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par Alain Lipietz | 14 avril 2011

Pourquoi je signe « Construire l’écologie pour tous et toutes »

Pourquoi je signe « Construire l’écologie pour tous et toutes »

Les enjeux du premier congrès d’Europe Ecologie les Verts sont assez clairs :

1. Poursuite ou non de « l’ouverture », construction de la coopérative ou repli sur « les verts en plus grand ».

2. Retour à la démocratie ou consolidation d’une ologarchie.

Aucun des autres « sujets » conjoncturels ou structurels de l’écologie politique n’est vraiment clivant, dans ce congrès.

Sur le projet ? tout le monde travaille ensemble, et la réponse aux deux premières questions définira si le projet sera assez enraciné dans les mouvements de la société pour « tenir le coup » dans les négociations avec les partenaires de la vieille gauche, avant comme après 2012.

Sur les alliances ? tout le monde se dit pour l’autonomie et une alliance à gauche, avec plus ou poins de « si… »

Sur la candidature présidentielle ? toutes les motions sont partagées entre Joly, Hulot, voire « ne pas y aller » ou « un ticket ».

Sur les guerres de Sako ? personne n’en parle. Sur la laïcité ? « Laïcards » et « laicités ouverte » se répartissent sur toutes les motions.

Et d’une façon générale, toutes les tendances anciennes des Verts, toutes les origines des « divers », sont éclatées sur toutes les motions, même si la motion « Maintenant » apparaît comme la motion de la vieille direction des Verts (les directions de tous les anciens courants verts autour de la direction de l’ancien courant EEA, et pas mal d’élus « divers ».)

Bref, le choix sera fondamentalement entre « la majorité de la direction sortante des Verts » et les artisans du rassemblement de l’écologie politique en coopérative, incluant et dépassant les Verts.

Pour avoir participé de très prés et tres activement aux campagnes européennes, législatives des Yvelines, régionales et cantonales, j’ai vécu nos premier succès dans l’enthousiasme, mais douloureusement subi la tension entre « ouverture/coopérative » d’une part, défense du bastion vert (élargi à quelques cooptés) au prix de la démocratie d’autre part. J’avais poussé plusieurs cris d’alarme, d’abord sur les résistances et les mauvaise pratiques qui préparaient le recul relatif d’EE aux régionales par rappport aux européennes (notamment en Ile de France), sur la « mise entre parenthèse » de la démocratie au profit d’une oligarchie, au nom bien sûr des « négociations délicates » entre Verts et Divers, etc.

J’espérais que le congrès de fondation, à Lyon, allait permettre d’en finir avec cette mise entre parenthèses de la démocratie. Il n’en a rien été . Nous avons désormais une direction qui n’exécute plus les décisions des militants. Elle les « consulte », puis fait ce qu’elle veut. Les cantonales, avec un nouveau recul par rapport à la barre de 2009, confirme cette tendance à l’enlisement : EELV a progréssé fortment par rapport aux verts, mais ne peut désormais plus se proclamer « troisième force politique de France », désormais distancés que nous sommes par le FN et rattrapé par le Font de Gauche.

Je pense, pour l’avoir vérifié sur le terrain chaque fois que nous avons su combiner coopération, ouverture et démocratie, que l’ouverture continue est la condition impérative pour permettre à l’écologie politique de s’affirmer, dès le premier quart de ce siècle, comme la force dirigeante de la sortie de la grande crise actuelle. Que la forme « coopérative » est la seule capable de fédérer les énergies dans un mode où l’esprit d’association peine à contrebalancer les tendances individualistes portées à l’extrême par notre civilisation. Qu’un noyau plus organisé permanent, de type parti, est cependant nécessaire à la stabilité et à la croissance de la coopérative. Que la démocratie et le respect mutuels sont la contrepartie de la mise en commun bénévole des efforts et des compétences au sein de la coopérative.

Conquête de l’hégémonie culturelle, coopération, démocratie, marchent rigoureusement d’un même pas.

Je regrette que les animateurs de la motion « Maintenant » ne l’aient pas compris. Leur motion peut se résumer à sa phrase « Une stabilité à notre mouvement et un mandat clair à une équipe dirigeante renouvelée, légitime et soutenue » , cette direction étant … la même , sans un mot d’explication et de rectification sur la suspension de la démocratie, et avec une référence du bout des lèvres à la coopérative en fin de texte.

