Son rapport (pdf, 129 ko) exprime jusqu’à la caricature l’hostilité de la droite européenne à cette institution d’inspiration "développementaliste", accusée, à la limite, de malversations. La violence du ton a choqué tous ses collègues, y compris au sein du PPE. Toutefois, beaucoup de ses critiques sur le manque de transparence et l’inadéquation des projets financés (au regard de la politique de l’Union) reflètent les doléances permanentes des ONG regroupées dans le collectif Bankwatch.

Placé dans la même situation, lorsque j’avais eu l’honneur de rédiger le premier rapport du Parlement européen sur la BEI, et j’avais choisi de négocier avec celle-ci un rapport modéré en échange d’ouvertures de la BEI vers les ONG et la société civile. Les rapporteurs qui m’avaient succédé les années suivantes avaient adopté la même attitude et les mêmes compromis.

Le PSE et le PPE ont tenté de convaincre Mme Ridruejo de retirer son rapport (nous nous y sommes opposés) ou du moins de l’adoucir (ce avec quoi nous étions d’accord). Les choses ayant tourné au vinaigre, le PPE et le PSE ont déposé une avalanche d’amendements de suppression, qui ont bien sûr été tous votés. Ce qui était parfaitement justifié pour beaucoup d’entre eux, mais injustifié s’agissant de certaines critiques légitimes adressées à la BEI. Après un tel « blanchissement » le Parlement n’aurait plus rien à redire à la BEI. Voir le rapport ainsi amendé (sur le site du Parlement européen, doc, 59 ko), qui prend le nom de la présidente de la Commission, Mme Ridruejo l’ayant désavoué. Je note avec amusement que surnage de ce jeu de massacre la nécessité d’un contrôle prudentiel de la BEI par la BCE que le PPE et le PSE m’avaient refusé il y a quatre ans !)

Le rapport Ridruejo était ainsi vidé de toute sa substance, je me suis retrouvé seul, avec la maladroite auteure, à voter contre.