait abouti à de réelles avancées depuis une génération... Que veulent-ils ? Une Constitution européenne ou une Constitution d’un modèle communiste ?
Comme d’autres ex-révolutionnaires, vous êtes devenu “libéral-réaliste” ?
Je ne suis pas soudainement devenu un vieux con libéral. Je suis un révolutionnaire réaliste. Pourquoi la France est-elle aussi butée ? En Italie, en Allemagne ou en Espagne, même dans les milieux altermondialistes, mon message est audible. Ils ont bien compris l’enjeu du oui. En France, le débat est renversé. Je passe pour un obscur, mais ce sont les autres qui le sont. Moi, je suis clair : il faut être imbécile pour croire qu’on peut construire l’égalité à partir d’une Constitution. Si la France dit non alors qu’elle est le moteur de l’Europe avec l’Allemagne, elle passe à côté d’un cap historique.
Vous rejouez le “oui ou le chaos” ?
C’est oui ou la politique du pire. C’est oui ou la disparition d’un nouvel espace de lutte contre l’hégémonisme de l’Empire. C’est oui ou abdiquer face aux néoconservateurs américains. On ne peut pas être anti-impérialiste, altermondialiste, et ne pas avoir conscience de ce rapport de force ! Le non détruit cet équilibre ; il détruit tout ; le danger sera énorme. Quel que soit le résultat, il y aura une crise. Si la Constitution est recalée, la crise sera européenne. On vivra le retour des déchirures familiales, en France, mais aussi entre la France et l’Allemagne. Si le oui l’emporte, il y a aura crise, inéluctablement. Mais celle-là sera internationale. Ce sera celle qui opposera deux modèles : l’européen et l’américain.
Propos recueillis par Vittorio de FILIPPIS et Christian LOSSON
– PS : pour écouter un OUI de COMBAT : :yeah
http://www.radiofrance.fr/listen.php?pnm=pnm ://son.radio-france.fr/locales/bleugironde/infos/dom210405.ra
Dimanche 15 mai 2005 à 16h43mn07s
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** Parcours de la réflexion d’un cyber-citoyen... live !
Bonjour,
tout d’abord, je souhaiterais exprimer mon admiration pour les efforts d’objectivité et d’argumentation rationnelles dont fait preuve M. Lipietz dans ce fameux débat sur le TCE. C’est trop rare et trop précieux pour ne pas être remarqué et salué, surtout lorsqu’on voit à quel point une bonne partie des tenants d’un bord ou de l’autre argumentent dans leurs interventions (télévisuelles notamment) avec de quantités écoeurantes de pathos...
Je ne fais partie et ne suis l’avis d’aucun mouvement, parti, association... peut-être parce que tout comme une fameuse loi de la réalité humaine explique que tout pouvoir sans garde-fou finit par devenir une tyrannie, je continue de penser que tout groupe finit par devenir... une église. Sans être anarchiste, sans doute suis-je allergique à tout ce qui prémâche un peu trop ce que l’on doit penser ou bien ce qui empêche d’aller se faire une idée ailleurs... Et je prends donc la responsabilité qui va avec cette liberté, à savoir celle de réfléchir, de m’informer, de chercher, de rechercher, de discuter avec les autres quelles que soient leurs opinions. Et, bien sûr, de venir consulter ce site. Vive la cyber-citoyenneté.
Je ne connais pas ce M. Negri, mais ce qui est remarquable c’est qu’il soit capable d’autant de ... pragmatisme, ou de réalisme si vous préférez, malgré ses positions politiques arrêtées. Voilà deux mots qui généralement ne semblent pas faire partie de notre quotidien politique, sans doute par manque de ce qui, au fond, plaît aux français : le panache. Au pays des cartésiens (comme nous nous en enorgueillons un peu trop souvent), l’idéologie et la rhétorique au service d’elles seules ne seraient-elles pas, hélàs, le mode de pensée le plus répandu ?
Quoiqu’il en soit, j’ai l’impression dans la vie courante d’être entouré majoritairement de "partisans" du non que du oui, et, étant pour ma part favorable au oui (pour l’instant en tout cas), il s’ensuit donc de fructueuses discussions et réflexions. Il m’arrive même parfois de me demander pourquoi si peu de gens sont pour le oui autour de moi. Mais entre gens raisonnables, la mauvaise foi est interdite dans les discussions, et tout se passe donc bien.
Je voudrais donc exposer ici la démarche qui, finalement, me fait rejoindre l’avis de M. Negri et M. Lipietz sur cette question de la TCE.
Je dois dire qu’il m’est difficile de nier catégoriquement tous les points qui incitent à voter "non", et que par-delà les réfutations des approximations de certains partisans du non, s’impose peut-être un nouveau niveau de débat qui justement est en général absent des discussions, la distinction entre la réponse "théorique" (ce traité me satisfait-il vraiment, est-il vraiment souhaitable en l’état, etc.) et "pragmatique" (que va-t-il se passer ensuite vraiment, si on vote oui ou non).
