De l’importance de la pole-position dans une élection
par Alain Lipietz

mercredi 7 octobre 2009

Pour la première fois de ma vie politique, je suis, en tant qu’écologiste, en position de prétendre représenter la gauche et le centre au second tour, et même de battre la droite. Une situation nouvelle, autant pour les médias que pour moi. Certes, les élections européennes indiquaient cette possibilité, mais c’est l’immense mérite d’Anny Poursinoff à Rambouillet de l’avoir confirmée. En tout cas aux yeux des médias !

Jusqu’à présent, il allait de soi que, dans cette circonscription de droite, un « héros national » de la stature de Douillet ne pouvait que l’emporter. Par exemple, RTL s’était permis d’inviter Douillet pour une grande émission en incrustant de courtes interviews des autres candidats.

Cette semaine, changement de décor : en quelques heures je suis interviewé par presque tous les grands medias français, en 48 heures c’est fait.. Les journalistes, qui étaient encore surpris, lors de ma conférence de presse du mois d’août, de ma confiance dans la possibilité d’être élu, commencent visiblement à se faire à cette idée.

C’est une situation très intéressante, car l’attitude des médias vis-à-vis d’un candidat a quelque chose d’une « prophétie autoréalisatrice ». Si personne ne pense qu’un candidat peut être au second tour, les électeurs en tiendront compte et choisiront un autre candidat dès le premier tour. Le fait que j’apparaisse comme un candidat possible de second tour, et même (cela je le dois encore à Anny Poursinoff), le meilleur, celui qui rassemble le plus large) change la perception des électeurs quant à l’enjeu des élections.

Rien n’est encore joué, évidemment... Mais nous disposons maintenant de la profession de foi de David Douillet : plus écolo que moi tu meures ! Le candidat de l’UMP se déclare contre le circuit de Formule 1, contre l’A104, alors que l’UMP des Yvelines a toujours soutenu mordicus ces deux projets. Pas de panique : Douillet est quand même pour un circuit (mais pas dédié à la F1), il est pour l’A 104, mais « pour un autre tracé »… Sur le marché de Poissy mardi matin, les agriculteurs bio installés sur la zone du futur circuit de Formule 1 me confirment que, la veille encore, le conseil général leur a refusé un bail de longue durée. En réalité, bien entendu, le circuit de Flins tient toujours et les déclarations de Douillet ne sont que pures manœuvres tactiques. Mais il n’échappe pas aux électeurs que la seule menace de mon élection suffit déjà à faire bouger les lignes.

Autre indice de panique dans les rangs de l’UMP : la position du groupe Bolloré. Ce groupe, pilier de la Françafrique et sponsor des vacances nautiques de N. Sarkozy, n’est pas vraiment écologiste. Pourtant ses organes de presse, en particulier Direct 8, étaient jusqu’à présent plutôt gentils avec moi. Ainsi, il y a 15 jours, ils me proposaient un débat de 35 minutes…pour le jour d’un de mes meetings. Comme j’avais décliné, ils m’avaient proposé une interview en compensation. Dimanche, la journaliste de Direct 8 m’annonce que « d’après les règles du CSA » ( ???), Douillet a droit à 20 minutes, le socialiste à 7 minutes, le Modem à 3 minutes et moi à une minute et demie. Charmant. Et mardi dans le métro, le choc : Direct Matin, journal du même groupe, consacre toute sa Une à Douillet et lui accorde une pleine page 3 d’interview et de portrait complaisants, en violation flagrante de toute règle éthique d’équilibre.

Heureusement, l’autre « gratuit » de l’Ile-de-France, Métro, fait sa Une sur le film de Nicolas Hulot ! Le match Verts-UMP se reflète jusque dans le match des gratuits ;-)

A part ça, on finit la série de nos réunions-débat, mardi soir aux Clayes avec Cécile Duflot, mercredi à Poissy avec Dominique Voynet et Karima Delli. Frappé par l’hégémonie de la gens féminine dans cette campagne, l’excellent Pascal Zabus en fait une video. La video à ne pas manquer : cliquez ici !



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