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> Économie, régulation, marxisme... (http://lipietz.net/?article860)
mai 2002 Économie, régulation, marxisme... A propos de marxismeQuestion : mais vous n’avez pas toujours été " europtimiste ". Vous aviez voté Non à Maastricht ? Réponse : J’ai toujours été " pro-européen ", au lycée j’éditais une feuille ronéotypée, " Lycée Europe ", dans le cadre d’un club UNESCO. Mais je n’ai pas aimé l’Acte Unique, ni le traité de Maastricht, qui faisaient de la Communauté européenne un champ de bataille pour les marchés (voir mes livres depuis L’audace ou l’enlisement). Mais l’économie est devenue si internationalisée qu’il nous faut, pour reprendre le pouvoir sur nos vie, faire de la politique au niveau européen , mondial. En fait on ne peut pas être écologiste sans être fédéraliste européen, mondialiste... Question : Et le projet de Constitution rédigé par la Conventin présidée par V. Giscard d’Estaing, vous en pensez quoi ? Réponse : Comme les Verts, j’ai approuvé le travail de la Convention qui a rédigé la première partie du projet de Constitution européenne. Voir mes articles : Europe, premier pas vers l’autre mondialisation, Redonner la main au politique face au marché, L’Europe politique, vite ! et La Constitution européenne : une occasion ratée. L’économie, vue par Alain LipietzQuestion : On vous connaissait pourtant surtout comme un " régulationniste ". C’est cela qui vous a mené à l’écologie ? Réponse : Pas vraiment (voir plus haut). Mais j’utilise l’approche de la régulation pour étudier les problèmes de l’écologie humaine. Voir par exemple Écologie politique régulationniste ou économie de l’environnement ? et De la régulation des espaces aux espaces de régulation et, bien sûr, mes livre Vert-Espérance et Qu’est-ce que l’écologie politique ?. On peut même écrire une histoire régulationniste de l’écologie (voir Le développement soutenable : histoire et défis). On peut fonder une économie régulationniste de l’environnement, à l’échelle locale (voir Économie politique des écotaxes) comme à l’échelle globale (voir Œuvrer pour la viabilité écologique mondiale. Pour une Nouvelle Grande Transformation). Question : Donc, entre théorie de la régulation et écologie, tout va bien ? Réponse : Il y a des problèmes. Kerry Whiteside, un auteur américain, m’a mis le nez dans les contradictions. Question : Et au fait, c’est quoi au juste l’approche de la régulation ? Réponse : C’est un point de vue et une méthode qui commencent par s’étonner que des objets, des tissus de rapports contradictoires, des écosystèmes soient stables, au moins relativement, et qui essaient de comprendre comment c’est possible. C’est la stabilité relative qu’il faut expliquer, la crise est naturelle. Voir Rebel sons : the regulation school et La trame, la chaîne et la régulation : outils pour les sciences sociales, où j’applique cette approche aux rapports amoureux. Question : Mais comment ! ? La régulation, c’est de l’économie : le fordisme, tout ça. Réponse : Attention ! Ne confondons pas. L’approche de la régulation est une méthode dialectique générale pour l’appréhension des réalités complexes et contradictoires. Mais, comme toute méthode, elle s’est d’abord développée sur un cas d’étude concret : ici le fordisme, modèle de développement économique de l’après-guerre. Voir par exemple mon livre Mirages et miracles, problèmes de l’industrialisation dans les tiers-monde et The rise and Fall of the Golden Age : an historical Analysis of Post-war Capitalism in the Developed Market Economies. Question : Pourtant, le fordisme, c’est fini... Réponse : Oui, mais ça n’empêche pas d’appliquer l’approche de la régulation aux après-fordismes, y compris dans leur dimension écologique. Voir notamment Le monde de l’Après-fordisme, The Fortunes and Misfortunes of Post-Fordism. Question : Ce n’est pas le travail qui est fini ? Réponse : Hélas non. Voir, par exemple, " Fin du travail ou fin du fordisme ? " et " Les défis de l’après-fordisme " et, bien sûr, La société en sablier Question : Et le régulationnisme lui-même, vous ne croyez pas que c’est fini ? Aujourd’hui, on parle plutôt de conventionnalisme... Réponse : Convenons que pour moi ce serait plutôt une régression. Voir De la régulation aux conventions : le grand bond en arrière ? Question : Un peu maoïste comme référence, non ? Réponse : On ne se refait pas : voir D’althusser à Mao ?, De l’althusserisme à la théorie de la régulation, et De l’approche de la régulation à l’écologie politique : une mise en perspective historique. Question : Houla ! Mais ils sont morts tous ces gens-là, même Marx ! Réponse : Moi-même je ne me sens pas très bien... Question : Et vous les défendez ? Réponse : Marx reste pour moi le père de l’économie critique, et le marxisme a produit un " principe d’espérance " qui inspire encore l’écologie politique. Voir Les crises du marxisme : de la théorie sociale au principe d’espérance. Cela dit, entre le marxisme et l’écologie politique, il y a une rupture épistémologique, changement de paradigme. Voir L’écologie politique et l’avenir du marxisme ,et le débat qu’a suscité sa traduction en 2000 dans Capital, Nature and Society, ainsi que ma réponse. Question : Bon, mais vous avez fait toute votre carrière dans un Centre d’Études Prospectives d’Économie Mathématique Appliquée à la Planification. Vous avez vraiment fait de l’économie mathématique ? Réponse : Voui, voui... Voir la rubrique " Économie Générale et Mathématique ". Mais je ne vois guère l’utilité de faire ça toute sa vie. L’économie n’est pas mathématisable au sens de la physique. Toutefois les mathématiques obligent à penser avec plus de rigueur ce qu’on veut dire, et à vérifier que ce qu’on a voulu dire implique bien ce que l’on prétend. Ainsi, les polémiques des années 70 sur la " transformation des valeurs en prix de production " ou sur la " baisse tendancielle du taux de profit ", ont permis à beaucoup de s’appuyer sur les mathématiques pour prendre congé du marxisme. Comme je le montre dans " Retour au problème de la transformation " et " Behind the crisis ", ces débats reposaient en fait sur une mauvaise formalisation de ce que Marx avait en tête. ![]() |
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