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par Alain Lipietz | 2 octobre 2021

Victoire de Yannick Jadot à la primaire écolo : mon analyse.

Les jadotistes n’en menaient pas large au soir du premier tour de la primaire . Les 4 principaux candidats se tenaient dans un mouchoir de poche, or trois d’entre eux s’étaient positionnés plus radicaux que Y. Jadot (27,7 %) : Sandrine Rousseau ( 25,14%), Delphine Batho (22,32), Eric Piolle (22,29). Le soutien du 5e (JM Governatori, 2,35%) tenait plus du baiser de la mort pour Jadot, étant donné le discrédit du personnage. Ni D. Batho ni E. Piolle ne donnaient de consigne de vote (ce qui est un peu étonnant de la part de prétendants à la Présidence de la République : « Gouverner, c’est choisir » disait Pierre Mendès-France), ni les leaders des deux autres composantes du Pole écologique (F. Béchieau pour le MdP , Benoit Hamon ou Sophie Taillé-Polian pour Génération.s).

Mais la logique semblait irréversible aux yeux des sondeurs professionnels, de LFI , du PS et de la macronie : avec un potentiel de 70%, Sandrine la « radicale » devait l’emporter largement sur le « mou », le « pragmatique », le « nouveau Macron » (dixit Alice Coffin) qu’était, de l’avis unanime des trolls LFI, Yannick Jadot, Et sa désignation libérerait de l’espace pour Anne Hidalgo sans vraiment pouvoir concurrencer JL Mélenchon et laisserait à Barbara Pompili , ministre de Macron, le monopole de « l’écologie raisonnable ».

 La remontada de Yannick Jadot

Yannick Jadot l’a pourtant emporté, sur le fil, certes, mais nettement (selon les critères des écolos , qui partagent leurs votes exactement comme ils et elles partagent leur cerveaux et leur coeur). « Les courbes se sont croisées » en dernière semaine, mais pas dans le sens qu’espérait Sandrine Rousseau. Comment l’expliquer ?

D’abord et avant tout par l’énergie doublée de zenitude de Yannick Jadot , affirmant de plus en plus sa « posture présidentiable ». Certes il fut obligé, au bout d’un certain temps, de rappeler lapidairement, face aux calomnies, son passé d’écologiste de terrain auprès des paysans les plus déshérités de la Planète, au Bangladesh et au Burkina, sa non-violence active et bagarreuse en tant que responsable-action de Greenpeace, ses discours homériques contre les traités de libre-échange au Parlement européen : titres de noblesse en radicalité que ne possèdent ni Sandrine Rousseau ni JL Mélenchon. Mais cela sans se départir de son calme rassembleur : surjouer « la force tranquille », se souvenir qu’après la primaire viendrait la conquête de la vraie France, celle des gens qui ne font pas de politique. Et surtout ne jamais dire du mal de sa concurrente.

Certes, il disposait de ses propres réseaux : ses compagnes et compagnons de lutte dans les ONG (de Solagral à Greenpeace) et les plus prestigieux de ses co-élus européens, Damien Carême et Benoit Biteau. Mais ça, il l’avait déjà au premier tour. La différence, c’est qu’ils et elles (Laurence Tubiana pour Solagral, François Veillerette pour Générations Futures, etc) n’hésitaient plus à « violer la Charte d’Amiens » en lui apportant leur soutien public : Jadot apparaissait comme l’homme de l’écologie associative. Ce qu’il était et reste largement !

Les premiers pas d’un rassemblement vers Jadot sont venus du camp piolliste, dont les correspondants dans l’appareil Vert comprirent très vite que la radicalité nouvellement affichée de Sandrine mettait en danger les succès électoraux futurs de EELV. Le plus sévère fut l’ancien secrétaire national David Cormand, rappelant les positions encore récentes de la candidate.
Bien sûr, tous les anciens de EELV se souvenaient des positions de Sandrine, secrétaire nationale adjointe du parti à l’époque des Duflot-Placé, mais cela ne représentait qu’une toute petite partie du corps électoral de 120 000 inscrits.

Sandrine ou ses amies commirent alors plusieurs erreurs majeures.

a. Une agressivité ironique et méprisante envers Jadot.

