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Revers à Bordeaux.


mercredi 31 janvier 2007

L’audience du jugement en appel de la SNCF, n’a pas, hier, tourné à notre avantage.
Notre avocat Rémi Rouquette a remarquablement argumenté, reprenant les moyens de fond et de droit de ses deux mémoires (voir le blog de lundi). Les deux avocats de la SNCF se sont excusés de ce qui semblait, dans leur (...)


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Revers à Bordeaux.

mercredi 21 février 2007

Cher Monsieur

Votre nouvelle lettre m’a particulièrement ému. Je ne vous ai pas répondu tout de suite car j’attendais de pouvoir mettre sur ce site une interview de mon oncle, co-plaignant avec mon père. Cela demande encore quelques délais, pas longtemps j’espère.

Cette interview parle de mon propre grand père, le troisième homme de ce voyage. Lui avait une petite entreprise d’affinage des métaux non-ferreux. Il ne s’était pas déclaré comme juif et donc n’était pas inquiété jusqu’à ce que, comme à votre grand père, un industriel allemand vienne lui demander de travailler en association, pour le Reich. Il paya aussitôt ses ouvriers, ferma l’usine et partit avec la famille vers l’Espagne plutôt que de travailler pour les nazis…

Dénoncé à Pau par un voisin qui le soupçonnait d’être juif, il se retrouva avec sa famille à Drancy (comme juif) et non à Compiègne (comme résistant) et par miracle ils « ratèrent » non le train du 15 (de Compiègne) mais celui du 17 (de la gare de Bobigny).

Vous pouvez être fier de votre grand père , comme je le suis du mien (en fait mon « beau-grand-père », second mari de ma grand mère. L’autre, le père de notre père, que je n’ai jamais connu, est mort entre le ghetto de Varsovie et l’un des camps d’extermination correspondants, logiquement Treblinka, nul ne le sait).

Et vous avez raison, et très bien compris l’enjeu, pour aujourd’hui et pour demain : celui de la responsabilité, même dans une situation bureaucratique. Les chefs de la Sncf (à l’époque à 49% privée : le CA était composé de barons du rail et de corpsards des Mines) avaient le choix. De mettre du sable dans les rouages, ou tout simplement de démissionner et trouver un autre boulot. C’est parce que ses chefs (et non la base résistante) étaient coupables que la Sncf est responsable en droit administratif. C’est ce que l’on appelle une « faute de service », c’est à dire une faute (en l’occurrence : un crime contre l’humanité !) commise à l’occasion de l’exécution d’un service public (et non dans leur vie privée). Et une personne morale est civilement responsable (c’est à dire qu’elle doit réparation) des fautes de service de ses agents (dirigeants ou dirigés, d’ailleurs).

Les motivations des fautes des dirigeants de la Sncf n’ont guère été explorées par les historiens, à part Bachelier qui y consacre une partie de son Epilogue. Et ce procès, où la Sncf se contente de 1) contester qu’elle soit un service public, 2) dire que les fautes sont prescrites et 3) réaffirmer qu’elle était réquisitionnée, n’a guère permis de progresser, sauf que la troisième thèse n’est plus guère soutenue (les ordres de réquisition n’ont jamais pu être exhibés alors qu’on a la facture Schaechter), ce qui est un élément historiquement assez nouveau.

Certes le Président Fournier n’en était pas à son premier poste « exposé ». Il avait été le premier chef du SCAP , ancêtre du Commissariat général aux questions juives. Il était farouchement nationaliste et anti-allemand, et voulait sans doute que les Français fassent eux-même le sale boulot qu’impliquait la « révolution nationale » pétainiste… D’autres sans doute pensaient comme Monsieur Mingasson aujourd’hui : « Aujourd’hui comme hier notre travail est de faire rouler les trains. » D’autres comme Bichelonne partageaient jusque dans l’ultra collaboration tout ou partie de l’idéologie nazie…

Je comprends aussi votre père. Lors du procès de Klaus Barbie, où l’on a eu la tentation de le juger pour avoir torturé à mort le chef de la résistance Jean Moulin (finalement on s’en tiendra aux faits non prescrits et non déjà condamnés : les enfants d’Izieux), Simone Weil a fait observer : « les hommes et les femmes qui ont été déportés comme juifs étaient des victimes et n’ont jamais prétendu à être considérés comme des héros.Pourquoi chercherait-on à voir les héros comme des victimes ? » Cela se discute mais c’est un point de vue respectable.

La tendance à confondre les résistants et les déportés raciaux a d’ailleurs entraîné toute une série de confusions que les historiens ont peu à peu dissipées. Entre les camps de concentration « politiques » comme Buchenwald (où l’on mourrait de privations et de mauvais traitements) et les six camps d’extermination comme Auschwitz (où on était assassiné par des machines spécialisées). Ou, dans le procès actuel, la tendance des avocats de la Sncf à confondre la situation du camp et de la gare de Compiègne (directement gardée par les Allemands, car elle était un objectif militaire évident pour la Résistance), et le camp de Drancy et la gare de Bobigny, qui ne traitaient essentiellement que des déportés raciaux, ce qui, malgré tout, n’était pas la préoccupation n°1 de l’armée allemande… laquelle en sous traitait la garde à la gendarmerie française.

Mais pour les descendants, la sensibilité est différente : leurs parents furent tous victimes de la barbarie nazie et de leurs alliés français, et ils ont parfois du mal à comprendre pourquoi cette distinction… D’autant que finalement les collaborateurs collaboraient à tout !


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