L’incroyable succès d’Europe Écologie, qui place l’écologie politique à égalité avec le Parti socialiste, et largement devant lui en Ile-de-France, est très probablement de portée historique. Certes le test n’a concerné que 40 % de votants, moins « eurosceptiques » et plus politisés que les abstentionnistes. Mais il est probable qu’une bonne partie des abstentionnistes choisirait plutôt EE pour sortir aujourd’hui de sa bouderie.
Depuis près de 20 ans, j’affirme que l’écologie politique sera la gauche, ou mieux « l’alternative » du 21e siècle, ce qui implique qu’à un moment donné les électeurs lui apporteront un crédit d’abord égal, puis supérieur à celui qu’ils accordaient à la social-démocratie. Ce moment est peut-être arrivé. C’est pour nous une immense joie, un immense honneur et une charge écrasante.
Les résultats sont aujourd’hui bien connus mais pas encore analysés. Europe Ecologie, « troisième parti » comme je l’avais annoncé ici-même, aurait pu, à 37000 voix près (quelques heures de campagne supplémentaires), se retrouver second. Il domine le Parti socialiste (et se retrouve parfois en position de « premier parti ») dans 37 départements, dont tous ceux de l’Ile de France, dans toutes les métropoles et dans leurs banlieues « classe moyennes éduquées » (ce que l’on appelait jadis « petite bourgeoisie salariée » : non pas tant les « bobos » que les « petits-bobos »). Emblématiquement, EE est en tête avec 29% à Grenoble, symbole ancien du « mendèsisme ». Les soixante-huitards auront reconnu l’alliance de Charléty, le débouché possible « radicaux + modernistes » de Mai 68, rapidement évincé par l’alliance de Mitterrand et du PCF.
Mais derrière cet ancien cliché journalistique, je guette, depuis les premiers grands succès de l’écologie politique, comme ceux de 1989, 1992, 2001 et 2008, son enracinement populaire en des terres qui lui furent d’abord étrangères. Typiquement, Michèle Rivasi (EE Sud-Est) fait presque aussi bien que Dany Cohn-Bendit (EE Ile de France), et pas seulement dans l’ancienne zone de la Frapna (la Fédérartion rhône-alpine de protection de la nature, mère de toutes les ONG françaises d’environnement). Elle fait son meilleur résultat départemental en Corse où est élu son second de liste, François Alfonsi, de Régions et Peuples Solidaires, typique représentant de l’autonomisme non violent : encore un héritage populaire post-68ard.
Chez les paysans, bien sûr José Bové fait un carton en Aveyron et dans les zones d’agriculture traditionnelle menacée. Mais le porte-parole de l’autre composante historique de la Confédération paysanne, celle des producteurs laitiers, François Dufour, n°2 sur la très difficile circonscription nord-ouest, fait carton plein à Saint-Lô et manque l’élection à une poignée de voix près. Ce qui, si le ministère de l’intérieur ne truque pas la procédure, assure à EE un quinzième député après la ratification du traité de Lisbonne (qui donne à la France deux députés supplémentaires).
Et chez les ouvriers ? Il est clair qu’ils restent le point faible pour l’écologie (mais quand même 12 % !), et en particulier dans ces « capitales du désespoir » où prospère encore la bête immonde, Valenciennes, Hénin… Mais, depuis Villejuif, je scrute les évolutions de la Banlieue rouge. Dans mon coin, que dominait jadis le PCF de façon écrasante, l’empoignade est furieuse entre Verts et communistes (aujourd’hui « Front de Gauche ») depuis plusieurs années. EE est la première liste dans des villes comme Arcueil, Kremlin-Bicêtre, Fontenay, Fresnes, battue de quelques dizaines de voix par le PC à Ivry, Vitry, Gentilly, Villejuif, mais domine et PS et PCF à Choisy. À part le calamiteux résultat de Villeneuve St Georges, l’écologie s’affirme comme alternative possible pour les banlieues ouvrières où se profile déjà la reconversion.
