Le Monde
Trois fois non à un parti unique de la gauche

14 novembre 2002

Comment réagissez-vous aux déclarations de Dominique Voynet, qui défend l’objectif d’un seul parti à gauche ?

C’est non. Trois fois non. Il est évident que le PS souhaite l’instauration d’un parti unique, à gauche, sur le modèle de l’UMP. Mais l’instauration du bipartisme en France serait une catastrophe. D’abord, pour la démocratie, puisqu’on a vu, lors de la présidentielle, que le PS et l’UMP regroupaient, à eux deux, moins de 38 % des électeurs. Ce serait aussi une catastrophe pour l’écologie politique parce que nos désaccords avec le PS sont profonds sur des thèmes comme la proportionnelle, le nucléaire ou les OGM.

Pensez-vous que Mme Voynet prépare ainsi son départ des Verts ?

Alain Lipietz : En tout cas, elle fait, visiblement, l’hypothèse que la marche vers le bipartisme est inéluctable. Or, sur le long terme, c’est une profonde erreur. Il était légitime qu’elle pose le problème, mais elle aurait pu le faire après notre congrès, ce qui nous aurait épargné ce nouvel épisode du match Mamère-Voynet, pieusement reconduit depuis le congrès de Toulouse.

Quelles seront, selon vous, les répercussions de cette nouvelle crise sur le prochain congrès ?

AL : Le courant Mamère-Voynet, qui avait décidé de coller à tout prix au PS, vient de vivre son dernier soubresaut. Face à cela, notre courant, Désir de Vert, peut représenter un pôle de stabilité, même si nous sommes plus "mouvementistes" que l’actuelle majorité. "Plus à gauche que moi tu meurs " : ce n’est pas comme cela que nous abordons le congrès. Nous cherchons à recentrer l’action des Verts sur le travail de terrain à l’échelon local, régional et européen, ainsi qu’en direction des mouvements sociaux.

Êtes-vous d’accord avec Mme Voynet quand elle estime que la gauche plurielle a fait son temps ?

AL : Pas du tout. C’est une majorité de gauche plurielle qui a gagné à Paris, comme en Allemagne. Nous souhaitons y revenir, sur la base d’un vrai partenariat qui a manqué à Lionel Jospin dans ses relations avec les Verts. Mais il faut aussi que les Verts se renforcent et qu’ils redonnent d’eux- mêmes une image pacifiée, conviviale. C’est plutôt mal parti dans le courant actuellement majoritaire.

Avez-vous un candidat pour le poste de secrétaire national ?

AL : Nous envisageons avec bienveillance la candidature de Marie-Hélène Aubert. Si elle ne fait pas consensus, nous présenterons notre propre candidat.

Propos recueillis par Christine Garin

Entrevue parue dans

.



Reproduction autorisée avec la mention © lipietz.net (http://lipietz.net/?article916) (Retour au format normal)