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> L’Europe peut faire mieux - Les Verts font la différence (http://lipietz.net/?article1281)
par Alain Lipietz | 22 février 2004 Congrès Fondateur du Parti Vert Européen L’Europe peut faire mieux - Les Verts font la différence
Oui, l’Europe est notre protection, ou plutôt la seule protection possible, contre les multinationales qui veulent dégrader notre agriculture, qui veulent transformer la nature dans le sens de son artificialisation. Contre des multinationales qui veulent priver la nourriture de goût, qui veulent priver de protection les paysans au risque de dégrader la santé de la population. Oui, l’Europe est la seule protection possible. Alors, maintenant, la question est : l’est-elle réellement ? Au niveau du Parlement européen, l’histoire des OGM a été une succession de batailles que nous avons gagnées à chaque fois. Nous avons gagné de quelques voix de majorité, mais comme vous le savez le Parlement européen n’est pas le tout de l’Europe. Ce n’est qu’un des éléments dans la bataille qui se mène pour que les consommateurs, pour que les riverains, pour que les amoureux de la nature, pour que les paysans, pour que les citoyens protègent leur continent contre l’agression du marché et de la course au profit. En face il y a le Conseil, en face il y a les lobbies, en face il y a les intérêts nationaux. Renate dit avec raison qu’une des façons de ralentir la progression de l’irresponsabilité du modèle productiviste, du modèle orienté vers le profit, c’est de l’obliger à payer pour les risques qu’il fait prendre à la planète, de l’obliger à payer pour les risques qu’il fait prendre à la population. C’est ce que nous avons fait dans la bataille sur la directive pour la responsabilité environnementale des entreprises. Nous avons voté en première lecture le principe de précaution, le principe de pollueur-payeur et, pour être sûrs qu’ils seraient pratiqués, l’obligation pour les entreprises de contracter une assurance contre les risques qu’elles faisaient peser sur la nature, sur l’environnement et sur la population. Deux pays, la France et la Grande Bretagne s’y sont opposés farouchement, et ont réussi à amoindrir la portée de cette directive. La raison est assez simple : quand j’en étais rapporteur, j’ai reçu le lobby de l’assurance (il y a deux ans) et ils m’ont dit : "Nous sommes sûrs, dans la profession des assureurs, que la firme Bayer et BASF, va être condamnée à cause du Gaucho et du Régent (vous savez les insecticides qui tuent les abeilles). D’après votre directive, les entreprises devront remettre la nature en l’état, c’est-à-dire faire revenir les abeilles. Mais supposez que les abeilles ne reviennent pas, alors pendant combien d’années, nous, les assureurs, allons payer ?" Et comme la France et l’Angleterre sont les grandes puissances de l’assurance, elles ont défendu les assureurs contre le risque d’avoir à assurer les entreprises chimiques contre la destruction des abeilles. Ainsi vous voyez que l’Europe peut mieux faire, et c’est bien les Verts qui font la différence. C’est bien grâce à la bataille des Verts que l’Europe peut devenir la vraie protectrice de la nature et des consommateurs. Mais cette Europe-là, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, n’est pas encore capable de défendre ni la nature ni le consommateur. Les abeilles ont été détruites avant que nous puissions faire quoi que ce soit. C’est pourquoi nous avons besoin, lors de cette élection, d’une très forte progression des Verts dans tous les pays, d’une très forte progression non seulement des partisans d’une Europe forte, mais des partisans d’une Europe verte. Et je compte sur vous tous pour obtenir ce résultat dès le mois de juin prochain. QuestionComment promouvoir le développement soutenable ? Eh bien il y a trois façons, trois seulement, mais qu’il faut utiliser toutes les trois Il y a d’abord, tout simplement la vertu, l’esprit de responsabilité, la générosité et je crois que c’est la base de tout. Montesquieu disait que le principe de la démocratie est la vertu. Il ne peut pas y avoir de loi s’il n’y a pas, de la part des citoyens, la croyance et l’acceptation que ces lois sont bonnes pour chacun et pour tous. Et le travail des Verts, le travail n° 1, bien plus important que les élections, c’est de convaincre nos concitoyens de la valeur du développement soutenable. La deuxième façon, c’est l’intérêt bien compris. Chacun doit pouvoir intégrer dans son comportement que c’est moins cher pour lui de respecter l’environnement que de ne pas le respecter. Ça, c’est la politique : c’est la politique tarifaire, c’est la politique des subventions, c’est la politique agricole commune, c’est les écotaxes, c’est les taxes contre la pollution, etc. Et ce n’est pas au moment où l’on commence à parler d’environnement qu’il faut se rendre compte qu’utiliser ces instruments économiques peut avoir des effets sur les inégalités sociales. Les inégalités sociales, il faut les combattre avant, il faut les combattre indépendamment de la question de l’environnement. Si nous trouvons que la société n’est pas juste, elle l’est déjà qu’il y ait des pollutaxes ou qu’il n’y en ait pas. Mais évidemment on peut trouver des formes de taxations des pollutions qui sont les plus légères possible pour les plus pauvres, et les plus dures possible pour les plus riches. Ça, c’est un travail technique. Mais il faut combattre l’injustice sociale avant de se poser la question des pollutaxes. Et puis la troisième façon, c’est la peur du gendarme. Si les entreprises, dans leur course au profit ne veulent rien entendre, ni à la vertu, ni à la générosité, ni à l’esprit de responsabilité, ni même à leur intérêt bien compris, alors il faut leur interdire les pratiques dangereuses. Et je crois que la réglementation, quoiqu’en dise le Conseil de la concurrence, est quand même la façon la plus sûre de protéger la santé, la sécurité et la nature. Voir le contexte, et mon texte : Premier Congrès du Parti Vert Européen. |
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