Résultat qui se confirme en Seine Saint-Denis. EE est en tête à Saint-Denis et Saint-Ouen, et partage avec le PS sa victoire de l’an dernier sur un PCF particulièrement archaïque. Mais c’est surtout à Montreuil que se confirme de façon écrasante, sur le PC et sur le PS, la première victoire remportée l’an dernier, par une liste écologiste autonome, sur la vieille « union de la gauche », dans une ville de plus de 100000 habitants.
Je l’avais dit alors sur mon blog : cette victoire emblématique de Dominique Voynet ouvrait de nouvelles perspectives. Elle avait su regrouper, au-delà des Verts, des associatifs et des dissidents du PS. Un tel schéma était-il reproductible à l’échelon national, à la faveur des européennes ? Je l’ai pensé alors, et j’avais soutenu d’emblée ce qui allait devenir Europe Ecologie.
À ce succès, il existe des raisons profondes, ancrées dans l’histoire de longue période à la Braudel, et des raisons conjoncturelles.
Les raisons profondes, je les analyse dans mes livres depuis Vert Espérance et surtout Face à la crise : l’urgence écologiste. Les crises écologiques cumulatives se développent depuis près d’un demi-siècle sous les coups des modes de production et de consommation capitalistes, que ce soit dans les régimes dirigistes des années 50 (et encore plus spectaculairement dans les régimes à planification centralisée, comme l’Union soviétique : mer d’Aral, Tchernobyl...), ou que ce soit sous le modèle de développement néo-libéral mondialisé, depuis les années 1980. Ce libéral-productivisme est entré, l’an dernier, dans une de ces grandes crises qui scandent l’histoire du capitalisme : une crise qui combine certains aspects de la crise des années 1930, et d’autres qui rappellent plutôt celle de 1848. À cela s’ajoutent des mutations encore mal explorées : le vieillissement de la population humaine, l’artificialisation du corps humain...
À ces questions, la social-démocratie traditionnelle n’a absolument aucune réponse, et se contente d’en appeler aux recettes qui ont déjà échoué en 1981, face à la crise du modèle de développement fordiste : la relance nationale par la consommation. Presque partout en Europe ce keynésianisme national est écrasé, d’autant plus que l’ultime tentative de « rénovation de la social-démocratie », le social-libéralisme de Blair et Schroeder, est depuis 10 ans déjà rejeté par les électeurs. Depuis un an, le dirigisme et l’Etat-protecteur sont, au moins verbalement, récupérés par la droite, sans que la social-démocratie ose lui disputer le monopole de ce « néo-planisme ». En France, le PS, qui a tenté une sorte de blairisme avec Ségolène Royal et vient de rater son come-back keynésien-national avec l’attelage improbable Aubry-Fabius, n’a plus qu’une corde à son arc : une sorte de « keynésianisme globalisé » incarné par Strauss-Kahn. On sait désormais qu’il ne pourra gagner, comme Jospin en 1997, qu’en alliance étroite (mais aujourd’hui totalement rééquilibrée) avec les écologistes, et que, comme Jospin, il perdra s’il ne met pas l’écologie au coeur de son programme et surtout de ses actes et de ses alliances.
Inutile de dire que le « logiciel » du Parti communiste, fut-il rénové par les économistes du Front de gauche, ne va guère mieux, même si ses affiches de campagne, reprenant l’idée verte d’un « bouclier social européen », témoigne d’une prise de conscience de la dimension européenne du combat social. À l’échelle européenne, le vieux communisme perd un tiers de ses députés. En France, malgré une belle campagne et le renfort de scissionnistes du PS et du trotskisme, il ne gagne que quelques dixièmes de points par rapport à 2004, ce qui double le nombre de ses élus en métropole (ô paradoxes de la distribution des restes !)
Quant au trotskisme lui-même, divisé et incapable d’expliquer à quoi sert de présenter des candidats quand on est contre la lutte au sein des institutions et en particulier au sein de l’Union européenne, il a vu repartir les jeunes que le NPA avait attirés mais qui a quasi renoncé à faire campagne en dernière semaine, et il ne retrouve aucun de ses 6 députés de… 1999.
Seule Europe Écologie a su présenter les éléments (encore insuffisamment développés) d’un programme de réponse conjointe à la crise économico-sociale du néo-libéralisme et à la crise écologique ; cela en se situant résolument à l’intérieur du seul cadre politique offrant un début de réponse à la mondialisation : l’Union européenne.