On ne parle pas suffisamment de l’après, c’est-à-dire, du travail qui viendra lorsque l’on aura vu la victoire du oui ou du non. Et c’est pourtant cela qui compte vraiment. Et pour comprendre ça, il faut essayer de voir les choses de façon "réaliste".
De plus, le débat est souvent limité à la France, et à son nombril. Or, étant par moi-même pour une vraie Europe fédérale (lorsqu’elle sera mûre pour cela, peut-être pas avant 100 ans - il ne faut pas rêver, Rome ne s’est pas faite en 1 jour), je me rends compte que de nombreux partisans du non francais n’ont pas conscience qu’ils ne pourront pas décider à eux seuls de la conduite de l’Europe ni de la révision du TCE.
** Pour les raisons du non :
Je note qu’après moulte discussions, nombre de partisans du non semblent réagir souvent par frustration et par envie de sanctionner cette "France" et cette "Europe" du "haut", qui dans leurs cuisines nous confectionnent un plat sur lequel nous ne semblons avoir eu aucun mot à dire (en l’occurrence, même si la constitution a été rédigée par des groupes de travail d’élus... la majorité des gens semble avoir l’impression de se réveiller devant le fait accompli). Une des raisons de cette frustration semble être le déficit abyssal de communication de l’Europe avec la population durant toutes ces années... et le sentiment que le penchant libéral du TCE semble comme une deuxième couche de libéralisme sur ce qui est déjà dans la société actuelle - et donc une victoire libérale -, plus qu’un changement pour le mieux par rapport à Nice.
Les arguments concernant le fait que la constitution ne soit pas réellement révisable portent : jusqu’ici, et malgré les explications données sur ce site et dans des analyses (comme celui de Bastien Francois), je trouve que les preuves que la constitution sera révisable, qu’il y a des recours, ne sont pas vraiment convaincantes en l’état.
Quand je relis les paragraphes de la Constitution au sujet de sa révision, et les nombreux renvois qu’il faut suivre pour en comprendre le mécanisme, j’ai du mal à croire que cela pourra être exercé en pratique. C’est tellement tortueux qu’on a l’impression que les explications comme quoi cela est possible, sont justes théoriques et alambiquées mais pas réalisables en pratique. Il faudrait que quelqu’un fasse un mode d’emploi reprenant tous les points sur lesquels les partisans du non butent, en décrivant très précisément et de façon pragmatique comment ça marche. Par exemple : "Comment réviser la constitution : mode d’emploi ; etc.", plutôt que de contredire point par point leurs arguments mais sans expliquer systématiquement le fonctionnement en pratique. Ces argumentations deviennent donc toujours un discours de spécialiste. Faites donc des dessins !
Enfin, je voudrais tout de même que quelqu’un m’explique pourquoi nous devrions nous réjouir que la BCE soit tout à fait indépendante. Rien que cette mesure-là (à laquelle Bastien Francois ne semble pas avoir répondu dans son argumentaire contradictoire contre Etienne Chouard), semble mériter un non sans même avoir à lire le reste étant donné le pouvoir sur notre vie quotidienne que pourrait avoir la BCE dans l’avenir... (ne se veut-elle pas la Fed’ de l’Europe ?). Je veux bien être optimiste, et croire la constitution révisable, mais ce sont là des arguments importants pour le non "théorique".
Je dois avouer enfin d’avoir besoin de déployer des efforts surhumains chaque fois que je vois une grand-messe hollywoodienne de la majorité favorable au oui à la télévision, et la simple pensée que la victoire du oui sera récupérée pour leur agenda personnel, me donne envie de me venger bêtement en votant non, quitte à faire couler le navire avec (caractère bien français n’est-il pas :) ).
** Une réflexion conduisant au oui ?
Ma première réaction en face du "non", il y a des mois de cela déjà, a été de réagir aux arguments de "peur" qui s’en dégageaient presque systématiquement, et qui, en face notamment de l’optimisme et du dynamisme des US et de l’Asie, m’a poussé à écrire (extrait de mail écrit rapidement à des amis, pardonnez le style) :
je n’ai jamais entendu jusqu’ici d’argument en faveur du non qui soit « positif » ou « constructif ». J’ai l’impression que ça ressemble plus généralement à des lamentations qu’autre chose. De plus certains mélangent cela allègrement avec la Turquie ou Bolkestein alors qu’il n’y a aucun lien, donc pas mal de démagogie est liée à cette prise de parti, ce qui ne la rend pas lisible.
