Dès le matin, la nouvelle se répand : attentat à Londres. Et nous voici tous devant nos écrans, comme après le 11 septembre 2001. Cette fois, plus personne ne discute ni des probables auteurs (personne ne pense à une dissidence de l’IRA), ni du jugement politique sur ce que représente ce terrorisme. Nous ne pensons qu’aux possibles victimes.
Je téléphone à Miles, le compagnon anglais de la mère de mes filles. Pendant les années de leur enfance, elles habitaient déjà Londres, en permanence secouée par les attentats de l’IRA. Heureusement, elles ne sont pas là, et lui n’a rien remarqué, si ce n’est que les métros sont fermés ! Flegme britannique… Naturellement, c’est le thème que broderont tous les médias français dans la soirée : l’impressionnante résistance des Londoniens à l’agression. En réalité, les Anglais n’ont pas moins peur que nous ou que les Américains, ni physiquement, ni moralement... A midi, les votes commencent par une minute de silence, et ma voisine anglaise, Caroline, est bouleversée.
Simplement, le peuple anglais est (un peu comme les Français), beaucoup plus habitué aux bombardements et aux vagues d’attentats que ne le sont les Américains. Mais surtout, la tradition démocratique y est beaucoup plus puissante qu’ailleurs : malgré les bavures de l’appareil d’Etat, on ne tolère pas de recul sur les droits de l’homme sous prétexte de lutte contre le terrorisme ou de lutte contre l’extrémisme. Ma voisine, Caroline Lucas, avait d’ailleurs relayé au Parlement européen une pétition anglaise contre la loi française prohibant le voile... On ne verra pas, comme sûrement à Paris, l’armée patrouiller, mitraillette au poing, dans les gares.
Les votes se déroulent dans la morosité et l’indifférence. La résolution contre la contrebande des bois illégaux (sur laquelle j’avais organisé un petit colloque), condamnant vigoureusement la passivité de la Commission à mettre en oeuvre l’accord FLEGT, passe à la quasi unanimité...