Hier jeudi, grand meeting de soutien à Anny Poursinoff à Rambouillet. C’est la candidate verte Europe-Ecologie arrivée seconde au premier tour, dimanche dernier, dans la 10e circonscription des Yvelines, juste au sud-est de la mienne, la 12è. Je reviendrai plus tard sur ma semaine à Plaisir-Poissy car, comme je l’ai dit hier à ce meeting, ce qui se passe dans la 10e va forcément interférer avec ma propre campagne.
Dimanche dernier, en effet, c’était le « coup de tonnerre » : Anny au second tour (20 %) face au candidat UMP, Jean-Frédéric Poisson (44 %), dans ce bastion de la droite des Yvelines. Et hier, c’était le grand meeting de soutien à Anny.
La salle Patenôtre est pleine. Au premier rang, les grandes figures départemantales du Parti Socialiste : la sénatrice Catherine Tasca, le président du conseil régional Jean-Paul Huchon, et notre nouvel allié privilégié, Christophe Caresche, du Pôle écolo du PS. Mais il y a aussi les responsables départementaux du PRG, du Modem. Les conseillers municipaux Modem qui sont dans la majorité (de droite) à Rambouillet sont là aussi. On commente et on applaudit la prise de position publique de François Bayrou et de Corinne Lepage en faveur d’Anny. Bref, un vaste front du centre et de la gauche se dessine autour d’elle.
L’ambiance ? Sur un petit nuage. Le front est en effet impressionnant : les associations sont là, les maires ruraux de la vallée de la Mauldre en lutte contre la voie expresse, le réalisateur de Nos enfants nous accuseront, Jean-Paul Jaud, etc.
Dès l’entrée, Françoise Pelissolo, la candidate socialiste arrivée en troisième position (12,4%) vient me dire bonjour. Elle se présente :« C’est moi la responsable du désastre de dimanche dernier », et me rappelle aussi qu’elle était une amie de Francine dans le mouvement féministe…
Pour moi, c’est fantastique que tous ces socialistes et centristes soient là, sans aucune réticence. Comme était magnifique, pour moi, dimanche soir, qu’Europe Ecologie soit devant eux. Je ne vois donc évidemment pas en quoi il y a « désastre », ni surtout responsabilité personnelle de Françoise, puisque, après tout elle a retrouvé approximativement le score du PS aux européennes, alors que le candidat socialiste traditionnel (Mougeot) se présentait, lui, comme « divers gauche investi Modem ». Elle s’en est plutôt bien tirée !
Pendant l’interminable série d’interventions associatives et politiques, et avant d’intervenir moi-même, je rumine cette bizarre formule. Evidemment, dans mon intervention, dans cette ambiance « union au second tour », je me contente de saluer l’exploit d’Anny, en le présentant comme un exploit collectif des forces progressistes et démocratiques, minimisant la rivalité PS – Verts, ici comme dans ma circonscription (la 12e). Enfin quand même, sur ce blog, je me lâche !
Que les écologistes arrivent devant le PS et représentent l’opposition à la droite au deuxième tour, dans une circonscription ancrée à droite, me semble parfaitement naturel et excellent pour la gauche. Il y a certes un effet personnel : Anny « labourait » cette circonscription depuis très longtemps, elle est conseillère régionale spécialisée sur les questions de santé et d’agriculture bio. Mais justement, ces facteurs personnels sont en ligne avec ce que l’écologie apporte à la gauche dans son affrontement avec les forces conservatrices, ultralibérales et productivistes.
Dans l’affrontement droite-gauche de ce début du XXIe siècle, je ne crois pas que la référence socialiste, c’est-à-dire à la lutte des classes, soit la plus efficace. Certes, la lutte des classes existe, et voter à droite représente pour les plus riches la défense de leurs privilèges, pour les plus pauvres la croyance que « le parti de l’ordre » les défend mieux contre la délinquance. Mais la traditionnelle stratégie socialiste pour élargir la gauche vers le centre (qui consiste à rassembler un front de plus en plus large autour du prolétariat : les paysans pauvres, les paysans moyens, la petite bourgeoisie, la moyenne bourgeoisie opposée aux multinationales, etc.) me paraît désormais inefficace.
Une nouvelle gauche ne pourra vaincre l’hégémonie de la droite que si elle sait présenter son projet comme l’intérêt non plus « du peuple tout entier » (dans cette vieille conception « additive » du mot peuple) mais comme représentant l’intérêt de l’humanité toute entière. Or, l’écologie, qui met en avant les objectifs de survie et de qualité de vie de l’humanité, va justement et directement à l’essentiel. Anny incarne personnellement les professionnels de santé et la lutte pour une nourriture saine : elle est donc parfaitement qualifiée pour conquérir des voix, bien au-delà de la gauche traditionnelle. Son succès de dimanche dernier, qui la porte aujourd’hui comme candidate non seulement de l’écologie mais de toutes les forces progressistes, n’a donc rien d’un désastre, c’est au contraire une très grande chance pour le second tour.
Oui, on y croit : dans cette circonscription de la droite indéboulonnable, celle de Rambouillet, dont le maire Larcher, en tant que président du Sénat, a refusé de lever l’immunité parlementaire sur l’hyper-corrompu Gaston Flosse, il n’y a que les écologistes pour unir une majorité dans la défense de l’intérêt général et du bien commun.
La victoire d’Anny dimanche prochain ne serait pas un succès des Verts contre le PS ni même de la gauche contre la droite, mais la victoire d’une autre conception de la politique, une victoire d’un projet solidaire pour l’humanité.
PS. Ne manquez pas, en attendant, mon site de campagne, il y a de petites videos assez rigolotes.