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par Alain Lipietz | 11 mars 2022

Sur le discours du « candidat le mieux placé »
À quatre semaines du premier tour, chez les partisans de Jean-Luc Mélenchon comme dans les medias plutôt favorables à Macron, se répand le discours « Mélenchon est le mieux placé pour que la gauche figure au second tour », balayant tout débat sur le fond, et en particulier sur ses positions actuelles et passées dans le « domaine réservé du Président », le domaine international. Ce discours d’(auto)-intoxication s’appuie sur les actuels sondages.

 1. La question des sondages

C’est, il est vrai, la seule façon d’orienter les paris sur qui peut être en seconde position à l’issue du premier tour. Or, si nous regardons la dernière expérience réelle sur la qualité des sondages à l’échelle nationale, les européennes de 2019, la leçon est claire.

a. Les résultat ont énormément bougé pendant le dernier mois, la liste Jadot toujours très loin derrière son score final et derrière la liste LFI.
b. L’avant-veille du vote, les sondeurs se sont partagés en trois groupes :
- un se détache en prévoyant que la liste ecolo l’emporterait nettement sur la liste LFI : Ipsos.
-  Un s’est complètement planté, en inversant ce résultat : Harris
-  Les autres ont donné des pronostics médiocres
c. Même le meilleur (Ipsos) a sous-estimé de 50% le résultat écolo.
(Pour mémoire, le résultat deux jours après : 13,5 % pour la liste écolo, 6,5% pour la liste LFI.)

A cela , les LFIstes répondent routinièrement « Oui mais les classes populaires votent moins aux européennes qu’au présidentielles ». Sans doute, mais outre que les classes populaires ont des votes différenciés (les ouvriers plutôt pour LFI, les employés plutôt pour les écolos, les « professions intermédiaires », enseignant.es et soignant.es massivement pour les écolos) cette remarque est hors sujet : nous ne comparons pas les résultats entre deux élections, mais les capacités des différents sondeurs pour la même élection.

Comment expliquer ces faits ? Probablement :
-  La méthodologie de Ipsos est meilleure, il utilise une base de volontaires pour sondage par internet moins pourrie.
-  Même Ipsos ne peut prendre en compte le vote peu politisé, qui se décide au dernier moment, et pour l’écologie.

Qu’en est-il aujourd’hui ? On retrouve le même clivage entre « le meilleur » (Ipsos) et les « médiocres » ou fantaisistes (les autres) .

Le dernier "gros" Ipsos à ce jour (3 mars, échantillon de 3600) donne Mélenchon à 12 et Jadot à 7,5, un écart conforme à la chronique de 2019.

Si on veut des sondages plus récents (par rapport au 3 mars) , il faut se tourner vers les "médiocres". Ils indiquent (notamment Ifop) une légère tendance de Jadot à la hausse et une légère tendance de Mélanchon à la baisse, à partir d’un écart de 5 à 10, peu vraisemblable. Il En revanche, un nouvel Ipsos (7-10 mars), mais sur moitié moins de sondés) donne une stabilité de Mélenchon à 12 et une légère baisse sur le total des candidats de gauche : Jadot (effet Rousseau ?) et Roussel perdraient 1%.

Incidemment : chez Ipsos comme chez les autres, Hidalgo est dorénavant distancée par Roussel et en passe d’être rattrapée par Poutou (ce qui n’a rien de déshonorant : j’ai toujours dit que c’est un candidat de qualité.)

Quelle serait la barre à atteindre pour être au second tour ? Chez tous les sondeurs : battre Le Pen, dont le score est « la barre ».
Selon Ipsos du 3 mars : 14,5 % ce qui en effet reste possible pour un candidat de gauche (surtout si Anne Hidalgo fait preuve de l’esprit de responsabilité de Jadot en 2017)
Mais selon tous les instituts « médiocres » : Le Pen est à 18%, et selon Ipsos du 10 mars à 16 %.

Ensuite, quelle seraient les chances de battre Macron ? Ipsos ne donne pas le score de Macron-Jadot, mais teste Macron-Mélenchon : 67-33. Pas très « utile » si le but est de « battre Macron »...

Mais alors, quel serait le « second choix » des sondés à gauche ? Jadot serait, selon Ipsos, le second choix des actuels mélenchonnistes et des hidalguistes, Mélenchon n’est le second choix que des rousselistes. Jadot aurait donc été le candidat unique de consensus (même résultat que pour la Primaire populaire) ... mais ça, il aurait fallu l’admettre à l’été dernier.

 2. Le fond

S’il est donc très hasardeux de pronostiquer « qui est vraiment le mieux placé » à 4 semaines du vote, reste à s’orienter selon sa conscience. Les deux sujets de la semaine : l’Ukraine et la retraite à 65 ans.

Sur l’Ukraine :

Je l’ai déjà écrit, la ligne de JL Mélenchon « Pas un sous , pas une arme pour la République Ukrainienne, pas une sanction contre l’agression russe, pas d’attaque contre les intérêts de Total en Russie" m’horrifie. Elle s’explique sans doute par le choix de Mélenchon de confier la défense de la France à la dissuasion nucléaire, ce qui revient à un « tout ou rien »mortifère, contre lequel Jadot a payé de sa personne en « attaquant » l’Ile Longue en Zodiac pour un « contrôle citoyen » du respect par la France du Traité contre la prolifération nucléaire. Il y a aussi la complaisance de JLM pour l’action de Poutine, qui « a fait le boulot à Alep » et contre le régime ukrainien « néo-nazi ».

Je ne souhaite pas que mon pays adopte cette ligne.Je suis pour la sortie la plus rapide possible des énergies carbonées en général et de celles d’origine russe en particulier.

Sur les 65 ans. Cet objectif de Macron (sans doute pour ratisser à droite, car le COR n’en voit pas la nécessité) est une véritable aubaine pour la gauche mais ne jouera probablement qu’aux législatives, puis dans les rues : cette fois, même la CFDT condamne, ce sera chaud !
JL Mélenchon et Y Jadot sont d’accord pour réduire la durée du travail, Mélenchon pour le retour à 60 ans, Jadot pour rester à 62 ans mais passer aux 32 h modulables. Pour des raisons écologiques, je préfère la solution Jadot.

Et surtout, face à la toute)urgence écologique, une seule solution : la Révolution verte !




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