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Procès Georges LIPIETZ c/ l’Etat et la SNCF : le dossier
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Vos questions concernant le procès Georges Lipietz c/ Etat et (...)
> Pourquoi des indemnités réelles et non pas symboliques ? (http://lipietz.net/?article1872)
par Alain Lipietz | mai 2006 Pourquoi des indemnités réelles et non pas symboliques ?
A titre de comparaison : la Sncf, qui fait appel pour 5000 euros d’indemnisation par déporté, debout dans un wagon à bestiaux surchauffé, sans leur donner à boire ni manger pendant 30 heures, a demandé 150 000 euros de dommage (30 fois plus) pour chaque photo de wagon tagué publiée dans la presse, "atteinte à son image de propreté" ! Le tribunal accorde aux 4 membres déportés de notre famille une indemnité de 15 000 euros chacun. Il m’en reviendrait par héritage environ 7 500 euros (dont 2 500 de la SNCF) si ma mère était décédée (ce qu’à Dieu ne plaise). Et Rémi Rouquette, l’avocat, est rémunéré, par le même jugement, à hauteur de 2 000 euros. Cette indemnité des victimes du préfet de Toulouse a sans doute été calquée sur ce que Maître Arno Klarsfeld a obtenu pour ses clients, victimes du préfet de Bordeaux, au procès Papon. Il serait intéressant de connaître le montant usuel des honoraires de Maître Klarsfeld, si, comme il l’affirme (Le Monde daté du 3 juin 2006 et contrairement à ce qu’indique Paul Mingasson, secrétaire général de la SNCF), il défend la SNCF à New-York contre d’autres juifs rescapés. Certains exigent que ma mère et nous, ses enfants, reversions cette indemnité à telle ou telle bonne œuvre. C’est pour le moment à ma mère (ancienne résisitante et actuelle militante du CCFD) d’en décider, mais, sur le fond, il doit être bien clair que mon père et mon oncle sont indemnisés pour une souffrance réelle et des dommages réels. Si le jugement avait eu lieu plus tôt, mon père aurait utilisé cette indemnité pour lutter comme il le pouvait contre les horribles cauchemars qui ont hanté sa vieillesse. Ces cauchemars, il les traitait en consacrant ses dernières années à témoigner dans les lycées de l’Île de France et à Drancy même, devant diverses commissions d’enquête (de la gendarmerie, des historiens, de Spielberg). Je considèrerais comme scandaleux que l’on pose de telles conditions aux déportés indemnisés de Bordeaux (ceux du procès Papon) ou à d’autres déportés qui s’engouffrent dans la brèche élargie par le jugement de Toulouse. Que ces survivants utilisent leur indemnité pour s’offrir une thérapie calmant leurs terribles souvenirs ou une meilleure maison de retraite, cela me semblerait tout à fait légitime. ![]() |
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