Ce qui ne fait jamais bon effet, et offrait des armes aux futurs concurrents des candidats écologistes, en accréditant les trolls de LFI. L’accusation de mollesse obligea cependant Yannick, on l’a vu, à rappeler sa propre radicalité. Mais surtout à réaffirmer que la vraie radicalité, face à la toute-urgence écologique et à l’autoritarisme anti-social de Macon, n’était plus dans le discours mais dans la prise du pouvoir ou du moins de place fortes dans les institutions. Comme le montre un analyste, Daniel Boy, Jadot sut parfaitement retourner les critiques de Sandrine Rousseau, sans jamais en formuler contre elle (si ce n’est par contraste implicite avec son propre CV). Et les « fact checkers » repérèrent même des mensonges dans ses critiques à elle.

b. Une certaine forme de chantage au vote féminin.

Cette assignation au vote par sexe (qu’une femme doit voter pour une femme) percutait l’hostilité générale du féminisme français envers l’interprétation essentialiste de l’ecoféminisme (disons : celui de Vandana Shiva, genre « Les femmes sont naturellement écologistes puisqu’elles donnent la vie »). Les féministes françaises sont filles de Simone de Beauvoir : « On ne nait pas femmes, on le devient ». Même le livre d’Alice Coffin, Le génie lesbien (excellent) ne fait aucune référence, et pour cause , à cet écoféminisme des années 70 qui fut celui d’une de nos « mères fondatrices », Solange Fernex, mais pas du tout celui de Francine Comte chez les Verts.

Mais il y eut aussi la ferme réaction de celles qui, venues des quartiers populaires et issues de l’immigration ne se reconnaissaient pas dans le féminisme « couches moyennes » qu’incarnait la vice-présidente de l’Université de Lille. La plus violente fut celle de Sofia Lebdi , cofondatrice puis scissionniste de Ni pute ni soumise, puis « Insoumise » et Femen. Même Karima Delli, fille d’ouvrier du textile de Roubaix-Tourcoing, aujourd’hui la plus gradée des Verts et Vertes françaises, présidente de la commission Transport du Parlement européen et donc tenue à une certaine réserve, finit par se déclarer pour Jadot, tout comme Fatoumata Koné (présidente du groupe vert au Conseil de Paris).

Paradoxalement mais « visiblement » (c’est le cas de le dire), l’intersectionnalité femmes/racisées passait du côté... du mâle blanc, qui est apparu plus « populaire » que « la prof d’économie » (elle fut ma thésarde et souffre de ce fait du même handicap que moi en 2001). Et aussi de nombreuses « féministes ET écologistes », telle la nouvelle maire de Besançon, Anne Vignot, qui se déclara au dernier moment. Mais ici joue la réaction à une autre erreur de Sandrine Rousseau, plus fondamentale.

c. L’attaque contre l’« écologie de gouvernement »

Cette incroyable critique, de la part d’une candidate à la Présidence de la République, fit se cabrer d’un coup tou.te.s les miltant.e.s écologistes qui, depuis parfois des décennies, avaient lutté sur le terrain, quelques fois avec Jadot et souvent en marge de la légalité (comme ses actions de Greenpeace ou les fauchages d’OGM), mais qui toutes et tous essayaient, avec de plus en plus de succès, d’entrer dans les institutions pour accélérer la transition écologique, face à des menaces progressant beaucoup plus vite.

Un mouvement social historique comme l’écologie, aspirant à une autre façon de vivre, de travailler, de consommer, existe d’abord dans les luttes collectives et les changements individuels, mais exige à un certain moment d’entrer dans les institutions pour aller plus vite. Celles et ceux qui s’y risquent découvrent alors que « On ne change pas la société par décret », comme l’écrivit un sociologue issu du trotskisme, Michel Crozier, mais en « crantant des avancées » malgré les résistances de la société ancienne. Le Président Jadot devra faire face à d’incessantes révoltes de type « chasseurs » pour appliquer son programme pourtant si « modéré », et ne pourra rien faire du tout sans de puissants mouvements sociaux pro-écologistes... et une majorité parlementaire qui ne sera pas entièrement écologiste.

