Poème lu à l’église par Jean-Pascal.
Dans la nuit tintent les horloges
Mon esprit dort et le corps veille.
Mon corps Mémoire bien éveillé
Ruisselle de langueur et court
À longues jambes vers l’autre corps
Parti sans lui à pas de loup.
Cet autre corps si doux
Sur la rose des vents
Rose bleuie de la mémoire
Parti sans lui à pas de loup.
Ne te réveille pas
Petite enfance
Ô désespoir
Combles obscurs
Odeur du monde
Mon corps a perdu son autre corps.
Il est un couple une ombre double
Il ouvre ses armoires et pleure
L’amour serait-il à demeure
Quand l’autre corps s’en est allé ?
Le corps en deuil court
À longues jambes
Sans se parler à la recherche
Du corps au pas de loup
Par où il va rentre la mer
Par où il crie rentre le jour
Un jour amer entre les dents.
Le corps se ploie
Le corps s’endort
Dans les lourds draps de la mémoire
Abri des ronces et des orties
Le jour tombe plus dru que nuit
L’amour s’en est enfui.