Bref "ce" non, même si au final il se trouvait que ce soit la meilleure réponse théorique, est présenté en tout cas davantage comme une expression des craintes et de l’incompréhension d’une partie la population devant le monde tel qu’il se présente, et exprime aussi des craintes liées au futur, et cela, s’il révèle effectivement un déficit de communication (et de démocratie) des instances européennes avec les populations et met en évidence les difficultés et l’insatisfaction actuelles franco françaises, n’est pas une analyse rationnelle de ce pour quoi on va voter et le futur que l’on peut se donner avec et dans l’Europe avec la constitution.
Le reste du monde n’attendra pas d’ailleurs, déjà les US sont en train d’étudier la question de leur avenir face à l’Asie, pendant que nous pensons pouvoir nous permettre encore longtemps d’ergoter sur tel ou tel détail, quand l’on sait que rien ne pourra garantir mieux notre avenir qu’une Europe qui se construit solidement et sans traîner, mais en préservant son modèle de société évidemment, ce que la constitution encore une fois, ne semble pas remettre en cause.
Il n’y a pas grand-chose à craindre de l’Europe bien au contraire, si ce n’est de réaliser enfin que la France n’est pas le centre du monde et qu’elle a besoin d’un cadre plus grand et plus intégré qu’aujourd’hui, tout en préservant (ou même en exportant) ce qui marche effectivement mieux ici qu’ailleurs.
Or ceci ne se fait pas à coup de simples protestations mais avec une perspective et une vision d’avenir, et un véritable projet national et européen, et une vraie force politique. Or ce n’est franchement pas là où en est ni le gouvernement ni la population en France. En clair, pouvoir exister et se défendre, ça se mérite, c’est quelque chose que l’on n’aura non pas juste en votant, mais en comprenant bien que l’on a intérêt à faire des efforts pour se changer soi-même : la France n’est pas malade de l’Europe mais d’elle-même : bureaucratie, immobilisme au sens large, pas de projet national, destruction des initiatives individuelles, abandon de la recherche etc. Donc il ne faut pas rejeter sur l’Europe les problèmes qui tiennent plus à nos faiblesses bien françaises qu’à l’Europe ou au monde tels qu’ils sont.
Dans un deuxième temps, récemment, après avoir lu le texte de Etienne Chouard (qui est convaincant si l’on s’y arrête), et avant de lire la réponse de Bastien Francois (autre extrait de mail) :
En gros : le non (de gauche seulement) parie sur la possibilité de revenir sur le texte et de renégocier les caractéristiques trop libérales. Mais qui va expliquer quel est le non « juste » lors des renégociations ?
Bref, l’envie est de voter non. Mais ça ne suffit pas, il faut savoir expliquer pourquoi pour que l’on puisse réécrire une meilleure constitution, et pendant tout ce temps, continuer avec le traité de Nice, qui lui est ultra-libéral (l’état de l’Europe actuelle en découle notamment, mais n’enlevons pas à l’indigence de nos propres gouvernements)...
Quel est le mieux : « non » et bien prendre conscience que nous les français (et encore plus, les partisans du non « progressiste ») ne sommes qu’un élément dans l’Europe et que l’on risque de tout perdre, ou « oui » et dans ce cas parier sur l’inverse, c’est-à-dire d’utiliser ce que l’on aura obtenu (mieux que Nice, mais pas idéal et potentiellement dangereux à long terme), et le faire évoluer par la suite... les deux choix amènent des risques mais dans un cas on risque un retour en arrière, une annulation ou un blocage causé par les autres pays d’Europe qui seront trop contents que nous ayons voté non (les Anglais n’attendent que ça), et dans l’autre le risque d’un « oui » qui demandera à ce que les français (et européens du même avis) travaillent encore dur pour abroger ce qui pose problème...
Quitte à jouer le jeu de la politique à la française et des affrontements entre le peuple et les pouvoirs, le « non » serait le choix à faire, mais il faut bien comprendre que la lutte sera encore plus féroce ensuite pour que la constitution soit révisée dans un sens « progressiste », et non pas dans le sens ultra-libéral de la Grande Bretagne, et des autres pays ayant voté oui (notamment ceux qui n’ont même pas pris la peine d’un référendum). Il serait donc avant-gardiste de voter « non », mais il faut être alors vraiment révolutionnaire, c’est-à-dire prêt à souffrir ou à tout perdre pour cela.
Ou bien jouer tactiquement un « oui » tout en continuant la bataille de façon plus subtile par la suite... C’est donc plus une question d’attitude et de stratégie qu’autre chose, puisqu’au final une majorité de personnes, que ce soit oui ou non, semblent vouloir atteindre le même but à peu de choses près... Toutefois, renvoyer un « non » à la figure des pouvoirs en place, est bien tentant, plutôt que d’avoir à subir le spectacle qu’ils nous offriront en se croyant légitimés par le peuple qui aura voté dans leur sens mais pas nécessairement pour les mêmes raisons ou objectifs... question d’amour propre à la française !