Même les révolutionnaires les plus radicaux le concédèrent au soir de leur vie, tels Lénine : « Le cadavre du capitalisme, on ne peut le clouer dans un cercueil et le jeter à la mer, il est là, il se décompose au milieu de nous et nous contamine. » Ou encore Mao : « Il faudra encore faire la révolution dans mille ans ».

Mille ans c’est beaucoup. L’horloge du changement climatique et de la 6e extinction des espèces nous oblige à aller beaucoup plus vite. K. Marx n’a étudié que la transition du féodalisme au capitalisme et reconnaît qu’elle a pris plusieurs siècles avant de déboucher sur les révolutions politiques des Temps Modernes, lesquelles n’ont pas « tout changé » d’un coup. Il y eut donc des siècles de « féodalisme capitaliste », comme il y aura sans doute des décennies de « capitalisme vert »... ou alors, si nous perdons, l’effondrement de notre civilisation et peut-être d’une partie de l’Humanité.

Les attaques des sandrinistes contre « l’écologie de gouvernement » achevèrent de faire sortir du bois les « autorités morales » qui s’étaient d’abord promises d’observer le combat du haut de la montagne : évidemment les nouveaux maires ou présidents d’agglo écologistes (de Lyon ou de Bordeaux, de petites villes) qui doivent leur élection à des alliances avec des forces encore largement productivistes et se font engueuler à chaque mesure écologiste par les medias et une partie de la population , les anciennes candidates présidentielles ayant ensuite occupé des postes politiques importants (Eva Joly , Dominique Voynet), les intellectuels pas forcément jadotistes (François Gemenne, Bruno Latour, à l’exception notable de Dominique Bourg, batho-ïste), le président du groupe vert au Parlement européen Philippe Lamberts, et finalement quelques responsables et élus MdP, Génération.s., et ex-Larem revenant à gauche (alors que des cadres macronistes avaient espéré le mouvement inverse !). Toutes et tous brodant autour du même argument : « Faudrait savoir ! Si on va à la Présidentielle ce coup-ci, ce n’est plus pour donner des cours d’écologie politique , mais pour gouverner, avec tout ce que ça implique. Et pour ça, c’et Jadot. »

 La nécessaire radicalité

Et c’est ainsi que, par une sorte de réflexe vital de l’écologie politique, Yannick Jadot l’emporta d’un cheveu. Mais d’un cheveu seulement. Et avec à peu près le même écart de voix avec S. Rousseau qu’au premier tour. Donc les voix qui s’étaient portées sur D. Batho et E. Piolle se sont partagées à égalité entre Jadot et Rousseau : les quatre candidats du premier tour gardent à peu près le même poids parmi les 120 000. Et ont choisi Jadot, et non Rousseau, comme leur « premier entre des pairs ». Sandrine ne bénéficie d’aucune légitimité supplémentaire par rapport à la 3e et au 4e du premier tour. Elle a maintenu son retrd sur Jadot grâce au report de la moitié des électeurs /trices de Delphine et Eric. Il faut, donc, pour diriger la campagne, un quartet avec Sandrine, Delphine et Eric autour de Yannick. Or trois d’entre eux ont tenu un discours plus radical que le discours « rassembleur » de Yannick Jadot. Les 120000 ont voté en somme : « Oui, Jadot, dont nous connaissons le passé pugnace, doit la jouer « force tranquille », mais sur un Programme commun de transformations très profondes ».

Comprenant parfaitement les trous dans le costume que lui avaient taillé S. Rousseau et la propagande LFI, Yannick consacra d’ailleurs son premier déplacement au soutien aux ouvriers de l’usine FerroPem, encadré par des proches d’Eric Piolle et de Robert Hue, avec un discours impeccable d’interventionnisme social et industriel.

J’ai écrit cet été un texte pour Yannick. J’avais, après mûre réflexion, choisi le titre Face à la toute-urgence écologique, la révolution verte. J’ai consacré de longs paragraphes à discuter le choix du mot et la notion de « révolution », par rapport aux historiens (la « révolution néolithique » , aux politistes ( la « révolution silencieuse », au Québec), aux « révolutionnaires » (Rosa Luxemburg et K. Marx) et à trouver des éléments de langage pour satisfaire cette demande de radicalité, tout en la jouant « comme Mitterrand » en 1981 : La force tranquille... mais Mitterrand avait un Programme commun bien plus à gauche que celui de LFI . J’y étudiais aussi les éléments de rupture : la reprise de la RTT... Je pense que ce texte reste totalement d’actualité.

