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La situation actuelle et l’avenir de Copernic


dimanche 23 janvier 2011

Samedi, AG de la Fondation Copernic. J’y ai repris un rôle actif, au bureau, depuis que notamment sa présidente Caroline Mécary a rejoint Europe-Écologie. Campagne sur les accidents de travail, campagne sur les retraites : on n’a pas chômé. Et je m’y sens bien. Ses animateurs (Willy Pelletier, Pierre (...)


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Oser le réformisme

mardi 25 janvier 2011

Cher Roger , on avance, on converge !


1. Sur la caractérisation du type de capitalisme en cours (et en crise)

D’accord sur le fait que ce qui caractérise le capitalisme libéral actuel par rapport au « fordisme » d’Après-guerre, c’est évidemment le recul des régulations, en particulier celles qui protégeaient la force de travail. En ce sens, le capitalisme d’avant 80 était « préférable ». Son existence a d’ailleurs montré qu’un autre capitalisme est possible (que le modèle libéral).

Naturellement , ce capitalisme libéral pousse à des niveaux sans précédent l’extraction de plus value, d’abord par la masse vertigineuse de salariés qu’il a désormais mis au travail (en Chine, en Inde), ensuite par le taux d’exploitation qu’il y réalise (un ouvrier chinois d’aujourd’hui est mieux payé que celui de La condition humaine, mais il est beaucoup plus productif).

Toutefois, attention : j’ai un peu l’impression que ta façon de « rester marxiste » est d’insister sur l’extraction de plus-value sur le dos du travailleur. Marx lui-même avait pourtant fait observer : « Il est faux de dire que le travail est la source toute richesse. Le travail n’en est que le père , mais la Terre en est la mère. » ( Critique des programmes d’Erfurt et de Gotha). Avertissement qui n’aura servi à rien : le mouvement ouvrier s’engouffrera pour plus d’un siècle dans le productivisme et la religion des forces productives.

Aujourd’hui la « ponction capitaliste des richesses de la Terre » est le facteur de crise le plus grave, en un double sens. Il bloque une issue simplement distributrice (rooseveltienne, sociale-démocrate) à la crise, même en Chine (pays où le taux de plus-value est sans doute maximal). Il faut réduire le taux de plus-value ET l’empreinte écologique. Sur ce point nous sommes dejà d’accord : il faut prendre en compte « l’entrelacement », comme tu dis, des deux aspects.

Mais il y a une différence de temporalités, car la pression d’exploitation sur le travail joue « en flux » et la pression d’exploitation sur la Terre joue « en stock » : les dommages exercés sur la Terre sont irréversibles. C’est un des arguments avancés par les communistes comme Jacque Perreux (ex trésorier de la campagne Bové) pour s’engager dans Europe-Ecologie, et c’est ce qui explique le « réformisme radical » de l’ écologie politique : nous n’avons pas le loisir d’attendre la Révolution. Cf http://lipietz.net/?article2548

2. Sur la possibilité d’un capitalisme « préférable » (moins libéral, moins productiviste)

J’emploie cette expression provocatrice, car au fond c’est ça qui coïnce psychologiquement : reconnaître qu’on peut sortir du libéralisme sans sortir du capitalisme, c’est reconnaître qu’un autre capitalisme est possible, ce que toute l’histoire a montré depuis L’impérialisme, stade suprême…, et qu’en plus (horreur absolue ! ) il peut être « préférable » (ce que chacun admet, mais seulement rétrospectivement.).

Tu sembles répondre d’abord clairement par la négative, mais là on est vraiment dans l’acte de foi (toi et moi). La question revient à ceci : si nous ne savons pas abolir le capitalisme, pouvons-nous du moins lutter pour un capitalisme mieux régulé, comme celui que nous regrettons toi et moi d’avoir perdu (même si nous le combattions, toi et moi et avec raison sous De Gaulle et Pompidou…) , mais cette fois-ci pas seulement régulé d’un point de vue social (ce à quoi avait renoncé le social-libéralisme), mais aussi écologique ? Je crains que la juxtaposition d’un refus de cette dernière idée et d’un pessimisme sur la possibilité d’abolir le capitalisme n’aboutisse en fait à une position simplement protestataire doublée d’un activiste « trade-unioniste » dans les domaines sociaux et environnementaux.


3. Nos meilleurs réformistes

Mais tu acceptes ensuite de travailler l’hypothèse de la « possibilité d’avancées » et t’interroges sur les « conditions ». Et tu réponds classiquement : « Ok pour un front uni avec les réformistes, mais sous l’hégémonie des révolutionnaires » (je résume…).

Sur le principe je suis d’accord. Mais s’agissant du cas particulier du texte Viveret, c’est un peu le marteau-pilon du léninisme pour tuer la mouche Viveret-JB de Foucault. Si j’étais partisan de signer, c’était au nom du principe : « Quand on veut travailler avec quelqu’un , il faut lui faire de petits plaisirs », le détail du texte n’avait aucune importance, personne ne le lira.

