Viva Amara
par Alain Lipietz

samedi 11 novembre 2006

Vendredi, midi et demi, je retrouve Jean-Claude Amara, son avocate Irène Terrel, ses témoins de moralité Albert Jacquart et Monseigneur Gaillot, au café devant le Palais de Justice. Jean-Claude est accusé d’avoir, au moment de l’occupation de l’ex-musée des Arts coloniaux, à la Porte Dorée par des sans papiers, occupation à laquelle j’avais participé, violemment projeté contre un mur une femme qui s’avèrera être une policière. Super-crédible, de la part de Jean-Claude, militant non-violent qui n’a jamais été poursuivi pour violence en 17 ans d’actions directes !!

Pour cette opération dont j’avais déjà souligné le jour même (à France 3 et sur mon blog) le caractère tout à fait non-violent et même assez bon enfant, jusqu’à la charge des policiers contre les sans papiers, le Palais de justice a déployé à l’entrée de la salle d’audience une armada de gendarmerie. À l’intérieur de la salle, à nouveau une dizaine de gendarmes qui laissent filtrer pour tout public à peine une trentaine de personnes alors qu’il reste des places assises (en principe les audiences sont ouvertes au public). Pourtant, des militants sont venus de toute la France pour soutenir le leader du Droit Au Logement et de Droits devant… Y compris des personnes du collectif C-Sur que j’avais connues à l’époque de Sangatte.

Hélas ! l’avocate de la « victime » (c’est-à-dire de la policière) est malade, ce qui va entraîner le renvoi de l’audience. Irène Terrel ne peut évidemment pas plaider contre ce renvoi. Elle essaie toutefois de faire valoir les irrégularités lors de la garde à vue de Jean-Claude Amara (non présence d’un avocat dans la première heure) pour obtenir l’annulation, mais ce vice de forme est joint au fond.

Je n’ai quand même pas complètement perdu mon temps. La défense a produit l’enregistrement du reportage de France 3 qui montre le caractère entièrement non-violent des manifestants et fait apparaître fugacement la fameuse policière… en civil et sans brassard, ce qui en tout état de cause élimine l’accusation de « violence à agent » (mais, pour Jean-Claude, ce serait de toute façon très vilain de jeter une femme contre un mur !) Cette pièce a été produite sur DVD. La juge conteste la pièce, sous prétexte que le DVD n’a pu être lu par le Windows Media Payer des ordinateurs du Palais de Justice ! Je souris intérieurement en pensant à ce que mon beau-frère Rémi Rouquette, le remarquable administrativiste du procès de mon père, aurait pu tirer d’une telle déclaration de la Justice, officialisant en quelque sorte un monopole de service public de Windows. Nous conseillons à la justice française de se tourner vers les logiciels libres, par exemple VLC Media Player pour lire les DVD…

À la sortie, joyeuse surprise, une manif du 9e collectif de sans papiers pour soutenir Jean-Claude Amara ! Le monde à l’envers…

Jean-Claude Amara soutenu par le 9e collectif de sans papiers


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