Colombie
Les Verts entre le marteau et l’enclume

20 juillet 2002 par Alain Lipietz

Le 11 juillet, El Tiempo rapporte les propos de Fernando Londoño Hoyos [1], ministre de l’Intérieur et de la Justice désigné par le nouveau président Alvaro Uribe Velez, lors de la présentation d’un de ses livres.

" Le Communisme est tombé, mais les communistes subsistent sous la forme de ces partis Verts, les partis écologistes, et ils se réunissent pour voir où frapper les coups les plus durs. Ils complotent contre la Colombie ".

Au même moment, on apprenait l’assassinat à San Vincente del Cagan de Gould Portneur Horvew, l’épouse du maire " mandaté " Noé Ortega. Le maire mandaté est un fonctionnaire désigné par le maire élu pour le remplacer en son absence.

On se souvient qu’à San Vincente, alors capitale de la " zone de détente " des Farc, les électeurs avaient désigné comme maire un Vert, Nestor Leon Ramirez , que j’avais invité à un séminaire sur la crise colombienne. Nestor Leon avait enclenché à San Vicente un processus de budget participatif à la Porto Alegre, et développé infrastructures et services publics.

Après la réoccupation de la zone par l’armée (et la destruction par l’aviation desdites infrastructures), les FARC ont ordonné à tous les maires de Colombie de démissionner sous peine de mort. Nestor Leon s’est réfugié à Bogota où il travaille à Fondo Paz, et a mandaté Noé Ortega, également Vert. Mais les FARC ont décidé par la suite d’assassiner aussi les fonctionnaires territoriaux, y compris ceux des services publics, qui ne démissionneraient pas ! San Vincente est désormais un chaos où s’entassent les ordures non ramassées. On estime que ce chaos, qui frappe durement la population civile, s’étend maintenant à 25% du territoire de la Colombie.

Les guerrillas des années 60-70 se voulaient, elles, au service du peuple ?


NOTES

[1Écouter cette intervention : <doc16> (fichier mp3)



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