Reste que l’application trop mécanique de ce principe d’hégémonie préalable peut aller trop loin. Nous ne regrettons pas d’avoir participé en position de faiblesse à la majorité plurielle de 1997 à 2000 (après, la période Fabius, ça se discute). Nous avons pu faire passer des trucs (comme la parité et les 35 heures, que Jospin refusait encore dans son discours d’investiture). Ce n’est pas seulement une position « possibiliste » (encore qu’il faille distinguer le « possibilisme » qui minimise le possible, et le possibilisme qui engrange tout ce qu’on peut gratter). Mais c’est l’idée qu’il faut commencer à agir pour grossir, que l’hégémonie ça se conquiert dans la lutte contre l’ennemi commun. Le PC Chinois était plus petit que le Kuomintang au début du front uni anti-japonais, le PCF deux fois plus gros que le PS à la signature du Programme commun. Apres… le plus futé (ou le moins Kun) a gagné…

Les réformistes radicaux comme les anti-libéraux étaient faibles, divisés. Ce n’est pas en disant « Nous sommes faibles, donc on ne fait rien avec les réformistes d’accompagnement, on les critique » qu’on va grossir et s’unifier, mais en proposant des objectifs ambitieux et en montrant notre disponibilité à travailler pour avancer dans leur direction. Ce n’est pas l’organisation des forum de Libération qui marginalise les idées révolutionnaires, mais, comme tu le dis très bien, l’incapacité des « anti-libéraux « à sortir d’autres propositions que le vieux discours étatiste.

Je n’en suis que plus surpris de te voir conclure « En bref, il me paraît plus aisé d’assouplir un républicain rigide que de radicaliser un libéral-libertaire. » Il faudrait regarder au cas par cas. Je constate que DCB a fait une campagne très à gauche (en fait la plus à gauche de toutes celles que j’aie faites avec les Verts depuis Voynet 1995, et les résultats furent au rendez-vous, en particulier dans les classes populaires : cf http://lipietz.net/?article2458)

EE s’est beaucoup investi dans la campagne sur les retraites. Inversement, je n’y ai pas vu les « républicains » de Chevènement (mais j’y ai vu Mélenchon, grand défenseur de Maastricht, c’est vrai, et coté fédéralisme européen, il s’est plutôt rigidifié.)

Mais je note que, contrairement à ta première réponse, la comparaison est avec les « républicains » et non plus avec les « souverainistes ». On converge !


4. Sur l’Union européenne.

Ah ! c’est une longue bataille qui mérite une discussion spécifique. J’ai tenté de la résumer ici, pendant la négo de Lisbonne : « Les tribulations de l’Europe politique », http://lipietz.net/?article2090 .

Nous avons eu la possibilité de nous saisir de la proposition de TCE pour un Oui de combat, contre Barroso, Mc Greavy, Bolkestien, qui depuis Rome étaient sur la ligne « Nice ou la mort » (cf http://lipietz.net/?article1164). Vous (nonistes de gauche) avez choisi et obtenu une autre voie : bloquer le processus au nom d’un plan B que vous n’avez jamais énoncé et n’aviez aucun moyen de contrôler. Le plan B a donc été avancé par Merkel et Socrates, c’est Lisbonne. Je l’ai voté, parce que c’est toujours mieux que Maastricht-Nice… mais moins bien que le TCE.

Mais comme tu le dis justement , il y a une différence entre la « logique de Lisbonne sur la papier » (plus fédéraliste, plus social, plus droit des femmes, plus écolo que Maastricht-Nice) et la pratique qui s’est instituée dans la terrible période 2005-2009, où les gouvernements de droite (et les populistes) ont surfé sur le rejet du Tce pour imposer une pratique toatalement intergouvernemantaliste, donc souverainiste et donc ultra-libérale.

Lisbonne finira peut –être par tenir ses « promesses de papier ». Mais il faudra des victoires de la gauche pays par pays, et des mobilisations populaires européennes utilisant ses « promesses » (par exemple le droit d’initiative législative par pétition, ou les pressions directes des paysans sur le Parlement qui va enfin, grâce à Lisbonne, voter sur la PAC, ce qu’a compris –un peu tard -José Bové).

5. Sur le stalinisme

Nous sommes donc d’accord, le stalinisme nous a plus pourri la vie militante que le fascisme (depuis la fin de l’Occupation, évidemment). Et d’accord que l’usage par Furet du concept de « totalitarisme » fut scandaleux, car il revient à dire que les staliniens d’opposition (les communistes français des années 70 par exemple) étaient aussi coupables que les staliniens au pouvoir (Honecker ou Brejnev). Il y a une différence fondamentale : la plupart des premiers (mais pas tous) étaient communistes par engagement généreux, avec des idées démocratiques, la plupart des seconds (mais pas tous) martyrisaient leur propre peuple pour leurs propres intérêts de classe dominante.

Il ne faut pas pour autant balayer l’idée même de caractères communs entre fascisme et stalinisme, rassemblés sous le concept de « totalitarisme ». Non pas opposé, selon Furet, au libéralisme économique (quoique je pense qu’un « socialisme monopoliste d’Etat » soit presque nécessairement dictatorial, il faudra discuter ce point entre nous). Mais bien, selon H Arendt, au libéralisme politique, à la démocratie libérale au sens de Mc Pherson (l’acceptation et même la valorisation du dissensus, le refus de l’idée d’un « peuple » homogène opposé aux ennemis et aux traitres ).

Sa version de gauche, le totalitarisme spontané du militant populaire, je l’ai connue aussi, et elle continue à m’inquiéter. Tu me fais la gentillesse de reconnaître que mon « Oui au Tce » n’était pas forcément criminel. Tous n’ont pas eu cette subtilité à mon égard, mais encore bien moins à l’égard de la citoyenne lambda qui n’avait d’autre argument que la comparaison des deux traités en lice et trouvait bêtement que le Tce c’était mieux que Nice. Trois enseignantes, progressistes, du lycée d’une petite ville m’ont raconté qu’elles ont dû manger à une table isolée à la cantine, pendant six mois, parce qu’elles votaient Oui. J’ai été formé à « oser aller à contre courant », mais tou-te-s n’avaient pas cette chance.

Salut donc , cher Roger, et fraternité.


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