Je voudrais en toute simplicité et avec une très grande sincérité dire à la famille de Francine Segrestaa, à ses amis combien je partage leur peine et mesure la perte que représente sa disparition.
Très modestement, après les trois oratrices qui m’ont précédée, je voudrais porter témoignage de qui fut Francine Segrestaa, de ses engagements et de ce qu’elle nous a enseigné.
Bien sûr je connaissais Francine pour l’avoir croisée, avoir parfois échangé avec elle sur le marché Delaune où elle aimait le dimanche matin à rencontrer les Villejuifoises et Villejuifois en distribuant des tracts pour ses idées.
Bien sûr nous avions partagé des moments de combats, des manifestations nationales pour faire avancer le droit des femmes, la paix ou les libertés fondamentales mais je ne connaissais pas vraiment la femme de courage et de conviction que j’ai appris à découvrir lorsqu’elle fit son entrée au conseil municipal de notre ville le 27 septembre 2001.
Un mandat que Francine Segrestaa aura assumé jusqu’au renouvellement de l’assemblée en mars dernier avec une grande modestie et l’humilité de celles et ceux qui n’ont pas l’appétit du pouvoir, mais puisent dans la force de leurs convictions et le sens de l’intérêt public la légitimité et la pertinence de leur action.
Attentive à la détresse humaine, sensible à toute forme d’injustice, attachée à conjuguer développement social et développement écologique, femme de cœur et de culture, féministe convaincue et active, Francine a mis ses qualités au service des habitants de notre ville.
Elle a successivement participé avec assiduité aux travaux de la commission en charge des politiques de santé, de solidarité, d’insertion, de prévention et de la petite enfance. Puis dans celle en charge des politiques d’éducation, de l’enfance, de la jeunesse, de la culture, des sports, du partenariat avec le mouvement associatif et des relations internationales. Elle a siégé dans la commission de suivi de l’Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat, au Comité d’Hygiène et de Sécurité puis au Comité Technique Paritaire et dans la commission paritaire relative au mouvement associatif.
Elle a souvent éclairé les débats en séance du conseil municipal de son apport de féministe convaincue et d’écologiste de progrès. Nous n’avions pas toujours le même point de vue, mais je crois pouvoir affirmer qu’un grand respect mutuel a toujours présidé à nos échanges.
Ne se départissant jamais de son calme, de sa voix douce, presque fluette quelque fois, elle affirmait avec conviction et précision ses avis et propositions, et questionnait avec subtilité et pertinence sur ce qui lui paraissait imprécis.
Elle nous avait habitués à la présence de sa fragile silhouette dans différentes initiatives à la rencontre et au contact des habitants. Une silhouette qui s’est affaiblie avec la maladie sans que jamais Francine ne se départisse ni de son élégance simple, ni de sa féminité mise en valeur à travers de petites touches vestimentaires, ni de son regard si vivant resté intensément ouvert sur le monde. Car je crois que durant tout ce temps où elle s’est battue avec lucidité contre le mal qui la rongeait, Francine Segrestaa aura fait preuve d’une force de caractère, d’une volonté et d’un courage qui forcent le respect. Elle a sans jamais se plaindre, poursuivi le combat pour ses idées et assumé tous ses engagements, repoussant le plus loin et le plus longtemps possible les ravages de la maladie.
Je garderai le souvenir d’un engagement local à l’image de la femme que fut Francine Segrestaa, qui a su concilier modestie et force de conviction, sensibilité et ouverture d’esprit, humilité et sens de l’intérêt public.
Aujourd’hui, j’éprouve beaucoup de tristesse et je voulais apporter l’hommage de la femme et du Maire que je suis à la grande dame qui vient de s’éteindre et que nous accompagnons aujourd’hui pour son dernier voyage.