Crimes de Toulouse : antisémitisme ou "racisme général" ?
par Alain Lipietz

lundi 19 mars 2012

Un homme, ou peut-être plusieurs, mais avec la même arme, dans la même région et selon la même technique, a successivement tué 4 militaires maghrébins et antillais, puis trois élèves et un enseignant d’une école juive. Ces crimes abjects n’appellent qu’une condamnation en bloc, même si l’assassinat de petits enfants suscite tout naturellement plus d’horreur que celui de jeunes adultes engagés sous les drapeaux.

Il est donc malencontreux d’entendre certaines personnalités françaises et étrangères faire le tri entre les victimes et ne dénoncer que le segment « antisémite » de cette séquence criminelle.

En l’état actuel des informations, il s’agit bien plus vraisemblablement d’un « raciste général » comme le tueur norvégien de l’été dernier, Anders Breivik, ou, plus proche de nous, le tueur raciste en série d’Epinay 2004.
Ne condamner aujourd’hui que la dimension antisémite de cette série n’est pas seulement odieux. Cela relève de l’imprudence voire de la complicité avec l’assassin, en occultant le fait que les « prochains sur la liste » ne sont pas forcément des Juifs, mais bien plus largement tous ceux que, dans sa logique criminelle, l’assassin considère comme des « allogènes », par exemple les Roms ou les immigrés asiatiques.

Tuer successivement des militaires et des enfants démontre une logique raciste particulièrement complexe (contre les formes « organisées » de présence en France ?) qui rend déjà assez difficile le travail des "profileurs", enquêteurs et, plus difficile encore, la prévention des prochains crimes. N’en rajoutons pas en ignorant, par égoïsme victimaire, une partie des données du défi que le tueur adresse à toute la société française.



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