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> Comment le PS pousse Bayrou (http://lipietz.net/?article2005)
par Alain Lipietz | 17 mars 2007 Bulletin Audaces Comment le PS pousse Bayrou
Ce n’est probablement pas que les gens ne veulent plus aller à gauche. Mais actuellement, la gauche n’est ni crédible ni désirable pour l’électorat. Elle n’est pas désirable faute d’un programme alliant le social et l’écologique. Elle n’est pas crédible faute d’une alliance solide et proclamée avant la présidentielle, entre les forces qui pourraient constituer une majorité parlementaire. Et de nouvelles fractures (sur le foulard, sur l’Europe) minent sans doute son attractivité pour un bon bout de temps. Ce qui avait permis la victoire de 1997, c’était l’affichage de « l’union de la gauche et des écologistes ». Une coalition appuyée sur une série de mesures phares portées en commun et qui pouvaient satisfaire tous les partenaires : les 35 heures, la fermeture de Superphénix, la parité, le PACS… Aujourd’hui, rien de tel. Avec le blocage des négociations entre le PS et les Verts, qui peut rêver : « Si Ségolène passe, j’aurais ça… » ? Un porte-parole de Ségolène, le noniste Arnaud Montebourg, se permet même de rejeter les voix écologistes en promettant la construction de l’EPR et la relance du nucléaire ! Le seul argument qui reste au PS c’est « Battre Sarkozy » ! Mais pour cela, des électeurs traditionnels du PS sont tentés par Bayrou… Il est vrai qu’au Parlement européen, il arrive de plus en plus souvent que les eurodéputés UDF, qui siègent au groupe ALDE, se déportent vers la gauche. En 2004-2005, ils votaient les pires horreurs avec les libéraux allemands et britanniques. Mais désormais s’expriment à l’ALDE les gauches démocratiques, modernistes et pro-euroépennes des nouveaux pays de l’Union. Et surtout y siègent les eurodéputés du parti de Romano Prodi qui, en obligeant toute la gauche italienne à se regrouper autour de lui, a battu Berlusconi. Et ce modèle Prodi tente Bayrou. Serait-il alors raisonnable de miser sur l’UDF pour faire battre Sarkozy ? Sur le papier, il semble plus facile de faire gagner au second tour un centriste qu’une femme de gauche, face à un enragé de droite ! Dans un duel Sarkozy-Bayrou, Bayrou entraînerait beaucoup de ceux qui ont préféré Chirac à Le Pen. Mais une fois gagnée l’élection présidentielle, comment mettre en œuvre un programme de transformation ? Comment construire une majorité parlementaire avec les députés de Bayrou, élus dans des circonscriptions de droite, par des électeurs de droite ? Ne nions pas que, dans ce chaos de la gauche, l’attitude de certains « grands élus Verts » porte sa part de responsabilité : la moitié des eurodéputés et des sénateurs Verts, en soutenant d’autres candidats que celle choisie par les militants, ont affaibli considérablement le pouvoir de négociation des Verts. Mais la responsabilité du PS dans le refus de construire une alliance crédible est totale. Il ne lui reste que peu de temps pour éviter une nouvelle catastrophe. |
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