Je l’ai dit dans mon « reportage » hebdomadaire au long de ce blog : partout, les citoyens nous ont fait un accueil de plus en plus favorable, y compris les ouvriers de l’automobile, parce qu’ils ne nous percevaient plus comme des Cassandre annonçant une crise dorénavant advenue, mais comme ceux qui apportaient déjà ces éléments de réponse.
Plus conjoncturellement, cette capacité, cette volonté justement d’aller sur le terrain, d’organiser dès le mois de janvier des réunions-débats, groupe local par groupe local, et pas seulement de beaux et enthousiasmants meetings, nous a permis finalement de briser le mur du silence des médias qui, pendant des mois, n’avaient eu que quatre noms à la bouche : Sarkozy, Ségolène, Bayrou, Besancenot. Que cette multitude de militants politiques, associatifs, syndicalistes, intellectuels, artistes d’Europe Écologie soient ici chaleureusement remerciée. C’est à elle que les 14 (j’espère 15) élus d’Europe Écologie doivent leur nomination. Qu’ils ne l’oublient jamais.
Mais si le « croisement » entre le déclin de la social-démocratie et la montée de l’écologie politique était attendu depuis plusieurs années, d’autres raisons conjoncturelles ont permis que cela arrive ce 7 juin 2009.
Tout d’abord, il n’y avait pas d’autre enjeu national que de dire son rejet de la politique de Nicolas Sarkozy, dans une élection à la proportionnelle, qui n’exigeait pas immédiatement une solution politique alternative nationale. Les partisans de Nicolas Sarkozy l’ont eux-mêmes affirmé : la liste regroupant l’UMP et ses 3 satellites est celle de « la majorité présidentielle rassemblée en une seule formation ». Cette « majorité présidentielle » fait 28%. Restaient donc 72% à partager entre les multiples oppositions... Les symapthisants d’Europe Écologie pouvaient ainsi oser s’affirmer, sans que le chantage au vote utile ait sur eux le moindre effet. Ils l’ont fait, n’en éprouvent aucune honte (contrairement au 21 avril 2002), et, si c’était à refaire dimanche prochain, gageons que le score de EE serait encore plus considérable, qu’encore plus d’électeurs « switcheraient » du PS à EE.
Une seconde raison conjoncturelle est que justement le Parti socialiste partait à la bataille démoralisé d’avance par la division de ses leaders autant que par son propre vide programmatique. On a eu l’impression qu’il ne faisait tout simplement pas campagne. Mais, encore une fois, le vote EE n’est pas un vote sanction contre la direction du PS, c’est un vote d’approbation (sinon de totale adhésion) à une offre politique plus intéressante.
Encore fallait-il que soit levée une hypothèque : le centrisme comme réponse à la crise de la social-démocratie. Cette voie a été explorée par les Italiens qui, à deux reprises, ont confié à un centriste, Romano Prodi, le soin d’incarner les espoirs de la gauche. Par deux fois ce fut un échec. En France, François Bayrou s’est chargé lui-même de faire exploser cette hypothèse.
L’échec du Modem renvoie d’abord à des raisons structurelles : il est très difficile en France, et cela depuis la IIIe République, d’unifier un centre-droit plutôt chrétien (qu’incarnait jadis le MRP et aujourd’hui François Bayrou lui-même) et un centre-gauche plutôt laïque (qu’incarnait jadis le parti radical-socialiste et aujourd’hui par exemple Jean-François Kahn.) Cette fragilité stratégique était évidemment renforcée par la faute tactique commise d’emblée par François Bayrou : subordonner cette élection européenne à ses ambitions présidentielles de 2012.
En ayant l’imprudence, pour des raisons de très basse tactique, d’attaquer publiquement Dany Cohn-Bendit sur ses réflexions d’il y a 35 ans à propos de la sexualité infantile, il s’est « boutinisé », scandalisant la gauche chrétienne déjà largement ralliée à EE pour des raisons tiers-mondistes, et rappelant brutalement au camp laïque le démo-chrétien vaguement réac qu’il était. Lui qui avait fait tant d’effort pour gommer le souvenir de son ministère, où il avait tenté d’abolir la loi Falloux et jeté dans la rue plus d’un demi-million de parents d’élèves et d’enseignants de la laïque, François Bayrou a disloqué son propre camp à trois jours de l’élection.
