Vert n°3, juin 2010
La bataille contre le « raccourcissement des retraites » (par recul de la datte de départ avec une pension correcte) est la forme principale, aujourd’hui, de la bataille pour la croissance du temps libre. Les sondages le confirment : une majorité de Français préfèrent garder leur temps de retraite, quitte à augmenter le prix à payer. Cette question du financement est importante, mais secondaire par rapport à la question principale : voulons nous jouir de longues retraites ?
La conquête du temps libre a pris au fil des ans des formes variées : interdiction du travail des enfants, journée de 8 heures, congés payés, 35 heures… De toutes les formes de temps libre, la retraite apparaît aujourd’hui la plus libre, où l’on échappe vraiment à l’employeur, au contraire des « astreintes » de la RTT annualisée des lois Aubry. La progression de ce temps libre par son extrémité « terminale » (que l’on meure plus de plus en plus tard !) est le résultat de toutes les conquêtes sociales : de l’amélioration de la santé… jusqu’à l’avancement même de l’age de départ à la retraite, puisque c’est dans les dernières années qu’un travailleur s’épuise le plus, a le plus d’accidents !
Certes, les ouvriers partant en retraite ont une espérance de vie en bonne santé bien plus faible que les cadres. Cela ne fait que rendre plus injuste tout retard au départ en retraite pour les métiers usants.
« Mordre » sur ce temps libéré, en retardant le départ en retraite au fur et à mesure que l’espérance de vie s’accroît , pour économiser sur le financement, serait en outre une politique de gribouille : ce serait remplacer des retraités par des chômeurs précaires.
Mais valoriser ce temps libre ouvre un autre chantier : la participation des aînés à la vie civique, toute une « écologie du 3è age » !
Pour prolonger le débat :
http://www.lesverts.fr/article.php3?id_article=5246
http://alternatives-economiques.fr/blogs/lipietz/2010/04/19/cinq-debats-cles-sur-les-retraites/