Verts-Contact, n°550
BOYCOTTONS TOTAL !

8 janvier 2000

Râââ ! Enfin, un bon vrai boycott. Pour un boycott réussi, il faut quatre conditions :

1. La cible doit mériter clairement, légitimement, la vindicte générale. TOTAL-FINA-ELF est clairement coupable. D’avoir profité de la globalisation, de la dérégulation, pour sous-traiter aux moindres frais, au moindre salaire, à la moindre sécurité, le transfert d’une cargaison dangereuse. Il fut certes aidé en cela : les États de l’Union européenne ont eux-mêmes abandonné leur mission première de veiller à la sécurité publique, sous-traitant à des certificateurs de complaisance le contrôle des pavillons de complaisance.
2. Ce qui est exigé de la cible doit être clair et bien délimité. On peut individuellement éviter une marque qu’on n’aime pas (Mac Do ?) mais qui organise un boycott doit poser les conditions de son arrêt. Nous demandons trois choses à Total :
- Qu’il s’engage à indemniser les victimes au-delà de l’assurance mutuelle des pétroliers (le FIPOL), qui, comme toute assurance, déresponsabilise les chauffards.

- Qu’il s’engage à pomper le fuel restant dans l’épave.

- Qu’il s’engage à ne plus utiliser que des pétroliers à double coque, respectant la réglementation européenne.

3. Le boycott doit être facile à pratiquer et faire mal à la cible. Pas la peine de boycotter votre cher garagiste du coin qui distribue Total ; mais entre deux stations anonymes, choisissez l’autre. Il suffit de déplacer quelques pour-cent de parts de marché pour faire baisser nettement plus le taux de profit sur les actions Total, donc faire s’envoler les fonds de pension vers des titres plus juteux. Normalement le cours de l’action Total va baisser. Si vous en avez, vendez ! Vous rachèterez après, quand votre boycott aura réussi. Nous avons déjà marqué des points sur le second objectif (le pompage). On continue !

4. Au delà de la cible visée, un bon boycott doit lancer un débat plus général. Les autres ? majors ? du pétrole ne valent pas mieux que Total. Si le boycott réussit, ils se tiendront à carreau. Mais derrière la question de la sécurité des navires, il y a toute la question de la déréglementation, du capitalisme globalisé et ultra-libéral. Déjà, les députés Verts de France et d’Europe fourbissent interpellations et projets de loi. À l’espace global du libéralisme, opposons une politique démocratique européenne et globale de respect des droits sociaux et environnementaux.

Mais au fait ? quand le capitalisme était réglementé (il y a 30 ans), quand les groupes pétroliers avaient leurs propres bateaux tout beaux, arborant fièrement le nom de leur firme, les Amoco-Cadiz, les Exxon-Valdès, il y avait déjà des marées noires ! Derrière le capitalisme, c’est en fait le productivisme que nous attaquons, le pillage des ressources terrestres, le tout-camion, la pollution de l’atmosphère, l’effet de serre et ses tornades qui, des tropiques, remontent vers les pays riches et tempérés, par la justice boomerang de l’écologie planétaire !

Alors, il ne suffit pas de changer de pompiste. Roulons moins vite, prenons le train, mettons un pull-over ?



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