Monsieur George Bush
Président des Etats-Unis d’Amérique
Maison Blanche
1600 Pennsylvania Avenue
Washington, DC 20500

Le 2 juillet 2003

Monsieur le Président,

L’Union européenne est sur le point d’adopter des règlements sur l’étiquetage obligatoire des denrées alimentaires et aliments pour animaux génétiquement modifiés. Cette législation répond à une exigence démocratique et commerciale : laisser la liberté de choix aux citoyens. Lorsque ces lois entreront en vigueur, les Européens seront en mesure de faire un choix bien informé. Quand ils voudront acheter un produit, ils verront s’il contient ou non des ingrédients génétiquement modifiés.

Nonante-quatre pour cent des Européens veulent que leurs denrées alimentaires soient étiquetées. Jusque là, rien de très étonnant. Par contre, vous allez probablement être surpris d’apprendre qu’une proportion tout aussi importante de vos concitoyens - 93% - souhaitent l’étiquetage des produits alimentaires génétiquement modifiés selon les résultats d’une enquête téléphonique réalisée par ABC News en juin 2001. Cette même enquête révèle que 52% des Américains estiment que les produits alimentaires génétiquement modifiés présentent un risque sanitaire. Malheureusement, les Américains ne peuvent pas choisir entre consommer ou éviter les denrées alimentaires génétiquement modifiées. C’est un choix que vous devriez leur donner.

En tant qu’Européens, nous partageons votre inquiétude au sujet de la pauvreté et la faim en Afrique. Nous accueillons favorablement votre engagement à accroître l’aide alimentaire américaine et attendons avec impatience le jour où les Etats-Unis augmenteront leurs dépenses en faveur de l’aide au développement d’outre-mer au point d’ atteindre - voire dépasser - la moyenne européenne. Cela sera pour les pays en développement d’un bien plus grand secours que les produits alimentaires génétiquement modifiés que vous leur envoyez.

Quant à l’Afrique, Monsieur le Président, vous devriez cesser d’exprimer autant de contre-vérités au nom de l’industrie de la biotechnologie. Vous expliquez la famine en Afrique par la réticence des pays africains à cultiver des OGM. Cela est tout simplement faux et votre propre pays en est la meilleure preuve. Les Etats-Unis est le pays où le pourcentage de cultures OGM est le plus élevé. Or, les chiffres recueillis par le Bureau national de recensement révèlent que 5,6 millions d’adultes américains et 2,7 millions d’enfants "ne mangent pas à leur faim". Qui plus est, 20 millions d’adultes et 13 millions d’enfants vivent dans des familles dont l’alimentation est dite "à risque". La lutte contre la faim dépend bien moins des cultures OGM que d’une politique intelligente en la matière.

Monsieur le Président, votre pays est appelé la "terre de la liberté". Mais être libre signifie avoir le choix, et seul des personnes informées peuvent faire un bon choix.
C’est dans un esprit de solidarité que nous croyons que les Américains devraient avoir le même droit que celui dont les Européens vont maintenent bénéficier en vertu de notre législation sur l’étiquetage des OGM : le droit de choisir. Donnez le choix à vos citoyens, M. Bush : étiquetez les denrées alimentaires génétiquement modifiées.