Finalement, après avoir lu l’argumentaire de Bastien Francois contre celui de Etienne Chouard, avoir pesé le poids du non "théorique" contre le poids du oui "pragmatique", restent ces points qui sont les seuls qui vraiment me gênent :
1- je souhaiterais avoir le mode d’emploi pratique de la révision de la constitution (scénarios, probabilités, etc.)
2- je souhaiterais savoir en quoi il n’est pas si dangereux que ca d’avoir une BCE indépendante, et jusqu’où cela pourrait-il aller avant que l’on doive intervenir pour limiter son action ?
En attendant, mon espace démocratique intérieur vote à 60% pour le oui, c’est donc bien un oui pragmatique. Mais j’aimerais avoir les éléments qui me manquent pour éventuellement remonter le score un peu... ou, qui sait, changer d’avis !
Meilleures salutations, et surtout continuez,
David M.
Vendredi 20 mai 2005 à 22h04mn57s, par David M.
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Bravo David pour ton analyse et ton indépendance d’esprit qui te permette d’avoir la meilleure lecture du monde dans lequel nous vivons.
Je doit dire que j’ai eu les même reflextions que toi sur le sujet. J’ai longtemps pesé le pour et le contre et même si la tentation de voter non était grande afin de mettre un terme à ses grands-messes hollywoodiennes teintées de bureaucratie puante qui n’ont fait que orienter le débat vers une pensée unique du OUI tout en ocultant les incompréhensions et les peurs qui conduisent à voter NON.
L’avenir sera difficile sans ce cadre de la constitution qui nous aurait permis de nous battre avec des armes législatives supplémentaires face au traité de NICE qui commence à daté.
Comme tu le dis si bien la Françe est bloquée dan l’immobilisme et cherche toujours à aborder le monde de façon binaire : communisme et capitalisme alors que le pragmatisme et le réalisme sont les clés pour comprendre notre monde tel qui l’est aujourd’hui.
La pensée unique (communisme) qui tue ainsi toute initiatve individuelle en faisant passer les personnes qui pensent différemment comme des opposants nuisibles et néfastes, donc à abbatre (au sens propre comme au sens figuré) est aussi pire qu’un capitalisme hégémonique et sans contre pouvoirs solide et opérationnels.
Dans les deux cas creuser l’écart entre riches et pauvres, les élus et les peuples devient inéluctables.
Je pense sincérement que le capitalisme est l’équivalent du communisme concernant les luttes de pouvoirs afin de mieux dominer les esprits.
En ce qui concerne ta réflexions sur la BCE, je la trouve très pertinente et rare.
En effet, l’indépendance de banquiers centraux NOMMES ET NON ELUS ME FAIT PLUS PEUR QUE AUTRE CHOSE.
Il est important de rappeler que la FED est certe indépendante mais controlée sur ses prise de positions et sur ses objectifs présent et futurs avec des demandes de justifications.
Enfin, je termine sur le fait que je suis tombé par hasard sur ce forum de Alain Lipietz, et preuve en est je ne suis pas sortis du site tout de suite en me disant " un blog des verts, jamais de la vie, ces hommes de gauches, enfin mais voyons etc..), tout cela pour dire, que comme toi David je ne me réclame d’aucune formation politique ou associations et je ne suis pas coincé dans un pauvre débats réducteur franco-français GAUCHE-DROITE et que j’apprécie les hommes qui s’exprime librement et en toute franchise sans langue de bois, sans démagogie, sans théologie bidon et archaique afin de surfer sur les vagues d’opinion publique.
Pardon pour les eventuelles fautes de style et d’orthographe.
Ce qui est sur c’est que je reviendrai désormais sur ce site afin de lire des messages comme le tiens dont l’argumentaire dépasse de loin les guignols de la classe politique.
J’aimerais échanger des idées plus souvent avec toi, car je pense pareil et aimerait faire avancer mon pays et l’humanité dans le bon sens sans pour atant prétendre détenir toutes les clés.
Merci,
ALEXANDRE
Mardi 25 octobre 2005 à 13h16mn40s, par ALEXANDRE
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re-Bonjour,
juste pour compléter l’histoire précédente... toujours en live...
S’agissant des mérites d’un vote en faveur de la Constitution, M. Negri dit : "L’Europe a la possibilité d’être un garde-fou contre la pensée unique de l’unilatéralisme économique", et précise que cette "Constitution (qui) n’est qu’un passage".
Effectivement, voter c’est une chose, changer les choses c’en est une autre. Dans cette optique la Constitution ne serait qu’une étape, un point de départ. Dans ce sens, la véritable valeur de la constitution ne serait pas tant dans la charte des droits fondamentaux (qui semble toutefois limitée dans la portée de son application par les états car discrétionnaire et non contraignante), que par le début d’une supra-nationalité européenne qui seule, pourrait s’opposer à l’hégémonie de l’Empire. Donc cela suppose que le fédéralisme, renforcant l’Europe contre les US, lui permettra de s’opposer au néo-conservatisme plus efficacement que les Etat-nations. Cela semble tout à fait logique.
