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En réponse à :Le Non de droite à l’offensive
lundi 26 juin 2006
Ca va nettement mieux par rapport à mon blog triste. D’abord, la nouvelle opération de ma compagne Francine s’est bien passée. D’autre part, les nombreux messages amicaux d’un peu partout m’ont un peu réchauffé le cœur. Cela dit, je persiste et signe, la France va vraiment très mal. Cette (…)
En réponse à :
Chemins de memoire
Mes salutations tres chaleureuses a ta compagne, Francine.
Un bout de ce texte, de ce « pays perdu » m’a étrangement reconnectÉ avec le mien. De pays perdu.
« Ce que nous n’avons pas fait, il faut le faire maintenant, accepter toute l’histoire, la gloire comme la honte et surtout, la banalité, bannir notre exception et notre vanité de grande puissance déchue, nous forger une autre identité, un puzzle où chaque pièce s’emboîtera au lieu de s’opposer pour former une image. Alors seulement nous n’aurons plus peur, et nous aurons la force que donne la vérité sans euphémisme ».
Tu evoques l’amnesie, la denegation...
meme chez certains de mes petits camarades « djeunss » (25-30 ans), le passe colonial ne fait même plus office de cadavre dans le placard...Alors pensez donc, Vichy...
Mais ne desesperons pas trop vite. Meme si le "blog triste" se comprend aisement.
car il existe et existera encore des passeurs, des gens qui savent transmettrent de bonnes questions, sur tous ces sujets.sur ce qui est juste, de l’oubli necessaire, de l’amnesie criminelle, de l impunite.
y a de l espoir, car toujours il y aura des gens au front, pour alerter les autres. des vigies.et des passeurs.
notamment ceux qui s attardent sur les zones grises de l’imaginaire collectif, des liturgies politiques, des grands mythes qui perdurent, les zones grises du flou, ceux qui savent parler de l’ambigu fondamental du reel, toujours a construire, toujours formidablement imparfait, toujours humain.
de cette zone mouvante entre le salaud et le heros.y a toujours des gars qui savent transmettre des outils, et parfois meme leur usage.et notamment des profs d’histoire.
ce qui est tout a fait engageant pour l’avenir...
Car en lisant, tous ces posts, ces recits, ces avis, et ce beau texte Pays perdu si dérangeant pour nos bonnes âmes, de vieux souvenirs de cours d’histoire locale me sont revenus. Et quelques pensees simples, que je me permets de partager ici.
J’ai pense, figures-toi, Alain, a Pau, ma ville, mon pays perdu, mun pais ou, j’ai cru comprendre, "des gens" ont aide ces membres de ta famille en 1944, afin de les faire passer en clandestin en Espagne.
Pau, mon pais, le meme microcosme, 40 000 habitants a tout casser a l’epoque, ou "d’autres gens" ont denonce et envoye vers une mort certaine ces membres de ta famille.
memes types de gens, peut etre.peut etre pas.
J ai toujours pense que j avais grandi dans une "ville de collabo", avant de rencontrer un passeur, qui m a d’abord calme, puis m a montre le complexe.
la France decouvre le parcours et le calvaire ces jours ci des tiens.
banalite du mal, a Pau.a Toulouse. Pau, ou tout va bien, depuis le haut debit, le zenith et le sublime palais des sports.toulouse, ou tout va bien depuis baudis, airbus, le centre propret.tout est radieux.il fait beau.qu’est-ce qu’on vient nous emmerder avec toutes ces conneries ???hein ???oiseaux de mauvais augure, vous allez tout gacher...
Pau, ville petainiste jusqu a la mi 1944, ou graffitis, adhesion populaire et manifestations de soutien s’y donnerent a coeur joie. si tard encore...
Pau, toute autant ville genereuse d’accueil des refugies espagnols republicains, d’Aragon et d’Asturias.
zone grise.
Pau, ville de collaboration, ville de la petite balance mesquine. Pau ville de maquisards du quotidien, du petit ou grand geste de solidarite. Cheminots actifs, cheminots passifs, cheminots, des gens, tour a tour, ou dans un meme elan, ou simultanement, des hommes, ni plus ni moins.
épargnons nous la question retroactive parfaitement inutile et inappropriee de notre propre action dans ces circonstances.puisque l’on parle de responsbilite institutionnelle, d accountability comme disent les anglo saxons qu il est de bon ton d’honnir ces temps-ci, au nom des grands anathemes generalisateurs. avec ou sans tailleur, avec ou sans perles... l’anglo-saxon nous a aussi apporte robert paxton...et oui, c’est etonnant, il a fallu attendre l’historien Robert paxton pour regarder vichy dans les yeux, sans coup ferrir, pour la premiere fois.il a fallu un ricain.un gringo.et attendre 25 ans.
Incompressible, totale, atroce absolution des hommes et des institutions de cette epoque.La France, c est aussi cela. Une construction nationale, avec ses "grandeurs", ses mythes, ses bassesses, ses impunites, et son passe qui ne passe pas.
Le trefonds de ce fragment d’identite la, le pas tranquille, la, au fond, se reveille depuis disons, papon. La France, j’ose l esperer avec optimisme, va commencer a se regarder en face, peu a peu, par la force des choses.
cote colonial, le reveil des identites bafouees, blessees, sans faire de la victimite a deux balles, est le premier acte. Ca fait peur, c est du bon terreau. ca se (golene) capitalise a peu de frais, indirectement, sans parler des droites.
