Le Parisien : Entre les Verts et le PS, est-ce l’impasse ou déjà l’échec ?

Alain Lipietz : Notre stratégie nationale, c’est de recommander aux régions une stratégie d’autonomie au premier tour pour mieux jouer la carte de l’union de toute la gauche au second. A ce jour, chez nous, onze régions ont voté : huit ont choisi l’autonomie, deux (Poitou-Charentes et Pays de la Loire) poursuivent les négociations pour une éventuelle union au premier tour, une seule - Paca - a choisi l’union dès le premier tour pour faire barrage au FN. En Ile-de-France, on votera le 25 novembre : je pense que la stratégie d’autonomie sera adoptée. Nous ne reviendrons donc pas sur ce que nous avons préconisé...

Les socialistes l’espèrent pourtant...

AL : Ils mettent la pression, c’est sûr. Pour une raison simple : les sondages indiquent qu’il va y avoir un grand vent favorable aux Verts d’un côté, à l’UDF de l’autre. Ce qui s’annonce, c’est un vote de rejet du bipartisme que cherchaient à imposer le PS et l’UMP. Comme, en plus, les Verts sont en Europe en phase ascendante et comme nos propres tensions internes se sont apaisées, le PS a peur du rapport de forces qui pourrait naître du premier tour...

Ont-ils raison d’avoir peur ?

AL : Non. Peut-être que la force retrouvée des Verts s’exercera à leurs dépens au premier tour mais, au second, cela ne rendra que plus facile une grande victoire du rassemblement de gauche. Si nous « fixons » au premier tour un électorat qui juge que le PS n’est ni assez social ni assez écologiste, eh bien, nous aurons tous ensemble de plus grandes chances de garder des régions, et même d’en conquérir de nouvelles. Le fait que, à droite, l’UDF se sépare de l’UMP conforte notre propre stratégie.

Pourquoi continuez-vous à discuter avec le PS ?

AL : Parce que nous avons tout intérêt à préparer longtemps à l’avance la fusion de nos listes, mais la fusion du second tour.

Propos recueillis par Dominique de Montvalon