Présidentielle 2002
Après le 2ème tour

5 mai 2002 par Alain Lipietz

Le formidable élan de la jeunesse, des associations, des syndicats, de toutes les autorités intellectuelles et morales, qui a balayé la France pendant quinze jours, a connu ce soir son couronnement : à une écrasante majorité, la France a rejeté Le Pen, son mépris de l’autre, des immigrés, des femmes, des minorités, ses propositions économiques et sociales scandaleuses.

Ce haut-le-cœur de la république, qui touche manifestement une partie de ceux qui avaient joué avec le feu en votant Le Pen au premier tour, est trop écrasant pour être assimilé à une victoire du candidat Chirac, dont le nom n’aura servi que de bulletin " Non à Le Pen ". Les sectes trotskistes qui avaient refusé de se joindre à cette mobilisation, à laquelle les Verts appelaient dès la nuit du 21 avril, ont gardé les mains blanches, mais elles n’ont plus de mains.

Aujourd’hui, une France réconciliée sur ses valeurs se retrouve néanmoins avec à sa tête un présumé voleur, à coup sûr Supermenteur, rejeté par 4 millions et demi d’électeurs qui lui avaient fait confiance 7 ans plus tôt.

Comment en est-on arrivé là ? parce qu’une gauche, qui a réalisé pourtant de bonnes choses, s’était murée dans son arrogance, refusant d’entendre le cri des banlieues et des campagnes. Trop de chose n’allaient pas, mais cette gauche avait choisi de suivre les mirages du libéralisme mondialisé.

Nous savons désormais que la France est prête à effacer l’outrage jusqu’au bout, à opter résolument, aux élections législatives de juin prochain, pour un vrai programme de transformations sociales, écologistes, solidaires, démocratiques.

Aux côtés de forces de la vieille gauche qui n’ont pas su changer ou n’ont pas voulu entendre,

il revient aux Verts d’incarner l’espérance.

Villejuif, le 5 mai 2002, 20 heures



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