Mais, il semblerait que M. Negri parlant de l’Empire ne l’identifie qu’à l’extérieur de l’Europe (les EU), mais oublie de préciser s’il n’y aurait pas finalement la même volonté néo-conservatrice ici même, à l’oeuvre en Europe. Du coup, le fédéralisme pourrait tout aussi bien servir les intérêts des néoconservateurs européens, si ceux-ci venaient à légitimer leurs positions.
C’est justement à ce point de la réflexion où la couleur libérale de la Constitution se fait un peu trop sentir : entériner la Constitution ne devient plus nécessairement un pas en avant dans le renforcement de l’Europe contre le néo-conservatisme, puisque celui-ci, déjà en place en Europe (et c’est le cas, me semble-t-il, au vu des majorités), pourrait tout aussi bien profiter de ces avancées fédéralistes pour mettre en oeuvre son programme sur une échelle européenne, voire mondiale (n’y a t il pas d’ailleurs un article précisant qu’il ne devrait pas y avoir de restrictions aux échanges avec les pays tiers plus qu’avec les autres membres de l’Europe ?).
M. Negri dit quelque chose d’important : "il faut être imbécile pour croire qu’on peut construire l’égalité à partir d’une Constitution".
Mais c’est alors que je me dis, finalement, à quoi bon une Constitution qui passerait autant à côté de cette mission ?
Si je ne suis pas un imbécile, alors je n’ai plus de vraie raison d’aller dans le sens de cette Constitution. Bien sûr que tout n’est pas fait avec la Constitution, c’est juste le début du travail. Mais si la Constitution elle-même ne va même pas dans ce sens, elle n’est donc pas nécessaire, en l’état, pour progresser vers plus d’"égalité"... Est-ce normal dès lors, de voter oui à quelque chose d’au plus inutile, au pire nuisible ?.
Du coup, rien n’est plus vraiment sûr dans les affirmations de M. Negri, car on part d’un présupposé qui est que l’Europe serait naturellement encline à ne pas aller dans le sens du néo-conservatisme, mais serait naturellement encline à former un rempart contre celui-ci. Or, plus le temps passe, et plus on approfondit l’étude de la Constitution, plus l’empreinte des forces néo-conservatrices, au mieux libérales, se font sentir au travers de celle-ci : l’Empire serait déjà à l’oeuvre chez nous, et pas seulement chez les Americains. La Constitution pourrait donc tout à fait servir la cause de l’Empire dans l’Europe même.
Au final, tout réside dans la question suivante : qu’est ce qu’on veut VRAIMENT ? Plus de supranationalité, ok, mais dans quel sens ? Progressiste ou néo-conservatrice ? Finalement, c’est la question du SENS qui s’imposerait, pas celle de la simple supranationalité.
Mes 60% oui/40% non sont donc en train de passer en live vers le rapport de force inverse : je commence à me demander si le Non ne pourrait pas, effectivement, consister en un vrai défi à relever, pour changer le SENS que prendrait cette trajectoire supra-nationale... puisque c’est bien ce SENS qui pose problème...
A mes sujets précédents :
1/ révision de la Constitution : mode d’emploi ?
2/ indépendance de la BCE : devons-nous nous réjouir ?
s’ajoutent :
3/ les limites de l’application de la Charte : contraignante pour les états ? (la Constitution signifie-t-elle oui ou non une avancée fédéraliste sur ce point ?)
4/ le Parlement / le Conseil : dans la proposition et l’adoption des lois, qui l’emporte et dans quelles conditions ?
5/ le néo-conservatisme n’a-t-il pas plus à gagner avec le oui qu’avec le non ?
Voilà des questions dont les réponses me paraissent fondamentales pour établir les poids qui feront pencher mon vote d’un côté ou de l’autre...
Sincères salutations,
David M.
Samedi 21 mai 2005 à 04h32mn58s, par David M.
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L’une des choses qui m’agacent le plus, chez les partisans du non "de gauche", c’est l’outrecuidance de leur argument clé : gardons notre merveilleux modèle social français et ne nous inféodons surtout pas à ces modèles britanniques (très faible taux de chomage), scandinave (haute protection sociale et défense efficace de l’environnement), etc.
La France est lanterne rouge dans tous ces domaines mais elle continue à se croire le modèle admirable à imiter par tous.
Vendredi 13 mai 2005 à 12h04mn00s, par superdupont
lien direct : http://lipietz.net/?breve55#forum183
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Désolé, mon message sur l’amiante et le marché intérieur concernait plûtot le papier "dans l’antre du non"
erreur de manip
cordialement
christophe
Lundi 9 mai 2005 à 19h50mn21s
lien direct : http://lipietz.net/?breve55#forum178
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De l’intérêt du marché intérieur
Nous sommes en 1997, la france interdit la fabrication, la vente et l’utilisation de l’amiante.
