Mise à jour majeure du 10 février 2006
Ressusciter quand-même (l’article)
Le matérialisme orphique de Stéphane Mallarmé

7 novembre 2005 par Alain Lipietz

De tous les poèmes de Stéphane Mallarmé, le "Sonnet en or-ix", Ses purs ongles très haut..., est à la fois des plus beaux, des plus hermétiques et des plus familiers.

Pourtant, il s’agit sans doute du poème dont la signification, « dans les mots de la tribu », est la mieux connue. L’auteur l’a couchée par écrit lui-même, en français de tous les jours, sous forme d’indications en vue de l’illustration d’une première version de son sonnet par une eau-forte. Surtout, Mallarmé nous en indique le sens symbolique, par le titre donné à cette première version : Sonnet allégorique de lui-même. L’ambition de notre essai : respecter ce titre à la lettre, déchiffrer cette allégorie.

Vous pouvez télécharger mon texte (pdf, 380 ko).

En fait, cette mise à jour du 10 février 2006 est la dernière qui sera mise en ligne.

 "Ressusciter quand même" : le livre !

Sur l’insistance de certains d’entre vous (vous êtes près de 43000, de tous les continents), j’en ai fait un livre, de même titre. Il sera publié par Le Temps des Cerises, en mai-juin 2020.

Du texte de 2006 à ce livre, le "manuscrit" s’est pas mal épaissi, surtout dans la seconde partie, c’est à dire l’analyse de quelques autres poèmes (de Mallarmé ou autres) pour explorer l’idée "ce poème est une allégorie de tout poème"... et de "l’explication orphique de l’Univers" et de la vie humaine, et la troisième (la recherche de l’orphisme chez d’autres poètes). Et j’ai rajouté une dernière partie, traitant plus systématiquement de "la religion de l’athée Mallarmé", qui nous promet de ressusciter quand même...

En voici le plan :

et l’introduction :

Les vraiment fans peuvent me demander de leur communiquer l’état actuel du livre, en m’écrivant.

Je remercie chaleureusement Francine Comte, Marie-Ange Petit, Natalie Gandais et François Lescun pour leur aide, leurs suggestions, leurs critiques et leurs précieux encouragements dans la rédaction dès la toute première version

J’espère que cette étude pourra aider à mieux faire comprendre et aimer ce poète admirable... et qui restera à jamais mystérieux. Et (j’en ai quelque témoignages) aider certains à vivre "quand même".

 Le ptyx dans les dictionnaires

Mon texte fait définitivement justice d’une légende littéraire sur le mot "ptyx", en s’appuyant sur les dictionnaires dont disposait Mallarmé. Ces dictionnaires sont peu disponibles. Ils ont été retrouvés par Natalie Gandais, en voici des photos.

Stéphane Mallarmé connait vraisemblablement les sens du mot ptyx (d’où vient "triptyque") par le dico fondamental dans l’enseignement secondaire de son temps, le Planche. Voici l’entée ptyx pour l’édition 1845 :

Et voici le contexte de la page du Planche, qui donne une idée de la famille de mots autour du ptyx :

Profitons-en pour présenter le Planche. C’est en fait le premier dictionnaire Grec (ancien) - français. Il est le fruit de la fusion du travail fondateur d’Henri Estienne, à la Renaissance, le Thesaurus linguae graecae, qui est un dictionnaire Grec-Latin, et du travail de l’école philologique allemande de Schneider. C’est pourtant un objet tout à fait maniable :

Dans les années 1840 il fallait déjà le refondre pour tenir compte des progrès de la philologie. Voici le début de la préface de cette refonte :

Enfin, l’exemplaire retrouvé par Natalie Gandais est de 1845, qui est déjà un second tirage corrigé de cette refonte. En voici l’Avertissement :

Natalie Gandais a pu également consulter la réédition Didot du Thesaurus d’Henri Estienne, à la bibliothèque de Rochefort. Le mot Ptyx est dans le tome 6 :

On devine que Mallarmé n’a pas pu se servir d’un tel monument ! Quand Mallarmé appelle ses amis à consulter un dictionnaire, c’est bien aux définitions du Planche qu’il pense.



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