Ana Maria Galano n’est plus

7 octobre 2002 par Alain Lipietz

Les médecins de Rio ont renoncé à sauver Ana Maria, en coma depuis de longues semaines, terrassée par une pneumonie infectieuse.

Actrice, militante révolutionnaire, agronome, sociologue, historienne, écologiste... Qui dira la variété des talents et des réseaux où s’était investie Ana ?

D’elle, qui était la mémoire vivante de la résistance du Brésil à la dictature, de la réforme agraire au Portugal, du Cinema Novo brésilien, d’elle, qui fut la compagne et l’inspiratrice du philosophe français Robert Linhart, puis du cinéaste brésilien Joachim Pedro de Andrade, on pourrait dire que "la mort d’Ana, c’est une médiathèque qui brûle".

Mais c’est surtout un puits de dévouement, de disponibilité, de générosité qui s’épuise. Ainsi donc, même la générosité et la résistance d’Ana, que depuis 20 ans ses amis ne connaissaient qu’ "épuisée", n’étaient pas inépuisables. Et les pneumocoques en ont profité...

Un jour, Ana m’a téléphoné de Rio : "J’ai rêvé de toi cette nuit. Tu t’évanouissais de fatigue. Arrête tout ce que tu es en train de faire". La vigilance de son amitié avait capté mon surmenage à travers le silence et la distance. Que n’ai-je eu la même capacité d’intuition...

Ana, belle et forte, tu m’as fait l’honneur d’écrire avec moi, à l’occasion d’un livre de David Harvey, le bilan des idéaux de notre génération, de ce à quoi il faut rester fidèle. Puissent notre texte et ton souvenir me guider longtemps.

 Son dernier livre publié : Casa-Grande, Senzala & Cia.
 En français : Cette terre est à nous, la vie d’un paysan du Nordeste brésilien, Maspero / Actes et mémoires du peuple, 1981. Récit recueilli par Ana Maria Galano.



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