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7/06: Victoire posthume de mon père à Toulouse.
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1er/06: Pat chez les Verts. Toulouse et Arno Klarsfeld.

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Pat chez les Verts. Toulouse et Arno Klarsfeld.


jeudi 1er juin 2006

Bien sûr, le couloir des eurodéputés Verts de Bruxelles est secoué par les nouvelles qui nous arrivent de Paris : le dépouillement du vote sur le choix de notre candidat à la présidentielle donne l’égalité entre Dominique Voynet et Yves Cochet ! Un mauvais gag, auquel nous sommes assez habitués au (...)


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Pat chez les Verts. Toulouse et Arno Klarsfeld.

jeudi 8 juin 2006

Cher Monsieur

Merci pour vos encouragements qui compensent le tombereau de lettres anti-sémites que je reçois en direct.

Vous évoquez justement le sujet de la « scène primitive ». Les scènes primitives de mon père, comme déporté, étaient elles aussi toutes plus « anti-collabos » que « anti-allemandes », même si dans son « auto-épitaphe » (le faire-part de décès qu’il avait rédigé avant sa mort), il s’en prend d’abord aux nazis, puis aux collabos : « Miraculeusement rescapé des griffes des gangsters SS, il n’a jamais oublié les centaines de petits enfants qu’il a vu partir vers une mort atroce. Il n’a jamais pardonné à leurs bourreaux nazis ni surtout à leurs ignobles complices de Vichy dont le rôle a permis l’accomplissement de tels forfaits ».

Mon père a été dénoncé par des Français, déporté par des cheminots français, puis gardé par des gendarmes français. Son vrai problème c’était les gendarmes, qu’il a vu pointer leur mousqueton sur les enfants hauts comme 3 pommes d’un des derniers convois (il en a parlé en pleurant à la télé, et ce cauchemar a hanté ses derniers jours) , et « la Sncf » incarnée dans un homme, le secrétaire d’Etat aux communications, Jean Bichelonne (les cheminots , il ne les a pas « vus », pendant le voyage, et c’est ce qu’il leur reproche). Bichelonne n’était pas un dirigeant direct de la Sncf, mais chez les X-Mines responsables de la Sncf (les Berthelot, Gibrat, Le Besnerais), y en a pas eu un pour racheter l’autre.

Qui était Bichelonne ? Reçu major à l’X avec 19,75 de moyenne (il a égalé Arago, major 1803), c’est donc une des hommes les plus intelligents (en terme de QI) de l’histoire de France. Papa, qui me tannait pour que je fasse Polytechnique (sa revanche : lui n’avait pas pu passer le concours pendant l’Occupation), me tannait aussi pour me mettre en garde contre l’exemple de Bichelonne, le collabo par technocratisme qui a fini, comme Céline, ultra-collabo : « Monter qu’on peut faire rouler les trains de déportation mieux que les Allemands ». C’est je crois le fond de la plainte de mon père en tribunal administratif. C’est pourquoi, dans mon adresse au tribunal, j’ai cité Hanna Arendt (« crimes de papier, banalité du mal ») et Adorno (« raison instrumentale »).

Mais votre légitime colère vous égare quand vous vous en prenez aux sempiternelles grèves alimentaires des cheminots. Outre que beaucoup de ces grèves portent sur des revendications légitimes , y compris la défense du statut de « service public » de la Sncf (que celle-ci a nié dans sa défense contre mon père !!), il ne faut jamais oublier que les cheminots, comme les postiers, enseignants et même policiers et autres fonctionnaires, ont largement participé à la Résistance. Ma mère et mon grand père aussi, mais comme elle n’était qu’étudiante et lui petit commerçant, aucune administration ne peut s’abriter derrière leur héroïsme pour excuser sa compromission.

Il y aura un jour à examiner la question : « Pourquoi les cheminots résistants, actifs pour paralyser les trains à vocation militaire ou économique, n’ont presque rien fait pour paralyser les trains de déportation ». On cite seulement UN meccano qui a dit « je ne conduirai pas ce train ». Tous ses collègues l’ont félicité, et lui a été renvoyé de la Sncf. Un an et demi plus tard il sera arrêté et déporté mais l’Histoire ne dit pas si c’est pour un autre fait de résistance ou celui-là. Si tout le monde avait fait pareil...

Les autres ont-ils agi par indifférence (voire antisémitisme chez certains : il n’y a pas que les cheminots polonais de Shoah), besoin impératif de gagner sa croûte, orgueil professionnel mal placé, peur de la répression ? Sujet encore largement tabou. Le combat de mon père ne les visait pas : il visait Bichelonne. Même pas : l’esprit Bichelonne. L’implacable logique des administrations et technocraties.


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