Tel sera le dilemme permanent de la campagne Jadot : trouver le programme et les mots d’une ... « radicalité rassembleuse ». En fait la demande de radicalité est partout dans notre société, exaspérée et angoissée, et se traduit surtout par une poussée de l’extrême droite, et à l’intérieur de celle-ci, du plus nazi des deux, Eric Zemmour. De ce point de vue la France ressemble beaucoup à l’Allemagne de 1932, y compris avec une « gauche de la gauche » considérant la social-démocratie comme la « gauche de la droite » : à la veille de la victoire, toute relative, d’Hitler, le Parti Communiste manifestait aux cotés des nazis conte le gouvernement social -démocrate de Berlin...

 La nécessaire unité

Rassembler ces gauches va être la tâche de Yannick Jadot et des écologistes dans les mois qui viennent, disons d’ici février (ils auraient dû s’y prendre dès le lendemain de leur succès de 2019, comme nous l’écrivions alors, Karima Delli et moi...) La compétition Zemmour/Le Pen élargit le « trou de souris » pour la présence de la gauche au second tour, et surtout pour un succès de la gauche et des écologistes aux législatives qui suivront.

J’ai été partisan, initialement, de la « Primaire populaire » pour réaliser cette unité. Mais ça n’aurait marché que si les partis s’étaient mis d’accord pour la coorganiser, ou si elle avait recueilli des millions de signatures, bousculant les partis. Ce n’est pas le cas, j’en suis désolé. Les « parrainages » à cette primaire se focalisent autour de non-candidats : la radicale de gauche Christiane Taubira et le LFIste ouvert à l’unité François Ruffin. Soit à peu près l’arc qu’avait unifié le Progamme commun autour de François Mitterrand, il y a un demi-siècle. Mais les « parrainés écologistes » n’y font pas recette (hormis Gaël Giraud) : clairement le mouvement écologiste s’est polarisé sur sa propre primaire, et n’a pas envie de se voir imposer une ou un non-écologiste.

En fait les juges de paix seront les sondages d’octobre à janvier. Eux seuls peuvent convaincre un.e ou deux candidat.e.s des partis de gauche de se rallier au courant qui a gagné, à gauche, les élections européenne de 2019 et les élections municipales de 2020, et pas seulement dans les métropoles.

 L’art d’utiliser les sondages.

Contrairement à ce que pensent les déçus, le but des instituts de sondages, qui sont des entreprises commerciales, n’est pas de manipuler l’opinion, mais d’avoir des résultats assez justes pour décrocher de nouveaux contrats. Se tromper lourdement n’est pas une option commerciale. Ils sont donc un outil utile aux militants : savoir où on en est. Comme dit Sun-tzu, « Connais ton ennemi et connais toi toi-même, tu pourras sans crainte livrer cent batailles ». Mais les sondages nous aident-ils à « connaître » ?

D’abord, il faut bien mesurer que le sondage est une photo de l’instant, et pas du résultat dans plusieurs mois : c’est en cela qu’il aide à la campagne électorale entre aujourd’hui, où en est à « tant », et le jour où il faudra gagner. Ensuite, un sondage est petit par rapport à la masse des électeurs. Les instituts donnent aujourd’hui la « marge d’erreur » (par rapport à ce que voterait la totalité du corps électoral le même jour) en fonction du nombre de sondés et de la part d’un candidat. Par exemple : pour 600 sondés la marge d’un candidat estimé à 10% est d’environ 2% en plus ou en moins.

Rappelons les mouvements de la dernière élection nationale, les européennes de 2019. Partie de pas-grand-chose, la liste Jadot a vite rejoint la liste LFI mais aucun sondeur n’a su deviner le résultat final : 13,5 % pour Jadot, deux fois plus que la liste LFI ou la liste socialiste.