L’ apaisement conciliant viendra peu a peu clore cette incroyable tension qui regne en france, une fois que les francais auront reconnu et assume sereinement le reel vrai veritable de son histoire sous l occupation et de son histoire coloniale.prendra une demi-generation comme dirait l’autre.
Il est desolant de constater que ces combats pour la memoire et la responsabilite (dont cette victoire de Toulouse, dans un TA francais et non new-yorkais, est un magnifique exemple), se heurtent a des avis et des reponses toujours dilatoires, outrees, ou genees.pas possible de parler de tout cela en mode depassione, evidemment.mais on pourrait esperer mieux.
mais il est tout a fait possible que ceux qui pissent plus haut, ceux qui gueulent plus forts leur outrage, soient l’arbre hostile et bruyant qui cache les sympathies de milleirs d’arbustes plus freles, silencieux, qui ont de la sympathie pour cette victoire, pour ce combat familial.pour ce qu il represente en terme de Droit, de droits, de symbole, de justice, et de responsabilite d’un Etat de droit.la fiction a sans doute ete utile en son temps, mais elle n’a plus lieu d etre.
J’ai grandi a Pau.je vais encore vous saouler avec ca... Ville ou il y a une avenue, un Cours Leon Berard.
Leon Berard.Les chemins de la memoire sont sinueux en France.qui donc etait ce type ?sur une plaque, a saint palais, aussi, ou une ecole porte encore son nom, on peut lire qu il etait un academicien, homme politique de la III eme Rep.
Il y a 70 ans, en Espagne, c etait 1936.victoire du Frente popular.agression fasciste-nationaliste de Franco.2,5 ans de guerre.1 million de morts.et 500 000 exiles.effondrement de l Espagne anti-fasciste.trahie par la non intervention, la passivite.
la France depeche un representant de l Etat en 1939.leon berard.agree par franco, qu il considerait comme ami sur de l Espagne selon l historien hugh thomas.
Le gouvernement selon lui donnait satisfaction sur tous les points aux nationalistes.
C etait 1939.le bien.le
mal.les radicaux socialistes.les valeurs.
les zones grises.
A Gurs pendant ce temps, tout se degrade. Gurs, un camp francais, dans le sud ouest bucolique.on avait accuelli, a pau, a gurs, de nombreux refugies. pres de perpignan, aussi.
« accueil » des refugies, lesquels, accroupis pendant des mois, voient les gabardines des policiers francais et des barbeles (d ou l expression GABACHO, pour designer les francais en espagne...entendue hier avant le matche de foot, d ailleurs...c est pour dire si elle a fait flores l expression nee dans les camps francais..mais cette surpolitisation est facile, desole..).
puis fin printemps 1940, on heberge les indesirables.et apres le 3 octobre et le fameux decret statut des juifs, on interne les israelites.Pour l historien Claude Laharie, « imperceptiblement, sans a coup, Gurs devient en bearn le symbole meme de l arbitraire. bientot viendra le temps, de renoncement en renoncement, les juifs seront livres aux nazis".
il poursuit :
4 premiers convois : 2212 hommes et femmes, partis d oloron pour l’extermination avant le 11 novembre 1942.Cette date est importante car elle est celle de l’occupation de la « zone libre « par les allemands. Ces 4 convois surveilles par la gendarmerie nationale sont donc partis de la zone relevant de vichy, d’un lieu represente par le senateur et president du conseil general Leon Berard.
En novembre 1940.nomme par petain ambassadeur de vichy au vatican.il oeuvra a ce poste pour que le st siege n’emette aucune reserve sur les lois anti-juives promulguees par le regime de petain.dans un rapport remis le 2 septembre 1941 a petain, leon berard conclut :" il ne nous sera intente nulle querelle pour le statut des juifs.."
Le 1er janvier 1943, a rome, alors que la fiction de la France libre conduite par petain a deja vole en eclat, il reaffirme sa fidelite totale eu marechal.
un beau cumul de fonctions, leon...(allez leon, on sait qui l a paye ta...)
Leon berard.je me demande si j’ai pas fricotte sur cette avenue, dans les 1990s...
Leon berard.il est reste au vatican jusqu en aout 1944.il est reste en Italie jusqu en 1948.attendant son immunite.
Sa memoire est aujourdhui intouchable.solidarite des corps, respect pour la figure intellectuelle.
Il n est pas une institution. Les gens sont choques de ce type d’histoire de type pas clairs, jamais entendus, jamais juges.
La SNCF est une institution publique.
Impunites des hommes, moins contestees.le salaud a un visage.
Impunite des institutions d’etat, alors la, pas touche.
La Sncf, c est maman : tout est dit avec ette formidable maxime...
Ca me fait chier qu il y ait des ecoles portant le nom d’un tel bonhomme. Serge klarsfeld declare que ces positions traduisent une fixation de la memoire sur vichy, alors "qu’il ne viendrait a personne l’idee de debaptiser un lycee st louis ou voltaire, qui etaient anti-juifs..."Circulez, tout ça n’a rien a voir, nous dit-il.etonnant raccourci.
Bon, j’y vais, je me fais long la : je voulais juste manifester par le present post, QUE des gens, partout, sont la, debout, avec gratitude pour des types comme toi, qui transmettent des outils, des bonnes questions, des choses qui sont de l’ordre de l’indicible.
respect pour ce combat.
beaucoup de gens non lies personnellement ou familialement a la communaute juive, aux cheminots, aux collabos ou aux resistants, la ferment mais n’en pensent pas moins.
La lucha sigue.