Dans un article récent, un responsable syndical fortement impliqué dans le combat contre l’amiante indique :
"Il faut se rendre compte que les régles du marché intérieur (ndlr : "concurrence libre et non faussée") qu’on décrit si souvent comme purement libérales, sont içi très utiles : avec 8 pays sur 15 qui interdisent toute présence d’amiante dans les biens d’équipement et de consommation, le simple souci de la fluidité du commerce conduit à généraliser l’interdiction de l’amiante. Une directive européenne sort rapidement et on imagine très bien à quel point l’instauration de cette norme dans un marché aussi important que l’Union européenne peut jouer à l’échelle mondiale."
A méditer
christophe
Lundi 9 mai 2005 à 19h46mn09s
lien direct : http://lipietz.net/?breve55#forum177
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Pour info, ci-dessous, un exemple d’Intox qui démontre qu’il faudra bien régler nos comptes avec une bonne partie des nonistes y compris chez les verts ( je pense à l’ex-trotskiste Francine Bavay)
Non, il n’est pas possible de construire un avenir avec ces néo-cons et fossiles de l’histoire représentés notamment par le pc, la lcr...
Référendum : JAMAIS ILS NE SONT TOMBES AUSSI BAS DEPUIS 60 ANS
RAOUL MARC JENNAR
mardi 17 mai 2005
JUSQU’OU S’ABAISSERONT-ILS ENCORE ?
La campagne des défenseurs du traité constitutionnel européen connaît des développements qui éloignent de plus en plus du débat citoyen. On pensait que la démocratie participe d’un progrès continu et que des procédés, dérits dans les manuels d’histoire comme de détestables pratiques heureusement révolues, telles que Jaurès les subissait, telles qu’on les a connues entre les deux guerres mondiales, telles qu’on les a connues pendant les heures noires de l’Occupation avaient à jamais disparu. Que du contraire ! Les partisans du oui, depuis huit mois, ne reculent devant rien.
Ils trompent. Ils ont commencé par présenter une interprétation fausse du texte. Deux exemples qui se répètent chaque jour. Strauss-Khann déclare que le traité offre une base légale pour des services publics qui n’existent pas dans le texte, celui-ci traitant des " services d’intérêt économique général " lesquels sont soumis aux règles de la concurrence et ne peuvent exister que lorsque le marché est défaillant. Lang répète à satiété que tous les droits sociaux sont inscrits dans le traité, alors que rien ne vient consacrer les droits au travail, au logement, à la santé, au minimum d’existence, au salaire minimum garanti, à l’allocation de chômage, à la pension de retraite. Si on compare les droits consacrés dans les Constitutions et législations nationales de la majorité des pays de l’UE, un seul constat s’impose : régression. Mais ils nous disent tout le temps le contraire.
Ils trichent et dissimulent. Constatant que plus les gens connaissent le traité, plus ils le rejettent, les défenseurs du " oui é ont alors entrepris de cacher ce qu’il y a de plus repoussant dans le texte. Ainsi, à l’instar de Valéry Giscard d’Estaing qui considère qu’on ne doit pas parler de la troisième partie du traité, le social-démocrate Olivier Duhamel, professeur de droit qui sévit tous les matins, grâce à nos deniers, sur France Culture, publie sous le titre " Constitution européenne ", un petit livre dans lequel manquent 325 des 448 articles du traité ! Et il fait école ; plusieurs versions incomplètes circulent maintenant en France. " Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots " disait Jaurès !
Ils sabotent. Lors des dernières élections régionales, les Français ont voulu sanctionner la majorité la plus conservatrice que la France ait eu depuis Vichy. Cette sanction a eu pour effet d’amener des sociaux-démocrates à la direction de 20 Régions sur 21 et d’un grand nombre de Conseils généraux (assemblées départementales). Aujourd’hui, ces élus qui se prétendent encore de gauche refusent d’autoriser l’usage de salles à des opposants de gauche au traité constitutionnel. Ou bien, plus sophistiqué, ils retirent l’autorisation à la dernière minute pour rendre la réunion impossible. Procédés de droite ? Assurément. Pratiqués avec la même hargne par les libéraux de gauche.
Ils effraient. A entendre certains membres de la direction du PS et de la direction des Verts, le rejet de ce texte sur l’Europe d’où sont absentes les valeurs nées en l’Europe (laïcité, souveraineté populaire, séparation des pouvoirs, contrôle de l’Exécutif par le législatif, droits sociaux, services publics) provoquerait une " crise dramatique " , voire " le chaos ", la " disparition de l’euro ", la " fin de l’Europe " au point que ce choc s’apparenterait à une " déflagration atomique qui vitrifierait tous les Français. " Un des grands prêtres de la pensée unique qui sévit sur les ondes de France Culture, une station publique de radio, n’hésitait pas à annoncer la " situation chaotique de 1789 " et à " espérer que la Terreur ne reviendrait pas " ! Procédés de droite ? Sans nul doute. Qui signent ce que sont devenus ceux qui se disent de gauche et qui y ont recours.