La poussée des Verts dans les derniers jours doit certainement en partie au ralliement d’électeurs socialistes et mêmes écologistes qui avaient cru que le Modem était « la » bonne solution politique. Je le dis aux écologistes qui se sont fait élire sur des listes Modem : leur place est dans le groupe Verts-ALE au Parlement européen.
Un dernier élément conjoncturel (mais « la chance », disait Napoléon, ça joue aussi en politique, et nous avons souvent connu la malchance) : la sortie planétaire du film Home de notre ami Yann Arthus-Bertrand (qui certes, contrairement à Nicolas Hulot, nous soutenait explicitement, comme il avait soutenu Dominique Voynet et Noel Mamère). Elle a peut-être servi de piqûre de rappel de l’urgence écologiste, si toutefois il en était encore besoin. Après l’élection, plusieurs femmes et hommes politiques ont osé déclarer qu’il s’agissait d’un coup de pouce déloyal à la liste Europe Écologie. On peut dire, pourquoi pas, que le prix Nobel à Al Gore et au GIEC, la pluie de reportages écolos sur Arte, sont une manœuvre en faveur des Verts. Mais, quand c’est Corinne Lepage qui le prétend, elle ne saurait reconnaître plus clairement que la défense de notre planète, loin d’être aujourd’hui le bien commun de tous les partis politiques français (« un vote apolitique sur un sujet qui au fond nous concerne tous », comme dit Marielle de Sarnez, résumant l’incompréhension radicale de toutes les forces politiques non-écologistes), n’est vraiment l’apanage que des Verts et d’Europe Écologie. Ce dont je n’avais jamais douté.
Tout ceci (tendance historique structurelle, conjoncture favorable) n’aurait pu se concrétiser sans la réussite parfaite du rassemblement Europe Ecologie. Il est inutile de distribuer les bons ou les mauvais points, d’attribuer des certificats en paternité. Les lecteurs de ce site connaissent mon engagement depuis l’origine. Mais entre l’intention et la réalisation, nous avons eu aussi « de la chance ».
Chance que Dany Cohn-Bendit, tel René Dumont il y a longtemps, ait pu et su jouer à la fois de son aura dans l’Histoire française contemporaine et de sa position « étrangère » au champ des ambitions politiciennes françaises. Dany est un vrai européen qui se trouve être aussi un Français, mais ne mène pas en France sa carrière politique. Il a fini cette campagne « plus grand que lui-même ».
On ne saurait sous-estimer non plus l’apport déterminant que fut le prestige d’Eva Joly. Aujourd’hui plus connue encore que Dany, icône de la lutte contre les magouilles financières, les paradis fiscaux, le pillage du tiers-monde, elle était la femme qu’il fallait au moment où il fallait. Elle a crédibilisé un discours conjointement altermondialiste et tiers-mondiste, que seuls aujourd’hui portent politiquement les Verts et qui d’ailleurs ne séduisent plus grand monde en dehors de la sphère des chrétiens de gauche et des ONG environnementalistes.
Le ralliement au rassemblement des dirigeants de ces ONG environnementales (Greenpeace, FNE et même WWF) était justement le premier problème que nous avions à résoudre. L’alliance des Verts et de Régions et Peuples Solidaires pour les européennes était traditionnelle. En revanche l’alliance des politiques et des associatifs ne l’était pas du tout. Jusqu’ici on considérait : à chacun son métier. Ce qui nous a permis de dépasser cette coupure (héritée de la Charte d’Amiens de 1906 !), c’est paradoxalement une initiative de Nicolas Sarkozy : le Grenelle de l’environnement.