Mais un seul institut voyait encore le résultat inverse à la veille du vote : Harris. Tous les autres voyaient que, à la veille du vote, la liste Jadot passait devant la liste LFI, sans mesurer de combien, Ipsos se détachant par la moins mauvaise proximité avec le résultat :

Tous les instituts n’ont donc pas la même qualité. Un institut de sondage doit d’abord sonder. La qualité de l’échantillon fait déjà la différence. Ensuite il faut « redresser », interpréter les réponses en fonction des écarts passés entre les sondages et la réalité constatée au moment des votes. C’est là que se détachent les meilleurs sondeurs. Ipsos a montré avoir la meilleure méthodologie en 2019, Harris la pire. C’est pourquoi je m’intéresse aujourd’hui surtout aux sondages Ipsos, et fort peu aux sondages Harris (Une des grandes différences est que Ipsos ne retient que les réponses des personnes sûres d’aller voter, Harris prend en compte les déclarations de celles même pas sures de voter, ce qui élargit certes son échantillon, mais le pollue de réponses évasives.)

 Un premier sondage décevant.

Un premier sondage Ifop, au lendemain de sa désignation, accordait immédiatement un potentiel de 21 % de « prêts à voter Jadot ». Pas mal, mais il ne s’agit que d’un sondage de disponibilité, pas un sondage en situation de choix. Il révélait surtout qu’après un mois où la primaire étaient sur tous les médias, 20% des sondés n’ont jamais entendu parler de Jadot...

J’attendais donc avec impatience le premier sondage Ipsos après la primaire. Réalisé les deux jours suivant la désignation de Yannick Jadot, il est décevant le concernant, consternant en ce qui concerne l’état de la société française.

Premier résultat massif, consternant : Zemmour prend presque la moitié du vote Le Pen et dépasse n’importe quel candidat de la droite classique. L’ensemble de l’extrême droite (Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan) gagne 3 points et demi en 1 mois ! La contrepartie, c’est que le ticket pour le 2e tour descend à 16 % du fait de la baisse de Le Pen. Macron reste imperturbablement à 25 %.

Second résultat, décevant : Jadot perd un point, Mélenchon en gagne un, ils sont à égalité à 9%, si c’est Bertrand pour la droite avec Zemmour candidat. Dans les autres cas de figure, Jadot est devant Mélenchon.

Si l’on veut bien s’intéresser à ces mouvements de 1%, à l’intérieur de la marge d’erreur : le sondage a lieu en pleine « crise Rousseau », qui refuse de reconnaitre sa défaite et menace de ne pas soutenir Jadot. En deux jours, tout le gain d’une primaire apaisée, censée montrer l’unité et la responsabilité des écologistes, est anéanti. Nous savions le risque des primaires : exaspérer le « narcissisme de la petite différence », comme dit Freud, « une machine à perdre ». Mais nous avons pris le risque de la démocratie et du collectif, et nous en sommes fiers. Peu après le sondage, Sandrine Rousseau semble d’ailleurs revenue à la raison. On verra.

Mais le plus spectaculaire est l’écroulement du couple Hidalgo-Montebourg, qui perdent 4% à eux deux (dont Mélenchon ne récupère qu’1 % et Jadot rien). Anne Hidalgo chute de 9 à 5,5 %, suite sans doute à la victoire de Jadot, qui lui ferme son espace, et à une interview télé où elle commet 4 lapsus fort peu écolos dans la même tirade. Sans compter sa proposition, au débotté, de doubler le salaire des enseignants , si inattendue qu’il est difficile d’en mesure les effets politiques, même chez les profs.

Ce premier sondage indique clairement aux socialistes que leur « tenue » au élections régionales, avec une toute petite participation, n’invalide pas le constat des européennes de 2019 ou des municipales de 2020 : la force de reconquête sur la droite (classique, fasciste ou macroniste), ce n’est pas eux, mais l’écologie politique. Je pense qu’ils devraient avoir la raisonnable abnégation de se désister, comme Jadot, avec l’approbation des Verts, l’avait fait en 2017 pour leur candidat (alors en tête de la gauche dans les sondages : Benoit Hamon). Le PS le pourrait d’autant mieux que, contrairement à LFI et au PCF, il garde une vaste implantation locale : la présence à la présidentielle ne représente pas pour lui un marquage identitaire quasi existentiel.

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