Ils méprisent, discréditent et diabolisent. Tous les média, le quotidien L’Humanité, l’hebdomadaire Politis et le mensuel Monde diplomatique et quelques revues exceptés, sont favorables au traité, conformément à l’attente de leurs propriétaires et des annonceurs. Les stations de radio comme les chaînes de télévision manifestent une partialité qu’ils condamnent avec véhémence lorsqu’elle est pratiquée à l’étranger. Les collectifs pour un " non de gauche " ont organisé plus de 2.300 réunions publiques qui ont pratiquement toutes été boycottées par les média alors que, dans une immense majorité de cas, elles faisaient salle comble. La plupart des journalistes affichent un parti pris qui étouffe le droit à l’information des auditeurs, téléspectateurs et lecteurs. Jamais, depuis les heures les plus sombres de l’histoire de France contemporaine, la presse ne s’est alignée de la sorte. Non seulement l’information est biaisée, mais un ton convenu s’est généralisé pour disqualifier les adversaires du traité constitutionnel. Ces gens des média qui ont abandonné toute éthique professionnelle, avec arrogance et mépris, laissent entendre que tout adversaire du texte proposé à ratification ne peut être qu’un inculte, voire un idiot.
Ils insultent. Tous ne se limitent pas au sous-entendu. Certains, ne reculent plus devant l’insulte. Ceux qui osent critiquer les orientations néolibérales du traité sont qualifiés d’ " idéologues ", de " ringards ", de " néo-communistes ", de " néo-cons " ; ceux qui soulignent l’absence de droits sociaux et la subordination de l’harmonisation sociale aux lois du marché sont traités de " corporatistes " " populistes ", de " poujadistes " ou encore de " péronistes ". Les opposants au traité appartiennent, selon les mots d’un dirigeant socialiste, à " la faune ". Une affiche n’hésite pas à assimiler tout partisan du " non " à un adepte de Le Pen ! Olivier Besancenot, Marie-Georges Buffet, Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélanchon rangés à l’extrême droite ! Un des directeurs de conscience de la gauche caviar n’hésite pas, dans cet hebdomadaire pour sociaux libéraux bien pensants qu’est Le Nouvel Observateur, à nous traiter de " socialistes nationaux ". Ils osent se réclamer de Jaurès, mais ils utilisent les mêmes procédés que ceux qui le combattaient.
La pression patronale est discrète, mais intense. Le MEDEF au niveau français, l’UNICE au niveau européen ont obtenu ce qu’ils exigeaient dans cette Constitution. Et on n’y trouve pas ce qu’ils rejetaient. Il s’agit maintenant de figer durablement le démantèlement d’un modèle de société que les patrons européens avaient dû progressivement concéder suite aux luttes sociales des XIXe et XXe siècle et après le discrédit subi par leur collaboration avec le nazisme. Il s’agit d’enregistrer dans un traité constitutionnel contraignant les reculs démocratiques et sociaux imposés depuis 25 ans avec la complicité active des libéraux de gauche.
Avec l’assentiment de la direction du PS et de la direction des Verts, qui ne protestent pas contre la violation massive du droit à une information complète et honnête et s’en font même les complices, les Bouygues (TF1), Dassault (Le Figaro), Lagardère (Europe n°1, Paris-Match), Minc (Le Monde), Rothschild (Libération) s’assurent du travail de propagande des média qu’ils possèdent et des médias publics désormais à la merci des annonceurs qu’ils contrôlent. Ils ont acheté le Quatrième Pouvoir ; ils en ont fait une officine de propagande.
Ils se sont tout permis ; ils ont affiché le plus total mépris pour ceux qui vont voter autrement qu’exigé par les libéraux de droite et de gauche. Ne doit-on pas craindre que le 29 mai, ces gens qui n’ont reculé devant rien, n’hésiteront pas à trafiquer les résultats ?
Raoul Marc JENNAR
chercheur militant, signataire de l’Appel des 200
Mardi 17 mai 2005 à 18h12mn39s
lien direct : http://lipietz.net/?breve55#forum190
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Bonjour,
pour ceux que ça intéresse j’ai rédigé une réponse à ce texte hallucinante de Jennar sur mon blog.
Salutations
Mercredi 25 mai 2005 à 22h42mn16s, par Joël Gombin
lien direct : http://lipietz.net/?breve55#forum207
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J’ai le plaisir de vous informer de la naissance d’un nouveau site,
celui de l’association "Reconstruire l’action publique" (RAP) / Verdi :sourire
RECONSTRUIRE L’ACTION PUBLIQUE, DONC VOTER OUI
L’action publique a été, de manière progressive et sur très longue période, conçue, définie, organisée en même temps que se mettaient en place les Etats-nations, pour connaître son apogée dans la période qui a suivi la Seconde guerre mondiale. Elle a été un des facteurs clés qui explique l’expansion rapide et sans précédent qu’ont connue les société européennes au cours de « Trente glorieuses », avec un mode de développement qui a su conjuguer progrès économique et progrès social dans un cercle vertueux.
