Charb et Cabu étaient venus soutenir mes campagnes électorales, les illustrant à la volée de leurs dessins rigolos et toujours pertinents.

Bernard Marris, « Oncle Bernard ». Plus qu’un copain, un frère d’arme, venu comme moi des recherches marxisantes en économie régionale pour évoluer vers la critique écologiste des crimes du libéralisme. Il m’avait soutenu, je l’avais soutenu comme candidat Vert. J’avais aimé jusqu’à son téléfilm FR 3 de l’automne dernier, « Ceux de 14 », parce que, comme Natalie Gandais, sa compagne était de Chateauneuf sur Loire et fille de Maurice Genevoix.

Cabu et Wolinski, politiquement, c’était « mes » tontons rigolos depuis Mai 68, Hara-kiri, Le Pavé. En plus Cabu (avec Isabelle) fut l’un de nos premiers maîtres en écologie.

Mais Cabu remonte encore plus loin dans mes souvenirs d’enfance (quoi !! il était déjà là ??), juste après le Petit Nicolas de Sempé : le Grand Duduche, le lycéen de Chalons sur Marne qui ne devait plus jamais vieillir, même si ses soeurs épouseraient des Beaufs successifs.

Comme Cyrano, le Grand Duduche est mort assassiné. Les Nouveaux-nouveaux-nouveaux-Beaufs ont gagné, frappant au cœur, avec la plus cruelle justesse, au cœur de notre enfance, au cœur d’un monde qu’ils haïssaient, et qui, si pourri soit-il (et les copains de Charlie Hebdo ont fait bien plus que bien d’autres pour le rendre meilleur), c’est notre monde, qu’on soit du terroir ou comme moi enfant d’immigré.