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12/11: Les "regrets" de la Sncf.

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Les "regrets" de la Sncf.


vendredi 12 novembre 2010

Le PDG de la Sncf, Pepy, présente ses « regrets » pour la collaboration de l’entreprise à la Shoah. Plus de détails ici : http://lipietz.net/spip.php?article2583
La Sncf facturait les trains de la honte à l’Etat français (même après la Libération) et à l’Agence de voyage de la Reichbahn (qui payait (...)


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Les "regrets" de la Sncf.

mardi 16 novembre 2010

Cette affaire est navrante de bout en bout, à tout point de vue et pour tout le monde.

On avait cru comprendre que l’affaire Lipietz-SNCF était un combat pour la vérité : la famille Lipietz mettait en cause la SNCF et demandait réparation, la SNCF clamait son innocence. Combat pour la vérité, et la vérité seulement, car quand on se retrouve dans un prétoire 60 ans après les faits, ce n’est évidemment pas pour être indemnisé : c’est pour qu’on dise le vrai. Sinon, cela n’a pas de sens.

En définitive, la Cour d’Appel de Toulouse avait donné raison à la SNCF. Cette dernière avait agi sous la contrainte, avait-elle jugé. Du début à la fin, il s’était agi d’une opération de police qui n’engageait pas la responsabilité de l’entreprise. Quoi qu’on pense du verdict, tout ceci avait du sens, et était honorable. La justice avait tranché.

Et voici que la SNCF, à l’encontre du jugement qui avait été prononcé en sa faveur, reconnaît maintenant sa culpabilité (en fait elle exprime des « regrets » et utilise des circonlocutions et précautions de langage, mais il s’agit bien de cela). Où est la vérité maintenant ? Plus exactement, où est le respect de la vérité, s’il y en a une, due aux victimes déportées, y compris (et surtout !) à titre posthume. Décidément, il n’y a plus rien de sacré.

Comment en est-on arrivé là ? Tout simplement parce que certains bons esprits, dont vous faites partie, veulent à tout prix introduire une notion de responsabilité collective, indistincte, dans la déportation des Juifs à cette époque. D’où la mise en jeu de la responsabilité des personnes morales, Etat, entreprises, ou tout autre organisme. Or les personnes morales n’en ont rien à faire de la vérité, et la SNCF vient de montrer qu’elle n’agissait qu’en fonction de ses propres intérêts du moment, en 2010 comme en 1944. Quand on est en présence d’un crime (ou d’une complicité de crime) contre l’humanité, on cherche les coupables, c’est tout. S’attaquer aux personnes morales revient à dire que tout le monde est coupable, et donc que personne n’est coupable. On le voit bien avec la SNCF qui s’accuse maintenant de complicité dans la déportation des Juifs pour des raisons uniquement commerciales. Peu lui importe, puisque de toute façon personne n’est coupable, et qu’il s’agit de remporter des contrats à l’exportation. Vous nous dites que « l’argent n’a pas d’odeur ». Vous avez bien raison, mais vous pourriez aussi ajouter : les personnes morales n’ont pas de conscience. Et c’est là tout le problème quand il s’agit de juger un crime ; et quel crime !

Dans vos textes, vous parlez de la responsabilité du management de la SNCF dans l’organisation des convois, et de sa complicité avec les autorités de Vichy. Le management de la SNCF ? Soit. Eh bien, cherchons qui étaient les responsables ; qui étaient les décideurs ; comment fonctionnait la ligne hiérarchique. Déterminons par où passait cette ligne qui distingue de façon fondamentale ceux qui décident de ceux qui exécutent. Et si, au bout de la chaîne, un exécutant – un chef de gare par exemple – a commis une faute également, qu’il soit jugé et condamné, mais pour les seuls fautes qu’il a commises. Trouver les coupables, voilà ce qu’il fallait faire pour rendre justice à Georges Lipietz et à tous les autres. Au lieu de cela vous vous êtes enfermé dans cette histoire absurde de responsabilité des personnes morales. Vous appelez cela, dans votre jargon, « juger à froid ». Vous voyez maintenant le résultat …

Si encore cette histoire de responsabilité des personnes morales avait des vertus édifiantes, si elle se traduisait par un progrès de la conscience humaine, si la vérité y trouvait son compte, on pourrait dire que cela en vaut la peine. Mais on voit bien que ce n’est pas le cas. C’est même tout le contraire : vous avez réussi, comme Maurice Papon, à faire condamner la République pour un crime qu’elle n’avait pas commis. Maurice Papon avait une bonne raison pour agir ainsi : il était coupable, et il lui fallait diluer ses responsabilités. Mais vous, qui représentez les victimes, quel était votre intérêt, du moins au strict plan de la vérité, le seul qui nous importe ?

La seule justice qui vaille c’est celle qui cherche, trouve, juge et punit les coupables. Et si c’est trop tard pour les trouver, si cette justice est impossible au bout du compte, tant pis. Mais en aucun cas la responsabilité collective ne peut tenir lieu de substitut. Je considère pour ma part que quand on a condamné à mort Pétain, que l’on a fusillé Laval, de Brinon, Brasillach, et beaucoup d’autres à la Libération (plus de 2000 exécutions légales selon l’historien Jean Paul Cointet : « Expier Vichy », 2008), on a en même temps rendu justice à Georges Lipietz.


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