Les signes d’épuisement de ce mode de développement se sont manifestés depuis le début des années 1970, du fait en particulier de la contradiction croissante entre un mode de régulation à base nationale et l’internationalisation croissante des économies et des sociétés, avec en particulier le processus d’intégration européenne. Un des aspects les plus évidents a été la mise en cause profonde de toute forme d’action publique et la nécessité de la refonder en conjuguant tout à la fois d’une part, européen, d’autre part, le court, le moyen et le long terme, enfin, le technique, l’économique, l’environnemental, le social et le culturel.
Parmi ces objectifs, l’intégration européenne est aujourd’hui essentielle. Les objectifs de paix, de progrès économique, de développement social, ont structuré en profondeur le processus d’intégration européenne depuis les lendemains de la Seconde guerre mondiale.
Qui ne voit que l’Union européenne est aujourd’hui seule à même de maîtriser les processus de mondialisation, de défendre et de promouvoir des valeurs et un modèle de société, de ne pas être dépendant des USA et des multinationales. Chaque Etat séparément en serait incapable.
– Comment apprécier le traité instituant une Constitution européenne ?
Depuis un demi-siècle, les Communautés, puis l’Union européenne disposent de certains attributs de puissance publique, tenant à des délégations volontaires croissantes de souveraineté décidées par les Etats membres ; des politiques publiques sont définies et mises en œuvre dans une démarche de type supra-national.
Pour autant, l’Union européenne n’est pas un Etat au sens habituel, ni un super-Etat, mais une construction politique et institutionnelle originale, sans précédent dans l’histoire, sans modèle pré-établi, qui se définit de manière progressive, à travers avancées, crises et difficultés, sur la base de compromis successifs.
On ne peut donc apprécier ni la situation actuelle ni les enjeux du traité constitutionnel à partir des catégories et références traditionnelles : les débats pour savoir s’il s’agit d’un « traité » ou d’une « constitution » à partir des catégories classiques sont sans aucun intérêt ; c’est d’ailleurs pour cela qu’a été créée la catégorie innovante de « traité constitutionnel ».
De la même manière, on ne peut prendre comme critère de jugement nos références nationales traditionnelles : l’Europe se construit à plusieurs, en intégrant des histoires, traditions et cultures à la fois diverses et convergentes ; l’Union européenne ne sera jamais le décalque des traditions françaises, mais une construction originale plurielle, à la fois unie et diverse.
On ne peut davantage prendre comme référence une construction intellectuelle correspondant à un idéal, mais sans rapport avec les réalités. Il s’agit, en fait d’analyser de manière pragmatique si la nouvelle étape aujourd’hui proposée permet d’avancer vers la réalisation d’une série d’objectifs, en particulier en matière de construction de solidarités, de développement de la démocratie et de moyens de promouvoir notre modèle social face à la mondialisation libérale.
De ce point de vue, une lecture attentive des textes montre clairement que le traité constitutionnel ne comporte aucun recul, dans quelque domaine que ce soit, par rapport à la situation actuelle, mais une série d’avancées substantielles, qu’il serait absurde de rejeter au prétexte que l’on aurait pu espérer mieux.
Il faut ici souligner les améliorations réelles que comporte le texte, même s’il faut continuer à agir pour aller bien plus loin : en matière démocratique avec l’intégration de la Charte des droits fondamentaux, le droit de pétition des citoyens européens, une nouvelle extension du rôle et des pouvoirs du Parlement européen, un meilleur contrôle par les Parlements nationaux, des extensions du vote à la majorité ; en matière politique, avec, des possibilités nouvelles de coopérations renforcées, une base juridique pour légiférer en matière de services publics selon d’autres critères que la concurrence, de nouvelles compétences en matière sociale et environnementale, l’augmentation des compétences internationales et la création d’un ministre des Affaires étrangères, etc.
Bref, le traité instituant une Constitution européenne marque une étape décisive pour avancer dans une construction politique, permettant de rééquilibrer la domination de l’économique et maîtriser la mondialisation. L’intégration européenne a un peu plus de 50 ans ; c’est bien peu au regard des siècles qu’il a fallu pour construire les Etats-nations. Ne soyons pas impatients au point de pratiquer la politique du pire. C’est sans aucune hésitation qu’il faut approuver le traité constitutionnel.
Le billet de Pierre Baudy
– Le site de l’association : http://www.rap.asso.fr/
Lundi 9 mai 2005 à 17h37mn36s
lien direct : http://lipietz.net/?breve55#forum176
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