Un lecteur de mon blog, François Briatte, attire mon attention via le forum sur la question du rapport entre école de la régulation et vote sur le TCE.
L’école de la régulation est une approche économique à la quelle j’ai pas mal contribué dans mon autre vie de chercheur. En gros : les différents modèles de capitalisme dépendent d’un mode de régulation de son fonctionnement qui ne saurait se réduire au libre jeu du marché. Il est clair dans ma tête depuis longtemps que l’adoption de l’Acte Unique et du traité de Maastricht, avec une Union économique et monétaire sans espace politique commun, ne pouvait que reproduire en Europe une forme de régulation largement concurrentielle, « néo-libérale ». L’adoption du TCE ouvre en revanche la possibilité d’une Europe mieux régulée, avec des lois sociales et environnementales limitant le jeu aveugle du marché et de la course au profit : la reprise d’une variante continentale de l’édification du fordisme (en plus ecolo, qunad même !!). D’où mon vote Oui.
Le message de François attire notre attention sur son propre blog (excellent !) où l’on trouve le lien vers un débat organisé il y a un an sur « Les régulationnistes en politique » (avec le Chilien Carlos Ominami, l’Italien Michele Salvati et André Gauron). François en a extrait un passage de la video de mon intervention. Parlant de la convention et du TCE comme d’un « compromis institutionnalisé » ouvrant la voie à un nouveau mode de régulation, j’explique la difficulté à construire ne serait-ce que le langage commun et les formes de négociation permettant la mis en place de ce compromis institutionnalisé. Je développe notamment pourquoi l’expression « services publics » a été remplacée par « SIEG », en racontant l’anecdote survenue à notre camarade Yves Frémion (eurodéputé Vert de 1992 à 1994).
On peut trouver mon intervention intégrale sur le site de l’ENS en divers format audio et video. Un petite introduction au sujet « régulation et politique ».