J’avais signé la contribution « Radicalité et Réalisme » (RaRes->http://radicaliteetrealisme.europe-ecologie.net/]), qui dit exactement ce que je pense. Mais ses signataires ont choisi d’irriguer les autres motions au lieu de se constituer en motion.

En face de « Maintenant », deux motions expriment la continuité de l’espoir et la résistance à la suspension de la démocratie : « Construire l’écologie pour tous et toutes » (avec laquelle vient de se regrouper la motion « EELV2 ») et la motion « Envie »

J’ai hésité à signer la motion Envie. M’en a retenu le constat que la majorité de ses premiers signataires s’étaient violemment opposés au grand tournant de 2009, insultant les leaders de la liste européenne (Dany, Eva, José) et s’opposant au principe coopératif. Leur conversion, dont je me réjouis, me semble un peu manquer de gages, pour le moment. Secondairement, lorsqu’elle m’a été proposée, la motion contenait encore des scories anti-fédéralisme européen (qui ont disparu lors de la mise au format).

Je me suis donc résolu à signer pour « CET ». D’abord parce que ce texte insiste fondamentalement sur coopération et démocratie. Ensuite parce que j’y retrouvais nombre des artisans du grand espoir levé en 2009.

Soyons clair : j’y ai retrouvé aussi plusieurs de ceux qui, alors membres de la majorité sortante, ne s’étaient pas particulièrement illustrés par leur respect de la démocratie. D’une façon générale, j’ai de très proches amis politiques dans toutes les motions., en particulier des signataires de RaRes. Et tous, nous sommes écologistes, tous dignes de cette belle aventure.

Mais une élection interne est un choix limité, et je choisis « au plus proche ». Il faut même se réjouir que cette fois nous semblions échapper aux ribambelles de motions. Je ne me plaindrai donc pas que « CET » rassemble trop !

Parmi les amie-e-s qui ont signé de façon inattendue (pour moi) la motion « Maintenant », divers arguments ont été avancés.

D’abord justement la notion de stabilité. « Il n’es pas encore temps de se diviser , disent-ils, consolidons d’abord ce qui est acquis, la coopérative et la démocratie, on y veillera après le congrès. » J’entends cet argument, mais il ne me convainc pas. De toute façon, majorité et minorités gouverneront ensemble après le congrès, et se diviseront dès le premier jour sur les problèmes pendants. Mieux vaut fixer dès maintenant les principes de régulation des nécessaires débats entre nous.

Ensuite des arguments locaux. « Chez moi je m’entends bien avec ceux qui signent Maintenant, pas avec ceux qui signent CET… » J’entends aussi. Mais nous sommes un mouvement fédéraliste régionalisé, il est possible de voter telle au motion pour le national, et recomposer autrement pour la direction régionale.

Toute une série d’arguments enfin sont plus inquiétants. « Tu comprends je suis salarié du mouvement… » « Il faut sécuriser la candidature d’Eva… » « Il faut sécuriser la candidature de Hulot… » « Il faut sécuriser ma candidature sur telle circonscription… » J’entends encore ces arguments, parfois incontournables. Mais c’est cela même qui est très inquiétant. Si la survie dans le mouvement implique déjà l’allégeance à un groupe dominant qu’on n’ose plus contester, alors c’est que tout est déjà fichu.

Notre mouvement est tout neuf, quoique déjà lesté de « rapports de force ». Ayons, tous ensemble, la force de le relancer sur de bonne bases.

C’est pourquoi je vous invite à adhérer, si vous ne l’avez déjà fait, et à signer tout de suite la motion « Construire l’écologie pour tous et toutes »

Alain Lipietz.

PS. Détails techniques.

On vote en « AG décentralisées régionales ». Celles-ci ont lieu le 29 mia. Pour voter, il faut avoir adhéré à la structure « parti » du mouvement EELV avant le 10 mai. Les différentes motions sont publiés avec une liste de signatures indiquant aux hésitants « qui est derrière quoi ». Il est donc important que chaque motion bénéficie d’un maximum de signatures.
Pour signer, cliquez sur le lien ici. Vous aurez alors accès au texte de la motion, à un « mode d’emploi pour signer » avec un coupon de signature, à renvoyer signé avant le 20 avril.




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