Article remis en chantier !

À l’origine, c’est une annexe de mon livre Face à la toute-urgence écologique : la révolution verte : une comparaison des scénarios de transition énergétique négaWatt et RTE. Mais depuis l’agression russe sur l’Ukraine et l’explosion du prix du gaz et du pétrole qui s’en est suivi, la sortie très rapide de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie est devenue une nécessité « hyper-urgente » et officiellement reconnue. La Commission européenne vient de publier un plan pour sortir de la dépendance au gaz et au pétrole russes le plus vite possible, « bien avant 2030 », c’est à dire bien avant ce qu’exige la toute-urgence climatique. Dès lors, les scenarios RTE sont presque tous caducs, car on ne construira pas des centrales nucléaires pour se substituer au gaz russe dans les délais prévisibles de la confrontation avec la Russie !

Ajoutons qu’il en est de même pour la dépendance de la filière nucléaire française. En amont, nous dépendons du minerai d’uranium, essentiellement importé du Kazakhstan, d’Ouzbékistan et du Niger. Les deux premiers sont d’anciennes républiques socialistes soviétiques restées proches de la Fédération de Russie. Le troisième est le mobile de l’engagement militaire français au Sahel, mais la chute récente du Mali, en quelques mois, dans l’orbite du Groupe Wagner (l’armée privée de Poutine) montre que la domination française y est fragile.

Idem coté recyclage, voire simple dépôt, des déchets radioactifs : ils partent vers la Russie. Notre filière nucléaire est donc également menacée par le jeu des sanctions et des rétorsions.

Le vrai problème est alors : quelle sera la pondération entre la recherche de nouveaux fournisseurs pour les mêmes techniques, et la transition réelle vers les techniques de l’énergie renouvelable. À terme immédiat la première solution sera évidemment privilégiée, mais ce serait laisser passer une occasion historique de pousser les feux vers les économies d’énergie et l’installation d’énergies renouvelables : ce que dans mon livre j’appelle « moment Pearl Harbour ».

Un exemple concret. Je vice-préside le plus grand réseau de chaleur géothermique d’Europe. L’essentiel de la chaleur (pour le chauffage et l’eau chaude au robinet) vient de la géothermie, mais la température de l’eau arrivée en surface est insuffisante : en hiver il faut compléter par des turbines de cogénération et des chaudières à gaz. Avant même la guerre, nous avons dû faire des acrobaties pour passer cet hiver, mais nous remplaçons ces appoints-gaz par des pompes à chaleur, qui seront prêtes... en octobre prochain !