Vote désastreux du Parlement européen sur la politique de la Banque Centrale
par Alain Lipietz

mardi 26 octobre 2004

Pour son premier vote politique important de la législature, le nouveau parlement s’est révélé le plus réactionnaire depuis l’élection du PE au suffrage universel !
Par ses votes successifs, soit en Commission économique et monétaire, soit en plénière, où j’espérais rétablir quelques unes de mes formulations initiales ou des formulations "modérées" du PPE Karas, la majorité du Parlement a ainsi notamment :
- nié qu’aux termes des traités la Banque Centrale ait à apporter son concours au développement soutenable,
- attribué les difficultés de l’Europe et la crise de l’emploi à l’insuffisance de la durée du travail,
- refusé que la future génération de billets de banque comprenne des représentations d’êtres vivants, de personnages, de paysages ou d’œuvres européennes significatifs.

Ces votes ayant totalement inversé le sens de mon rapport sur le Rapport 2003 de la BCE (pdf), j’ai retiré mon nom du rapport, qui échoit ainsi à la présidente Pervenche Bérès (PSE)... laquelle a bien entendu voté également contre le rapport ainsi amendé.

Particulièrement "radicaux" dans ce débat furent les "centristes" du groupe ALDE (dont Mme de Sarnez, MM.. Geremek ou Cavada - mais à l’exception du juge Di Pietro), qui firent systématiquement passer des amendements plus ultralibéraux que les amendements de compromis acceptables que proposaient Karas, membre du Parti populaire européen. On mesure ici la sincérité de la campagne des candidats UDF en faveur d’une Europe sociale…

Seul notre amendement appelant à la publication des minutes des débats de la BCE fut adopté avec le soutien des libéraux-centristes, mais leur représentant, M.Klinz, avait précisé lors du débat en plénière hier qu’il ne s’agissait que d’accroître la "transparence" et non la responsabilité de la BCE devant le parlement, lequel ne devrait donner son avis sur la politique de la Banque "ni pour le passé, ni pour l’avenir" !

Le résultat final fut de 318 voix pour le rapport ainsi amendé, 299 voix contre (la gauche et les Verts), et 45 abstentions, pour l’essentiel des conservateurs britanniques refusant la participation à l’Euro. D’autres adversaires de l’euro, parmi les populistes (dont le FN), ont joint leurs voix au Non.



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