Les Verts ont eu l’habileté de jouer loyalement le jeu du Grenelle vis-à-vis des associations et vis-à-vis du ministre Borloo, invitant même ce dernier à débattre lors de leurs journées parlementaires de 2007. Nous étions totalement sceptiques, mais nous avons dit aux associations : « Nous y allons avec vous et nous tâcherons d’obtenir le mieux possible, vous verrez bien. » Le Grenelle de l’environnement fut une réussite en tant que processus de négociation. L’UMP, puis Nicolas Sarkozy lui-même en décembre dernier, se chargèrent de réduire à néant le résultat de cette négociation. Les associations ont alors compris qu’il leur fallait « entrer en politique » pour faire front aux crises écologiques imminentes. Nous (les Verts) leur avons proposé un « Pacs » : mener ensemble une bataille politique pour envoyer le maximum de députés écologistes au Parlement européen. Pour la suite on verrait, et j’y reviendrai.
Deuxième problème politique délicat, qui a essentiellement concerné la Confédération paysanne, syndicat paysan historiquement proche des écologistes : elle avait pris parti en 2005 pour le Non au Traité constitutionnel européen, et ses porte-parole de l’époque, José Bové et François Dufour s’étaient particulièrement engagés dans la bataille. Nous leur avons dit : ça ne nous intéresse plus de discuter sur le oui et le non de 2005, la seule chose qui compte c’est « trouvez-vous bien ou non que le Parlement européen voie ses pouvoirs accrus et que notamment il vote la politique agricole commune ? » Un compromis qui valait aussi pour la nouvelle direction d’ATTAC. Leur réponse étant oui, nous savions qu’il n’y aurait aucun problème sur les questions constitutionnelles européennes et sur le traité de Lisbonne.
C’est ainsi qu’un attelage, que la presse considérait improbable, mais dont nous savions qu’il était solide, a pu s’ébranler pour une campagne de terrain accompagnée d’une intense réflexion collective, jusqu’au spectaculaire succès du 7 juin.
Et ensuite ? Ensuite, il y aura d’abord la bataille... au Parlement européen. Inutile de rappeler que les élections ont été perdues par la gauche à l’échelle européenne. Ce n’est pas pour surprendre : comme je l’ai souvent rappelé ici, la droite « dirigiste » l’emporte toujours au début d’une crise du capitalisme libéral. En 1938 elle avait gagné presque partout. La perspective politique de faire barrage à Barroso est sérieusement compromise au vu des résultats. Nous ne pouvons aller contre la volonté des peuples, mais au moins nous aurons essayé de les convaincre... Cela n’empêchera pas nos « quatorze » (ou plutôt 15, et plus si affinités) et tout le groupe Verts/ALE au Parlement , lors de la nomination du Président de la Commission et dans les cinq ans qui viennent, de mener quantité de batailles en cherchant tous les alliés possibles, et d’abord pour un engagement ferme de l’Europe dans la conférence de Copenhague sur le climat. Au coeur d’une crise, les positions des uns et des autres évoluent à toute vitesse, et personne ne sait à l’avance ce que votera ce Parlement de droite face à tel ou tel problème concret.
Et ensuite, en France ? Eh bien ensuite en France, il y a les municipales partielles et les régionales. Je crois, après avoir beaucoup labouré cette campagne, que tout le monde est aujourd’hui d’accord pour continuer sous forme « Machin-Écologie », région par région, jusqu’au premier tour de l’élection régionale. Oui mais voilà : il y a un deuxième tour, et ce deuxième tour implique des alliances pour participer aux exécutifs. Les Verts, qui y sont déjà, sont bien sûr pour y rester, et y rester avec leurs alliés de la gauche traditionnelle (PS et Front de Gauche), si productivistes qu’ils restent le plus souvent…
La tâche des Verts dans l’année qui vient sera, d’une part, de convaincre les associatifs qu’il FAUT aller dans les exécutifs régionaux pour appliquer les engagements de Copenhague, et d’autre part d’expliquer posément aux partis de la vieille gauche que les élections qui viennent d’avoir lieu, et que confirmera je l’espère le premier tour des élections régionales, ont complètement chamboulé le rapport de forces, et qu’il faut en tenir compte dans la composition et la tête des exécutifs régionaux.
Et puis, et puis encore ? Bien sûr il y aura toujours quelqu’un pour demander « Et les présidentielles ? » Répondons-leur tranquillement : « Nous sommes en 2009, les présidentielles sont en 2012, la leçon de François Bayrou ne vous a-t-elle donc pas suffi ? »