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La hausse des prix est la seule chose qui force l’humanité à s’occuper de cette crise énergétique...
Débat "Prix de l’essence en flèche : faut-il renoncer à la voiture ?"

24 janvier 2012 par Alain Lipietz

Ce texte est une contribution au débat lancé sur le site en ligne Newsring et orchestrée par Ariane Hermelin sur le thème : "Prix de l’essence en flèche : faut-il renoncer à la voiture ?.

La hausse des prix est la seule chose qui force l’humanité à s’occuper de cette crise énergétique...

La situation du marché du brut aujourd’hui est assez affolante. Cette situation est due à plusieurs raisons, à la fois géopolitiques, à cause de l’Iran notamment, et économiques, car les craintes d’une replongée dans la dépression pèsent inévitablement sur le prix du pétrole. Après une flambée au mois d’avril dernier, le prix du pétrole a baissé mais il reste à un niveau qui aurait paru délirant en 2007. Comme les produits alimentaires, le cours du pétrole est donc stabilisé à un très haut niveau. Dans les deux cas le constat est le même : l’humanité n’a pas assez de pétrole ni de produits alimentaires.

La crise pétrolière comporte deux aspects : le problème de l’offre (il n’y a pas assez de pétrole) et le problème des déchets (l’effet de serre). Concernant l’effet de serre, l’humanité a renoncé à agir à Durban. C’est une catastrophe dont on ressentira les effets à moyen terme, car on finit toujours par ressentir les effets des non-décisions prises dans le passé sur ces questions essentielles.

En ce qui concerne la crise de l’offre énergétique, je suis de ceux qui pensent qu’il faut réagir. Et la hausse du prix du pétrole est la seule chose qui force l’humanité à s’occuper de cette crise énergétique. Il y a trois échappatoires possibles à cette crise pétrolière :

 Le recours à l’énergie nucléaire, dont les risques ont été ravivés par Fukushima.

 Le basculement vers les agrocarburants, qui entrent en concurrence avec la production de denrée alimentaires.

 Les économies d’énergie et les énergies renouvelables non liées à la production de biomasse-énergie.

De l’aveu "officiel "de l’Union européenne, de l’Académie des sciences et des associations, les seules solutions passent par le troisième groupe, même si l’on peut envisager à terme un partage "soutenable" de la terre entre production de biomasse-énergie et alimentation. Trois leviers permettent d’agir sur les économie d’énergie : la sobriété énergétique, qu’il faut encourager en faisant preuve de pédagogie auprès des consommateurs, les progrès de l’efficacité énergétique (isolation du bâti, transports en commun), et puis les quotas et les écotaxes. Les quotas représentent un système de régulation sûr et souple, mais ils fonctionnent surtout pour les grandes entreprises.

La TIPP, elle, fonctionne comme une écotaxe. Tout le problème de la TIPP, c’est comment la programmer pour qu’elle réagisse aux variations des prix du brut tout en augmentant de façon régulière et prévisible, et pas trop vite. On l’avait rendue "flottante" pour qu’elle compense les variations erratiques du prix du brut. Mais elle a été remise en cause, à un moment où les prix montaient en flèche, et y compris par des Verts.

Pour ma part je suis pour la TIPP flottante, et je pense qu’il faut trouver un moyen de la programmer pour qu’elle puisse compenser efficacement les variations de prix, de façon à parvenir à une hausse lente et régulière du prix "à la pompe", annoncée longtemps à l’avance.

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