La situation actuelle et l’avenir de Copernic
par Alain Lipietz

dimanche 23 janvier 2011

Samedi, AG de la Fondation Copernic. J’y ai repris un rôle actif, au bureau, depuis que notamment sa présidente Caroline Mécary a rejoint Europe-Écologie. Campagne sur les accidents de travail, campagne sur les retraites : on n’a pas chômé. Et je m’y sens bien. Ses animateurs (Willy Pelletier, Pierre Khalfa, etc ) sont de vieux copains de lutte des années 80-90.

Leur ligne d’ouverture a suscité des réticences de la part de certains anciens dirigeants de Copernic. J’avais, avant l’AG, donné mon avis dans un texte déjà sur mon site. Sur la liste de débat interne de la Fondation, le « FASE » Roger Martelli et la NPA Stéphanie Treillet avaient répondu longuement, sur un mode sympathique et constructif.

À l’AG, malgré quelques frottements, la ligne d’ouverture est confirmée : « on n’est plus à l’époque du Non au TCE et de la catastrophe des comités anti-libéraux en 2007 ». Je me risque même à rappeler qu’il était légitime pour des anti-libéraux tels que Caroline ou moi de juger que le TCE était moins libéral que le traité en vigueur (Maastricht-Nice) et donc de voter Oui. À la sortie, le débat reprend aussitôt là où il aurait dû commencer à l’époque : « Mais voter Non ne voulait pas dire qu’on préférait Maastricht-Nice ! On ne voulait ni de l’un ni de l’autre. » Je réponds que, dans ce cas, on fait campagne sur « Blanc bonnet et bonnet blanc ». Voter Oui ou Non, c’était décider, de jure et de facto, lequel de ces deux mauvais traités on préférait.

Je me rends compte qu’il y a là-dedans une question d’âge et peut–être de rapport différent aux institutions dans une histoire politique individuelle. En 1974, ayant à choisir entre Pompidou et Poher, nous avions tous ici décidé de voter blanc ou de boycotter. En 2002, entre Chirac et Le Pen, nous avions tous voté Chirac. Alors, 2005 ressemblait–il plus à 1974 ou à 2002 ? Au fond, c’était là toute la question. Soit on répond : aussi pire l’un que l’autre (comme en 1974), et on vote blanc. Si on répond « TCE mieux que Maastricht » (comme en 2002), on vote Oui, si on répond « Maastricht-Nice mieux que le TCE » – ce qu’argumentait le souverainiste Chevènement — on vote Non.

Un point est en tout cas frappant : l’ouverture du débat sur la sortie de l’Euro. Plusieurs NPA sont en effet inquiets : il faut faire campagne contre la sortie de l’euro, disent-ils, pour faire barrage au risque souverainiste ! Il y a quelques mois, lors de mon débat avec Jacques Sapir (vrai noniste et bon économiste) dans Regard (la revue de Roger Martelli), celui –ci pouvait encore assurer tranquillement que l’on pouvait combattre frontalement l’Europe capitaliste, puisque le risque nationaliste n’existait plus en Europe ! La dynamique de la crise a battu le rappel : oui, nous sommes à bien des égards dans les années 30.

Du coup, rendre public le débat stratégique entre « Europe-Ecologistes » et « gauches de la gauche » devient urgent. Roger, Stéphanie et moi sommes d’accord pour rendre public notre débat et y inviter qui voudra. Le site web de la Fondation ne pouvant être immédiatement mis en « web 2 » (avec un forum de discussion), nous décidons de poster aussi sur le forum du présent billet notre débat sur la liste interne de Copernic.

Je ne reproduis pas ici mon texte de départ, il est là : http://lipietz.net/?article2615. Et je cède la plume sur ce forum à Stéphanie et Roger.



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