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En réponse à :L’autocritique clandestine des Non de gauche
vendredi 10 mars 2006
De mon lieu de vacances, j’ai d’abord rédigé mes blogs des 19, 21,23 et 25 février sur ma mission en Colombie (ne vous attendez pas à ce que mes compte-rendus soient à chaque fois aussi détaillés !), j’ai avancé dans mon Mallarmé, j’ai travaillé sur le procès hérité de mon père, et j’ai suivi (…)
En réponse à :
L’autocritique clandestine des Non de gauche
Je suppose qu’il ne vous vient pas à l’esprit que parmi ceux qui hurlèrent le plus vivement contre ce projet de constitution européenne figuraient des citoyens lucides, informés, éventuellement ex-employés de l’Union Européenne, qui eux aussi, ont des enfants, et les aiment.
Mais il est vrai que je n’avais, de mon côté, jamais envisagé de mêler les oeuvres de basse politique à des considérations les concernant : mais sans doute vous imaginez-vous que la politique est "nécessaire" au bonheur futur de l’humanité et mérite toutes ces compromissions que vous stigmatisez chez ceux qui s’opposent à vos vues en oubliant toutes celles de ceux qui vous soutiennent au gré des circonstances.
Avec tout le respect que je vous dois, Mr Lipietz, je revendique, en tout cas en ce qui me concerne, une connaissance approfondie des mécanismes européens depuis 1995, une fréquentation plus importante que je ne l’aurais aimé de ces hommes qui "font l’europe", pardon, l’Union.
Vous choisissez la voie de l’amendement, celle de la négociation, celle des apparences : en un mot, vous confondez l’institution qu’est l’UE avec les idéaux qu’elle prétend défendre, en sous-entendant qu’il ne saurait exister d’autre avenir pour l’europe que l’Union Européenne.
Ce raisonnement, qui est celui de ces fonctionnaires parlant du service public pour mieux s’approprier l’exclusivité de la gestion des idéaux justifiant son existence, est soit partisan, soit indigne d’un démocrate.
Mais, après tout, vous le dites vous-même : en vous fixant des idéaux et des objectifs parfaitement innatteignables (comme, par exemple, faire de l’Union une instance démocratique au sens commun du terme), vous vous excusez par avance de l’échec d’une telle entreprise.
Refuser l’Union telle qu’elle est et exiger, contre l’avis des gouvernements, des élus, et des partis, une union des peuples plutôt que des contrats entre gouvernements n’a rien d’impossible, ni d’irréaliste : il s’agit, avant tout, d’une part, de détermination et de constance, et d’autre part, d’un combat actif visant à démontrer comme non-viable le compromis foireux dépossédant les peuples de leur destin.
Il me semble infiniment plus courageux d’oeuvrer dans le monde réel, plutôt que de mener de vains combats au sein des institutions : car si l’échec de la seconde stratégie est évidemment programmé, bien qu’aisément imputable à telle ou telle prise ou non-prise de conscience, la confrontation de l’idéal avec l’intention et le réel ne fournit aucune excuse facile à l’échec.
Libre à vous de choisir entre persister dans vos lamentations au sjet des paradis perdus ou d’oser élever la barre de vos ambitions au niveau des attentes de vos concitoyens, lesquelles me semblent très au dessus des intentions les plus progressistes ici affichées.
L’Union ne sera pas éternelle quoi qu’il puisse arriver.
Pourquoi ne pas envisager autre chose dès maintenant ?