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> Et les cheminots résistants ? (http://lipietz.net/?article1876)
par Alain Lipietz | mai 2006 Et les cheminots résistants ?
Certes, ces chefs (près de 500) ont été épurés, ce qui reconnaît leur responsabilité (mais ils le furent, comme tous les autres, uniquement pour « intelligence avec l’ennemi »). Certes, beaucoup de cheminots ont résisté. Certes cela fait mal aux cheminots actuels et à leurs proches de voir ainsi condamnée leur entreprise. Mais je suis moi-même fonctionnaire. Des fonctionnaires ont résisté dans toutes les branches de l’administration (enseignants, postiers, et même policiers et gendarmes). J’ai eu honte en tant que Français et en tant que fonctionnaire lorsque, le 16 mai 2006, à l’audience, le commissaire du gouvernement a détaillé la complaisance de la justice administrative sous Vichy. Et je ne pense pas qu’à aucun moment les combattants de la Résistance aient eu pour but de laver à l’avance la responsabilité de leurs institutions ! Au contraire, ils aspiraient à une profonde épuration et une rénovation morale de l’entreprise ou administration qui les employait, et qui réprimait leurs actes de résistance. Aucun fonctionnaire ne m’a écrit pour me reprocher d’avoir « sali » son employeur. Les fonctionnaires aiment-ils moins leur employeur que les cheminots ? Non, ils assimilent même leur employeur à la Patrie, à la Démocratie, à 1789. Mais, depuis les années 1970 et surtout 1990, les fonctionnaires et la société française ont appris à regarder en face le degré de compromission de leur propre administration avec les nazis. Cet effort de mémoire a-t-il été accompli dans le secteur nationalisé ? Ou la SNCF en est-elle restée aux mythes des années 1950 ? Un seul conducteur de locomotive, Léon Bronchart, constatant ce qu’il avait à transporter, s’est élevé pour dire : « Je ne conduirai pas ce train-là ». Tous ses collègues l’ont chaleureusement félicité. Il a été renvoyé de la SNCF, réintégré à la Libération, fait Juste parmi les Nations (ce qui ne fut pas le cas de la SNCF, encore heureux !). Si tous s’étaient ainsi dressés, la déportation aurait dû mobiliser des cheminots allemands qui auraient ainsi été détournés de l’effort de guerre. Comme le dit le commissaire Truilhé : « Nul ne sait ce qu’il aurait fait à l’époque. » Chacun avait ses raisons, depuis le souci de gagner le pain de sa famille, jusqu’à la peur de la répression, en passant par l’antisémitisme ou l’orgueil professionnel. Mais les cheminots ont le droit de savoir. Pour mieux apprécier l’héroïsme même de la Résistance cheminote, trop souvent persécutée et dénoncée à la Gestapo par les dirigeants de la SNCF. ![]() |
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