Séminaire du groupe Vert
par Alain Lipietz

jeudi 20 octobre 2005

Cette semaine, mon blog a fait relâche. Le groupe Vert du PE était en effet en séminaire à Marseille. Les Verts marseillais avaient mis les petits plats dans les grands : accueil inoubliable, merci à toutes et à tous !

Je mets néanmoins sur le site mes interventions écrites pour deux évènements qui se tenaient à Bruxelles cette semaine, un pour le droit à l’avortement dans toute l’Europe, un contre le proxénétisme.

Au séminaire, débats très intéressants, mais difficiles à résumer ici. Les papiers introductifs, qui doivent êtres retravaillés après le débat, ne sont même pas sur site du groupe…

Le mardi : reprise du débat sur la proposition Vogenhubber-Duff pour relancer l’Europe politique. Accord unanime pour la soutenir, mais des doutes sur la possibilité de la mettre en œuvre d’ici 2009. Bon, inutile d’espérer pour entreprendre…

Mercredi matin : débat plus stratégique sur l’élargissement. Là encore, pas mal d’idées brassées. Les Verts sont pour l’élargissement, parce qu’ils sont, à terme du (des ?) siècle, pour la République universelle, afin d’étendre la maîtrise de l’Humanité sur son destin dans son rapport avec la planète, mettre en place des lois transnationales pour défendre la société et son environnement contre le marché… Mais cela passe par un approfondissement qui vient justement d’être bloqué. Si cet obstacle est levé, et moyennant des transformations internes de ces pays, on peut s’élargir vers la Turquie, les Balkans occidentaux… Au-delà, on entre vers plusieurs dynamiques possibles : l’espace méditerranéen (ex-Empire Romain, donc Maghreb possible), vers l’espace russe ou ex-russe, caucasien… Mais on peut aussi faire avancer l’organisation politique du Monde par d’autres voies que l’intégration communautaire : par la diplomatie intergouvernementale, les accords internationaux, l’aide à la constitution d’autre structures transnationales avec qui négocier, l’assouplissement de la notion de frontière entre l’UE et ce qui n’est pas elle…

Mercredi après midi : l’Europe sociale. En gros : faut-il lutter pour créer un Etat Social européen, ou plus modestement rendre plus d’autonomie aux politiques sociales nationales ? En fait il faut faire les deux , être plus sélectifs… et bien comprendre que le même objectif peut être atteint par de voies différentes dans les différentes traditions nationales. Par exemple, le modèle de l’Après Guerre, le Fordisme, était lui-même très étatiste en Italie et très peu étatiste dans les sociales démocraties scandinaves.

Jeudi matin, débat préparatoire à Hong-Kong (la conférence de l’OMC, en décembre). Les Verts affûtent leur concept de « protectionnisme (ou d’ouverture) qualifié » (ce que j’appelais « protectionnisme altruiste »). C’est-à-dire un sas entre les zones caractérisées par des régulations internes politiques différentes, pouvant prendre la forme de quotas ou de taxes compensatrices à l’entrée, différenciées selon le degré de respect des conventions sociales et environnementales internationales, ces taxes alimentant un fond d’aide au développement soutenable. Pas facile de préciser comment faire. Le nouveau Système des Préférences Généralisées « Plus » de l’UE, conditionné par l’observance d’une quinzaine de conventions de l’ONU, en est pourtant une préfiguration.

Mais le soir, je dois rentrer à Paris pour le pot de départ d’une secrétaire de mon ancienne boite, le Cepremap. Dans ce qui fut mon centre de recherche, la grande majorité des chercheurs et du personnel a été recrutée juste autour de 1968. Les liens de lutte syndicale, de travail, d’amitié, sont restés très forts. Plusieurs théories économiques importantes (y compris l’approche de la régulation) se sont développées dans cette ambiance.

Je retrouve d’ailleurs d’éminents « régulationnistes » de la première heure, Robert Boyer et Pascal Petit, aussi désespérés que moi par la victoire du Non et de l’Europe libérale. Impression que ces 30 ans de travail pour comprendre comment avait pu se former l’Etat social national, comment il avait été dissout par le libre-échange sans contrepartie dans l’espace politique, n’auront servi à rien. Robert, qui voyage beaucoup, me raconte comment les Chinois observent sardoniquement l’Europe se déliter.

Au retour, premières réactions sur mon mail après la mise en place sur le site de mon essai sur Mallarmé. J’accueille avec un plaisir mêlé de frustration les publications poétiques de mes parents. Allez, un coup de pub :

Mon beau-frère François Lescun sort un magnifique recueil à la typographie mallarméenne : Réfractions, éditions Caractères, 7 ru e de l’Arbalète,Paris Ve, 30 €.

Mon petit neveu José-Simon Narvaez, adolescent très doué, sort un charmant petit recueil de poèmes en français et en espagnol (son père etait un poète chilien) : L’homme mobile, chez JP Huguet édit., 42220 St Julien Molin-Molette, 8,50€ avec le port…

Bon, ben, j’ai choisi une autre voie. Il va falloir se mettre sérieusement à la préparation des échéances de 2007…



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