par Michèle Loup
Bonjour à toutes et tous,
Je ne sais pas à partir de quand Francine est arrivée dans la commission qui s’appelait auparavant « Commission Femmes » et depuis quelques années « Commission Féminisme », mais Francine y a tenu une place importante, constructive, faite d’apports théoriques bien sûr, mais aussi par son tempérament, sa sagesse, son respect des autres, elle a aussi souvent contribué à apporter de la modération dans des débats parfois vifs au sein de la commission.
Lors de ses obsèques, nous avons tenu à avoir une pensée pour les militantes comme Renée Conan et Solange Fernex, qui ont également apporté beaucoup à notre Commission, mais aussi à notre parti et plus largement à la société en jetant les bases de l’écoféminisme.
Francine a participé à son tour à l’imprégnation par les idées féministes de notre parti.
Cela était dans la continuité de ses engagements de lutte pour l’émancipation des femmes, pour leur autonomie, pour une réelle égalité non seulement de droit mais de fait.
Francine, c’était cette volonté de toujours lier les grandes théories à la lutte pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et à l’application concrète.
Aussi, elle a participé avec d’autres à infléchir les règles dans notre parti, pour une meilleure application de la parité : parité dans les désignations internes et externes, mais aussi sur des points concrets et essentiels comme le partage du temps de parole dans les assemblées, parité dans les tribunes, etc…
C’est cette volonté là qui l’a conduite à son engagement au quotidien dans le CNDF – le Collectif National pour les Droits des Femmes.
Pendant de longues années, elle a œuvré, aux côtés de Maya Surduts et de Suzy Rojtmann à rassembler les associations, partis et organisations syndicales dans la lutte contre le patriarcat, le libéralisme et l’ordre moral qu’avec l’appui des religions ils veulent imposer, contre le temps partiel imposé, contre les violences faites aux femmes et pour le vote d’une loi-cadre….
Francine était convaincue que l’émancipation des femmes entraînait l’émancipation des hommes également et que les luttes des femmes pouvaient entraîner des hommes féministes.
En effet, la lutte féministe ne concerne pas que les femmes, mais aussi les hommes car c’est ensemble qu’il faut agir pour la transformation des rapports sociaux de sexe, pour diffuser une culture de l’égalité dans l’ensemble de la société, pour l’éducation des enfants, pour lutter contre les stéréotypes sexués et les rôles sociaux attribués aux uns et aux unes, pour supprimer les inégalités et discriminations dont sont victimes de nombreuses femmes au quotidien.
Durant ces dernières années, Francine a fait preuve d’un immense courage… tout en luttant contre cette longue et douloureuse maladie, elle nous diffusait encore il y a quelques mois les infos du CNDF.
Francine, ton départ fait un grand vide et affaiblit la diffusion du féminisme dans notre parti et dans la société, mais tes livres, tes idées féministes, mais aussi ton sourire lumineux continueront de nous accompagner.
Je voudrais rajouter un petit mot sur une autre femme, féministe elle aussi ! Nous fêtons cette année le 60ème anniversaire de la DUDH – la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ».
Je suis allée hier et avant-hier à un colloque organisé en hommage à Olympe de Gouges. Je n’en connaissais personnellement que sa superbe « Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne », écrite pour faire pendant à celle des de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui excluait les femmes de la citoyenneté.
Ce colloque s’intitulait « Olympe de Gouges, une femme du 21ème siècle ».
J’ai découvert que cette femme avait mené des combats qui sont d’une incroyable actualité :
– Contre la peine de mort
– Contre l’esclavage
– Contre les mariages forcés
– Contre la prise forcée des vœux en religion
– Pour des réformes sociales de grande ampleur
– Pour la création de maternités car beaucoup de femmes mourraient en couches
– Pour la création de foyer d’hébergement pour les sans travail et sans abri
– Pour l’instauration d’impôts sur les plus riches
– Pour une souscription pour payer les dettes des « emprisonnés pour dettes »
– Pour la création du mariage libre sur contrat civil
– Pour la reconnaissance des enfnts illégitimes
– Etc.
Elle fut décapitée le 3 novembre 1793.
En la décapitant, il s’agissait bien évidemment aussi de couper la tête à toutes ces idées révolutionnaires, mais aussi trop subversives pour les révolutionnaires eux-mêmes !
Voilà, je suis sure que ce colloque aurait énormément fait plaisir à Francine et je souhaitais vous en faire part.
Je vous remercie.