Sauver la Poste, à Poissy et ailleurs...
par Alain Lipietz

jeudi 1er octobre 2009

Je ne m’occupe pas que de la 12e circonscription des Yvelines ! Jeudi 24 septembre, j’ai représenté les Verts à la conférence de presse contre la privatisation de la Poste.

Tout le monde était là : toute la gauche, toute la gauche de la gauche, tous les syndicats, mais aussi… Dupont-Aignan ! En fait, le point commun à la plupart des intervenants, c’est qu’ils avaient été « nonistes » au referendum de 2005… Ils pensaient (à tort !) que le passage du traité de Nice au TCE était défavorable aux services publics. Eh bien, de ce vieux discours "c’est la faute à l’Europe si la droite française fait une politique de droite", on n’en voit plus guère la trace et c’est formidable.

Au cours de la conférence, ce n’est pas moi qui insiste sur le fait que l’Europe n’est pour rien dans la décision de Sarkozy de transformer la Poste en société anonyme, première étape indispensable pour sa future privatisation par cession progressive du capital. La plupart des intervenants insistent sur ce point : « Ce n’est pas la faute à l’Europe. »

Quand vient mon tour, j’explique d’abord la gravité de cette privatisation qui mobilise particulièrement les Verts. Je donne l’exemple de la mairie de Montreuil (Dominique Voynet) qui n’organise pas moins de 22 points de vote pour le referendum contre la privatisation…

Nous refusons cette privatisation parce qu’elle marque une double rupture dans ce qu’incarnait le service public de la Poste (et ce depuis l’Ancien régime) : un compromis entre l’Etat et la société, un compromis entre l’employeur (l’Etat) et ses salariés. La Poste, c’était d’abord le service public par excellence, qui irriguait tous les pores de la société, qui permettait à chaque localité, jusqu’au dernier hameau du dernier village, jusqu’au dernier appartement du dernier grand ensemble, de rester en contact avec tout le reste du monde. Et en échange du dévouement demandé à ces agents, l’Etat leur garantissait, sinon un salaire correct, du moins la sécurité de l’emploi.

C’est cela qui est rompu. Nous savons que la Poste n’irriguera plus demain les points de distribution « non rentables », et qu’avec cela disparaîtra un espace où la personne la plus isolée avait une chance de rencontrer quelqu’un, d’où elle avait le plus de chances de voir quelqu’un passer la voir. Au lieu de profiter de cette infrastructure pour offrir d’autres services, l’Etat la supprime. Et la meilleure preuve de cette fonction sociale et d’intégration territoriale que jouait la Poste, c’est que les maires sont prêts à payer pour maintenir des agences postales. C’est le cas à Carrières-sous-Poissy. Quant au rapport entre ces salariés particulièrement dévoués et pleins d’initiative qu’étaient les postiers et leur employeur, il sera remplacé par ce que nous connaissons aujourd’hui dans l’entreprise-sœur, France Telecom : la gestion par le harcèlement, par la terreur, « Accélère ou suicide-toi ».

Devant la bonne volonté des ex-nonistes à dédouaner pour une fois l’Europe, je me permets même d’admettre que la dérégulation, c’est-à-dire la mise en concurrence des réseaux les uns avec les autres (qu’ils soient opérateurs historiques des différents pays ou non) est une formidable pression à la privatisation et surtout à un comportement de privatisé, puisqu’elle prive les « opérateurs historiques » des recettes les plus faciles.

À la sortie, mon vieux complice Pierre Khalfa (d’ATTAC) me dit sa satisfaction à propos de cette dernière remarque. Je lui fais tout de même observer que les difficultés d’un service public à couvrir ses frais ne sont certainement pas une excuse : les transports en commun sont subventionnés aux deux tiers par les collectivités.

Le lendemain, je file à Lyon pour une table ronde organisée par le Mouvement fédéraliste européen sur le rôle du Parlement européen dans la démocratisation de l’Europe. J’insiste sur l’effet de « bain européen », d’école d’européisation pour tous les hommes et femmes politiques qui ont l’honneur d’y participer. Je souligne qu’avec la possible ratification du traité de Lisbonne par les Irlandais, ce Parlement acquerra beaucoup plus de pouvoir de contrôle sur la diplomatie secrète intergouvernementale incarnée par le Conseil. En sortant, je raconte avec amusement aux fédéralistes l’atténuation de la virulence noniste. Ils me le confirment : en Rhône-Alpes, ATTAC a demandé à constituer avec le MFE un groupe de travail commun sur la Constitution européenne ! Si ATTAC continue à se dire noniste, c’est de moins en moins sur les positions souverainistes…

Samedi et dimanche, retour sur le terrain : brocante de Beauregard (quartier populaire de Poissy) où l’accueil est de plus en plus sympathique chez les commerçants, marché de Poissy où tous les concurrents s’affichent (y compris David Douillet, accompagné de Valérie Pécresse, la ministre et future candidate UMP au Conseil régional d’Ile-de-France). Nouvelle petite conversation avec David Douillet qui me renvoie toujours, pour un débat, vers son directeur de campagne, lequel, contacté par le mien, répond naturellement qu’il faut en discuter avec David Douillet !

Décidément, le candidat de l’UMP ne tient absolument pas au débat. Il se contente de signer des autographes. Il faut dire que l’UMP n’a plus grand-chose à proposer pour faire rêver ses électeurs…

À côté du marché, la « votation » contre la privatisation de la Poste est ouverte, je vais bien sûr la signer, en m’engageant à ne pas la signer ailleurs ! Et, avec l’ami Pascal, nous enregistrons une petite vidéo pour expliquer les enjeux de cette votation. Vidéo que vous êtes invités à faire tourner sans restriction, comme d’ailleurs toutes les vidéos de mon site électoral.

Je vous recommande par exemple la video sur la taxe carbone…



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