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Au lycée de Clichy-sous-Bois


dimanche 19 décembre 2010

Lundi dernier, débat franco-américain sur « Penser la Nature autrement » à la Villa Gillet de Lyon. Environ 300 personnes.Vous trouverez ici mon texte introductif, et là l’enregistrement video. Débat passionnant.
Mais encore plus passionnante fut, mercredi, la conférence sur l’écologie politique au (...)


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Clichy-sous-Bois : retour sur quelques malentendus

samedi 5 février 2011

La lettre de M. Peloux me donne l’occasion de dissiper plusieurs malentendus, qui viennent pour une large part de ce que mon billet n’est pas un rapport scientifique, mais un billet de blog, donc un billet d’humeur (voire d’humour). Et puis aussi d’une certaine discordance, que je découvre avec étonnement, discordance entre l’image que je peux donner (un « intellectuel français » engagé dans l’écologie) et ce que je suis par ailleurs (un habitant de Villejuif, avec des enfants habitants le XIXe arrondissement). Typiquement : je n’ai jamais porté de col roulé (ça gratte), mais la représentation de ce que je suis est plus forte que mon image réelle.

« Sortir en peu ? » Mais dans mon quartier du sud villejuifois, ce n’est pas si différent de Clichy !! Et mes petits enfants, « blanc à peine cassé » (père des unes : algérien, père des autres : demi-égyptien) ont connu l’expérience de physique sociale amusante : mélange de couleurs dans le primaire, et au moment du passage en CES, les blancs dans une classe, les autres (blacks ou beurs) dans les autres !

Cela dit, M. Peloux a assez bien compris mon propos : « Il est semble-t-il admiratif des efforts des enseignants mais sceptique car convaincu que c’est tout le système qu’il faut changer. ». J’ajoute que je suis très admiratif des « messieurs bien mis » qui « sortent » les élèves de Clichy de leur milieu. Le souligner est, dans mon billet, une réponse directe à la difficulté pointée par le chauffeur de taxi : la réussite scolaire ne suffit pas, il faut aussi que les enfants de milieux défavorisés acquièrent les normes sociales (politesse, langage…) de la fac et des métiers du tertiaire supérieur. Ma remarque sur « les messieurs bien mis », comme l’éloge de Stéphanie, était un éloge de celles et ceux qui tentent de faire quelque chose, à structure sociale donnée, qui ne se résignent pas. Oui, je veux changer la société tout entière, mais sur cet effort, nous sommes frères, M. Peloux. Mes compliments n’ont rien d’empoisonnés !

Et en effet Clichy-sous-bois est le symbole des cités de relégation, départ des émeutes de novembre 2005. Toutes les études sociologiques concluent au handicap professionnel d’avoir simplement son adresse à Clichy. La remarque sur la distance à Paris n’est pas de moi, mais d’un conseiller municipal (beur) de Clichy. Clichy est conforme à son cliché, et gloire à celles et ceux qui ne s’y résignent pas. J’y ai fait ma première campagne électorale en tant que candidat vert (en 1986), je sais les richesses non reconnues que recèlent ce genre de banlieues.

La stratégie de la République est toujours la même depuis la création de Polytechnique par la Convention : recruter les plus doués des enfants du peuple (sur critère mathématique à cette époque) pour en faire des cadres de la nation. C’est mieux que reproduire à l’identique les anciennes hiérarchies, mais à l’aune des ambitions affichées le résultat est désolant : 3% de fils d’ouvriers à l’X, on prend les enfants de cadres pour faire des cadres, plus quelques très doués du peuple que l’on extrait à grand renfort de bonne volonté de la part des prof et des « messieur bien mis » (plus, ne l’oublions jamais , les efforts des enfants et de leurs parents). Et oui : c’est bien , c’est mieux que ces pays où on ne cherche même pas la promotion des « fils du peuple », mais c’est moins bien que les pays (comme la Finlande ) où l ‘école essaie de promouvoir tout le monde.

L’expérience de Clichy montre une chose : si on veut , on peut, il n’y a pas de fatalité culturelle. Mon billet (et la remarque de Stéphanie sur la section professionnelle du lycée) est une réponse aux sociologues à la mode qui prétendent que les enfants d’Afrique de l’Ouest ont plus de mal à s’intégrer parce que la structure familiale y fait moins de place à la mère que dans le Maghreb. La majorité des sociologues de la banlieue répond : les difficultés que rencontrent les immigrés africains découlent principalement du fait que c’est une immigration plus récente. Je ne nie pas l’acquis culturel familial (être un petit garçon juif polonais immigrant ne fut pas un problème pour mon père jusqu’à l’arrivée des nazis, bien au contraire), je pense qu’il n’interdit nullement la réussite scolaire… si l’école en tient compte.

M. Peloux me reproche d’ « invoquer comme un curé en chaire l’appel à une société plus égalitaire, valorisant tous les dons et savoir faire etc ( qui est contre ?) ».

Ben justement l’actuelle direction de l’académie de Créteil, que je critique explicitement ! Même ce qui se fait de bien à Clichy se fait contre elle, et je cite des exemples où elle a cassé ce qui a failli se faire (avant que la précédente direction ne soit virée, comme le grand flic de Toulouse à qui Sarkozy reprochait de faire trop d’action d’éducation sociale.)

Quels sont les « dons et savoir-faire » des jeunes de banlieue issus de l’immigration, détectés par les tests standards de l’Armée ?

Les langues bien sûr, d’abord ! Notre pays tend à disparaître à l’international. Inutile de geindre au « déclin » : c’est une décision politique. Nous avons la jeunesse la plus dynamique d’Europe, disposant largement dans l’académie de Créteil de rudiments d’arabe et de chinois langues maternelles. Dans cette académie : 3 prof de chinois dans le secondaire et zero prof d’arabe (je ne demande qu’à etre corrigé !) La Chine et le monde arabo-musulman sont sans doute considérés comme sans avenir au XXIe siècle ?

Plus troublant : les Africains de l’Ouest semblent particulièrement doués pour les maths selon les tests de l’armée, fondés sur la logique. Problème : l’épreuve de math, la « composition de math » est en France d’abord une épreuve de français. On recherche l’élégance dans l’énoncé de la démonstration. Je ne dis pas que c’est un tort, c’est en effet un attribut typique de la culture française que cette façon d’exposer avec élégance des arguments scientifiques. Mais cela fausse notre vision des « dons » des jeunes de langue maternelle non française. Or les maths sont la base de la sélection par l’école française. Y compris dans la façon d’apprendre les maths : mon maître à l’X, Gustave Choquet, avait écrit un livre de géométrie à l’usage du secondaire, partant du « savoir expérimental » et non de l’axiomatique tombée du ciel (voir ici l’hommage que je lui rendais). Et pourtant il n’était pas exactement maoïste…

Je retiens donc vos critiques , cher Monseiur Peloux , mais vous appelle à l’indulgence. Un billet de blog n’est pas un programme de reconstruction de l’école et de la culture scientifique française !


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